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V. 14.) Jeune homme, levez-vous, c'est moiquivous le dis: c'est ainsi qu'il ressuscita le fils de la veuve de Naïm, qu'on portait au tombeau. (St. Jean, ch. 11, V.. 42.) Lazare, sortez du tombeau: c'est ainsi qu'il ressuscita Lazare, mort et enterré depuis quatre jours. Peut-on faire des miracles avec plus de facilité, avec plus. d'empire, et, si j'ose le dire, d'un air plus absolu et plus indépendant?

Cet air de liberté et d'indépendance se fait sentir par-tout dans l'Evangile. Rien ne coûte à Jesus-Christ. Tout coule desource. On n'apperçoit d'effort nulle part. Quand il opère les merveilles les plus surprenantes, il n'est pas moins dans son état naturel que lorsqu'il n'en fait point. Tous les moyens lui sont indifférens; parce qu'il n'a besoin d'aucun,et que sa puissance est toute dans sa volonté. Il a fait une infinité de miracles, sans employer aucun moyen. Il en a fait par des moyens qui, par euxmêmes, ne pouvaient servir à l'effet qu'ils ont produit. Il en a fait par des moyens. qui devaient, par eux-mêmes, produire un effet contraire. (Saint Jean, chap. 9, v. 6.) Il crache à terre, et ayant fait de la boue avec sa salive, il oint de cette boue les yeux d'un aveugle, et lui rend la vue par cette onction, capable par elle-même d'aveugler un Domme qui aurait eu les yeux les plus

sains. Jesus-Christ a fait une infinité de miracles, par un seul acte de sa volonté, qu'il manifestait au-dehors, comme nous l'avons déjà vu. Il en a fait une infinité d'autres, par un acte de sa volonté, qu'il ne manifestait pas. C'est ainsi qu'il multiplia les pains dans le désert; c'est ainsi qu'il guérit une femme qui, depuis douze ans, était affligée d'une perte de sang qui l'épuisait; c'est ainsi qu'il guérit plusieurs fois des troupes entières de malades. On voit, dans l'Evangile, que tous ceux qui touchaient seulement le bord de sa robe étaient délivrés de toutes leurs infirmités, quelles qu'elles fussent.

Or, Théotime, faire ainsi des miracles, et des miracles si grands et si inouis, n'estce pas les faire par une puissance qu'on ne tient que de soi, qui agit d'elle-même avec une parfaite indépendance? Et faire des miracles, et de tels miracles, par une puissance qu'on ne tient que de soi, n'estles faire en Dieu ?

ce pas

On voit dans l'Ecriture, que Moïse, Josué, Elie, Elisée, et plusieurs autres Prophètes, et enfin les Apôtres, ont fait des miracles, et des miracles, si l'on veut, aussi grands que ceux de Jesus-Christ: mais on voit, en même temps, qu'ils les ont faits en hommes, c'est-à-dire, comme des instrumens dont Dieu se servait. On voit qu'en faisant ces miracles, ils sor

taient , pour ainsi dire, d'eux-mêmes poussés par l'impulsion de l'Esprit de Dieu, qui les avait saisis. On voit enfin, qu'après avoir fait ces miracles, ils ne les attribuaient qu'à Dieu, et n'en parlaient que comme d'œuvres de Dieu. Il n'en est pas de même de Jesus-Christ: il a fait des miracles en maître, et comme agissant par lui-même. En faisant ces miracles, il a conservé cet air tranquille qui caractérise un homme qui est dans son naturel, et qui tire tout de son propre fonds. Enfin, après avoir fait ces miracles, il ne les a rapportés qu'à lui-même, et n'en a parlé que comme de ses propres œuvres. Telles sont les différences essentielles qu'on remarque entre la manière dont Jesus-Christ, et les saints hommes dont j'ai parlé plus haut, ont fait des miracles. C'était donc avec vérité que Jesus-Christ disait à ses Apôtres, en parlant des Juifs: (S. Jean, chap. 15, v. 24.) « Si je n'avais pas fait parmi eux. » des œuvres qu'aucun autre n'a faites » ils n'auraient point de péché. » Car, pour parler en termes propres et selon la vérité, il faut dire de Moïse, de Josué d'Elie et des autres, que Dieu a fait par eux de grands miracles; et de JesusChrist, qu'il a fait de grands miracles.

Quand je dis que Jesus-Christ n'a rapporté ses miracles qu'à lui-même, je n'ignore pas aussi qu'il les a rapportés à

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Dieu. Mais comment les a-t-il rapportés à Dieu ? Comme à son Père ; comme à celui avec qui il n'avait qu'une même puissance et une même nature; comme à celui avec qui il faisait toutes ses œuvres, par une même et indivisible opération. « C'est mon Père qui demeure en moi » ( disait-il à ses Disciples) qui fait lui» même les œuvres que je fais. » Et en parlant aux Juifs : « En vérité, en vérité,

je vous dis que le Fils ne peut agir par » lui-même, mais qu'il ne fait que ce qu'il » voit faire au Père; et tout ce que le » Père fait, le Fils le fait aussi comme » lui. » C'est-à-dire, que Jesus-Christ a rapporté ses miracles à Dieu son Père, comme à celui avec qui il n'était qu'un même Dieu; ce qui était évidemment les rapporter à lui-même, puisque c'était dire qu'il les opérait comme Dieu. Il est donc évident, Théotime, que Jesus-Christ a fait ses miracles en Dieu.

TROISIÈME PROPOSITION. Jesus-Christ a fait ses miracles pour attester qu'il était Dieu.

La méthode que je suivrai dans la preuve de cette troisième Proposition, sera nouvelle pour vous, mon cher Théotime, mais elle ne vous en sera que plus agréable; elle consistera dans une suite d'assertions, que j'appuierai sur le texte

de l'Evangile, à mesure que je les avancerai. Chacune de ces assertions sera comme un nouveau rayon de lumière; et tous ces rayons réunis ensemble formeront, si je puis m'exprimer ainsi, le grand jour de l'évidence. Ces assertions, par leur enchainement et par la force qu'elles se communiqueront l'une à l'autre, produiront une de ces convictions qui sont si complètes, qu'il est impossible à un esprit droit de s'y refuser. Je vous prie donc d'être très-attentif..

Première assertion. Jesus-Christ a fait des miracles qui ne peuvent être opérés que par la puissance de Dieu. Il a fait ces miracles en Dieu; et pendant qu'il faisait ces miracles il donnait des lois aux hommes, avec toute l'autorité d'un Dieu. L'Evangile nous en fournit une infinité de preuves. (S. Matth. ch. 5, v. 21.) « Vous » avez appris qu'il a été dit aux Anciens : » Vous ne tuerez point; et moi je vous » dis: Que quiconque se mettra en colère > contre son frère, méritera d'être con» damné par le jugement. » L'on trouve, dans le même chapitre, la même forme de précepte, répétée jusqu'à six fois. Ici, Jesus-Christ donne des lois dont l'objet est de réformer l'intérieur de l'homme, et de régler les affections de l'ame. Il les donne à tout le genre humain. Il les doune en son propre nom. Il les donne donc avec l'autorité d'un Dieu : car il n'appartient.

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