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Voilà, mon cher Théotime, les miracles que Jesus-Christ a faits publiquement et à la vue de toute la Judée, pendant sa vie mortelle: miracles dont les saints Evangélistes ont écrit l'histoire dans un temps où le souvenir en était encore récent, et où l'on en trouvait les preuves et comme les vestiges dans toute la Judée; miracles contre lesquels les Juifs qui avaient vu JesusChrist, ne s'inscrivirent jamais en faux, et que ceux mêmes de nos jours sont forcés d'avouer sur le témoignage de leurs pères, quoiqu'il y ait près de dix-huit cents ans que leurs pères les ont vus; miracles étonnans en eux-mêmes, plus étonnans encore dans leurs circonstances; miracles enfin qui ne peuvent être opérés que par la puissance de Dieu.

Je dis miracles qui ne peuvent être opérés que par la puissance de Dieu; en effet, Théotime, autant qu'il est évident que Dieu, en établissant des lois pour le gouvernement du monde, s'est réservé le pouvoir d'en arrêter ou d'en suspendre le cours, autant est-il évident qu'il n'a réservé ce pouvoir qu'à lui-même. Car si Dieu avait laissé ce pouvoir à quelque créature, par exemple au démon, il faudrait dire que le démon peut déranger à son gré tout l'ouvrage de Dieu, et tout confondre dans le monde; ce qui est absurde. Tous les hommes sentent qu'il n'y a que Dieu

qui puisse opérer certains miracles. Aussi la première impression que fait un miracle semblable à ceux de J. C. sur ceux qui le voient, c'est de leur faire adorer Dieu, qui manifeste sensiblement sa puissance aux hommes. Le premier cri qui sort de leur bouche, c'est que le doigt de Dieu est là. En vain tous les philosophes du monde voudraient-ils persuader à un peuple entier, qui voit sortir du tombeau Lazare, enterré depuis quatre jours, que cette résurrection s'est faite naturellement, par des causes secrètes, et par une suite du méchanisme universel, ou par hasard, ou par l'opération du démon. Le peuple les traiterait d'insensés et d'impies.

Laissons donc certains hommes de notre siècle, qui se regardent comme des esprits forts, parce qu'ils ont le courage de contester les vérités les plus palpables, raisonner tant qu'ils voudront sur ce sujet comme sur bien d'autres. Ces hommes audacieux pourront bien prouver au monde. que, malgré tout leur esprit, ils n'ont point de bonne foi, ou point de bon sens, et peut-être ni l'un ni l'autre ; mais ils ne réussiront jamais à ôter au monde le bon sens et la bonne foi. Continuons donc notre entretien, sans nous mettre en peine de ce qu'ils en pourront dire; ils sont sans conséquence.

Jesus-Christ a fait des miracles qui ne

peuvent être opérés que par la puissance de Dieu : c'était ma première proposition, et je viens de la démontrer. La conséquence que je tire de cette proposition, c'est que Jesus-Christ était Dieu, ou que du moins Dieu était avec lui et en lui, pour opérer des miracles.

SECONDE PROPOSITION.

Jesus-Christ a fait ses miracles en Dieu. GUERIR d'une seule parole, dans un seul instant, et de la manière la plus parfaite, les maladies les plus invétérées et les plus incurables; rendre l'ouïe aux sourds, la parole aux muets, la vue aux aveugles, et sur-tout à des aveugles, à des muets et à des sourds de naissance, et toujours avec la même facilité, avec la même promptitude et le même succès; chasser les démons des corps des possédés; changer la nature des élémens; ressusciter des morts, et des morts enterrés depuis plusieurs jours, et éprouvant déjà les tristes et humiliantes atteintes de la corruption : ce sont des prodiges qui ne peuvent être opérés que par la toute-puissance de Dieu. C'est, mon cher Théotime, ce que nous venons de prouver; et par conséquent celui qui fait tous ces prodiges par une puissance qui lui est propre, qui est en lui et à lui; celui qui fait tous ces prodiges en

son propre nom et comme agissant par luimême; celui qui fait tous ces prodiges avec une parfaite liberté et une entière indépendance de tous secours étrangers; celui qui fait ainsi tous ces prodiges le fait en Dieu. Cette conséquence est incontestable, et je crois, Théotime, que vous le sentez aussi bien que moi. Et en effet, si l'on convient d'une part, comme on est forcé d'en convenir, que tels prodiges ne peuvent être opérés que par la puissance de Dieu, on doit convenir, d'autre part, que celui qui opère ces prodiges par une puissance qui lui est propre, ou qui est sa propre puissance, possède véritablement la puissance de Dieu, et que par conséquent il est Dieu.

Or, il est constant, par la narration des Evangélistes, que Jesus-Christ a fait tous. les miracles que nous avons rapportés, et une infinité d'autres que nous avons omis. Il est, dis-je, constant que Jesus-Christ a fait tous ces miracles en son nom, et comme agissant par sa propre puissance. Il les a donc faits en Dieu; il est donc Dieu.

Reprenons les livres de l'Evangile et lisons avec attention, et nous y trouverons des preuves claires et frappantes de tout ce que j'avance ici.

Nous verrons que Jesus-Christ a fait les plus grands miracles, d'une seule parole. Aux noces de Cana, la Sainte Vierge fait observer à Jesus-Christ que le vin

manque. Jesus-Christ ordonne aux Domestiques de remplir d'eau six grandes cruches; ils obéissent; J. C. leur dit : (S. Jean, ch. 2, v. 3.) Puisez maintenant; ils puisent, et l'eau se trouve changée en vin excellent. Un lépreux se jette aux pieds de Jesus-Christ, et en l'adorant, il lui dit: Seigneur, si vous le voulez, vous pouvez me purifier. Jesus-Christ, étendant la main, le touche en disant: (S. Matth. ch. 2, v. 2.) Je le veux, soyez purifié; et la lèpre disparaît au même instant. Un père désolé présente à Jesus-Christ son fils, que le démon, dont il était possédé, rendait sourd et muet. Jesus-Christ parle avec menace à l'esprit impur: (S. Marc, ch. 9, V. 24.) Esprit sourd et muet, lui dit-il c'est moi qui te commande, sors de cet enfant, et n'y rentre jamais; et l'esprit impur sort sur-le-champ.... Un jour une violente tempête agitait la barque où JesusChrist était avec plusieurs de ses Disciples. On était sur le point de faire naufrage. Jesus-Christ dormait; on l'éveille avec de grands cris. Il se lève; il parle aux vents avec menace, et il dit à la mer: (S. Marc, ch. 4, v.39.) Tais-toi; calme-toi: aussitôt les vents cessent de souffler, et il se fait un grand calme. (S. Marc, chap. 5, v.32.) Ma fille, levez-vous, je vous le commande: c'est ainsi que Jesus-Christ ressuscita la fille de Jaïrus. (S. Luc, ch. 7,

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