1167 OBL DICTIONNAIRE vos frères et vous, vous ne travaillez pas à Vous réconcilier sur-le-champ; si vous ne pardonnez pas à l'instant, quelque injure qu'on Vous ait faite; si vous roulez dans votre esprit des desseins de vengeance; si vous y conservez de l'aigreur; si vous faites paraftre du ressentiment au dehors, et si vous ne donnez pas au contraire toutes les marques d'une affection sincère; si vous hésitez même à secourir dans l'occasion celui qui vous a maltraité, vous n'êtes pas religieux; que dis-je, vous n'êtes pas chrétien, Vous êtes abominable aux yeux de Dieu. ་ « Si, après être tombé dans quelque faute, Vous avez honte de vous en accuser, comme la règle y oblige; si vous ne recevez pas avec beaucoup d'humilité, de docilité et de patience les reproches et les corrections qu'on vous fait, vous n'êtes pas religieux. Si vous ne rendez pas à votre supérieur une obéissance prompte, entière et générale, en tout ce qui n'est pas mauvais; si vous n'avez pas pour lui le respect et la tendresse qui est due à celui qui tient sur nous la place de Dieu, vous n'êtes pas religieux. Si vous cherchez à vous dispenser du chœur ou de quelque autre exercice commun; si vous assistez à l'office divin sans l'attention et la dévotion réquises, vous n'êtes pas religieux. Si vous bornez tous vos soins à bien régler votre extérieur, et que votre intérieur n'en soit pas le principal objet; si vous vous contentez d'être présent de corps aux exercices, sans que l'esprit et le cœur y aient part; si vous n'y allez que par habitude, vous en perdez tout le mérite, vous n'en retirez aucun fruit, vous n'êtes point religieux. Si vous ne vous appliquez avec ferveur à la prière, aux lectures de piété et aux autres pratiques de dévotion; si votre âme, tout occupée des choses du monde, demeure courbée vers la terre et ne prend que rarement son essor vers le ciel, vous n'êtes pas religieux. Si vous cherchez à satisfaire votre sensualité dans les repas, si vous prenez de la nourriture au delà du nécessaire; si, en ce qui regarde le vin, vous ne vous contentez pas d'une très-petite mesure, surtout quand vous vous portez bien, et que d'ailleurs vous avez de la bière ou quelque autre boisson convenable, vous n'êtes point religieux. « Si vous voulez être bien habillé, mollement couché, jouir de mille petites commodités qui ne conviennent pas à l'état que Vous avez embrassé; si vous accordez à votre corps le repos qu'il souhaite, et refu sez à Dieu le travail qu'il demande, vous Si vous fuyez la n'êtes pas religieux. Si vous fuyez la solitude et le silence, aimant à vous dissiper en des entretiens inutiles et par des ris immodérés, vous n'êtes pas religieux. Si vous prenez plaisir à vous trouver dans la compagnie des séculiers, à sortir du monastère et à vous montrer dans les villes et les châteaux, vous n'êtes pas religieux. Vous êtes assez hardi pour disposer de la moindre chose, donner ou recevoir, envoyer ou retenir quoi que ce soit, sans la permis Si sion de votre supérieur, vous n'êtes pas religieux.-Si vous estimez peu les règles du monastère, et que vous en violiez quelqu'une de propos délibéré, quelque petite qu'elle soit, vous n'êtes pas religieux. —- En un mot, si dans le monastère vous cherchez autre chose que Dieu, et que vous ne tendiez de toutes vos forces à la perfection de votre état, vous n'êtes pas religieux. << IV. Ainsi pour revenir à ce que je vous disais tout à l'heure, si vous voulez remplir le nom que l'on vous donne et être un véritable religieux, vivez en véritable religieux; armez-vous, combattez contre vous-même, n'omettez rien de ce qui est en vous pour vaincre et dompter votre amour-propre. Mais si vous ne trouvez pas d'abord la paix que vous cherchez; si Dieu diffère à vous accorder la tranquillité de votre âme; si les mouvements de la concupiscence vous attaquent; si les passions s'élèvent, n'en soyez pas étonné. Quand Dieu même pour votre avantage permettrait à ces ennemis domestiques de-vous faire la guerre pendant toute votre vie, ne vous laissez point abattre; mais vous humiliant devant Dieu à la vue de vos faiblesses, attendez tout de la force de sa grâce. il « Saint Paul, ce vaisseau d'élection, n'eutpas à souffrir toute sa vie une tentation humiliante, un aiguillon de la chair, dont l'ange de Satan se servait pour lui donner des coups et pour l'insulter? Et quoiqu'il eût souvent prié le Seigneur de l'en délivrer, il ne fut point exaucé, parce qu'il ne lui était pas avantageux de l'être. Ma grâce vous suffit, lui dit le Seigneur, car ma puissance ne parait jamais avec le plus d'éclat que dans la faiblesse. Il n'en fallut pas davantage à ce serviteur de Dieu pour supporter dans la suite avec courage, et même avec gaieté, la rigueur des épreuves imposées à sa vertu. Fortifiés par l'exemple de ce généreux athlète de Jésus-Christ, ne nous laissons point abattre par la tentation; soutenons-en les attaques avec courage, sans que rien puisse nous faire chanceler dans les bons desseins que nous avons pris. « Ce qui nous paraît un travail pénible et chagrinant, Dieu prêt à le récompenser s'en fait un spectacle agréable. A la vue de la récompense qui nous attend, volons avec une ardeur invincible à cette espèce de martyre spirituel où l'on demande le sacrifice de notre âme. Oui, n'en doutons point; eussionsnous reçu mille blessures dans le combat, eussions-nous été renversés par terre mille fois, mille fois foulés aux pieds de nos ennemis, nous sommes encore assurés de la victoire, pourvu qu'au lieu de mettre lâchement les armes bas, nous résistions jusqu'au bout. Faisons seulement ce qui est en notre pouvoir, abandonnons le reste aux dispositions de la Providence, et disons : « Que ce qui est arrêté par les dispositions « du ciel s'accomplisse. » C'est cette soumission aux ordres de Dieu qui doit faire toute notre consolation et toute notre ressource dans les souffrances. Après tout, la peine est le partage de 1 nomme. De quelque côté qu'il se tourne, et quelque part qu'il aille, les tribulations, les croix, les tentations l'accompagnent partout et dureront autant que sa vie. Il doit par conséquent être toujours prêt à les soutenir. Heureux, si la grace l'élève à ce haut degré de perfection et de bonheur, où l'on ressent une véritable joie à tout souffrir pour le Seigneur. « V. Eh bien, mon cher frère, vous ai-je assez développé les devoirs d'un vrai religieux? Ne voudriez-vous pas encore des instructions plus étendues? Voudriez-vous que je vous détaille la manière dont vous devez régler votre intérieur et votre extérieur, le train de vie que vous devez mener et à quelles occupations vous devez principalement consacrer chaque moment de la journée, pour tenir une conduite raisonnable et digne de Dieu ? Je veux bien,; continuez à m'écouter. « A votre réveil, et sur le point de vous lever pour l'office de la nuit, faites dévotement le sigue de la croix, et demandez à Dieu, par une courte prière, le pardon de vos péchés et le secours de sa grâce. Ensuite rejetez les idées grossières et confuses dont le sommeil laisse assez souvent des traces dans l'esprit ; occupez votre âme de quelque pensée spirituelle; purifiez-la de plus en plus par de saints désirs; excitez-vous à de secrets transports de joie, de vous voir appelé à chanter les louanges du Seigneur et à lui rendre vos hommages. Que si la Que si la pesanteur du sommeil, la fragilité de la chair, la légèreté naturelle à l'esprit, mettent obstacle à ces élévations vers le ciel, bien Join de vous rebuter, prenez courage, faitesvous violence, et triomphez de toutes ces difficultés par un effort de la volonté et de la raison; car le royaume de Dieu se prend par la violence, et il n'y a que ceux qui se font violence qui l'emportent. La mesure du travail que vous entreprendrez pour votre Dieu sera la mesure de la récompense que Vous recevrez de lui. Après vous être promptement levé, offrez en sacrifice au Créateur votre âme et votre corps, et mettez l'un et l'autre sous sa protection. Courez aussitôt au choeur, comme dans un asile assuré contre les poursuites de vos ennemis, comme dans un jardin de délices spirituelles. En attendant que l'office commence, faites en sorte que votre esprit, dégagé de toutes pensées tumultueuses, se trouve dans une situation libre et tranquille; et au milieu de ce profond recueillement, tâchez de vous exciter à de tendres sentiments d'amour pour Dieu. « VI. Durant l'office, ayez soin d'en prononcer et d'en écouter toutes les paroles avec respect, avec attention, avec une sainte joie. C'est le temps de goûter combien le Seigneur est doux, le temps de ressentir les charmes ineffables et la force incompréhensible de la parole de Dieu, re temps d'acquérir l'intelligence des Ecritures et de comprendre ces oracles de Esprit-Saint, qui furent toujours .a nourriture et .es délices des âmes chastes, humbles et mortifiées. Souvenez-vous donc de l'attention qu'il faut y apporter. Evitez cependant une trop grande contention d'esprit, surtout si vous ne vous sentez pas la tête à l'épreuve d'une trop forte application: sans cela vous pourriez vous causer un grand préjudice à vousmême, et tomber dans un accablement, une confusion d'idées, une gêne et une contrainte qui, vous rendant impraticable l'usage de la méditation, vous fermerait l'entrée à la connaissance des divins mystères. « VII. Que les distractions ne vous causent point une inquiétude scrupuleuse, qui pourrait vous jeter dans le trouble et le découragement; mais chantez les louanges du Seigneur avec une attention assez tranquille d'un côté pour bannir la perplexité de ce saint exercice, et de l'autre assez vive pour faire naître la joie. Si votre cœur vous échappe malgré vous, ne vous alarmez point; rappelez-le par un doux effort, et faites sans trouble et sans embarras ce qui dépendra de vous, abandonnant le reste à la volonté divine. Vous n'avez qu'à aimer Dieu constamment, et les défauts dont il vous est impossible de vous défaire vous deviendront un sujet d'humiliation, un motif de vertu, une occasion de mérite, une source de consolation. Le terroir bien disposé trouve toujours dans le fumier un surcroît de fertilité, et l'homme, rempli de bonne volonté jusque dans le sein de la misère, retire en son temps le fruit de ses imperfections et de ses faiblesses. Cela arrive lorsque le Seigneur, qui semble quelquefois se cacher, daigne reparaître. Mais en attendant le temps de sa visite, il faut souffrir avec patience l'abandon où il nous laisse; car que servirait-il de s'impatienter? Ce serait ajouter peine sur peine et faire voir, d'une manière bien sensible, qu'au lieu d'une humilité bien parfaite, on n'a qu'un amour-propre pernicieux pour le salut. « Êtes-vous à la prière avec respect, et dans un vrai désir d'y apporter de l'attention, il n'en faut pas davantage. Dieu est content de vous malgré les distractions qui vous empêchent d'être aussi attentif que vous le voudriez. Il ne vous fera jamais un crime de ces écarts d'une nature faible et volage, pourvu que vous ne vous y arrêtiez pas volontairement quand ils arrivent, et qu'auparavant vous n'y ayez pas donné occasion, faute de veiller à la garde de vos sens. Ne pouvant alors rendre au Seigneur un hommage parfait, offrez-lui du moins avec une humilité profonde votre bonne volonté et la droiture de vos intentions. Le démon après cela n'aura plus aucun su'et de vous chicaner. « Quand vous n'auriez autre chose à présenter à Dieu que la résolution sincère de sacrifier votre corps et votre âme à son service, avec les sentiments d'une humble crainte à la vue de son auguste majesté, il n'en faut pas davantage pour vous donner la juste confiance que vous ne perdrez pas 1171 OBL - DICTIONNAIRE la récompense que Dieu promet à ceux qui << Mais écoutez ce que je vais vous dire. mer. « VIII. Parmi ceux qui servent Dieu, la plupart ne sont que des serviteurs mercenaires et infidèles. Tandis qu'ils jouissent des douceurs d'une dévotion sensible, et qu'ils ont actuellement le don des larmes, on leur voit une ferveur, un attrait pour OBL 1172 l'oraison, une ardeur pour toutes sortes de « Quand on est capable d'en venir là, il « Quel est leur aveuglement! La sainteté, vées. C'est ainsi que se perdent dans leurs pensées ceux qui soupirent plus après les bénédictions du cjel qu'après celui qui en est le dispensateur. << IX. Les fidèles serviteurs en usent autrement. Ils s'oublient eux-mêmes pour ne songer qu'à Dieu; ils ne cherchent qu'à accomplir sa volonté, qu'à procurer sa gloire, qu'à lui faire un sacrifice continuel de leur amour-propre. Qu'il répande dans leur cœur les joies spirituelles, ou qu'il en suspende le cours pour laisser leur âme dans l'aridité, ils sont toujours les mêmes, toujours dans une égalité d'esprit que rien ne trouble, toujours constants à aimer, à louer, à bénir le Seigneur. Ni les nuages qui s'élèvent dans l'intérieur, ni la violence des impressions des sens, ni la froideur de leur âme, ni l'engourdissement de l'esprit, ni la sécheresse du cœur, ni la violence des tentations, rien au monde, les peines non plus que les douceurs, ne les tirent de la tranquillité, ni ne font sortir leur âme de son assiette. Ce n'est pas qu'ils soient insensibles aux impressions de ces mouvements: les uns les flattent et les autres les affligent, mais la supériorité de la raison les met au-dessus des sentiments de la partie inférieure de l'âme. Le fond de la volonté se conserve dans le calme, au milieu du tumulte qui s'élève autour d'elle. Elle est tranquille, parce que toujours conforme à ce qu'il plaît à Dieu d'ordonner ou de permettre, elle se contente de désavouer tous les mouvements qui s'élèvent contre l'ordre de la raison. « Heureux état ! où l'homme, appuyé sur la terre ferme, c'est-à-dire sur la charité, se trouve inébranlable dans l'amour qu'il a pour son Dieu, et incapable de goûter aucune consolation que dans une parfaite soumission à ses ordres. Heureux état! où l'on fuit avec ardeur tout ce qui déplaît à Dieu, où l'on regarde avec horreur tout ce qui pourrait souiller le moins du monde la pureté de l'âme, et où l'on se remet de tous les événements de la vie à la Providence. Comme on a, par ce moyen, le cœur pur, libre et tranquille, on est véritablement dévot, car c'est dans cette pureté, dans cette liberté, dans cette tranquillité, que consiste la vraie dévotion et la plus agréable aux yeux de Dieu. « Pour celle qu'on nomme dévotion sensible, elle n'est ni d'une aussi longue durée, ni si capable de nous rassurer. Aussi voyons-nous que Dieu la donne plus communément à ceux qui sont depuis peu convertis ou qui commencent à entrer dans la vie spirituelle, qu'à ceux qui y ont déjà fait des progrès considérables. Elle ne laisse pourtant pas d'être d'une très-grande utilité quand on sait en faire un bon usage; c'est pourquoi elle est aussi l'objet des désirs des âmes les plus avancées, de ceux que Jésus-Christ dit qu'il n'appellera plus serviteurs, parce qu'il les regarde comme ses amis. Oui, ceux-ci recherchent les consoiations intérieures dont les charmes sont si délicieux et dont la force, pour soutenir dans la vertu, est si merveilleuse. A peine en sont-ils privés, qu'ils s'en plaignent à leur divin maître, et le conjurent avec le prophète de leur rendre cette joie sainte qui est le gage précieux de sa protection. Ils ont une ardeur inconcevable pour ces communications où Dieu se laisse voir à découvert, et où l'on jouit de ces chastes et délicieux embrassements; mais le désir qui les anime est pur, spirituel, plein de modération et de retenue, et par là bien différent de celui des faux dévots, qui n'est qu'une avidité indiscrète, une vraie sensualité, un effet de légèreté et de faiblesse, un empressement inquiet et plein de trouble. Les vrais dévots soupirent après les douceurs de la grâce; mais loin d'avoir en vue leur satisfaction particulière, ils n'y cherchent qu'un nouveau moyen de croître en ferveur, de se purifier sans cesse de leurs imperfections et de plaire de plus en plus à leur divin époux. Ils aiment les consolations, et quand Dieu les leur fait goûter, ils ne manquent pas de l'en remercier; mais ils les aiment comme des moyens et non comme leur fin. En sorte que, ne les prenant jamais pour motif ni pour règle de leur conduite et des mouvements de leur cœur, ils sont à cet égard dans une liberté et une indépendance parfaite, prêts à faire également leur devoir quand même ce secours leur serait ôté. C'est que ces faveurs ne sont pas la fin où ils tendent, mais le canal par où ils remontent jusqu'à Dieu, jusqu'au souverain bien, à qui l'on est obligé de tout rapporter, et en qui seul il est permis de s'arrêter. Enfin, pour comble de bonheur, moins ils sont attachés à cette sorte de grâces, plus elles leur sont données avec profusion. « Quelque riches qu'ils soient des dons célestes, on ne remarque point en eux d'élèvement de leur cœur ; ils ne s'en estiment pas davantage et n'en conçoivent pas le moindre mépris pour les autres; s'estimant peu eux-mêmes, les faveurs dont ils sont comblés, loin de leur inspirer de l'orgueil, leur font sentir de plus en plus qu'étant indignes de toute grâce spirituelle, e peu qu'ils en ont vient de la pure miséricorde du Seigneur, et que ceux à qui on a fait de plus riches présents et confié des dépôts considérables,en rendront à Dieu un compte plus sévère. Dans cette idée, ils se regardent comme les derniers serviteurs de Dieu, marchent toujours avec une sainte frayeur, et font d'autant plus de progrès dans l'humilité, que les bénédictions que le ciel verse sur eux sont plus abondantes. « Quelle joie, quels transports, quelle gloire pour eux, si, à l'exemple de JésusChrist, ils se voient diffamés, noircis de calomnies, accablés d'outrages, d'injures, d'humiliations, sans y avoir donné aucun sujet! C'est alors qu'ils se réjouissent dans le fond de leur coeur, et qu'ils sont plus contents que s'ils avaient des révélations et des visions, ou qu'ils opérassent les plus grands prodiges. Ces routes extraordinai Puisqu'ils vou.aient croupir dans le vice, que res leur paraissent à craindre plutôt qu'à tre. « X. Il y a une troisième espèce de gens engagés au service de Dieu, qu'on ne saurail regarder en aucun sens comme ses serviteurs et qui sont plutôt de vils esclaves du démon. Je parle de ces misérables et infortunés religieux qui ne font aucun cas de la dévotion et de la grâce, qui négligent tout à fait le soin de leur salut, qui honorent Dieu des lèvres, tandis que leur cœur est loin de lui. Plongés dans un déluge de maux, à peine jettent-ils les yeux sur le danger qui les environne et sur le moyen d'en échapper. Ils sont aujourd'hui tels qu'ils étaient hier: ils sortent du chœur tels qu'ils y étaient entrés, pleins de vices et de défauts, tièdes, lâches, dissipés, immodestes et même effrontés. Que sert à ces malheureux de mêler leur voix à celles de leurs frères pour chanter les divins cantiques? Leurs lèvres souillées irritent le Seigneur, loin de l'apaiser. « Plût au ciel que le monde eût retenu ces gens-là! Pourquoi sont-ils venus dans le monastère? Faut-il que leurs pieds impurs souillent une terre aussi sainte? Faut-il que la piété de ceux qui ont fait des libéralités aux maisons religieuses serve contre leur intention à nourrir de tels sujets? Faut-il que les pécheurs dévorent ce qui n'a été donné que pour la subsistance des justes? Faut-il enfin qu'ils profanent, par des plaisirs grossiers et charnels, la maison de Dieu, le lieu saint, l'école respectable où l'on doit apprendre à mener sur la terre la vie des anges et à faire leurs fonctions? dans cet état sans perdre Dieu de vue; par «Evitez avec soin l'oisiveté; c'est un |