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sinon de celui à qui j'ai donné du chagrin? La peine et le chagrin que la correction vous donne est justement ce qui donne de la joie, parce que je sais que vous en tirerez de l'avantage. Car la véritable tristesse selon Dieu opère une pénitence solide et salutaire; et cela même que vous êtes affligés selon Dieu, combien vous a-t-il rendus plus soigneux? Mais il y a des gens, direz-vous, à qui la correction et les avertissements ne servent de rien. Saint Augustin répond très-bien à cette objection. Eh quoi! dit-il, faut-il renoncer à la médecine, parce qu'il y a des maux incurables? Non, sans doute; ét il ne faut pas non plus renoncer à corriger ses frères, parce qu'il y en a quelquesuns qui ne font pas un bon usage de la correction. Il est du devoir des médecins des âmes et des médecins des corps d'employer incessamment tout leur soin et tout leur art pour la guérison des malades, de ne les abandonner jamais, et de leur faire toujours quelque remède. Pour ce qui est

maintenant de la manière dont on doit faire la correction, Saint Basile dit que celui qui la fait doit imiter les médecins, qui ne se fàcheut jamais contre le malade, mais qui s'attachent seulement à la maladie, et la combattent par toutes sortes de remèdes.I ne faut donc pas que celui qui reprend se mette en colère contre celui qui a failli; il faut qu'il s'applique uniquement à retrancher ce qu'il y a de mauvais en lui. « Il doit s'y prendre, continue ce Père, comme un médecin qui traiterait son fils d'une plaie très-douloureuse: avec quelle délicatesse et quelle circonspection ne traiterait-il point cette plaie? on verrait bien qu'il ressent la douleur de son fils comine la sienne propre. » C'est ainsi que doit en user le supérieur à l'égard de ceux à qui il fait quelque correction: il est leur père, ils sont ses enfants; il doit les reprendre comme dit l'Apôtre, avec un esprit de douceur. « Celui qui veut égorger un homme, dit saint Augustin, ne se soucie pas comment il le fasse; mais celui qui se propose de guérir quelqu'un, et qui est obligé de faire des incisions, prend garde comment il les fait. Le supérieur qui se propose de guérir son frère par la correction, et non pas de lui faire du mal, doit avoir les mêmes égards et la même circonspection; et c'est là une chose très-importante qui nous est très-recommandée par les saints. Que celui, disent-ils, qui reprend quelqu'un, se garde bien de témoigner de l'emportement et de la colère, car il perdra tout le fruit qu'il aurait pu faire. Il ne guérira pas le mal, il ne fera que l'aigrir; et ils allèguent à ce sujet les paroles de l'Apôtre Reprenant avec douceur ceux qui résistent à la vérité, » car, quoique la Vulgate porte avec modestie, l'un revient à l'autre, parce que, pour reprendre avec modestie, il faut parler sans emportement et sans passion. Pour conclusion, il faut tellement assaisonner la correction, que celui à qui on la fait, soit persuadé que tout ce qu'on lui dit ne part que d'un excès d'affec

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tion et de charité, et de l'extrême désir qu'on a de le voir parfait; car lorsqu'on s'y prend de cette sorte, on ne manque guère de la rendre utile.

COSTADONI (Jean-Dominique), savant religieux camaldule, naquit à Venise, en 1714. Il fit ses études chez les Jésuites, et entra, à l'âge de seize ans, dans l'ordre des Camaldules. Il mourut à Venise, le 23 janvier 1785, laissant de nombreux ouvrages sur les antiquités italiennes. Ses œuvres ascétiques principali doveri de' regolari; Faenza, 1770. sont: 1° Avvisi ed istruzioni pratiche intorno

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2o Leitere consolatorie di un solitario, intorno alla vanità delle cose delle mondo, Vcniso, 1775.

COULPE.-Expression qui prend son origine de culpa, mot latin, qui signifie faute. Nous ne prenons pas ce terme dans son sens théologique. La croyance catholique est que le sacrement de pénitence remet au pécheur la coulpe et la peine éternelle, mais non la peine temporelle; que la charité parfaite remet l'un et l'autre.

Mais la coulpe est aussi une pratique de pénitence, un exercice spirituel dans quelques monastères. Elle consiste à déclarer l'état de son âme, ses mauvais penchants, non-seulement dans le sacrement de pénitence et à un seul homme, mais devant tous ses frères. Il est difficile de concevoir une

pratique plus crucifiante pour l'orgueil huinain. Mais aussi on conçoit qu'elle doit tourner au profit de la vertu la plus fondamentale de la vie religieuse, l'humilité, et qu'on doit y faire, par là, de grands progrès. C'est la plus éclatante victoire remportée sur le plus rebelle de nos penchants. COUVENT.-Voy. MOINES, ORDRES RELI

GIEUX.

CRAINTE DE DIEU. Voy. ESPÉRANCE. CRASSET (Jean), né à Dieppe, Jésuite, mort en 1692, publia des Méditations pour tous les jours de l'année, et quelques autres livres de piété qui ont été fort goûtés.

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CROIX (AMOUR DES). Deux conditions. d'après l'enseignement de Jésus-Christ, sont nécessaires pour arriver à la vie parfaite : La première, c'est l'aunégation, Abneget semetipsum. (Voy. ABNÉGATION.j

La seconde, c'est l'amour des croix et des souffrances Tollat crucem suam.

On distingue trois degrés dans cet amour des croix et des souffrances: le premier est de préférer la croix à tout; le second, de s'y attacher par amour; e troisième, de ne pouvoir vivre sans elle.

Pour le premier degré, l'âme, qui désire la perfection, choisit la croix pour son parlage et la regarde comme son trésor, se proposant sans cesse ce conseil de Notre-Seigneur Si quelqu'un veut marcher sur mes pas, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. (Matth. xvi, 24). Elle laisse volontiers la voie large pour embrasser la voie étroite, parce qu'elle est bien persuadée que vivre dans les douleurs, dans l'indigence et les opprobres, est un avantage infiniment plus

grand que tous ceux qu'on peut souhaiter et posséder dans le monde. Il y a, en effet, entre le mérite des souffrances et celui d'une vie tranquille, la même différence qu'entre l'or et le cuivre, entre des cailloux et des pierres précieuses; et une grande reine n'est pas plus au-dessus d'une femme de basse condition, que ne l'est une personne qui souffre pour Dieu, à l'égard d'une autre qui ne souffre point, quelque vertueuse qu'elle soit. C'est ce que disait saint Pierre aux Chrétiens qui souffraient persécution. Vous êtes heureux, parce que l'honneur, la gloire, la vertu de Dieu, reposent sur vous. Il n'est pas surprenant que tout en se trouvant dans la joie, la consolation, la gloire même, un homme, pénétré de cette vérité, préfère la croix à tout ce qu'il y a de plus précieux et de plus exquis sur la terre. Il sait que JésusChrist l'a laissée pour héritage à ses disciples, et qu'il s'en est servi lui-même pour faire le plus grand œuvre qui soit jamais sorti des mains de Dieu. Comment n'aimerait-il pas la croix par-dessus toutes choses, jusqu'à vouloir s'y attacher d'une manière inséparable, jusqu'à mettre son bonheur à la posséder, jusqu'à la chercher avec empressement, jusqu'à ne pouvoir pas s'en passer? Il la regarde, en effet, comme son appui, comme le remède à tous ses maux, comme son recours dans ses perplexités, comme sa force dans la faiblesse, et un puissant secours dans les périls et les accidents les plus fâcheux.

Pour en venir là, il faut s'accoutumer à recourir dans ses peines au souvenir de la croix et de Jésus-Christ, qui y est attaché et qui y meurt accablé de douleurs et couvert d'ignominies. C'est par ce souvenir que se communique la vertu que Dieu a mise dans cet instrument de notre salut; mais cette vertu est cachée, et nul n'en a l'idée que celui qui en a fait l'expérience. Ce qui est certain, c'est que tout fruit de sainteté vient de la croix comme d'une source intarissable; que tous les grands n'ont rien désiré avec tant d'ardeur que d'être transformés en Jésus crucifié; et qu'au prix de la croix, tout leur a paru, comme à saint Paul, de l'ordure, des pertes et des désavantages. C'est elle, en effet, qui donne le prix à tout, non-seulement parce qu'elle est la source de la grâce et du salut en Jésus-Christ et par Jésus-Christ, mais encore, parce que, si nous ne participons à la croix de notre Sauveur, nous avons peu de force et peu de courage, et que la souffrance nous est nécessaire pour affermir nos vertus et pour les rendre solides. Saint Jérôme dit que Notre-Seigneur a confirmé et fortifié par la croix tout ce qu'il avait enseigné aux hommes: Omnem doctrinum suam Christus patibulo roboravit, c'est-à-dire que c'est par la croix qu'il a rendu sa doctrine efficace et qu'il nous a donné la force pour la mettre en pratique. Ce n'est pas merveille que ceux qui ont l'expérience de cette vérité estiment singulièrement la croix et qu'ils la préfèrent à toutes sortes de biens.

DICTIONN. D'ASCÉTISME. ..

t.

Le second degré consiste à passer de l'estime à l'amour, et de l'amour à une étroite liaison; de sorte qu'on cherche partout la croix, qu'on désire de souffrir en tout temps et en tous lieux, à la ville comme à la campagne, dans l'action comme dans le repos, et en toutes sortes d'occasions. On prend la croix pour compagne inséparable, on fait ses délices d'être avec elle, on l'embrasse amoureusement, on l'épouse comme l'objet des complaisances de Jésus-Christ, on se plaît dans les contradictions, dans les rebuts et les mépris, les regardant comme la chose la plus désirable du monde. Telle était la disposition de l'apôtre saint André, lorsqu'il s'écriait : O croix, objet de mes désirs! Il y a une grande différence entre aimer une chose parce qu'on l'estime, et l'aimer jusqu'à ne plus vouloir s'en séparer, jusqu'à la regarder comme le premier objet de sa tendresse. Ceux qui prétendent à la perfection doivent aimer la souffrance jusqu'à ce point. Pour en venir là, il faut qu'un homme soit tellement prévenu en faveur de la croix, que son premier soin en tout ce qu'il entreprend soit d'observer s'il y aura quelque chose à souffrir, que ce soit là pour lui un sujet de joie et qu'il s'afflige lorsqu'il ne rencontre point de souffrances. Il faut qu'il trouve son repos dans la croix, qu'il s'estime faible, indigent et abandonné quand elle lui manque, que tout lui semble rien sans elle et qu'avec elle les moindres choses lui paraissent de grand prix. On raconte du B. Louis de Gonzague, qu'il était tellement attentif aux occasions de souffrir, qu'étant obligé d'aller en carrosse, il relevait sa robe et la repliait sous lui de manière qu'il fût assis avec incommodité. Ceux qui n'ont pas l'esprit de Dieu trouveront cette attention trop gênante, mais celui qui connaît la croix et qui s'est uni à elle ne la veut jamais quitter; et lorsqu'il n'a à souffrir ni froid, ni chaud, ni faim, ni soif, il supplée à ce défaut par des pénitences volontaires, son amour pour la croix, qu'il a choisie pour sa compagne inséparable, ne lui permettant pas d'épargner son corps et de condescendre en rien aux inclinations de la nature. Tout ce qu'on peut lui dire ne le touche point et lui paraît méprisable, s'il n'est relevé par la souffrance. Tout ceci n'est que l'accomplissement de la prophétie de notre Sauveur : Quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi. (Joan. XII, 32.) Il est évident que par ces paroles il voulait faire entendre de quel genre de mort il devait mourir, et qu'il nous proposait dans sa mort le plus grand effort de sa puissance, comme s'il eût dit que toute la force qu'il avait fait paraître pendant sa vie n'était encore rien, et que la vertu divine, qui devait lui acquérir tant d'adorateurs, était dans son supplice et dans sa port infâme. Les imitateurs de ce divin Maître mettent, à son exemple, toute leur force dans la croix, et s'appliquent à euxmêmes ces paroles de saint Paul: Ce qui se dit de la croix est une folie à l'égard de ceux qui sont dans la voie de perdition, mais à

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l'égard de ceux qui sont dans la voie du salut, c'est-à-dire pour nous, c'est la force de Dieu. (I Cor. 1, 18.)

Le troisième dégré de perfection et le comble du mérite en ce genre est d'aimer la croix jusqu'à un tel point et de la désirer si ardemment, qu'on en ait besoin pour pouvoir supporter la vie. Sans elle alors point de contentement; on veut des peines, dût-on en être accablé. C'est dans cette disposition que Notre-Seigneur, parlant de son supplice, disait: J'ai à être baptisé d'un baptême; et en quelle contrainte ne suis-je point jusqu'à ce que cela s'accomplisse! Plusieurs saints ont eu le même empressement une vie sans souffrances leur paraissait la plus pesante de toutes les croix; ils se seraient crus morts s'ils n'eussent rien eu à souffrir. Sainte Thérèse avait coutume de dire qu'il n'y avait point de milieu pour elle ou souffrir ou mourir, aut pati aut mori.

Ce désir si ardent des souffrances dans les saints vient de ce qu'elles procurent de si grauds avantages, que, quand on les a une fois goûtées, on ne peut pas s'en passer. On peut dire que les trésors et les délices de Dieu sont dans la croix et qu'elle ressemble à ces plantes qui, sous une écorce amère, cachent un suc merveilleux. On peut, au reste, aimer passionnément à souffrir, sans sortir de l'état d'indifférence et de sainte résignation à tout ce qui plaît à Dieu, parce que la croix est le lit de l'époux et qu'il lui est très-agréable qu'on souhaite d'y mourir avec lui, si telle est sa volonté. Et Notre-Seigneur lui-même n'a rien de plus précieux que sa croix pour récompenser ses plus grands serviteurs. Il imprima sur le corps de saint François les marques de ses sacrées plaies, lorsqu'il voulut l'honorer d'un témoignage éclatant de sa tendresse, et le rendre vénérable à tout le monde chrétien.

CROIZET (Jean), Jésuite, fut longtemps recteur du noviciat d'Avignon, et le gouverna avec beaucoup de douceur et de régularité. On a de lui plusieurs ouvrages ascétiques très-répandus.1° Une Année chrétienne, en 18 vol.-2° Une Retraite, en 2 vol. in-12.

-3° Une Vie des saints, 2 vol. in-fol.-4° Des Réflexions chrétiennes, 2 vol. in-12.-5° Des Heures ou Prières chrétiennes, in-18. Le P. Croizet était un des plus grands maîtres de la vie spirituelle. Ses livres le prouvent et ses directions le prouvaient encore mieux. CURIOSITÉ. Voy. MORTIFICATION DE L'INTELLIGEnce.

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CYPRIEN (Saint) [Thascius Cæcilius Cyprianus], naquit à Carthage de parents riches et distingués. Il donna, encore païen, des leçons d'éloquence dans sa ville natale. En 246, convaincu par les soins du prêtre Cécile, de l'absurdité du paganisme et de l'excellence de la religion de Jésus-Christ, il reçut le baptême. Son mérite et sa vertu le firent bientôt élever à la prêtrise, puis sur le siége épiscopal de Carthage, l'an 248. Ses travaux pour son Eglise furent immen

ses. Il fut le père des pauvres, la lumière du clergé, le consolateur du peuple. Pendant la sanglante persécution de l'empereur Décius, Cyprien fut obligé de quitter son troupeau; mais, il fut toujours auprès de lui, soit par ses lettres, soit.par ses ministres. Lorsque l'orage fut dissipé, il se signala par la fermeté avec laquelle il résista à ceux qui avaient apostasié pendant la persécution. Il assembla un concile à Carthage, en 251, pour régler la pénitence qu'on devait leur imposer. En 257, le feu de la persécution s'étant rallumé, Cyprien fut relégué à Curube, à douze lieues de Carthage. On l'arrêta peu de temps après pour le conduire au supplice. Il eut la tête tranchée le 14 septembre 258. Saint Cyprien avait beaucoup écrit pour la vérité, qu'il scella de son sang. Outre quatre-vingt-deux lettres, il nous reste de lui plusieurs traités profondément pensés et fort bien écrits. Ses ouvrages purement ascétiques sont : 1° Liber de habitu virginum; - 2° Liber de lapsis; — 3° Liber de Oratione dominica; 4 Liber de opere et eleemosynis; -5° Liber de bono patientiæ: -6° De disciplina et bono pudicitia; 7° De singularitate clericorum; -8° De duodecim abusionibus sæculi. La Vie de saint Cyprien a été écrite par le diacre Ponce et par D. Gervaise, abbé de la Trappe.

CYRILLE DE JERUSALEM (Saint) naquit vers l'an 315, à Jérusalem ou dans les environs. Il s'appliqua de bonne heure à l'étude des divines Ecritures, et il se les rendit si familières que la plupart de ses discours eux-mêmes, qu'il, faisait sans préparation, ne sont qu'un tissu de passages ou d'allusions à divers endroits des Livres saints. Il puisa une connaissance parfaite de la doctrine de l'Eglise dans les écrits des Pères qui l'avaient précédé. Il fut témoin avec son troupeau de deux grandes merveilles pendant son épiscopat. La première est l'apparition miraculeuse d'une croix de lumière qui dura plusieurs heures à la vue de tout le monde avec un éclat pareil à celui du soleil. Sa grandeur était telle qu'elle allait de la montagne des Oliviers à celle du Calvaire.

L'autre merveille plus grande encore, ce fut la tentative de rebâtir le temple de Jérusalem, à laquelle les Juifs de son temps furent poussés par Julien l'Apostat, pour donner un démenti à la parole de JésusChrist. C'est alors que des globes de feu sortirent des entrailles de la terre qui bouteversèrent les matériaux déjà posés et dispersèrent les travailleurs après les avoir maltraités.

Saint Cyrille fut l'objet de la persécution de Julien et de Valens.

Après son dernier exil, il trouva son peuple divisé, son zèle y ramena l'union; t après avoir consumé son ardeur au salut de son peuple et son génie à la gloire de l'Eglise, il passa de cette vie à la glorieuse immortalité en 386. (Voyez au Catalogue la nomenclature de ses écrits ascétiques.)

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DAGUET (Pierre-Antoine-Alexandre), né à Baume-les-Dames en 1707, entra dans la Compagnie de Jésus. Lors de la suppression de cette société, il se retira à Besançon, où il mourut en 1775, laissant la réputation d'un homme estimable et d'un ecclésiastique édifiant. On a de lui les ouvrages ascétiques suivants, tous composés pendant qu'il était encore jésuite: 1° Considérations chrétiennes pour chaque jour du mois, Lyon, 1758, in-12; 2° Exercices du Chrétien, Lyon, 1759, in-12; 3° Exercices chrétiens des gens de guerre, Lyon, 1759, in-12; -4° La consolation du Chrétien dans les fers, ou Manuel des chiourmes, ibid., in-12.

DÉBONNAIRE (Louis), né à Troyes, entra dans la cougrégation de l'Oratoire, dont il sortit dans la suite. Il mourut en 1752. Ses œuvres ascétiques sont: 1° Une Imitation, avec réflexions, in-12; -2° Leçons de la sagesse, 3 vol. in-12, bon livre; -3° La religion chrétienne méditée, avec le P. Jard (V. ce nom), 6 vol.; -4° La Règle des devoirs, 4 vol. in-12.

DELECTATION. Voy. TENTATION. DEMEURES MYSTIQUES DE L'AME. Par ces demeures on entend les différents états où se trouvent les âmes par rapport à leurs puissances intellectuelles et à l'usage qu'elles font de ces puissances, selon les différentes opérations de la grâce. (Voy. la notice de sainte THÉRÈSE Sur son Château de l'ame.)

En comparant l'âme à un palais, et les états dont nous parlons à divers appartements, on peut y distinguer quatre étages ou demeures. La première est au rez-dechaussée; tout peut y entrer aisément, même les animaux. La seconde, au-dessus de la première, sert de logement aux sages et aux vertueux. La troisième, au-dessus de la seconde, est pour les personnes parfaites et distinguées par la grâce. La quatrième, au-dessous de la première, est comme une cave profonde.

La première demeure est l'état ordinaire du commun des hommes qui, suivant les inclinations des sens, et n'aspirant à rien de parfait, permettent l'entrée de leur âme à toute sorte d'objets. Mais surtout ils y laissent établir l'amour-propre qui leur fait chercher avidement leurs intérêts, la passion qui favorise l'amour-propre, et le démon qui fomente la passion.

La seconde demeure est l'état de ceux qui ont quelque vertu au-dessus du commun des hommes grossiers et terrestres. On trouve dans cette demeure la raison, la vertu et la grâce. J'entends par la raison l'inclination naturelle au bien. La vertu comprend les habitudes acquises qui perfectionnent la raison, comme sont la prudence, la force, la justice, la tempérance et les autres vertus

morales. J'entends par la grâce les mouvements du Saint-Esprit, qui élèvent la vertu, et qui, par les principes de la foi et de l'Evangile, conduisent un Chrétien à la perfection dont on est capable en cette vie. Les âmes de cet état sont en petit nombre, en comparaison des premières.

La troisième demeure est un état où l'on trouve la grâce présupposant la raison naturelle et les vertus morales, mais une grâce fort relevée, laquelle renferme trois choses: la sagesse divine, l'amour divin et les avantgoûts du paradis. La sagesse consiste en des lumières sublimes qui découvrent beaucoup, et qui découvrent de loin. L'amour divin comprend, avec le feu céleste qui embrase les saints, l'onction du Saint-Esprit, la paix et la joie. Les avant-goûts du paradis sont les communications qui tiennent quelque chose de l'état des bienheu reux. Dans cette demeure tout est or et azur; on n'y voit que peintures admirables, et on y respire un air si pur, qu'il n'y a aucune langue qui puisse en parler dignement; aussi est-ce le séjour des âmes singulièrement favorisées de Dieu.

Le démon peut sans doute entrer dans cette demeure; car tandis qu'on est sur la terre, on n'est point inaccessible à la tentation. Job parlant du démon dit qu'il ne voit rien que de haut et de sublime (Job XLI, 15), pour nous faire entendre qu'il en veut surtout à ceux qui sont plus élevés que les autres, et qu'il leur tend toute sorte de piéges pour les faire tomber dans le précipice.

La quatrième demeure, que nous avons comparée à une cave profonde, renferme quelquefois les caresses de l'époux céleste, et les délices de sa sagesse et de son amour. Ces délices sont désignées par ces paroles du Cantique des cantiques : Le roi m'a fait entrer dans ses appartements secrets. (Cant. 1, 3.) C'est aussi ce que Job a voulu nous faire entendre lorsqu'il a dit, en parlant du sage, que son bien vient d'un lieu pro fond.

Quelquefois aussi cette cave est un abîme de maux et une espèce d'enfer où Dieu permet que les âmes saintes tombent pour y souffrir une espèce de martyre, comme nous l'apprenons de sainte Madeleine de Pazzi, qui fut, dit-elle, cinq ans dans la cave aux lions. C'est là que règnent les ténèbres dont nous avons parlé ailleurs; le trouble causé par les tentations presque continuelles; la désolation qui accable et qui est incompatible avec le repos. On peut dire que cette demeure sombre, par rapport aux effets qui s'y opèrent, est très-proche de la troisième, c'est-à-dire de la plus élevée, puisqu'on passe sans milieu de l'une à l'autre, et que Dieu a coutume d'introduire les personnes vertueuses dans ce lieu téné

tôt de la part du Saint-Esprit dont on savoure la douceur. C'est là enfin qu'on reçoit et qu'on possède tous les biens qu'il plaft à chacune des trois personnes de verser dans le fond de l'âme.

breux, lorsqu'il veut leur donner les dernières dispositions à la plus haute perfection. Mais ceux que Dieu fait entrer dans cette demeure, et qui ne savent pas à quel dessein, la regardent comme un cachot et comme un abîme de maux où ils se croient perdus, et c'est pour cela que nous l'appelons le lieu le plus bas et le plus profond du palais de l'âme.

Ceux qui ont expérimenté les différentes opérations de la grâce ont distingué dans l'âme un intérieur et un extérieur, la partie supérieure et l'inférieure et la plus intime, qui sont comme autant de demeures où Dieu opère diversement. Quand on est versé dans la science des mystiques, on voit entre toutes ces choses une différence notable, et on connaît fort bien si les paroles que l'âme entend et les visions qu'elle a se manifestent dans l'intérieur ou dans l'extérieur, si c'est dans la partie supérieure ou dans la plus intime. Saint Augustin semble avoir marqué cette différence, lorsque, s'adressant à Dieu dans ses Confessions, illui dit : « Vous êtes en moi plus profondément que la partie la plus profonde de moi-même; et je vous trouve au-dessus de la partie la plus élevée: Tu es inferior infimo meo, et superior summo meo. » Sainte Thérèse distingue sept différentes demeures dans ce qu'elle appelle le Chateau de l'âme. D'autres mystiques ont fait de semblables divisions, toutes fondées sur de véritables expériences. Selon qu'il plaît à Dieu de mettre dans l'un ou l'autre de ces états une personne qu'il conduit, elle se trouve tantôt au-dessus, et tantôt au plus profond de soi-même; tantôt emportée en Laut, et tantôt plongée au dedans. Quelque fois aussi elle est attirée au dehors pour s'employer en faveur du prochain; et, dans ces occupations extérieures, elle trouve Dieu qui agit en elle par des effets très-marqués; mais les opérations les plus nobles se font dans la partie la plus intime et la plus profonde où habite la véritable sagesse. L'âme entre donc dans quelqu'une de ces demeures, selon qu'elle y est attirée de de Dieu, et elle y réside autant de temps qu'il plaît à Dieu de l'y occuper. Au dehors elle est revêtue de l'esprit de Jésus-Christ, et plus unie à sa sainte humanité. Retirée au dedans, elle entre plus avant dans la Divinité; elle pénètre les perfections incréées; elle les goûte, pour ainsi dire, ayant la liberté d'entrer et de sortir par Jésus-Christ, qui se dit lui-même la clef pour ouvrir et pour fermer la porte quand il lui plaît. Nous pouvons ajouter que c'est dans la partie la plus intime que l'âme lie un commerce sacré avec les trois personnes divines. C'est là, dit sainte Thérèse, qu'on apprend de grands secrets dans la 'communication que l'on a tantôt avec l'une et tantôt avec l'autre de ces adorables personnes; c'est là qu'on les distingue l'une de l'autre avec beaucoup de netteté, qu'on éprouve différentes impressions tantôt de la part du Père dont on sent la puissance, tantôt de la part du Fils dont on distingue en soi la sagesse, et tan

Le fond de l'âme dont parlent si souvent les mystiques est une des principales demeures où l'âme réside tranquillement quand elle se repose en Dieu; c'est là que se terminent la plupart des opérations de la grâce, et c'est de là qu'elles se répandent dans les facultés. Une âme qui ne connaît pas ce fond pour s'y retirer n'a point de demeure fixe. Il ne faut pas au reste confondre le fond de l'âme avec l'intime qui est plus profond et plus imperceptible, et qui sert de cabinet secret à l'Epoux céleste. Sainte Thérèse, dans son Château, le représente comme le milieu de l'homme. C'est la résidence des trois personnes divines, lorsqu'elles daignent habiter en nous d'une manière spéciale, selon ce qui est dit dans l'Evangile Nous le visiterons et nous établirons notre demeure en lui. (Joan. XIV, 23.)

Le centre de l'âme n'est pas différent de l'intime dont nous venons de parler. Mais pour rendre ceci sensible, servons-nous d'une comparaison, et imaginons-nous que l'âme est un globe. L'intime sera dans le centre où le feu de l'amour divin est allumé. Allant du centre à la circonférence, on trouvera d'abord ce que nous appelons le fond; après le fond, les puissances intellectuelles, ensuite les sens, et enfin le corps. Les opérations divines qui se font dans l'intérieur gardent cet ordre dans leurs progrès; elles font premièrement impression sur le fond d'où elles passent dans les facultés, des facultés dans les sens, et quelquefois jusqu'au corps.

DEMON (TENTATION DU). Le démon a de tout temps été l'ennemi du genre humain. La chute d'Adam et d'Eve, qui vivaient dans l'état de sainteté le plus parfait, a été causée par la tentation du serpent infernal. ( Gen.) Le saint homme Job fut éprouvé par les nombreuses et cruelles tentations de Satan. (Job 1 et 1.) Ce fut Salan qui excita David, cet homme selon le cœur de Dieu, à faire le dénombrement de son peuple. (1 Par. xxI.) Ce fut à son instigation que l'apòtre Judas trahit et livra son maître. (Joan, XIII, 2.) Paul, après son ravissement au ciel, fut tenté par Satan. (II Cor. xII, 7.) Enfin le Saint des saints lui-même eut par trois fois à repousser les attaques du démon. (Matth. iv.) Je retournerai, dit l'esprit impur, dans la demeure d'où je suis sorti. (Lue. xI, 24.) Simon, ditle Seigneur à Pierre, Satan a demandé à vous cribler comme le froment. ( Luc. xx1, 31 ); c'est-à-dire, à vous tenter, selon l'explication de Corneille de la Pierre; « car on compare justement la tentation à un crible et à l'action de cribler : de même que le crible sépare le bon grain de la paille, de même dans la tentation les justes et les saints persévèrent avec fidélité, tandis que les impies ne peuvent l'endurer.» « Le vieil ennemi, dit saint Grégoire (1. xxxu

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