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souviens-toi que je serai présente dans tes angoisses. En posant la lampe sur la table, j'aperçus le cordon de la croix qu'elle por tait à son cou, et qu'elle avait placée ellemême entre deux feuillets de sa Bible. A cet aspect, je reculai plein d'un saint effroi. La profondeur de l'abime où j'allais me précipiter se présenta tout à coup à mes yeux dessillés; je m'approchai en tremblant du livre sacré. Voilà, voilà, m'écriai-je, le secours qu'elle m'a promis ! Et comme je retirai la croix du livre, j'y trouvai un écrit cacheté que ma bonne sœur y avait laissé pour moi. Mes larmes, retenues jusqu'alors par la douleur, s'échappèrent en torrents: tous mes funestes projets s'évanouirent à l'instant. Je pressaí longtemps cette lettre précieuse sur mon cœur avant de pouvoir la lire, et, me jetant à genoux pour implorer la miséricorde divine, je l'ouvris et j'y lus en sanglottant ces paroles, qui seront éternellement gravées dans mon cœur : « Mon frère, je vais bientôt te quitter; mais je ne t'abandonnerai pas. Du ciel, où j'espère aller, je veillerai sur toi; je prierai Dieu qu'il te donne le courage de supporter la vie avec résignation jusqu'à ce qu'il lui plaise de nous réunir dans un autre monde : alors je pourrai te montrer toute mon affection; rien ne m'empêchera plus de t'approcher, et rien ne pourra nous séparer. Je te laisse la petite croix que j'ai portée toute ma vie; elle m'a souvent consolée dans mes peines, et mes larmes n'eurent jamais d'autres témoins qu'elle. Rappelle-toi, lorsque tu la verras, que mon dernier vœu fut que tu pusses vivre ou mourir en bon chrétien. » Lettre chérie elle ne me quittera jamais je l'emporterai avec moi dans la tombe; c'est elle qui m'ouvrira les portes du ciel, que mon crime devait me fermer à jamais. En achevant de la lire, je me sentis défaillir, épuisé par tout ce que je venais d'éprouver. Je vis un nuage se répandre sur ma vue, et pendant quelque temps je perdis à la fois le souvenir de mes maux et le sentiment de mon existence. Lorsque je revins à moi, la nuit était avancée. A mesure que mes idées s'éclaircissaient, j'éprouvais un sentiment de paix indéfinissable. Tout ce qui s'était passé dans la soirée me paraissait un rêve. Mon premier mouvement fut de lever les yeux vers le ciel pour le remercier de m'avoir préservé du plus grand des malheurs. Jamais le firmament ne m'avait paru si serein et si beau une étoile brillait devant ma fenêtre; je la contemplai longtemps avec un plaisir inexprimable, en remerciant Dieu de ce qu'il m'accordait encore le plaisir de la voir, et j'éprouvais une secrète consolation à penser qu'un de ses rayons était cependant destiné pour la triste cellule du Lépreux.

Je remontai chez moi plus tranquille. J'employai le reste de la nuit à lire le livre de Job, et le saint enthousiasme qu'il fit passer dans mon âme finit par dissiper entièrement les noires idées qui m'avaient obsédé. Je n'avais jamais éprouvé de ces moments affreux

lorsque ma sœur vivait; il me suffisait de la savoir près de moi pour être plus calme, et la seule pensée de l'affection qu'elle avait pour moi suffisait pour me consoler et me donner du courage.

Compatissant étranger! Dieu vous préserve d'être jamais obligé de vivre seul ! Ma sœur, ma compagne, n'est plus, mais le ciel m'accordera la force de supporter courageusement la vie; il me l'accordera, je l'espère, car je le prie dans la sincérité de mon

cœur.

LE MILITAIRE.

Quel âge avait votre sœur lorsque vous la perdites? LE LÉPREUX.

Elle avait à peine vingt-cinq ans ; mais ses souffrances la faisaient paraître plus âgée. Malgré la maladie qui l'a enlevée, et qui avait altéré ses traits, elle eût été belle encore sans une pâleur effrayante qui la déparaît: c'était l'image de la mort vivante, et je ne pouvais la voir sans gémir.

LE MILITAIRE.

Vous l'avez perdue bien jeune.

LE LÉPREUX.

Sa complexion faible et délicate ne pouvait résister à tant de maux réunis : depuis quelque temps je m'apercevais que sa perte était inévitable, et tel était son triste sort, que j'étais forcé de la désirer. En la voyant languir et se détruire chaque jour, j'observais avec une joie funeste s'approcher la fin de ses souffrances. Déjà, depuis un mois, sa faiblesse était augmentée; de fréquents évanouissements menaçaient sa vie d'heure en heure. Un soir (c'était vers le commencement d'août) je la vis si abattue, que je ne voulus pas la quitter : elle était dans son fauteuil, ne pouvant plus supporter le lit depuis quelques jours. Je m'assis moi-même auprès d'elle, et, dans l'obscurité la plus profonde, nous eames ensemble notre dernier entretien. Mes larmes ne pouvaient se tarir; un cruel pressentiment m'agitait. << Pourquoi pleures-tu? me disait-elle? pourquoi t'affliger ainsi ? je ne te quitterai pas en mourant, et je serai présente dans tes angoisses. »>

Quelques instants après, elle me témoigna le désir d'être transportée hors de la tour, et de faire ses prières dans son bosquet de noisetiers: c'est là qu'elle passait la. plus grande partie de la belle saison. « Je veux, disait-elle, mourir en regardant le ciel. » Je ne croyais cependant pas son heure si proche. Je la pris dans mes bras pour l'enlever.

«

Soutiens-moi seulement, me dit-elle; j'aurai peut-être encore la force de marcher. Je la conduisis lentement jusque dans les noisetiers je lui formai un coussin avec des feuilles sèches qu'elle y avait rassemblées elle-même, et, l'ayant couverte d'un voile, afin de la préserver de l'humidité de la nuit, je me plaçai auprès d'elle; mais elle désira être seule dans sa dernière méditation: je m'éloignai sans la perdre de vue. Je voyais

son voile s'élever de temps en temps et ses mains blanches se diriger vers le ciel. Comme je me rapprochais du bosquet, elle me demanda de l'eau : j'en apportai dans sa coupe; elle y trempa ses lèvres, mais elle ne put boire. « Je sens ma fin, me dit-elle en détournant la tête; ma soif sera bientôt étanchée pour toujours. Soutiens-moi, mon frère; aide ta sœur à franchir ce passage désiré, mais terrible. Soutiens-moi, récite la prière des agonisants. » Ce furent les dernières paroles qu'elle m'adressa. J'appuyai sa tête contre mon sein; je récitai la prière des agonisants: Passe à l'éternité! lui disais-je, ma chère sœur; délivre-toi de la vie; laisse cette dépouille dans mes bras!» Pendant trois heures je la soutins ainsi dans la dernière lutte de la nature; elle s'éteignit enfin doucement, et son âme se détacha sans effort de la terre.

Le Lépreux, à la fin de ce récit, couvrit son visage de ses mains; la douleur ôtait la voix au voyageur. Après un instant de si

plus en sacrifices que le rebut de leurs troupeaux, les prières sont vénales, les prêtres sont indifférents et regardent leur saint ministère seulement comme une besogne qui les fait vivre; les vœux deviennent dérisoires, l'autel du sacrifice est une mangeoire souillée.... et pourtant je suis le grand roi, dit le Seigneur Dieu des armées, et mon nom est l'épouvante des nations! (Chap. 1.) « A vous maintenant, ô prêtres! ce qu'il m'est enjoint de vous dire (Chap. 1): si vous ne voulez pas m'entendre, si vous n'imposez pas à votre cœur de rendre gloire à mon nom, dit le Seigneur des armées, je jetterai sur vous la misère, et je maudirai vos bénédictions. Je les maudírai, vous dis-je, parce que vous n'avez rien appris à votre cœur! J'étendrai le bras sur vous et je vous éparpillerai sur la face le fumier de vos fèles, et je balayerai le tout ensemble. (Ibid., v. 3.) Les lèvres du prêtre sont les gardiennes de la science, et c'est à sa bouche qu'il faut de

lence, le Lépreux se leva. Etranger, dit-il, des armées (Ibid., qu'il est l'ange du Dieu

lorsque le chagrin ou le découragement s'approchera de vous, pensez au solitaire de la cité d'Aoste; vous ne lui aurez point fait une visite inutile.

:

Ils s'acheminèrent ensemble vers la porte du jardin. Lorsque le militaire fut au moment de sortir, il mit son gant à la main droite Vous n'avez jamais serré la main de personne, dit-il au Lépreux; accordez-moi la faveur de serrer la mienne : c'est celle d'un ami qui s'intéresse vivement à votre sort. Le Lépreux recula de quelques pas avec une sorte d'effroi, et, levant les yeux et les mains au ciel : Dieu de bonté, s'écriat-il, comble de tes bénédictions cet homme compatissant!

Accordez-moi donc une autre grâce, reprit le voyageur. Je vais partir; nous ne nous reverrons peut-être pas de bien longtemps: ne pourrions-nous pas, avec les précautions nécessaires, nous écrire quelquefois ? une semblable relation pourrait vous distraire, et me ferait un grand plaisir à moi-même. Le Lépreux réfléchit quelque temps. Pourquoi, dit-il enfin, chercherais-je à me faire illusion? Je ne dois pas avoir d'autre société que moimême, d'autre ami que Dieu; nous nous reverrons en lui. Adieu, généreux étranger, soyez heureux.... Le Lépreux ferma la porte et en poussa les verrous.

MALACHIE.-Le prophète Malachie, qui écrivait après le retour de la captivité, dut s'attirer toute la haine des faux zélateurs et des membres corrompus de la Synagogue. Il s'indigne contre l'orgueil national des Israélites, qui les portait à se vanter des préférences de Dieu, alors qu'ils ne préféraient pas eux-mêmes la loi de Dieu à leurs mauvaises passions; il attaque avec véhémence le sacerdoce juif, et prédit la fin des sacrifices de l'ancienne loi par l'inauguration d'une nouvelle oblation universelle. Il dévoile sans pitié les turpitudes du sanctuaire, et révèle au monde l'affaiblissement des croyances anciennes : les Israélites n'offrent

v.

<< Mais vous vous êtes écartés de la voie, vous avez fait de la loi une pierre d'achoppement pour la multitude, vous avez rendu inutile mon alliance avec Lévi, et c'est pour cela que je vous ai abandonnés au mépris des nations, et vous êtes devenus les derniers des hommes, parce que vous n'avez pas gardé la rectitude de mes voies, et vous avez donné plusieurs facés à ma loi. (Ibid., v. 8.) C'est ainsi que les passions des hommes altèrent la vérité qui était confiée à leur sagesse. C'est ainsi que les institutions s'affaiblissent et que la routine fait dégénérer le culte en profanations; mais moi, dit Dieu, je suis le Seigneur, et je ne change pas: Ego Dominus et non mutor. L'huile est tarie dans la lampe des vierges folles. Ceux qui ont mis toute leur religion dans des pratiques intéressées, sans se mettre en peine de la charité, qui seule entretient la lumière, voient pâlir et s'éteindre en vacillant la lueur qui les éclairait. Cependant un grand cri se fait entendre: voici le fiancé qui vient! allez tous au-devant de lui! malheur alors à ceux dont les pieds sont embarrassés dans les vaines observances des pratiques du pharisaïsme!.. Je vous envoie mon ange pour préparer la voie devant ma face. (Ch. 1, v. 1.) Le maître que vous cherchez, le Dominateur, va visiter son temple, dit le Seigneur Dieu des armées. Je vais venir vous trouver la justice à la main; je rendrai témoignage, sans que rien m'arrête, contre les malfaiteurs, les adultères et les parjures. Je confondrai ceux qui calomnient le travail et son salaire (qui calumniantur mercedem mercenarii, ch. III, v. 5), qui mentent au préjudice de la veuve et de l'orphelin, et qui oppriment le pauvre étranger!... A-t-on jamais entendu dire que l'homme puisse être le meurtrier de Dieu? et pourtant vous m'avez percé de vos coups, dit le Seigneur... Puis le prophète, après avoir tonné contre les prêtres et contre les puissants, reproche au peuple sa négligence à payer les dimes et

la pénurie du sanctuaire: enfin il annonce le grand jour de la justice qui va s'allumer comme une fournaise, et qui dévorera toutes les iniquités comme de la paille, puis le solei! de justice montera dans le ciel comme un aigle rayonnant de splendeur, et le salut sera la rosée de ses ailes; alors le troupeau béni de Dieu sortira joyeux dans les campagnes, et foulera aux pieds la cendre de ses ennemis; mais avant cette grande épreuve le Seigneur enverra Elie le prophète, qui ramènera le cœur des pères à leurs enfants el le cœur des enfants à leurs pères, afin que la terre ne périsse pas enveloppée dans un immense anathème. (Ch. iv, v. 6.)

Comme on le voit, le style de Malachie est énergique et sobre d'ornements; c'est un tribun plutôt qu'un poëte, et l'on comprend à son audace que, pour obéir à l'esprit qui l'inspire, il fait bon marché de sa vie; mais on sent bien aussi que ce n'est pas un ressentiment haineux contre le sacerdoce, mais le pur zèle de la gloire de Dieu qui l'anime dans ses reproches adressés aux mauvais pasteurs. Ils ont mérité sans doute leur abjection et leur misère, mais cette misère et cette abjection n'en sont pas moins le crime et le malheur du peuple. Il respecte toujours la chaire de Moïse, où sont assis les docteurs dont la foi s'est affaiblie, et ce n'est pas en le renversant qu'il veut purifier le sanctuaire. La prophétie de Malachie est fort courte, puisqu'elle ne comprend que quatre chapi tres, dont le plus long n'a pas plus de dixhuit versets; elle est néanmoins d'une grande importance, et a été plusieurs fois citée dans le Nouveau Testament, où l'on applique spécialement à saint Jean-Baptiste ce qui est dit de cet ange du Seigneur qui vient lui préparer les voies, et de l'avéne ment d'Elie à la fin des temps.

MASCARON (JULES), évêque d'Agen, osa, étant simple prêtre de l'Oratoire, prê cher contre les vices des grands et les mauvais exemples des rois, devant la cour même de Louis XIV, et en présence de ce fier monarque, si fort accoutumé aux adulations de tout ce qui l'environnait. Il y eut alors dans l'église un silence terrible; tous les yeux étaient portés sur le roi, et les cœurs des fidèles palpitaient de crainte. Louis XIV avait les yeux baissés, et paraissait prêter au prédicateur l'attention la plus docile. Les courtisans, qui croyaient voir dans ce silence les signes précurseurs d'un orage d'autant plus violent qu'il aurait été d'abord mieux contenu, s'approchèrent du roi à la fin du sermon, et commencèrent à murmurer contre le prédicateur. Il a fait son devoir, messieurs, faisons le nôtre, dit alors ce prince, qui se connaissait en grandeur, et qui ne confondait pas le courage avec l'insolence. Quelque temps après, Mascaron fut nommé évêque de Tulle, et plus tard évêque d'Agen. Le roi le redemanda plusieurs fois pour son prédicateur, et l'entendit même avec plaisir dans sa vieillesse. Votre éloquence seule ne vieillit point, lui disait-il, avec cette obligeance qui avait alors tant de prix dans la DICTIONN. DE LITTÉRATURE CHRÉT.

bouche des rois. Mascaron, dans l'oraison funèbre, tient le premier rang après Fléchier, qui ne le cède, comme on sait, qu'au grand Bossuet.

MASSILLON. Jean-Baptiste Massillon est un des écrivains les plus polis, les plus corrects, les plus faciles en même temps et les plus brillants de la langue française. Son Petit-Carême, qui est un chef-d'œuvre de goût, de pensées sages et de belle diction, a été critiqué par les amis de la vraie litté rature chrétienne, comme trop fleuri et d'une éloquence trop mondaine. Peut-être, avec plus de simplicité et d'onction, l'œuvre eûtelle été plus parfaite et mieux appropriée au but que l'auteur se proposait d'atteindre. Du reste, l'éloge et la critique de Massillon appartiennent moins à notre Dictionnaire qu'à celui qui traite spécialement de l'éloquence

sacrée.

MERVEILLEUX. Le merveilleux, en littérature, consiste dans les moyens empruntés au monde surnaturel; l'intervention des esprits supérieurs à l'homme et les prodiges qui résultent de leur influence, les apparitions, les enchantements, les prosopopées, les visions du ciel et de l'enfer, les combats des anges et des démons, constituent le merveilleux chrétien, comme le merveilleux païen consistait dans les métamor phoses des dieux et des hommes, dans les intrigues de l'Olympe ou dans les tremblements de l'Erèbe, éclairé tout à coup par l'ouverture que fait à la terre un coup de trident de Neptune, ou ébranlé par le froncement du noir sourcil de Jupiter. Le merveilleux ouvre à la fiction un champ immense qui n'est borné que par les limites du possible. Mais jusqu'où va le possible dans le domaine du merveilleux? Telle est la ques- · tion qu'une sage critique peut examiner sans parvenir peut-être facilement à la résoudre.

Le plus sûr dans la pratique, et ce qu'on peut conseiller le plus sagement aux poëtes chrétiens, est de se tenir dans les limites de J'Ecriture sainte et de la tradition catholique. Le savant dom Calmet a laissé sur cette matière une dissertation entachée peut-être d'un léger soupçon de crédulité trop excessive. Nous engageons nos lecteurs à le consulter, et nous n'en citerons ici que les quelques pages irréprochables qui se rapportent aux apparitions, tant des bons que des mauvais anges. Nous laissons parler dom Calmet:

Les apparitions de bons anges sont fré-quentes dans les livres de l'Ancien Testament celui qui fut mis à l'entrée du paradis terrestre (Gen. 111, 24) était un chérubin armé d'un glaive flamboyant; ceux qui apparurent à Abraham, et qui lui promirent la naissance d'un fils (Gen. xvIII 1, 2, 3); ceux qui apparurent à Lot, et lui prédirent la ruine de Sodome, et des autres villes criminelles (Gen. XIX); celui qui parla à Agar dans le désert (Gen. xx1, 17), et lui ordonna de retourner dans la maison d'Abraham, et de demeurer soumise à Sara sa maîtresse; ceux qui apparurent à Jacob allant en Mésopotamie, qui montaient et descendaient

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que l'étoile qui apparut aux mages en Orient, et qui les conduisit droit à Jérusalem, et de là à Bethléem, était dirigée par un bon ange (Matth. 11, 13, 14). Saint Joseph fut averti par un esprit céleste de se retirer en Egypte avec la mère et l'enfant Jésus, de peur que Jésus ne tombât entre les mains d'Hérode, et ne fût enveloppé dans le massacre des Innocents. Le même ange informa Joseph de la mort du roi Hérode, et lui dit de retourner dans le pays d'Israël.

Téchelle mystérieuse (Gen. xxvIII, 12); celui ■ né à Bethléem. Il y a tout lieu de croire qui lui enseigna la manière de faire naître de ses brebis des moutons de différentes couleurs (Gen. xxxi, 10, 11); celui qui lutta contre Jacob à son retour de la Mésopotamie (Gen. xxx), étaient des anges de lumière et bienfaisants, de même que celui qui parla à Moïse dans le buisson ardent à Horeb (Exod. 1, 6, 7), et qui lui donna les tables de la loi sur le mont Sinaï. Cet ange, qui prend ordinairement le nom de Dieu, et agit en son nom et avec son autorité (Exod. m, v), qui servit de guide aux Hébreux dans le désert, caché dans une nuée sombre et obscure pendant le jour, et brillante pendant la nuit; celui qui parla à Balaam, et qui menaça de tuer son ânesse (Num. XXII, xx); celui enfin qui combattit contre Satan pour le corps de Moïse (Jud. 1x), tous ces anges étaient sans doute des bons anges.

Il faut porter le même jugement de celui qui se présenta en armes à Josué dans la plaine de Jéricho (Josue v, 13), et qui se déclara chef de l'armée du Seigneur on croit avec raison que c'était d'ange saint Michel. Celui qui se fit voir à la femme de Manué (Judic. xvi) père de Samson, puis à Manué lui-même, et lui prédit la naissance de Samson. Celui qui annonça à Gédéon qu'il délivrerait Israël de la servitude des Madianites (Judic, VI, 7). L'ange Gabriel apparut à Daniel à Babylone (Dan. vIII, 16; Ix, 21); et Raphaël conduisit le jeune Tobie à Ragès de Médie (Tob. v). La prophétie du prophète Zacharie est remplie de visions d'anges (Zach. v, 9, 10, 11, etc. ). Dans les livres de l'Ancien Testament on nous décrit le trône du Seigneur posé sur les chérubins; et on nous représente le Dieu d'Israel ayant devant son trône sept anges principaux (Psal, 'xvII, 10; LXXIX, 2, etc.), toujours prêts à exécuter ses ordres; et quatre cherubins chantant ses louanges, et adorant sa sainteté souveraine; le tout faisant une espèce d'allusion à ce qu'on voyait dans la cour des anciens rois de Perse (Dan. vi, 10; III Reg. xi, 16; Tob. xII; Zach. IV, 10; Apoc. 1, 4), où il y avait sept principaux officiers, qui voyaient la face du roi, qui s'approchaient de sa personne, et qu'on appelait les yeux et les oreilles du roi.

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Les livres du Nouveau Testament sont de même remplis de faits qui prouvent les apparitions des bons anges. L'ange Gabriel apparaît à Zacharie, père de Jean-Baptiste, et lui prédit la future naissance du Précurseur (Luc. 1, 10, 11, 12, etc.). Les Juifs qui virent sortir Zacharie du temple, après y avoir demeuré plus longtemps qu'à l'ordinaire, ayant remarqué qu'il était devenu muet, ne doutèrent pas qu'il n'y eût eu quelque apparition d'ange. Le même Gabriel annonça à Marie la future naissance du Messie (Luc. 1, 26, 27). Jésus étant né à Bethléer, l'ange du Seigneur apparut aux pasteurs pendant la nuit (Luc. 11, 9, 10), et leur déclara que le Sauveur du monde était

Après la tentation de Jésus-Christ au désert, les anges vinrent lui servir à manger (Matth. iv, 6, 11). Le démon tentateur dit à Jésus-Christ que Dieu a commandé à ses anges de le conduire, et d'empêcher qu'il ne heurtât contre la pierre; ce qui est tiré du psaume xc et qui prouve la créance des Juifs sur l'article des anges gardiens. Le Sauveur confirme la même vérité (Matth, xvi, 16), en disant que les anges des enfants voient sans cesse la face du Père céleste. Au jugement dernier les bons anges feront la séparation des justes (Matthieu xm, 45, 47), les conduiront au royaume des cieux, et précipiteront les méchants dans le feu éternel.

A l'agonie de Jésus-Christ dans le jardin des Oliviers, un ange descendit du ciel pour le consoler (Luc. xxп, 43). Après sa résurrection les anges apparurent aux saintes femmes, qui étaient venues à son tombeau pour l'embaumer (Matth. xxvIII; Joan. x): dans les Actes dès apôtres, ils apparurent aux apôtres dès que Jésus-Christ fut monté au ciel et l'ange du Seigneur vint ouvrir les portes de la prison où étaient enfermés les apôtres et les mit en liberté (Act. v, 19). Dans le même livre, saint Etienne nous apprend que la loi a été donnée à Moïse par le ministère des anges (Act. vii, 30, 35); par conséquent ce sont des anges qui lui ont apparu à Sinaï et à Horeb, et qui lui ont parlé au nom de Dieu comme ses ambassasadeurs, et comme revêtus de son autorité : aussi le même Moïse, parlant de l'ange du Seigneur qui devait introduire Israël dans la terre promise, dit que le nom de Dieu est en lui et est nomen meum in illo (Exod. xxm, 21).

Saint Pierre étant en prison en est délivré par un ange (Act. xi, 8, 9), qui le conduisit à la longueur d'une rue, puis disparut. Saint Pierre frappant à la porte du logis où étaient les frères, on ne pouvait se persuader que ce fût lui: on crut que c'était un ange qui frappait et parlait. Saint Paul, instruit dans l'école des Pharisiens, pensait comme eux sur le sujet des anges; il en croyait l'existence contre les Saducéens (Rom. 1.18; I Cor. Iv, 9; VI, 3; xи, 7; Galat. m, 19; Act. XXIII, 9; xvi, 5; Apoc. L, 11), et supposait qu'ils pouvaient apparaître. Lorsque cet apôtre, ayant été arrêté par les Romains, raconta au peuple assemblé la manière dont il avait été renversé à Damas, les Pharisiens qui se trouvèrent présents répondirent à ceux qui criaient contre lui: "Que

savons-nous si un ange ou un esprit ne lui a pas parlé? Si spiritus locutus est ei, aut angelus? Saint Luc dit qu'un Macédonien (apparemment l'ange de la Macédoine) apparut à saint Paul, et le pria de venir annoncer l'Evangile dans ce pays.

Saint Jean dans l'Apocalypse parle des sept anges qui présidaient aux Eglises d'Asie. Je sais que ces sept anges sont les évêques de ces Eglises; mais la tradition ecclésiastique veut que chaque Eglise ait son ange tutélaire. Dans le même livre de l'Apocalypse sont racontées diverses apparitions des anges toute l'antiquité chrétienne les a reconnues; la Synagogue les a reconnues de même, en sorte que l'on peut avancer que rien n'est plus certain que l'existence des bons anges et leurs apparitions

Je range au nombre des apparitions, nonseulement celles des bons où des mauvais anges, et des âmes des défunts qui se font voir aux vivants, mais aussi celles des vivants qui se font voir aux anges et aux âmes des trépassés: soit que ces apparitions se fassent en songe, dans le sommeil ou dans la veille; soit qu'elles se manifestent à tous ceux qui sont présents, ou seulement aux personnes à qui Dieu juge à propos de les manifester. Par exemple, dans l'Apocalypse (Apoc. iv, 4, 10), saint Jean vit les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards qui étaient vêtus d'habits blancs, portaient des couronnes d'or sur leurs têtes, étaient assis sur des trônes autour de celui du Tout

Puissant, se prosternaient devant le trône de celui qui vit éternellement, et jetaient leurs couronnes à ses pieds.

Et ailleurs: « Je vis quatre anges qui étaient debout sur les quatre coins du monde, qui tenaient les quatre vents, et les empêchaicnt de souffler sur la terre; puis je vis un autre ange qui se levait du côté de l'orient, et qui cria aux quatre anges qui avaient ordre de nuire à la terre et à la mer: Ne faites aucun mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons imprimé un sigue sur le front des serviteurs de Dieu; et j'ouïs que le nombre de ceux qui avaient reçu ce signe était de cent quarante-quatre mille. Ensuite je vis une troupe innombrable de gens de toutes nations, de tribus, de peuples et de langues, qui étaient debout devant le trône du Très-Haut vêtus de robes blanches, et ayant des palmes à la main (Apoc. vi, 1, 2, 3). »

Et dans le même livre (Apoc. vII, 13, 14) saint Jean, après avoir décrit la majesté du trône de Dieu, et les adorations que lui rendent les anges et les saints prosternés devant lui, un des anciens lui dit : « Ceux que vous voyez couverts de robes blanches sont ceux qui ont souffert de grandes épreuves et de grandes afflictions, et qui ont lavé leurs robes dans le sang de l'Agneau : c'est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et le seront nuit et jour dans son temple; et celui qui est assis sur le trône, régnera sur eux, et l'ange qui est au milieu du trône les conduira aux fontaines de l'eau vive.» Et en

core : « J'ai vu sous l'autel de Dieu les âmes de ceux qui ont été mis à mort pour la défense de la parole de Dieu, et pour le té moignage qu'ils lui ont rendu; ils criaient à haute voix, disant : jusqu'à quand, Seigneur, ne vengerez-vous pas notre sang contre ceux qui sont sur la terre (Apoc. vi, 9, 10), etc.">

Toutes ces apparitions et plusieurs autres semblables que l'on pourrait rapporter tirées tant des Livres saints que des histoires authentiques, sont de véritables apparitions, quoique ni les anges ni les martyrs dont il est parlé dans l'Apocalypse, ne soient pas venus se présenter à saint Jean; mais qu'au contraire cet apôtre ait été transporté en esprit au ciel, pour y voir ce que nous venons de racónter. Ce sont des apparitions qu'on peut appeler passives de la part des anges et des saints martyrs, et actives de la part du saint apôtre qui les voit.

La manière la plus ordinaire dont les bons anges apparaissent dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament, est sous la forme humaine c'est sous cette forme qu'ils se sont fait voir à Abraham, à Lot, à Jacob, à Moïse, à Josué, à Manué père de Samson, à David, à Tobie, aux prophètes; et, dans le Nouveau Testament, ils ont apparu sous la même forme à la sainte Vierge, à Zacharie père de saint Jean-Baptiste, à Jésus-Christ après son jeûne de quarante jours, et au même, dans le jardin des Oliviers, dans son agonie: ils se montrent de même aux saintes femmes après la résurrection du Sauveur. Celui qui apparut à Josué (Josue v, 19) dans la plaine de Jéricho, se montra apparemment sous la forme d'un guerrier, puisque Josué lui demanda : Etes-vous des nôtres, ou de nos ennemis ?

Quelquefois ils se cachent sous quelque forme qui n'a nul rapport à la figure humaine, comme celui qui apparut à Moïse dans le buisson ardent (Exod. 1, 3, 44), et qui conduisit les Israélites dans le désert sous la forme d'une colonne de nuée obscure et épaisse pendant le jour, et lumineuse pendant la nuit (Exod. xIII, 14). Le Psalmiste nous dit que Dieu se sert de ses anges comme d'un vent subtil et d'un feu brûlant, pour exécuter ses ordres (Psal. cm, 4). Les ché rubins, dont il est souvent parlé dans l'Ecriture, et qui sont dépeints comme servant de trône à la majesté de Dieu, étaient des figures hiéroglyphiques, à peu près comme les sphinx des Egyptiens: ceux qui sont décrits dans Ezéchiel (Ezech. 1, 46), sont comme des animaux composés de la figure de l'homme, ayant les ailes d'un aigle, les pieds d'un boeuf leurs têtes étaient composées de la figure du visage de l'homme, de celle d'un boeuf, d'un lion et d'un aigle; deux de leurs ailes étaient étendues vers leurs semblables, et deux autres leur couvraient tout le corps; ils étaient brillants comme des charbons ar dents, comme des lampes allumées, comme le ciel enflammé, lorsqu'il lance des éclairs. C'était un spectacle terrible à voir.

Celui qui apparut à Daniel (Dan. x, 5) était différent de ceux que nous venons de décrire il était sous la forme d'un homine

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