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a dause. Leur nom peut être derive du grec Xizn, ce qui tourne, et on le leur avait probablement donné à cause de leurs danses en rond.

HELYOT (Pierre), religieux de SaintFrançois, né à Paris en 1660, mourut en 1716, à Paris, âgé de cinquante-six ans, après avoir occupé différents emplois dans son ordre. Il était aussi pieux que savant. On a de lui quelques livres de dévotion, dont le plus connu est Le Chrétien mourant, in-12.

HENRI D'URIMARIA, théologien du XIV siècle, natif de Thuringe, de l'ordre des Ermites de Saint-Augustin, a laissé divers ouvrages de piété dont on ne connaît plus même les titres.

HERNUTES ou HERNUTERS. Les hernutes ou hernuters étaient une secte d'enthousiastes, introduite de nos jours en Moravie, en Hollande et en Angleterre. Les partisans sont encore connus sous le nom de Frères moraves; mais il ne faut pas les confondre avec les Frères de Moravie ou les huttérites, qui étaient une branche d'anabaptistes. Quoique ces deux sectes aient quelque ressemblance, il paraît que la plus récente, celle dont on parle ici, n'est point née de la première. Les hernutes sont aussi nommés zinzendorfiens par quelques auteurs. On retrouve dans leur doctrine plusieurs traces du faux mysticisme. Le hernutisme doit son origine et ses progrès au comte Nicolas-Louis de Zinzendorf, né en 1700, et élevé à Hall dans les principes du quiétisme. Sorti de cette université en 1721, il s'appliqua à l'exécution du projet qu'il avait conçu de former une société, dans laquelle il pût vivre, uniquement occupé d'exercices de dévotion dirigés à sa dirigés à sa manière. Il s'associa quelques personnes qui étaient dans ses idées, et il établit sa résidence à Bertholsfort dans la haute Lusace, terre dont il fit l'acquisition. - Un charpentier de Moravie, nommé Christian David, qui avait été autrefois dans ce pays-là, engagea deux ou trois de ses associés à se retirer avec leurs familles à Bertholsdorf. Ils y furent accueillis avec empressement; ils y bâtirent une maison dans une forêt, à une demi-lieue de ce village. Plusieurs particuliers de Moravie, attirés par la protection du comte de Zinzendorf, vinrent augmenter cet établissement, et le comte viut y demeurer luimême. En 1728, il y avait déjà trente-quatre maisons, et en 1732, le nombre des habitants était de 600. La montague de Hutberg leur donna lieu d'appeler leur habitation HutDer-Hern, et dans la suite Hernut, non qui peut signifier la garde ou la protection du Seigneur; c'est de là que toute la secte a pris le sien. Les hernutes établirent bientôt entre eux la discipline qui y règne encore, qui les attache étroitement les uns aux autres, qui les partage en différentes classes, qui les met dans une entière dépendance de leurs supérieurs, qui les assujettit à des pratiques de dévotion et à des menues règles semables à celles d'un institut monastique.

La différence d'âge, de sexe, d'état, relativement au mariage, a formé parmi eux les différentes classes, savoir: celle des maris, des femmes mariées, des veufs, des veuves, des filles, des garçons, des enfants. Chaque classe a ses directeurs choisis parmi ses membres. Les mêmes emplois qu'exercent les hommes entre eux sont remplis entre les femmes par des personnes de leur sexe. Il y a de fréquentes assemblées des différentes classes en particulier, et de toute la société ensemble. On y veille à l'instruction de la jeunesse avec une attention particulière; le zèle du comte de Zinzendorf l'a quelquefois porté à prendre chez lui jusqu'à une vingtaine d'enfants, dont neuf ou dix couchaient dans sa chambre. Après les avoir mis dans la voie du salut, telle qu'il la concevait, il les renvoyait à leurs parents.

Une grande partie du culte des hernutes consiste dans le chant, et ils y attachent la plus grande importance; c'est surtout par le chant, disent-ils, que les enfants s'instruisent de la religion. Les chantres de la société doivent avoir reçu de Dieu un don particulier; lorsqu'ils entonnent à la tête de l'assemblée, il faut que ce qu'ils chantent soit toujours une répétition exacte et suivie de ce qui vient d'être prêché. A toutes les heures du jour et de la nuit, il y a, dans le village d'Hernut, des personnes des deux sexes, chargées par tour de prier pour la société. Sans montre, sans horloge ni réveil, ils prétendent être avertis par un sentiment intérieur de l'heure à laquelle ils doivent s'acquitter de ce devoir. S'ils s'aperçoivent que le relâchement se glisse dans leur société, ils raniment leur zèle en célébrant des agapes ou des repas de charité. La voie du sort est fort en usage parmi eux; ils s'en servent souvent pour connaître la volonté du Seigneur.

Ce sont les anciens qui font les mariages; nulle promesse d'épouser n'est valide sans leur consentement. Les filles se dévouent au Sauveur, non pour ne jamais se marier, mais pour n'épouser qu'un homme à l'égard duquel Dieu leur aura fait connaître avec certitude qu'il est régénéré, instruit de l'importance de l'état conjugal, et amené par la direction divine à entrer dans cet etat.

En 1748, le comte de Zinzendorf fit recevoir à ses frères moraves la confession d'Augsbourg et la croyance des luthériens, témoignant une inclination à peu près égale pour toutes les communions chrétiennes ; il déclare même qu'ou n'a pas besoin de changer de religion pour entrer dans la société des hernutes. Leur morale est celle de l'Evangile; mais en fait d'opinions dogmatiques, ils ont le caractère distinctif du fanatisme, qui est de rejeter la raison et le raisonnement, d'exiger que la foi soit produite dans le cœur et par le Saint-Esprit seul.

Suivant leur opinion, la régénération naft d'elle-même, sans qu'il soit besoin de rien faire pour y coopérer. Dès qu'on est régé néré, on devient un être libre; c'est cepen

dant le Sauveur du monde qui agit toujours dans le régénéré, et qui le guide dans toutes ses actions. C'est aussi en Jésus-Christ que toute la divinité est concentrée, il est l'objet principal ou plutôt unique du culte des hernutes; ils lui donnent les noms les plus tendres, et ils révèrent très-dévotement la plaie qu'il reçut dans son côté sur la croix. Jésus-Christ est censé l'époux de toutes les sœurs, et les maris ne sont, à proprement parler, que ses procureurs. D'un autre côté, les sœurs hernutes sont conduites à Jésus par le ministère de leurs maris, et l'on peut regarder ceux-ci comme les sauveurs de leurs épouses en ce monde. Quand il se fait un mariage, c'est qu'il y avait une sœur qui devait être amenée au véritable époux par le ministère d'un tel procureur.

Ce détail de la croyance des hernutes est tiré du livre d'Isaac Lelong, écrit en hollandais, sous le titre de Merveilles de Dieu envers son Eglise, Amst., 1775, in-8°. Il ne le publia qu'après l'avoir communiqué au comte de Zinzendorf. L'auteur de l'ouvrage intitulé Londres, qui avait conféré avec quelques-uns des principaux hernutes d'Angleterre, ajoute, tom. II, p. 196, qu'ils regardent l'Ancien Testament comme une histoire allégorique; qu'ils croient la nécesité du baptême; qu'ils célèbrent la cène à la manière des luthériens, sans expliquer quelle est leur foi touchant ce mystère. Après avoir reçu l'eucharistie, ils prétendent être ravis en Dieu et transportés hors d'eux-mêmes. Ils vivent en commun comme les premiers fidèles de Jérusalem; ils rapportent à la masse tout ce qu'ils gagnent, et n'en tirent que le plus strict nécessaire. Les gens riches y mettent des aumônes considérables.

Cette caisse commune qu'ils appellent la caisse du Sauveur, est principalement destinée à subvenir aux frais des missions. Le corte de Zinzerdorf, qui les regardait comme la principale partie de son apostolat, a envoyé de ses compagnons d'œuvre presque par tout le monde; lui-même a couru toute l'Europe, et il a été deux fois en Amérique. Dès 1733, les missionnaires du hernutisme avaient déjà passé la ligne pour aller catéchiser les nègres, et ils ont pénétré jusqu'aux Indes. Suivant les écrits du fondateur de la secte, en 1749, elle entretenait jusqu'à mille ouvriers évangéliques répandus par tout le monde; ces missionnaires avaient déjà fait plus de 200 voyages par mer. Vingt-quatre nations avaient été réveillées de leur assoupissement spirituel; on prêchait le hernutisine en vertu d'une vocation légitime, en quatorze langues, à 20,000 âmes au moins; enfin, la Société avait déjà 98 établissements, entre lesquels se trouvaient des châteaux les plus vastes et les plus magnifiques. Il y a sans doute de l'hyperbole dans ce détail, comme il y avait du fanatisme dans les prétendus miracles par les quels ce même comte soutenait que Dieu avait protégé les travaux de ses missionpaires.

HERSAN (Marc-Antoine), professeur d'é

loquence au collége royal, se retira à Compiègne, où il fonda un collége, et mourut âgé de soixante-douze ans, en 1724. Outre plusieurs autres ouvrages, on a de lui des Pensées édifiantes sur la mort. Rollin a été un de ses disciples. HESICHASTES. Moines grecs, qui enseignaient seignaient le quiétisme vers le milieu du XIe siècle.

Siméon le Jeune, abbé de Xérocerce, avait porté fort loin les exercices de la vie contemplative; il avait douné des maximes pour s'y perfectionner, et ses moines priaient et méditaient sans cesse.

Comme la gloire de Dieu était l'objet de tous leurs vœux, elle était le sujet de toutes leurs méditations. Ils s'agitaient, tournaient la tête, roulaient les yeux et faisaient des efforts incroyables pour s'élever au-dessus des impressions des sens, et pour se détacher de tous les objets qui les environnaient, et qui leur semblaient attacher l'âme à la terre. Tous les objets se confondaient alors dans leur imagination; ils ne voyaient rien distinctement; tous les corps disparaissaient et les fibres du cerveau n'étaient plus agitées que par ces espèces de vibrations qui proquisent ces couleurs vives qui naissent comme des éclairs, lorsque le cerveau est comprimé par le gonflement des vaisseaux sanguins.

Les disciples de Siméon, dans la ferveur de leurs méditations, prirent ces lucurs pour une lumière céleste, et les regardèrent comme un rayon de la gloire des bienheureux. Ils croyaient que c'était en regardant le nombril que cette lumière s'offrait à eux.

On blama ces visionnaires. Siméon, abbé de Saint-Mammas, prit leur défense, et traita comme des hommes charnels et terrestres les ennemis des hésychastes, qui jouirent de la liberté de se procurer, par leurs méditations, les visions qui les rendaient heu

reux.

Au commencement duxiv siècle, Grégoire Palamas, moine du mont Athos, qui avait quitté la fortune et les honneurs pour la vie monastique, adopta les règles que Siméon le Jeune avait prescrites et les accrédita.

Il écrivit sur la nature de cette lumière que les contemplatifs apercevaient à leur nombril: il prétendit qu'elle n'était point différente de la lumière qui avait paru sur le Thabor; que cette lumière était incréée et incorruptible, quoiqu'elle ne fût point l'essence de Dieu; c'était une opération de la Divinité; sa grâce, sa gloire, sa splendeur, qui sortaient de son essence.

Un moine, nommé Barlaam, attaqua le sentiment des hésychastes sur la nature de la lumière qui avait paru sur le Thabor, et prétendit que cette lumière n'était point incréée; que le sentiment de Palamas semblait admettre plusieurs divinités subordonnées, et émanées de la divinité substantielle.

On assembla un concile pour décider cette question qui commençait à faire du bruit, et l'on condamna Barlaam.

Acyndinus, autre moine, entreprit la défense de Barlaam; on assembla un concile pour juger Acyndinus; il fut convaincu d'être du sentiment de Barlaam, et de croire la lumière du Thabor une lumière créée; on condamna Acyndinus et Barlaam; on imposa silence sur ces contestations, et l'on défendit, sous peine d'excommunication, d'accuser les moines d'hérésie.

Les hésychastes ou palamites ne crurent pas devoir se borner à cette victoire; ils remplirent Constantinople de leurs écrits contre Barlaam, répandirent leur doctrine, persuadèrent; et Constantinople fut remplie de quiétistes qui priaient sans cesse, et qui, les yeux baissés sur le nombril, attendaient toute la journée la lumière du Thabor. Les maris quittèrent leurs femmes pour se livrer sans distraction à ce sublime exercice, et les hésychastes leur donnaient la tonsure monacale: les femmes se plaignirent, et les quiétistes remplirent Constantinople de trouble et de discorde.

Le patriarche ordonna aux hésychastes de se contenir; iis ne déférèrent ni à ses avis, ni à ses ordres; il les chassa de la ville; il assembla un concile composé du patriarche d'Antioche et de plusieurs évêques : ce concile condamna Grégoire Palamas, ses opinions et ses sectateurs.

Ceci se passa sous l'impératrice Anne, pendant l'exil de Cantacuzène; mais lorsque Cantacuzène se fut rendu maître de Constantinople, l'impératrice Anne et Jean Paléologue, voulant se servir de Palamas pour faire leur paix, le firent absoudre dans un synode qui condamna le patriarche Jean; ce patriarche étant mort, Cantacuzène fit élire à sa place Isidore,' sectateur zélé des opinions des hésychastes.

Les barlaamites' se séparèrent de la communion d'Isidore pour rétablir la paix entre ces deux partis, les deux empereurs Cantacuzène et Jean Paléologue firent assembler un concile composé de vingt-cinq métropolitains, de quelques évêques, de plusieurs prêtres et moines on cita à ce concile les ennemis de Palamas; on examina leurs accusations et les réponses de Palamas; on traita ensuite de la lumière du Thabor. Quelques jours après, on se rassembla pour traiter à fond quelques questions qui regardaient l'essence et l'opération divine. L'empereur proposa lui-même toutes ces questions; on rapporta tous les passages des Pères pour les expliquer on examina avec le même soin toute la doctrine de Barlaam; on reçut la profession de foi des moines du mont Athos, el l'on condamna Barlaam, Acyndinus et tous ceux qui croyaient que la lumière du Thabor était créée; ce concile fut tenu vers l'an 1345.

Le nombre des ouvrages composés pour et contre les hésychastes est très-considérable; ils sont encore pour la plupart manuscrits; il y en avait beaucoup dans la bibliothèque de Coissin.

HEURES CANONIALES. Les heures canoniales sont des prières que l'on fait

dans l'Eglise catholique à certaines heures, soit du jour, soit de la nuit, et qui ont été réglées et prescrites par les anciens canons; elles sont au nombre de sept, savoir: Matines et Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres et Complies. Cette suite de prières se nommait autrefois le cours, cursus. Le P. Mabillon a fait une dissertation sur la manière dont on s'en acquittait dans les églises des Gaules; il l'a intitulée: De cursu Gallicano; elle se trouve à la suite de son ouvrage De liturgia Gallicana. I observe que, dans les premiers siècles, l'office divin n'a pas été absolument uniforme dans les différentes églises des Gaules, mais que peu à peu l'on est parvenu à l'arranger de même partout; que cet usage de prier et de louer Dieu plusieurs fois pendant le jour et pendant la nuit, a toujours été regardé comme un devoir essentiel des clercs et des moines.

En effet, saint Cyprien (L. de orat. Domin.) observe que les anciens adorateurs de Dieu avaient déjà coutume de prier à l'heure de Tierce, de Sexte et de None; et il est certain d'ailleurs que les Juifs distinguaient les quatre parties du jour par la prière et par des sacrifices. Saint Cyprien ajoute « Mais outre ces heures, observées de toute antiquité, la durée et les mystères de la prière ont augmenté chez les Chrétiens...... Il faut prier Dieu dès le matin, le soir et pendant la nuit. » Tertullien avait déjà parlé de ces différentes heures. (De jejun., c. 10, etc.; ORIGÈNE, De orat., n. 12; saint CLEMENT d'Alexandrie, Strom., 1. vii, ch. 7.)

Suivant l'observation de plusieurs auteurs, le premier décret que l'on connaisse, concernant l'obligatioù des Heures canoniales, est le 24 article d'un capitulaire dressé au IX siècle par Heyton ou Riton, évêque de Bâle, pour les ecclésiastiques de son diocèse. Il porte que les prêtres ne manqueront jamais aux Heures canoniales du jour ni de la nuit. Mais cela ne prouve pas que l'évêque de Bâle faisait une nouvelle institution; il avertissait seulement les prêtres et surtout les curés, que leurs autres fonctions ne les dispensaient pas des Heures canoniales, non plus que les autres clercs. Bingham, gui en a recherché l'origine, prétend que l'usage en a commencé dans les monastères de l'Orient, et qu'il s'est introduit peu à peu dans les autres églises. Il parait bien plus probable que cet usage a commencé dans les grandes églises, où il y avait un clergé nombreux, et qu'il a été imité par les moines; du moins l'on ne peut pas prouver positivement le contraire. Bingham convient que saint Jérôme, dans ses Lettres à Læta et d Démétriade, et l'auteur des Constitutions apostoliques, ont parlé de cet usage; il était donc établi sur la fin du Ive siècle.

Mais il prétend que cela s'est fait plus tard dans les églises des Gaules, que l'on n'y en voit aucun vestige avant le vi siècle, et que, dans celles d'Espagne, l'usage en est encore plus récent. Cependant Cassien, qui vivait dans les Gaules, au commencement

du ve siècle, a fait un traité du chant et des prières nocturnes; il dit que dans les monastères des Gaules on partageait l'office du jour en quatre Heures, savoir : Prime, Tierce, Sexte et None, et il fait mention de l'office de la nuit la veille des dimanches.

Les différentes Heures canoniales sont composées de psaumes, de cantiques, d'hymnes, de versets, de leçons, de répons, etc. Comme tous ces offices se font en public, personne n'ignore la méthode que l'on y observe, ni la variété qui s'y trouve, suivant la différence des temps, des jours et des fêtes. Dans les églises cathédrales et collégiales, et dans la plupart des monastères de l'un et de l'autre sexe, ces Heures se chantent tous les jours; dans les autres, on ne les chante que les jours de fête, et on les récite les jours ouvriers. Tous les ecclésiastiques qui sont dans les ordres sacrés, ou qui possèdent un bénéfice, tous les religieux, excepté les Frères lais, sont tenus de les réciter en particulier, lorsqu'ils ne le font pas au chœur.

Les Matines, qui sont la première partie de l'office canonial, se chantent ou se récitent, ou la veille, ou à minuit, ou le matin; de là on les a nommées Vigilia, Officium nocturnum, et ensuite Hora matutina. Pendant les premiers siècles de l'Eglise, tant que durèrent les persécutions, les Chrétiens furent obligés de tenir leurs assemblées et de célébrer la liturgie pendant la nuit et dans le plus grand secret. Cette coutume continua dans la suite, surtout la veille des grandes fêtes, et on l'observe encore à présent partout, dans la nuit de Noël. Plusieurs ordres religieux et quelques chapitres d'églises cathédrales, comme celui de Paris, commencent tous les jours Matines à minuit. Dans les Constitutions apostoliques, 1. vIII, ch. 34, il y a une exhortation générale faite à tous les fidèles de prier le matin, aux heures de Tierce, de Sexte et de None; le soir, au chant du coq. Un concile de Carthage, de l'an 398, canon 49, ordonne qu'un clerc qui s'absente des Vigiles, hors le cas de maladie, soit privé de ses honoraires. Saint Jean Chrysostome, saint Basile, saint Epiphane et plusieurs autres Pères grecs du iv siècle, font mention de l'office de la nuit qui se célébrait dans l'Orient; plusieurs ont cité l'exemple de David, qui dit dans le psaume cxvIII: Je me levais au milieu de la nuit pour vous adresser mes louanges.... Je vous ai loué sept fois pendant le jour, etc. Cassien (De cant. noct.) dit que les moines d'Egypte récitaient douze psaumes pendant a nuit, et y ajoutaient deux leçons tirées du Nouveau Testament.

On prétend que cette partie de la prière publique fut introduite en Occident par saint Ambroise, pendant la persécution que lui suscita l'impératrice Justine, protectrice des ariens; mais les passages que nous avons cités de Tertullien et de saint Cyprien, nous semblent prouver que cet usage était déjà établi en Afrique avant saint Ambroise, et il n'est pas probable qu'on l'ait négligé dans

l'Eglise de Rome. Saint Isidore de Séville, dans son Livre des Offices ecclésiastiques, appelle celui de la nuit Vigiles et Nocturnes, et il appelle Matines celui que nous nommons à présent Laudes.

Il résulte de ces observations que l'ordre et la distribution de l'office de la nuit n'ont pas toujours été absolument tels qu'ils sont aujourd'hui; aussi la manière de le célébrer n'est pas entièrement la même chez les Grecs que chez les Latins. On commença d'abord par réciter ou chanter des psaumes; ensuite on y ajouta des leçons ou lectures tirées de l'Ancien ou du Nouveau Testament, une hymne, un cantique, des antiennes, des répons, etc. On voit néanmoins dans la Règle de Saint-Benoît, dressée au commencement du vi siècle, qu'il y avait déjà beaucoup de ressemblance entre la manière dont se faisait pour lors l'office de la nuit, et celle que l'on suit aujourd'hui.

Dans l'office des dimanches et des fêtes, les Matines sont ordinairement divisées en rois nocturnes, composés chacun de trois psaumes, de trois antiennes, de trois leçons, précédées d'une bénédiction et suivies d'un répons. Mais pendant le temps pascal et les jours de férie, on ne dit qu'un seul nocturne; après le dernier répons, l'on chante ou l'on récite l'hymne ou cantique Te Deum, et l'on commence les Laudes, autre partie de l'office de la nuit, que l'on ne sépare jamais de la précédente sans nécessité. Celle-ci est composée de cinq psaumes, dont le quatrième est un cantique tiré de l'Ecriture sainte; d'un capitule, qui est une courte leçon; d'une hymne, du cantique de Zacharie, et d'une ou de plusieurs oraisons.

Les incrédules, censeurs-nés de toutes les pratiques religieuses, demandent à quoi sert de se relever la nuit, de sonner les cloches, de chanter et de prier, tandis que tout le monde dort ou doit dormir. Cela sert à faire souvenir les hommes que Dieu doit être adoré dans tous les temps; que l'Eglise ne perd jamais de vue les besoins de ses enfants; que, comme une tendre mère, elle est occupée d'eux, même pendant leur sommeil; qu'elle demande pardon à Dieu des désordres qui règnent pendant la nuit, aussi bien que de ceux qui se commettent pendant le jour. Nos épicuriens modernes ne craignent pas de troubler le sommeil des malheureux, par le tumulte des plaisirs bruyants auxquels ils se livrent pendant une partie

de la nuit.

L'heure de Prime est la première de l'office du jour; on en rapporte l'institution aux moines de Bethléem, et Cassien en fait mention dans ses Institutions de la vie monastique, liv. m, ch. 4. Il appelle cet office Matutina solemnitas, parce qu'on le disait au point du jour, ou après le lever du soleil; c'est ce que nous apprend l'hymne attribuée à saint Ambroise, Jam lucis orto sidere, etc. Cassien l'appelle aussi Novella solemnitas, parce que c'était une pratique encore récente, et il ajoute qu'elle passa bientôt des monastères d'Orient dans ceux des Gaules.

Cette partie de l'office divin est la plus variée dans les bréviaires des divers diocèses; on y dit trois psaumes après une hymne, assez souvent le symbole de saint Athanase, un capitule, un répons, des prières, une oraison; on y fait la lecture du Martyrologe et du Nécrologe, suivie d'un De profundis et d'une oraison pour les morts; on y ajoule plusieurs versets tirés de l'Ecriture sainte, et la lecture d'un canon tiré des conciles ou des Pères de l'Eglise; mais tout cela n'est pas observé dans tous les lieux ni tous les jours. (BINGHAM, Orig. eccles., t. V, liv. xII, c. 9, § 10.)

Quant aux heures de Tierce, Sexte et None, appelées les petites Heures, elles paraissent être d'une institution plus ancienne; les Pères, qui en ont parlé, disent qu'elles sont relatives aux divers mystères qui ont été accomplis dans ces différentes parties du jour, surtout aux circonstances de la passion du Sauveur. Elles sont composées uniformément d'une hymne, de trois psaumes, d'un capitule, d'un répons et d'une

oraison.

L'heure de Vepres ou du soir, est appelée duodecima dans quelques auteurs ecclésiastiques, parce qu'on la récitait au coucher du soleil, par conséquent à six heures du soir, au temps des equinoxes. Dans les Constitutions apostoliques, 1. 11, c. 59, il est ordonné de réciter à Vépres le psaume CXL: Domine,clamavi ad te, exaudi me,etc.; et l.vm, c. 35, ce psaume est appelé lucernalis, parce que souvent on le disait à la lueur des lampes. Cassien dit que les moines d'Egypte y récitaient douze psaumes, que l'on y joignait deux leçons, l'une de l'Ancien, l'autre du Nouveau Testament, et i! paraît, par plusieurs monuments; que l'on faisait de même 'dans les églises de France. A présent, l'on y dit seulement cinq psaumes, un capitule, une hymne, le cantique Magnificat, des antiennes et une ou plusieurs oraisons.

On ignore le temps auquel on a institué les Complies. Le cardinal Bona (De divina psalmodia, c. 11) prouve, contre Bellarmin, que cette partie de l'office n'avait pas lieu dans la primitive Eglise, et qu'il n'y en a nul vestige dans les anciens. L'auteur des Constitutions apostoliques parle de l'hymne du soir, et Cassien de l'office du soir en usage chez les moines d'Egypte; mais cela peut s'entendre des Vêpres. Quant à ce que dit saint Basile (Regul. fusius tract., 9, 37), il nous semble indiquer assez clairement les sept Heures canoniales; ainsi l'on n'en peut rien conclure contre l'antiquité des Complies. Les Grecs nomment cet office apodique, parce qu'ils le récitent après le repas du soir; ils distinguent le petit apodique, qui se dit tous les jours, et le grand apodique, qui est pour le carême. - Dans l'Eglise latine, l'office de Complies est composé de trois psaumes, d'une antienne, d'une hymne, d'un capitule, d'un répons, du cantique de Siméon et d'une oraison; les jours ordinaires on y ajoute des prières semblables à celles que l'on dit à Prime, et dans la plupart des

églises, on finit par une antienne et une oraison à la sainte Vierge.

Les auteurs ascétiques ont été persuadés que les sept Heures canoniales font allusion aux sept principales circonstances de la passion et de la mort du Sauveur; et on l'a exprimé dans les vers suivants :

Matutina ligat Christum qui crimina solvit,
Prima replet spatiis, causam dat tertia mortis;
Sexta cruci nectit, latus ejus nona bipertit,
Vespera deponit, tumulo Completa reponit.

Par tout ce détail, il est clair que l'office divin, à la réserve des hymnes, des leçons tirées des écrits des Pères et des légendes des saints, est entièrement composé de prières et de morceaux tirés de l'Ecriture sainte, qu'ainsi ce livre divin est très-familier à un ecclésiastique fidèle à réciter son bréviaire avec attention et avec dévotion: pour peu qu'il ait d'intelligence, ce ne peut pas être un ignorant. - Pour la distribution de l'office des religieux au ve siècle, Voir CASSIEN (Sa règle).

HEYENDAL (Nicolas), du duché de Limbourg, naquit en 1658, fit ses études à Aixla-Chapelle, et se fit chanoine régulier de Saint-Augustin, dans l'abbaye de Bolduc, en 1684, où, après s'être distingué par la douceur et la pureté de ses mœurs, et avoir enseigné la théologie et l'Ecriture sainte, il fut élu abbé en 1712 et mourut le 5 mai 1733. Outre plusieurs autres ouvrages, il a laissé des Lettres ecclésiastiques sur la vie et les devoirs des ministres de l'Eglise; Liége, 1703, in-12.

HILDEBERT DE LAVARDIN fut disciple de Bérenger, et ensuite de saint Hugues, abbé de Cluny. Il fut placé sur le siége épiscopal du Mans, en 1098, et transféré à l'archevêché de Tours en 1123. Le P. Beaugendre, Bénédictin, a publié en 1708, in-fol., les OEuvres de ce prélat. Elles renferment, entre autres, quelques Traités de religion, des lettres, des sermons. Hildebert mourut le 18 décembre 1132, âgé de soixante-quinze ans.

HINCMAR, archevêque de Reims, y siégea depuis 845 jusqu'en 852. Parmi un grand nombre d'ouvrages qu'il composa, nous pouvons citer, comme utiles à notre but, comme convenables aux supérieurs et aux religieux: 1o ses Avis à Charles le Chauve; -2° son Traité de la fuite des vices; 3° plusieurs de ses lettres.

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HONORÉ DE SAINTE-MARIE, appelé dans le monde Pierre Vauzelle, né à Limoges en 1651, prit l'habit de Carme déchaussé en 1671, et mourut à Lille en 1729, après avoir occupé toutes les places de son ordre. Ce religieux, aussi vertueux que savant, a publié plusieurs écrits, parmi lesquels nous remarquons la Tradition des Pères et des auteurs ecclésiastiques sur la contemplation, avec un Traité sur les motifs et la pratique de l'amour divin, 3 vol. in-12.

HORSTIUS (Jacques Merlon), curé à Cologne, naquit à Horst, diocèse de Ruremonde, et mourut en 1644, laissant plusieurs ouvrages de piété solides et pleins d'onction, par

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