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«l'oracle de Jupiter Naïos et de Dioné, et quelques réponses de cet "oracle. Ces inscriptions, qui ne sont certainement qu'une faible partie « de la collection qui était conservée dans les archives de l'oracle, << forment une série unique jusqu'ici..... Elles nous révèlent un coin « de la vie antique, sans altération et sans intermédiaire 1. »

Ce sont, en effet, les côtés inconnus ou peu connus de la vie des anciens Grecs que nous dévoilent le plus souvent les monuments épigraphiques publiés par le Bulletin. Bien des particularités, des noms de divinités, des pratiques religieuses, des règles d'après lesquelles étaient administrées les richesses des temples, apparaissent ainsi dans une lumière ou plus vive, ou inattendue. M. Max. Collignon, qui, avec M. Duchesne, a poussé en Asie Mineure de hardies reconnaissances, retrouve une inscription déjà étudiée, mais où le sens d'une épithète attribuée à Jupiter était demeuré indécis. Jupiter y est appelé Пóreos ou ПIÓTεus. Gerhard avait pensé que ce surnom était Пléreos et signifiait dieu de la pluie. MM. de Witte et Ch. Lenormant avaient adopté la leçon Пóτeus, qu'avait combattue M. Raoul Rochette. M. Max. Collignon, tant au moyen du texte même que par les attributs dionysiaques sculptés sur le cippe, démontre l'exactitude de la leçon Пóτeus 2. Une autre forme locale du culte de Jupiter est exposée avec plus de détails que précédemment et déterminée avec précision par M. P. Foucart. Notre confrère avait copié, en 1868, en Béotie, une inscription gravée dans deux cannelures d'une petite colonne en tuf et d'un seul morceau. Il a repris cette année l'étude de ce monument, déposé aujourd'hui au musée de Thèbes. L'inscription est la dédicace d'une offrande que portait la colonnette et qui était faite à Zeus Homoloïos, ainsi surnommé sans doute du mont Ouóλn, en Thessalie, berceau de son culte. Ce temple, dont Pausanias ne parle pas, est connu par le témoignage d'un écrivain thébain, Aristodémos, que cite le scholiaste d'Euripide. C'était l'ÓμoAaïov, situé à Thèbes, près d'une porte de la ville qui avait reçu le nom de wúλas Óμoλwides. L'inscription est importante, parce qu'elle est la plus ancienne des inscriptions thébaines connues jusqu'ici, et qu'on

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y trouve un nouvel exemple de l'emploi de la forme Aí dans le dialecte archaïque de la Béotie. J'ajoute qu'elle apporte aux mythographes un renseignement de plus sur la religion de Jupiter. Ils pourraient aussi faire leur profit d'une inscription conservée à Ala-Chéir (Philadelphie), en Asie Mineure. Cette inscription est surmontée d'un bas-relief qui représente Zeus Sabazios assis sur un trône. C'est un monument de l'antique religion lydienne, et peut-être la seule représentation en marbre et sous forme humaine du dieu Sabazios qui soit incontestable. A ce titre, M. O. Rayet la recommande à l'examen attentif des membres de l'École française, que leurs voyages mèneraient à Ala-Chéir. En attendant que ceux-ci mettent la recommandation à profit, ils ont publié avec empressement l'article de leur aîné, qui a bien mérité leur estime par ses fouilles en Asie Mineure et ses travaux sur Milet et le golfe Latmique1.

Quoique chaque divinité eût beaucoup de sanctuaires où elle était adorée avec des surnoms différents, tous ces temples, surtout les principaux, renfermaient des richesses souvent considérables. Ces trésors étaient l'ensemble des offrandes consacrées au dieu par la piété reconnaissante de ceux qui croyaient en avoir obtenu quelque faveur signalée. La garde des richesses sacrées était confiée à des conservateurs qui en tenaient exactement registre et qui en transmettaient l'inventaire à leurs successeurs, lorsqu'ils sortaient de charge. Gravés sur le bronze ou sur le marbre, ces inventaires n'ont pas tous péri; la plupart des fouilles pratiquées sur l'emplacemeut des temples antiques en font reparaître quelques-uns. A l'égard du Parthénon, on avait déjà plusieurs inscriptions des trésoriers dont une a été transportée au musée britannique, et est l'inventaire des richesses réunies dans l'Hécatompédon et dans l'Opisthodome en 398. M. P. Foucart explique, dans le bulletin de janvier 1878, un fragment qui était enfoui au sud de l'Acropole. Celui-ci provient d'une stèle, sur laquelle on avait gravé séparément l'inventaire d'une autre partie du temple, vraisemblablement celui du Pronaos 2, avec les noms des trésoriers pour cette même année 398. En

1

Milet et le golfe Latmique, Tralles, Magnésie du Méandre, Priène, Milet, Didymes, Héraclée du Latmos, Fouilles et explorations archéologiques faites aux frais de MM. les barons G. et E. de Rothschild, et publiées sous les auspices du Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts, par Olivier

Rayet, ancien membre de l'École fran-
çaise d'Athènes, et Albert Thomas, an-
cien pensionnaire de l'Académie de
France à Rome. Tome I, Paris
Baudry, 1877, avec planches.

2 A l'appui de cette conjecture, voir les pages 52 et 53 de l'Acropole d'Athènes, de Beulé, tome II.

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rapprochant les deux inscriptions, qui se complètent l'une l'autre, on peut rétablir presque en entier la liste des trésoriers alors en fonctions. Avec quel soin minutieux les offrandes étaient inscrites, décrites, classées, étiquetées, numérotées, on le voit par les comptes des hiéropes d'Apollon Délien, que M. Ch. Homolle a retrouvés et publiés. On le voit aussi par les inventaires de l'Asclépieïon, dont les fragments encore inédits sont donnés par MM. P. Girard et J. Martha, dans le cahier de mai et juin 1879. Le texte qui les reproduit n'occupe pas moins de vingt-deux pages. Ces énumérations d'ex-voto égalent en intérêt les inscriptions sur plaques de plomb de Dodone dont j'ai déjà parlé. Les personnes guéries par le dieu lui consacrent en offrande des vases, des anneaux, des statuettes, mais surtout, autant que possible, l'image de la partie de leur corps sur laquelle a été appelée la guérison. Parmi les premiers objets, je vois un serpent en argent, une couronne d'or, un flacon doré, des vases grands et petits, des chaînes, des pièces de monnaie. Les offrandes consistant en représentations des diverses parties du corps humain et du corps humain tout entier, m'ont paru plus nombreuses. En parcourant l'inventaire, je rencontre, comme ex-voto déposés par divers suppliants: des yeux en or et en argent, tantôt une seule oreille, tantôt deux, une bouche, des dents, une mâchoire, une épaule, une main d'argent, une jambe, deux jambes, un visage de femme en métal repoussé, des hanches, un cœur, un corps de femme offert par Malthacé, épouse de Lyandre, un corps d'homme consacré par Sosibios. Les yeux sont mentionnés beaucoup plus souvent que tout le reste, ce qui semble attester que, dans l'ancienne Athènes, comme dans la moderne, les ophthalmies étaient très fréquentes et qu'Esculape passait pour exceller à les guérir.

Les inscriptions chrétiennes de la Grèce continentale, des îles, de l'Asie-Mineure, de l'Égypte, ont donné lieu, dans le Bulletin, à un bon nombre de dissertations. J'ai été surtout attiré par celles de ces notices qui ravivaient en moi d'anciens souvenirs. J'avais autrefois copié plusieurs de ces inscriptions à une époque où la collection en était à peine commencée, du moins dans le pays même. Il m'a semblé en reconnaître quelques-unes parmi celles qu'a commentées M. Ch. Bayet, membre de l'École française. Les inscriptions chrétiennes de l'Attique avaient déjà été publiées en grande partie dans l'excellent recueil de M. Koumanoudis: Áτlins éуpaçaì èπITúμbio (Athènes, 1871). Mais, fidèle au plan de son ouvrage, l'auteur s'était borné à en donner la transcription. M. Ch. Bayet a pensé qu'il serait utile d'en présenter des fac-similés et d'y joindre quelques brèves explications. Parmi les textes copiés par

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M. Koumanoudis, il en est que M. Ch. Bayet n'a pu retrouver, tant disparaissent vite les monuments qui ne sont pas mis à l'abri de la destruction. En revanche, des inscriptions récemment découvertes se sont ajoutées à celles que l'on connaissait. La plupart sont courtes; mais le choix des noms qu'on y lit, les indications de patrie, de profession, peuvent quelquefois fournir d'utiles éclaircissements. «Les formules « funéraires, dit M. Ch. Bayet, ont surtout de l'importance. Elles sont « pour nous comme l'écho des croyances et des espérances des fidèles; elles nous font connaître une théologie populaire que doit étudier <«< celui qui veut avoir une image exacte de la société chrétienne. Chaque région eut des formules particulières; M. Le Blant a déjà essayé d'en dresser le tableau géographique 1. En Attique, l'emploi de la formule xоμпτnρiov, pour désigner chaque sépulture, est un des traits distinctifs de l'épigraphie locale. Ailleurs, ce mot est, en général, appliqué à << un ensemble de tombeaux, à une nécropole. Cette formule n'est point <«la seule qui mérite d'attirer l'attention. D'autres, en effet, attestent <«<l'influence toute-puissante des textes évangéliques ou liturgiques. Ici, « sur la tombe d'un fidèle du v° siècle, on grave des mots syriaques «< empruntés à une épître de saint Paul; là se trouve un fragment de prière tiré de l'Office des morts, et qui rappelle les traditions de l'épi<< graphie chrétienne de l'Égypte; ailleurs, une inscription assez ancienne « nous conserve la profession de foi d'un fidèle 2. » Puisque je viens de parler de M. Ch. Bayet, je dois signaler son article sur la nécropole chrétienne de Milo, travail exécuté sur place avec une rigoureuse exactitude. C'est un chapitre de l'histoire des sépultures chrétiennes en Orient, dans des galeries souterraines dont les peintures, quoique effacées, et les détails d'architecture, rappellent certains traits des catacombes.

((

L'épigraphie chrétienne a été l'objet des recherches et des études d'un autre collaborateur du Bulletin. Dans le cahier de mai et juin 1878, M. L. Duchesne reproduit le texte d'une inscription trouvée en Bithynie, sur la route de Haïdar-Pacha à Nicomédie, dans les ruines d'une église dédiée à saint Christophe. C'est le plus ancien monument daté du culte de ce saint. M. L. Duchesne ne discute pas la légende compliquée de saint Christophe, sur laquelle l'imagination populaire s'est librement exercée. Mais de l'examen de l'inscription, il tire cette conclusion que : « A Constantinople, vers le milieu du v° siècle, l'indiction

1

Manuel d'épigraphie chrétienne, p. 75 et suiv.

Bulletin de corresp. hellénique, première année, p. 392.

« se renouvelait le 24 septembre,» résultat nouveau qui donnera du prix à cette inscription aux yeux des chronologistes. M. L. Duchesne a fourni au recueil une autre notice. Celle-ci est relative à une inscription funéraire provenant de Tanagre, en Béotie, et rapportée en France par M. Th. Homolle. C'est une petite composition versifiée, ou quasi-versifiée, qu'on doit classer parmi les dpaí funèbres fréquentes au iv et au v° siècle. Les termes mythologiques s'y mêlent à des expressions chrétiennes ou bibliques. C'est un usage aussi ancien, dit le commentateur, que les premiers essais de poésie grecque présentés par des juifs ou par des chrétiens. A l'appui de cette remarque, M. L. Duchesne rapproche les vers 9 et 10, où il est question du Tartare et de la Gébenne, du vers 185 du IV chant Sibyllin, qui est, comme on sait, l'œuvre d'un juif helléniste, et qui date de l'année 80 environ :

Τάρταρά τ' εὐρώεντα μυχοί, στυγίη τε Γεέννα.

Il est peu de cahiers du Bulletin qui ne contiennent quelque article étendu de philologie ou de littérature. Comme on doit s'y attendre, la plupart des travaux ont pour auteurs des savants hellènes. Le concours empressé et très utile de ces héritiers de l'antiquité grecque suffirait pour prouver combien était juste la pensée qui a présidé à la création du recueil. Il nous donne aussi la mesure de l'activité avec laquelle les érudits de l'Athènes moderne s'occupent de reviser les monuments de leur langue nationale. S'ils aiment les manuscrits inédits et s'ils se plaisent à les publier, ce goût ne dégénère pas chez eux en manie. Ils mettent un grand zèle à rétablir, d'après les procédés d'une critique sévère, le texte des auteurs classiques; et, à côté de la langue d'Homère et de celle de Démosthène, ils étudient le langage populaire et les dialectes provinciaux. Je voudrais citer tous les articles importants que le Bulletin offre à ses lecteurs sur la littérature grecque. Je ne puis, à mon vif regret, en signaler que quelques-uns. Tels sont notamment les mélanges de critique de M. C. Condos; les explications et corrections relatives aux vies de Plutarque de M. G. N. Bernardakis; les corrections au texte de Sophocle, par M. J. Pantasidis; la publication, par M. J. Sakkélion, des scholies de Démosthène et d'Eschine, d'après un manuscrit de Patmos, et de fragments inédits des historiens grecs, par M. Constantin Sathas. Pour le moyen âge, nous remarquons de savantes pages où M. Spyridion P. Lambros examine une chronique de Laomedon Lacapène, qui appartenait probablement à la famille des Lacapène, dont était issu Romain I, beau-père de Constantin Porphyrogénète. Des

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