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lieux saints mêmes, par le provincial des Franciscains, et déterminé à revenir en Europe, il conçut l'idée d'un ordre nouveau. Pour le réaliser, il ne rougit pas de se remettre sur les bancs, parmi des enfants, d'apprendre le latin, et d'achever son éducation littéraire dans les universités d'Alcala et de Paris, où il parvint à communiquer sa ferveur et à faire embrasser son sévère genre de vie à quelques compagnons d'étude, qui lui transmirent à leur tour leurs connaissances, et le mirent à même de recevoir, après une sérieuse épreuve, le grade de docteur (1534). Ses principaux associés furent Pierre Lefèvre de Savoie, le Navarrais François-Xavier, les trois Espagnols Jacques Lainez, Alphonse Salméron, Nicolas Bobadilla, et le Portugais Rodriguez. Bientôt leurs idées s'élargirent, leur projet mûrit; ils se décidèrent à se consacrer au salut des âmes. Ayant dû renoncer au dessein de se rendre en Orient, Ignace Lefèbre et Lainez vinrent à Rome, firent vœu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance absolue, et se déclarèrent prêts à se rendre partout où le Père de la chrétienté voudrait les envoyer. Paul III ne put résister à des vœux si fermes et si sincères, et approuva « la société de Jésus » (1540), "qui ne devait d'abord se composer que de soixante personnes. Cependant, les premiers résultats de leurs travaux firent bientôt lever cette restriction par le Pape (1543), et ses successeurs leur accordèrent de grands priviléges. L'ordre se propagea rapidement en Europe. François-Xavier le transporta au delà des mers.

La constitution de l'ordre, beaucoup plus nette et plus forte que toutes celles des autres ordres, se résume comme il suit :

Le but principal de l'ordre est la plus grande gloire de Dieu (A. M. D. G.); donc les membres de la Société doivent travailler au salut du prochain comme au leur. Ils travaillent au salut du prochain par la prédication, les missions, les catéchismes, la controverse contre les hérétiques, la confession, et surtout par l'instruction de la jeunesse; à leur propre salut, par la prière intérieure, l'examen de conscience, la lecture des livres ascétiques et la fréquente communion.

L'ordre ne reçoit que des membres sains de corps et doués de talents.

Les nouveaux membres passent par un sévère noviciat de deux ans, durant lesquels toutes les études sont interrompues, et qui est principalement employé à des exercices spirituels.

A la fin du noviciat se font les premiers, souvent les seconds vœux, semblables à ceux des autres ordres.

La pauvreté des membres consiste en ce qu'ils ne peuvent posséder, soit individuellement, soit collectivement, ni revenus, ni propriétés, et doivent se contenter de ce qu'on leur donne pour leurs besoins. Mais les colléges sont dotés, pour que ceux qui enseignent et ceux qui étudient ne perdent pas leur temps aux soins de leur entretien.

Après le noviciat commencent les études, qui consistent principalement dans la connaissance des langues, de la poésie, de la rhétorique, de la philosophie, de la théologie, de l'histoire ecclésiastique et de l'Ecriture sainte.

Ceux qui se livrent à ces études doivent, pour entretenir la piété dans leur cœur, faire de fréquents examens de conscience, s'approcher des sacrements tous les trois jours, et renouveler leurs vœux deux fois par an.

Chaque membre est surveillé par un confrère, il sort toujours accompagné.

Alors vient le second noviciat, qui dure un an, et pendant lequel on est employé à la prédication, aux catéchismes, à l'enseignement. Cependant, la majeure partie du temps doit être employée à la contemplation, dont Ignace a dressé le plan dans les exercices spirituels (Exercitia spiritualia).

D'après leur talent, les membres de la société sont partagés en trois classes: 1° Les profès, qui, outre les trois vœux monastiques, font le quatrième vœu d'obéissance absolue au Pape, par rapport aux missions. Il y a peu de profès ou de Jésuites du quatrième vou. C'est parmi eux que sont élus le général et les autres chefs des instituts de l'ordre. Ces instituts sont : Les maisons professes, dirigées par un préfet ; les colléges, comprenant au moins treize membres, sous un recteur; les colléges affiliés ou résidences, ayant

un supérieur et dans lesquels les Pères âgés trouvent une retraite pour se reposer ou mettre la dernière main à leurs écrits; enfin les maisons de mission, pour venir au se→ cours des curés dans les campagnes. Les prétendus Monita secreta des profès qu'on a si souvent reprochés à la société, ne sont qu'une méprisable calomnie, comme la proposition qu'on prétend tirer des constitutions, et qui donne à un supérieur le pouvoir d'ordonner un péché, résulte d'un perfide malentendu.

2o Les coadjuteurs, qui comprennent la majorité des membres de la société, chargés de l'enseignement des colléges et du ministère pastoral, et parmi lesquels les scolastiques ( scolastici approbati ) sont destinés aux plus hauts emplois de l'enseignement.

3o Les coadjuteurs temporels (coadjutores temporales), frères laïques, destinés aux services manuels et aux plus basses fonctions.

A la tête de chaque province est placé un provincial.

Tout l'ordre est gouverné par un général, qui réside à Rome, jouit d'un pouvoir absolu, en tant qu'il observe les anciennes lois de l'ordre. Les modifications ne peuvent être introduites que dans les assemblées générales. Le général nomme les supérieurs, pour empêcher les troubles, les intrigues, parmi les subordonnés : cependant il consulte le provincial et trois autres Jésuites. Les supérieurs de tous les instituts sont obligés de rendre compte chaque année, au général, de la conduite et des talents de leurs subordonnés.

Le général a six assistants, hommes éprouvés et expérimentés, appartenant à l'Allemagne, la France, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et la Pologne, qui sont élus dans les assemblées générales.

Le général est soumis à leur contrôle. Ils peuvent, dans des cas urgents, le déposer ; en temps ordinaire, il ne peut être déposé que par les assemblées générales.

L'admoniteur, adjoint encore au général, a pour mission de le soutenir comme un ami, un père, un confesseur.

Ainsi la société, présentant le modèle d'une monarchie constitutionnelle fortement organisée, d'une législation sage et parfaite, devait, autant par cette organisation que par l'esprit vigoureux qui l'animait, obtenir une grande autorité et exercer une immense influence dans le monde.

La constitution maintenait l'unité la plus rigoureuse dans le fond de l'enseignement, au milieu de l'activité la plus vivante; elle ordonnait de réprimer avec le plus énergique empressement tout ce qui s'écarterait de la doctrine de l'Eglise, et accordait en même temps, pour ce qui était de pure opinion, une très-grande liberté, dont on fit plus tard un déplorable abus.

Il ne faut pas oublier, pour bien juger le quatrième vœu des Jésuites et quelques autres particularités de leur constitution et de leur manière d'agir, qu'ils avaient pour but de former une société absolument contraire au protestantisme. Le protestantisme ayant attaqué le centre de l'unité et voulu renverser le Pape, les Jésuites prenaient par là même l'obligation de se rattacher fortement au Saint-Siége. Les protestants poussaient la liberté jusqu'à la licence; les Jésuites imposaient l'obéissance la plus absolue, de manière à sacrifier la volonté de l'individu aux intérêts de la société. Les protestants, ayant le plus souvent procédé avec passion et agi sans réflexion ni prudence, étaient restés longtemps sans pouvoir s'organiser ni se constituer; les fondateurs de l'ordre des Jésuites, guidés par une haute et religieuse inspiration, merveilleusement unis entre eux, agirent avec la prudence la plus consommée, avec la prévoyance la plus réfléchie.

Aussi, des éléments qui sont le plus souvent opposés vinrent se fondre ici dans la plus parfaite harmonie. Ignace, rempli d'un enthousiasme noble et pur, qui pouvait paraître parfois exagéré, brûlait de zèle pour le Christ et pour l'Eglise, et ne connaissait que l'Eglise et Jésus-Christ. Lainez, homme d'une raison calme, pénétrante, d'un esprit positif et or

ganisateur, semblait né pour gouverner de grands empires. Au zèle plein de foi d'Ignace, Lainez joignait la science des choses de la foi. Ignace posa le principe de la vie intérieure, qui fonda la Société; Lainez lui donna la forme et l'organisation nécessaires pour qu'elle pût se manifester et atteindre son but. Les qualités de ces deux hommes, qui s'identifièrent dès l'origine, se sont toujours conservées d'une manière remarquable dans la Société qu'ils ont fondée et qui a été si active, si vigoureuse, qu'on ne peut en lire l'histoire sans le plus vif intérêt.

Il fallait, pour arrêter les progrès du protestantisme, une grande énergie, un véritable dévouement, une prudence consommée, une vue claire du but à atteindre; tout cela se rencontra dans l'ordre des Jésuites.

Les faits que nous allons résumer prouvent toute l'activité que les Jésuites déployèrent dans l'intérêt de l'Eglise. Il semblait qu'une véritable barbarie allait s'étendre sur l'Allemagne, berceau du protestantisme. Les universités étaient en décadence et menaçaient ruine. Le peuple était tombé dans la plus profonde ignorance; et comme pour être protestant il suffisait de rejeter quelques points de la foi catholique, on sentait même dans les pays strictement catholiques, comme l'Autriche, une tendance prononcée vers le protestantisme. Pendant vingt ans il n'était pas sorti un prêtre de l'université. de Vienne, autrefois si florissante. Les ecclésiastiques protestants apparaissaient de tous côtés. Cette situation porta Ferdinand Ir à demander des Jésuites (1551). On distingua dès lors parmi ceux qui furent envoyés, Le Jay et Canisius. Canisius, par des instructions suivies, des prédications fréquentes, une nouvelle organisation de l'université de Vienne, la publication d'un nouveau catéchisme et l'administration prudente du diocèse, rétablit l'ordre en peu de temps, et non-seulement arrêta les progrès du protestantisme, mais ramena la plupart des protestants au catholicisme. Le célèbre collége des Jésuites de Fribourg, en Suisse, rappelle également l'activité de Canisius (béatifié le 21 novembre 1843).

Les mêmes circonstances amenèrent les Jésuites en Bavière. Le Jay y combattit d'abord le protestantisme; puis on confia, à Ingostadt, l'enseignement de la théologie aux Jésuites (1549). Le Jay expliqua les Psaumes; Salméron, les Epîtres de saint Paul et les Evangiles; Canisius, la dogmatique. Bientôt après, Munich appela à son tour les Jésuites (1559). Ils surent y réveiller le goût des études classiques, littéraires et scientifiques, dont les protestants proscrivaient l'enseignement, comme une occupation mondaine, inutile, dangereuse à l'éducation religieuse, tandis que l'Eglise avait appris par une triste expérience tout ce qu'elle avait eu à souffrir du défaut de ces connaissances.

Dès lors l'Eglise catholique de Bavière fut garantie contre les attaques ennemies. Il en fut de même lorsque les Jésuites fondèrent des colléges à Cologne (1556), Trèves (1561), Mayence (1562), Augsbourg et Dillingen (1563), Paderborn (1585), Wurtzbourg (1586), Munster et Salzbourg (1588), Bamberg (1595), Anvers, Prague, Posen (par l'évêque Adam Konarski, 1571, confirmé par le roi Henri, 12 avril 1574), et dans d'autres contrées; partout ils devinrent l'appui et le rempart de l'Eglise. Leurs remarquables travaux sur toutes les parties de la théologie, de la philosophie et de la philologie, se répandirent partout. Tels furent les travaux de Tursellin (De particulis linguæ latina), de Viger (De idiotismis linguæ græca), sur la grammaire; de Jean Perpiniam († 1556), Pontanus, Vernuleus et d'autres, sur la bonne latinité; de Jacques Balde, Sarbiewski, Jouvenci, Varrière, Spée, sur la poésie; de Clarius, Hell, Scheiner, Schall, de Bell, Poczobut, à Wilna, sur les mathématiques et l'astronomie; de Kircher, Nieremberg, Raczinski, sur l'histoire naturelle; d'Acunha, de Charleroix, Dobrizhofer, Gerbillon, sur la géographie; d'Aquaviva, de Mariana, de Ribadeneira, sur les sciences politiques. Les hommes les plus judicieux ont toujours reconnu que la méthode des Jésuites, alliant la science et la religion, et soutenant l'esprit par toutes sortes de moyens extérieurs ingénieux, est parfaitement appropriée à l'instruction de la jeunesse. Nous ne rappelons ici en témoignage que les paroles de Louis XVI, faisant le portrait de Choiseul : « Le gouvernement a toujours trouvé un appui spécial dans cette célèbre Société, qui élevait la jeunesse dans l'obéissance à l'Etat, dans la connaissance des arts, des sciences et des belles-lettres. Choiseul a livré les Jésuites

aux persécutions des par.ements; il a livré la jeunesse aux systèmes de la philosophie, ou aux influences des opinions parlementaires les plus dangereuses. En renversant les Jésuites, il a fait, au grand détriment de l'éducation et de la science, un vide qu'aucune autre corporation ne pourra jamais remplir. »>

Les exemples donnés par S. Ignace agirent puissamment sur les siens. Il combattit avec succès, en Italie et à Rome surtout, le désordre des mœurs; institua des maisons spéciales pour servir de refuge aux femmes repenties, reçues et dirigées par la Société de SainteMarthe, qu'il avait fondée, ainsi que le couvent de Sainte-Catherine, pour les jeunes personnes dont la chasteté était en danger. En Portugal, les Jésuites avaient lutté si victorieusement contre le luxe et la corruption des mœurs, qu'un témoin oculaire dit, en parlant de leurs efforts : « C'est une seconde Sparte qu'ils veulent fonder. Cette activité morale et scientifique fit naître le désir d'avoir des évêques jésuites. Ignace ne voulut point y consentir, parce que cette élévation, contraire à la pauvreté et à l'humilité de l'ordre, pouvait fomenter et nourrir l'ambition, et nuire, sous bien des rapports, à la Société, dont les membres, disait-il, doivent être des soldats du Christ, toujours prêts à se rendre partout où Dieu les appelle. Cette rigueur fut légèrement adoucie sous Lainez, second général de l'ordre, et complétement rétablie sous le troisième général, François de Borgia. Il n'est pas étonnant que l'habileté et les vertus morales des Jésuites les fissent souvent appeler et réussir auprès des princes et dans leurs cours. L'experience avait prouvé combien, à cette époque, les princes, par leurs bonnes ou mauvaises dispositions, avaient d'influence sur les destinées de l'Eglise. Néanmoins, on regrette que quelques Jésuites se soient trop immiscés dans les affaires politiques. François de Borgia, dans les circulaires adressées aux membres de la Société, blama fortement cette immixtion dans les affaires, ainsi que les travaux purement scientifiques des Jésuites. « Vous avez bien, disait-il, dompté l'orgueil, qui se nourrit au milieu des dignités de l'Eglise, mais vous le satisfaites d'une autre manière par vos ambitieux travaux. » Il se plaint de ce que, dans l'admission des nouveaux sujets, on a plus égard à leur aptitude pour la science et à leurs avantages temporels, qu'à la sainteté de leur vocation.

Plus d'un homme de bien avait reconnu que la dégénération du clergé, et, par suite, l'ignorance et la misère du peuple, avaient préparé les voies au protestantisme: aussi diverses congrégations rivalisèrent de zèle pour remédier à ces tristes maux et subvenir à l'instruction du peuple. Il fallait, à cet effet, d'abord tendre à une réforme du clergé, afin qu'il remplit son devoir. C'est dans ce but que se formèrent:

1° Les Capucins. Cet ordre manifesta sa force et sa vertu d'une manière toute différente de celle des Jésuites. Il prit à tâche de combattre l'amour des richesses et l'esprit mondain des vieux couvents dégénérés, par une pauvreté rigoureuse, par l'abnégation la plus entière, l'humilité la plus complète, et de servir ainsi de modèle au monde, et surtout au clergé des paroisses, en le secondant dans le soin des âmes. Les Capucins ne furent qu'une modification des Franciscains. La sévérité de la règle avait de bonne heure excité des discussions parmi ceux-ci; ce fut une discussion de ce genre qui amena la modification de l'ordre, opérée par Matteo de Bassi, dans le couvent de Montefalco. Il appartenait au parti rigoriste des Minimes, et voulut ramener l'ordre à la sévérité primitive. Il commença par le dehors, et ajouta à la robe des religieux un capuchon pointu, tel que l'avait, disait-on, porté saint François. Puis, il communiqua ses pensées de réforme au Pape Clément VII (1528), dont il obtint, pour ses religieux, l'autorisation de porter un capuchon et une longue barbe; de vivre selon la règle de Saint-François, dans des ermitages, de prêcher et de s'occuper du salut des grands pécheurs. D'après ces principes austères, les églises des Capucins devaient être sans ornements, leurs couvents de la plus grande simplicité. Ils se rendirent d'abord extrêmement utiles et populaires par l'intrépidité avec laquelle ils secoururent les malades, durant la peste qui ravageait alors l'Italie. Le troisième vicaire général de l'ordre, Ochino, porta une rude atteinte à la réforme naissante. Après avoir été un zélé prédicateur, il séduisit une jeune fille, embrassa le protestantisme (1542), se maria, et fit, par sa honteuse conduite, interdire la prédication aux Capucins, pendant

deux ans. Mais ils se relevèrent vigoureusement, et fournirent une noble et fructueuse carrière. La rapide propagation de l'ordre, la faveur qui l'accueillit, les grands personnages qui y entrèrent, tels qu'Alpnonse d'Este, duc de Modène (1626), Henri, duc de Joyeuse, et d'autres, prouvent combien cet ordre mendiant était populaire, et répondait aux besoins du temps.

2° Les Théatins. Dès 1525, plusieurs prélats s'étaient associés en Italie dans le but immédiat de soigner les malades, et par là même de travailler au salut des âmes. Cette œuvre de charité fit peu à peu naître le désir et le projet d'améliorer le clergé, de manière que, pur de mœurs, instruit et désintéressé, il remplit les fonctions du culte avec dignité, repoussât du langage de la chaire toute expression basse et profane, se dévouât au service des malades, et préparât les condamnés à la mort. Gaétan de Thienne peut être considéré comme le fondateur de cette association. Il se rendit, d'après l'avis de son confesseur, à Rome, y gagna Caraffa, évêque de Chieti (Theati en latin), et lui fit accepter la supériorité de la société. Caraffa élu Pape sous le nom de Paul IV, donna le nom de Théatius aux membres de l'ordre, déjà confirmé par Clément VII (1524), sous le nom de Chanoines réguliers de la congrégation de Latran. Les Théatins devinrent, comme prédicateurs et missionnaires, la pépinière du haut clergé. D'après leurs statuts, ils ne devaient pas mendier, mais vivre sous la protection de la divine Providence, c'est-à-dire de dons volontaires.

3° Les Somasques. Cette congrégation de clercs réguliers fut ainsi nommée d'une ville du Milanais. Jérôme Emilien, fils d'un sénateur de Venise, en fut le fondateur (1528). Paul III la confirma (1540), et Pie IV l'honora de divers priviléges. En 1568, le Pape Pie V la rangea parmi les autres ordres monastiques. La règle prescrivait aux Somasques une vie austère, la prière continuelle, même pendant la nuit, l'instruction des peuples de la campagne, et surtout l'éducation des orphelins. Ils fondèrent aussi des écoles supérieures à Rome, à Pavie, et dans d'autres villes de l'Italie.

4° Les Barnabites. C'était également des clercs réguliers. Ils tinrent leur nom d'une église dédiée à saint Barnabée, à Milan, et se réunirent, comme les premiers Chrétiens, pour vivre en commun, et se livrer à l'enseignement. Ils eurent pour fondateurs trois gentilshommes (1530), Antoine-Marie Zaccaria, de Crémone, Barthélemy Ferrera, de Milan, et Jacques-Antoine Morigia. Clément VII confima cet institut (1532), qui fut principalement destiné à des missions dans les pays chrétiens, à l'instruction de la jeunesse et à la surveillance des séminaires. Il obtint quelques chaires dans les universités de Milan, de Pise et d'autres villes italiennes.

5° Les Oratoriens, fondés par le célèbre Philippe de Néry, né à Florence. Philippe, après de brillantes études, se livra de bonne heure, dans Evine, à l'instruction de la jeunesse et aux soins des malades dans les hôpitaux. Il y fonda la confrérie de la Sainte-Trinité (1548), qui fut accueillie si favorablement que Philippe, n'ayant d'autres ressources que la charité des âmes généreuses, bâtit un grand hôpital pour les pauvres pèlerins. Cet oratoire (oratorium), dans lequel on lisait et expliquait les saintes Ecritures aux pèlerins, fut bientôt trop étroit. Paul IV fit présent à Philippe d'une église (1358). Les Pères de l'Oratoire, autorisés par Grégoire XIII (1574), composé de laïques et d'ecclésiastiques, sans vœux particuliers, se répandirent de Rome dans les autres Etats de l'Italie. Philippe avait désiré que sa société devint le refuge de ceux qui ne se sentiraient point propres à entrer dans un ordre religieux. Quoique le but principal de l'Oratoire fût l'instruction du peuple, on s'y adonna, dès le principe, à de hautes et fortes études. Baronius Ordéric, Rainald, Galloni, appartiennent à l'Oratoire, qui eut le bonheur de voir son fondateur canonisé par Grégoire XV (1622). C'est d'après l'exemple de saint Philippe de Néry que le cardinal de Bérulle institua en France, avec quatre prêtres, les Pères de l'Oratoire de Jésus (1611), pour la réforme et l'éducation du clergé français. Les Oratoriens de France furent autorisés par Paul V (1613). Ils se composaient d'incorporés et d'associés, et ne faisaient ni vœux solennels, ni vœux simples. Ils se multiplièrent rapidement, et formèrent d'illustres savants et de grands prédicateurs, tels

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