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réunit plusieurs anachorètes sous la règle de Saint Augustin (45); Alexandre IV imita cet exemple (1256), et les Ermites-Augustins obtinrent les mêmes priviléges que les ordres mendiants.

Cette tendance générale à la vie intérieure, que l'on ne trouvait pas toujours dans le clergé séculier, une idée erronée de la véritable piété, et le désir de procurer un asile aux veuves et aux jeunes filles privées de protection par suite des croisades, portèrent, dès le x1° siècle, de pieuses chrétiennes à former des associations religieuses et édifiantes, dans les PaysBas et en Allemagne. Ces associations tenaient le milieu entre le monde et le cloître. Les associées, nommées, depuis le x siècle, Béguines (de Beghen ou Beten, prier), s'adonnaient particulièrement aux œuvres de charité, et devinrent une ressource précieuse pour le peuple. Mais elles n'avaient pas de règle fixe, et leurs conciliabules ne tardèrent pas à être le théâtre d'une foule de rêveries fantastiques. On les poursuivit, et elles finirent par se réunir au tiers ordre de Saint-François. A côté des Béguines, on eut aussi des Beggards, composés de jeunes gens et d'hommes faits (46). Ceux-ci se choisirent pour patron saint Alexis, dont ils prirent même le nom; mais il se changea plus tard en celui de Lollards, qui signifie gens qui chantent à voix basse, et qui leur fut donné parce qu'ils portaient les morts à la sépulture en chantant à voix basse et sur un ton lugubre. Ils se distinguèrent également par leur industrie, par les soins pieux qu'ils donnaient aux malades, aux indigents et à la jeunesse; les souverains et les grands les accueillirent avec faveur. Malheu. reusement les Beggards imitèrent aussi les erreurs de leurs sœurs aînées, et tombèrent comme elles dans un panthéisme mystique qui dégénéra en une véritable hérésie.

Après avoir vu les ceuvres que, fidèles à l'esprit de Dieu, les ordres religieux essayérent et accomplirent, ce ne sera pas sans un profond sentiment de respect et d'admiration qu'on lira le tableau de la vie d'un couvent bien réglé et d'un véritable moine, tracé par un pieux écrivain qui, pour reconnaître sérieusement sa vocation, avait attentivement examiné les habitudes d'un monastère et de ses habitants (47). « J'habitai Marmoutiers (Major monasterium) pendant huit mois, écrit Guibert de Gemblours à Philippe, archevêque de Cologne. J'y fus traité, non comme un hôte, mais comme un frère. Dans ce paisible lieu on ne voit ni haines, ni disputes, ni aigreurs; un silence maintenu avec sagesse leur en ferme la porte. Le simple coup d'œil d'un supérieur suffit pour rappeler au devoir. Chaque fonction est confiée à un homme d'une vertu éprouvée. Nulle part on ne rencontrera plus de piété aux offices, plus de respect dans la célébration des saints mystères, plus d'affabilité et de dévouement au service des hôles. En toute chose vous trouvez la bonne foi, la sérénité, la complaissance; rien au delà, rien en deçà de la mesure. Le fort porte le faible, l'inférieur respecte le supérieur, et celui-ci est occupé de ses subordonnés. Ici le chef et les membres forment vraiment un seul et même corps. Quand il s'agit d'élire un abbé, on s'y prépare par d'ardentes prières. Une fois que le choix est proclamé, l'élu jure de maintenir inviolablement la règle de la maison, et de ne jamais rien prendre hors du réfectoire et des heures fixées pour le repas. Cette disposition contribue au bien être temporel de l'établissement. Chaque jour l'abbé fait manger à ses côtés trois pauvres, comme les représentants de Jésus-Christ. Celui qui remplit aujourd'hui ces fonctions possède toutes les vertus nécessaires pour diriger une communauté aussi nombreuse; en lui la prudence s'unit à la douceur. Parmi les frères, personne ne songe à sa naissance, aux dignités, aux charges dont il jouissait autrefois dans le monde; il n'y a plus là que des serviteurs du Christ. Grâce aux jeunes et aux veilles, on parvient à dompter complétement le corps de ses passions et de ses caprices. La force du lion empêche l'un d'être ébranlé par la prospérité ou par le malheur, l'autre s'élance comme un aigle vers le ciel; tous allient la prudence du serpent. à la douceur de la colombe. Dans les choses extérieures, tout porte l'empreinte d'une sagesse consommée. A l'église comme dans l'atelier, tout se fait avec mesure, au temps convenable, car ces hommes admirables se tiennent continuellement en la présence de Dieu. On accorde à la nature ce qui lui est indispensable; le reste du temps est donné au Seigneur.

(45) Bullar. Rom., t. I, p. 100. Cf. BOLLAND, mens. fébr., t. II,
p. 744.
(46) MOSHEIM, De Beghardis et Beguinabus; ed. Martini, Lipsia, 1790.
(47) Conf. HURTER, t. III, p. 599-601.

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On dirait une armée, dont les armes retentissent depuis l'aube du jour jusqu'à la sixième heure. On voit des files entières de moines se prosterner devant les autels; à peine une messe est-elle finie qu'une autre commence. Il serait impossible de calculer ce qu'ils distribuent en aumônes dans le couvent, de compter les âmes que leurs prières arrachent au purgatoire. Le temps se partage entre la lecture et les exercices de chant. On ne parle qu'à certains jours, peu de temps, et seulement afin de suspendre une trop longue contrainte et d'empêcher les entretiens secrets. Jamais personne ne mange hors du réfectoire ou de l'infirmerie. Quant aux hôtes qui n'appartiennent pas à un ordre religieux, on les accueille dans un bâtiment séparé. Pendant les repas, l'attention des frères se dirige plus vers la lecture que vers les aliments placés devant eux. La majeure partie de ce qu'on sert reste pour les pauvres. Le dortoir est continuellement éclairé; les lits, exposés à tous les regards, sont durs et grossiers. La lampe qui brille pendant la nuit indique que les habitants de ces lieux veulent être des enfants de lumière et non de ténèbres.

Aussi le Seigneur a-t-il répandu sur eux des flots de bénédictions; car, outre une magnifique église et des richesses de tout genre, le monastère a encore deux cents cellules extérieures sous sa dépendance. Les manuscrits nombreux et précieux qui couvrent toutes les tablettes sont une preuve visible des vertus qu'on cultive et qui fleurissent dans le couvent, grâce aux avis, aux exhortations et aux sages leçons que d'habiles interprètes de Ja parole divine donnent chaque jour, et surtout aux grandes fêtes, à leurs frères réunis en chapitre, pour s'édifier mutuellement. Je les entendais continuellement s'encourager, se -consoler, se rappeler les uns aux autres les voies du ciel. Si je n'avais été obligé de retourner chez moi, je ne m'en serais point séparé, je l'avoue, tant mon âme se trouvait bien en leur compagnie mais si mon corps en est éloigné désormais, mon esprit demeurera toujours avec eux.>>

Voilà pour la vie du cloître. Quant au religieux lui-même, il apparaît dans le portrait suivant, qui a été copié d'après nature: « Le frère Robert de Saint-Marien d'Auxerre était fort versé dans les sciences, remarquable par son éloquence, et aucun de ses contemporains ne le surpassait dans la connaissance de l'histoire. Il avait l'Ecriture sainte si présente à la mémoire qu'il pouvait résoudre sur-le-champ toutes les questions par une citation textuelle: son érudition à cet égard tenait du merveilleux. Il y avait dans sa personne je ne sais quelle grâce, quelle affectueuse bonté qui était comme le reflet de la pureté de son âme. Sa loyauté le rendait étranger à la méfiance, qu'il repoussait toujours par ces mots de Sénèque : La confiance seule peut faire de l'homme un véritable ami; combien, par la crainte d'être trompés, enseignent la ruse aux autres et donnent en quelque sorte au mal le droit de naître, en le soupçonnant avant qu'il n'existe. Robert, ardent pour la justice, haïssait profondément l'iniquité, suivant en cela les paroles du sage: Vous ne pouvez trop détester ce qui est méprisable. Par contre, dévoué au pécheur, quels qu'en fussent les crimes, il déployait une admirable charité pour le relever; car il savait que la miséricorde est la compagne d'une vertu véritable, tandis que la dureté caractérise la fausse vertu. Il témoignait au pénitent la plus pure compassion : jamais le malheur d'autrui ne le trouvait insensible. Ses efforts tendaient à entretenir l'union des esprits par la paix intérieure; il ne faisait la guerre qu'à ceux qui cherchaient à semer la discorde, convaincu, selon la parole du Sage, qu'ils sont odieux au Seigneur. Il était, en outre, sincère et ferme dans ses discours, zélé pour le service de Dieu, modéré, économe, conseiller, prudent, sage confesseur. Parmi tant de brillantes vertus, celles que nous devons le plus admirer, apprécier et imiter, étaient son humilité et sa chasteté; car il vécut comme s'il n'avait pas eu de corps, et mourut emportant sa virginité dans la tombe.»

Mais si parmi les institutions humaines il n'en est pas qui, dans le cours des siècles, aient jamais correspondu parfaitement à l'idéal de la pureté, ni qui se soient, sauf de rares exceptions, complétement et constamment réalisées, pourquoi s'étonner si, parmi tant de milliers de monastères, il s'en est rencontré beaucoup qui contrastèrent péniblement avec Je tableau que nous venons de tracer, qui tombèrent dans l'ignorance et la grossièreté, au milieu du tumulte de la guerre, qui s'endormirent, amollis au sein des richesses, et dont les religieux, au lieu d'offrir l'image de l'humilité, de la concorde, s'élevèrent les uns con

tre les autres, pleins d'orgueil et d'ambition, au lieu de pratiquer la chasteté à laquelle ils s'étaient voués, se dégradèrent par les vices les plus honteux et permirent ainsi à des historiens hostiles de prendre, pour les traits caractéristiques de la vie claustrale, ce qui n'en était qu'une déplorable aberration?

Les canons des conciles ne montraient que trop clairement combien les saintes vuos des premiers fondateurs avaient dégénéré dans les anciens ordres religieux (48).

D'un côté, les troubles occasionnés par le schisme, de l'autre, les richesses croissantes des monastères, éteignaient de plus en plus la charité, la sagesse, l'industrie et l'amour de la science, que l'on avait vu fleurir autrefois : la bonne chère et le désordre des mœurs en prirent la place. Il n'y avait pas jusqu'aux couvents de femmes qui n'eussent leur part de ces tristes expériences. Nicolas de Clémenges est souvent déclamateur exagéré dans ses peintures; cependant le tableau qu'il nous trace de cet état de choses porte un grand caractère de simplicité et les marques d'une douleur réelle.

« Dire que parmi les moines et les religieux il ne s'en trouve pas un seul qui déplore des vices pareils, dit-il, ce serait certes s'avancer beaucoup; mais pourtant que pouvonsnous alléguer en leur faveur ? Leurs vœux les obligent d'être les plus parfaits des enfants de l'Eglise; de ne s'occuper en rien des choses de ce monde; de s'adonner uniquement à la contemplation. Eh bien! ils font précisément tout le contraire: ce sont les plus avares, les plus ambitieux des hommes; ils recherchent le monde au lieu de le fuir. Ce qu'ils détestent le plus, c'est leur cellule, c'est leur cloître, c'est la prière, la lecture, la règle et la religion (49). »

Mais pendant ce même temps et par un contraste frappant, les ordres mendiants offraient une image tout opposée, continuant leur vie de sacrifice et d'activité, s'adonnant avec ardeur à la scolastique et méritant l'estime générale. Insensiblement aussi la lutte des Dominicains et des Franciscains perdit de son âpreté, surtout quand chacun des deux ordres se fut choisi une mission différente. Les premiers s'imposèrent pour devoir spécial de maintenir la pureté de la foi catholique contre les hérétiques; les seconds s'adonnèrent presque exclusivement au soin de consoler et de soutenir le peuple.

Parmi les Franciscains, les spirituels ou rigoristes, excitèrent seuls quelques troubles, et le Pape Jean XXII les poursuivit avec sévérité (1318). Une partie d'entre eux, sous la direction du général Michel de Cézènes, s'attachèrent à Louis de Bavière; mais, après la mort de ce prince, ils furent réconciliés avec l'Eglise au concile de Constance (50), et dès ce moment elle en approuva l'existence sous le nom de Fratres regularis observantiæ, titre qui leur valut, dans la suite, plus de priviléges qu'aux Frères conventuels, Fratres conventuales.

Dans l'opposition qui s'éleva contre le Saint-Siége, les ordres mendiants défendirent généralement les Papes, leurs protecteurs, et quelquefois les soutinrent jusque dans leurs prétentions les plus exagérées par là ils se trouvèrent engagés dans une lutte fort animée avec la Sorbonne. En même temps, l'opiniâtreté que ces ordres mirent à soutenir une sco.astique dégénérée et l'exagération avec laquelle ils accusèrent d'hérésie les nouvelles études classiques, que l'on poursuivit avec tant d'ardeur pendant la première moitié du xv siècle, leur firent perdre une partie de leur considération et les exposèrent aux traits acérés d'une mordante ironie.

Le désir si souvent manifesté de voir la réforme opérée dans les chefs et les membres de l'Eglise devait nécessairement attirer l'attention sur la décadence trop manifeste des monastères. Les Pères du concile de Constance imposèrent aux Bénédictins d'Allemagne l'obligation de tenir un chapitre provincial, et prirent en outre des précautions pour que les délibérations en fussent plus longues et plus sérieuses que dans une autre occasion du même genre (1417 [51]). Ce précédent fut approuvé et imité dans plusieurs pays. Le

(48) HOLSTENIUS, Codex regularum monasticarum. Cf. HÉLYOT, BIEndenfeld.

(49) NICOL. DE CLEM., De ruina ecclesiastic., c. 41. (V. DE HARDT, t. I, par. 111, p. 33.)

(50) Sess. XIX apud V. DE HARDT., Conc. Const., t. IV, p. 515.

(51) Cf. TRITHEMII Chron. Hirsaugiense ad. an. 1417, t. II, p. 346 sq.; V. DE HARDT, Conc. Const., t. I, p. 1086. Cf. MANSI, t. XXVIII, p. 1037.

concile de Bâle agit plus énergiquement encore, et le cardinal Nicolas de Cusa, en sa qualité de légat, s'occupa efficacement de ce sujet en Allemagne. Le gaspillage des biens de la communauté par les individus était la cause de nombreux désordres dans les monastères, et l'on s'efforça d'y mettre un frein, malgré l'égoïsme intéressé d'un petit nombre de contradicteurs. D'ailleurs, parmi les moines eux-mêmes, il ne manqua pas non plus d'hommes généreux qui réclamèrent avec vigueur contre les déréglements de leurs frères. On soumit aussi à la réforme les établissements des ordres mendiants qui s'étaient aussi relâchés de leur austérité (52), quoique leur dévouement pour la science leur assurât une haute estime dans l'opinion publique. Le concile de Constance se déclara même pour les conventuels rigoureux (53), afin d'inspirer une noble émulation aux autres branches de l'ordre; mais malheureusement la plupart ne le comprirent pas et répondirent à cet appel par une froide indifférence.

Cependant la vie spirituelle ne s'éteignit jamais complétement dans l'Eglise à mesure que de nouveaux besoins se faisaient sentir, ils donnaient naissance à des ordres nouveaux qui y répondaient à leur tour par une nouvelle activité. Un professeur de philosophie, Jean Tolomei de Sienne, ayant recouvré la vue miraculeusement, fonda par gratitude, en 1313, l'ordre des Olivétains (Congregatio S. Mariæ montis Oliveti). Il s'établit dans une solitude couverte d'oliviers, près de sa ville natale, et Jean XXII approuva le nouvel institut, qu'il soumit à la règle de Saint-Benoît (1319 [54]). A Sienne même, Jean Colombino fonda les Jésuates (55). Une Vie de sainte Marie d'Egypte le charma tellement qu'il renonça à la plus haute dignité de l'Étal pour se consacrer au service des pauvres et des malades. Lorsque Urbain V quitta Avignon pour Rome, en 1367, il approuva l'établissement des Jésuates sous la forme d'une congrégation de Frères lais, qui furent rangés parmi les Frères Mendiants et soumis à la règle de Saint-Augustin. Ce fut seulement au commencement du xvII siècle qu'on imposa aux Jésuates l'obligation de recevoir la pretrise; mais peu après Clément IX abolit l'ordre, quand les riches Padri dell' aqua vite s'occupèrent de distillation en même temps que de pharmacie dans quelques-uns de leurs monastères (1668). En Espagne et en Italie, on vit encore un certain nombre d'ermites se réunir en congrégation et prendre le nom d'Hieronymites (56), soit qu'ils prissent saint Jérôme pour patron, tout en suivant la règle de Saint-Augustin, soit qu'ils eussent extrait leur règle des écrits du solitaire de Bethlehem. Leur premier supérieur en Espagne fut Pierre Ferdinand Pecha, chancelier de Pierre le Cruel; Grégoire XI leur donna l'approbation nécessaire, et les Hiéronymites se répandirent bientôt en Italie, sous la conduite de Pierre Gambacorti, autrement dit Pierre de Pise.

Sainte Brigitte, issue de la famille royale de Suède, s'était déjà affiliée au tiers ordre de Saint-François pendant qu'elle remplissait encore les devoirs d'épouse et de mère (57); après la mort de son époux, elle eut des révélations que les Pontifes Grégoire XI et Urbain VI, ainsi que les conciles de Constance, reconnurent solennellement pour vraies. Ce fut dans une de ces visions que le Seigneur lui ordonna de fonder un nouvel ordre, qui fut réalisé à Wadstena, en 1363, et les enfants de sainte Brigitte, après avoir été formellement reconnus par Urbain V († 1370), devinrent pour les Etats septentrionaux de l'Europe une source abondante de grâce et de bénédictions. La suprématie de l'abbesse de Wadstena était reconnue par tous les établissements de l'ordre, qui ne pouvait recevoir que soixante religieuses dont les besoins spirituels étaient confiés à treize prêtres et quatre diacres, tandis que huit Frères lais dirigeaient. les affaires temporelles. Le nombre entier des monastères devait rappeler celui des treize apôtres et des soixante-douze disciples. Sainte Brigitte mourut en 1373.

(52) Nicol. de ClEM., De ruina ecclesiast., c. 33. (V. DE HARDT, t. I, par. 1, p. 33.)

(53) Apud V. DE HARDT, Conc. Const., t. IV, p. 515, sq.

(54) Cf. REYNALD, ad an. 1320, no 50; HELYOT, HOLSTEN., Brockie, t. V, p.

(55) BOLLAND., Acta SS., mens. Jul., t. Vil, p. 353, sq.

(56) HOLSTEN., BROCKI, t. III, p. 45; t. VI, p. 1, sq.

, sq.

(57) Brigittæ revelationes, ed. Turrecremata, Lub. 1492; Romæ, 1628; Vie de sainte Brigitte. (VASLOVII, Vitis aquilonia, seu Vita SS. in Scandinavia; col. 1625, in-fol., cum notis Erici Benzel.; Ups., 1708, in-4°.) La règle est dans HOLST., t. III, p. 100, sq.; HELYOT.

Enfin François de Paulę, originaire d'une petite ville de ce nom, située dans la Calabre, devint aussi un fondateur d'ordre (58). Plein d'une heureuse témérité, il s'efforça d'imiter la pauvreté de Notre-Seigneur plus parfaitement encore que les Franciscains; il vécut d'abord en ermite dans le voisinage de sa ville natale; mais, vers l'an 1457, il lui vint des compagnons disposés à se mettre sous sa direction, et pour renchérir sur les Minorites, ils prirent le nom de Minimes. La haute piété, la pureté angélique de ces moines, jointes aux miracles de leur chef, donnèrent à leur ordre une rapide extension en Italie, en France et en Espagne, surtout quand Sixte IV l'eut approuvé (1474) (Ordo Minimorum Fratrum eremitarum, Fratrum Francisci de Paula), Léon X combla la joie des Minimes en canonisant saint François, qui mourut en 1507.

Pendant l'époque précédente, on a vu se former les Beggards et les Béguines; pendant celle-ci leurs opinions hérétiques et leur conduite irrégulière leur attirèrent des persécutions qui pourtant n'empêchèrent pas l'Allemagne et les Pays-Bas de rechercher de préférence ces associations indépendantes, dont l'heureuse influence sur la société porta bientôt l'Eglise à les autoriser sous une forme plus parfaite. Déjà fort de l'expérience acquise, Gérard Groot de Deventer († 1384) établit une congrégation de clercs libres dans la Hollande, le pays pratique par excellence (clerici et fratres vitæ communis). Gérard, après avoir d'abord étudié à Paris, et professé avec distinction la théologie à Cologne, obtint un bénéfice important (59); mais bientôt il se dégoûta de sa vie mondaine et en adopta une plus austère, quoique non moins active. Son expérience, comme prédicateur, lui apprit à connaître à fond la misère et la pauvreté des clercs. Pour soulager cette indigence, il consacra toute sa fortune à la fondation d'un institut dont les membres devaient suivre les traces des apôtres, alliant le travail des mains aux exemples et aux enseignements de la piété chrétienne. Le monastère des Chanoines réguliers, créé en 1386, à Windesheim, devint le centre de ces associations auxquelles s'attachèrent insensiblement des laïques appartenant aux deux sexes, et tous se conformèrent aux observances des Beggards et des Béguines, et se répandirent insensiblement dans les Pays-Bas et la Westphalie, où, par une sage disposition, on introduisit parmi eux des études philologiques. Ce fut précisément d'une sem blable association que sortirent le célèbre Thomas A' Kempis et Gabriel Biel, le dernier des sententiaires. Eugène IV et Paul II accordèrent de nombreux priviléges à ces confréries spirituelles, où l'élite du clergé trouvait une excellente sauvegarde contre les désordres du temps.

Les membres aes ordres religieux s'étaient, pour ainsi dire, rendus inutiles dans l'Eglise, au milieu des graves et nouvelles luttes qu'elle soutenait; les uns étaient restés froids et impassibles spectateurs du combat, les autres avaient embrassé le lutheranisme. L'Esprit, toujours vivant dans l'Eglise, produisit alors un ordre nouveau, qui, né de la force des circonstances, était par là même propre à répondre aux besoins du temps. Cet ordre, devant surtout faire contre-poids dans l'Eglise au protestantisme, a toujours effrayé l'imagination des protestants, qui n'y ont vu qu'un épouvantail pour l'humanité, aussi redoutable qu'odieux, et rarement, au sein même de l'Eglise catholique, ou s'est formé un jugement exact et vrai sur cette société célèbre. Une exposition impartiale et fidèle devient donc, plus que jamais, un devoir pour l'historien.

Ignace, fondateur de l'ordre, né d'une famille noble au château de Loyola, en Espagne (1491), se signala et fut blessé au siége de Pampelune (1521). Durant les longues journées de sa convalescence, à défaut de romans, il lut l'Ecriture sainte et la Vie des saints, et fut pris de l'ardent désir, comme jadis François d'Assise, de conquérir la gloire du ciel par les souffrances et les misères de ce monde. Il résolut, aussitôt qu'il fut guéri, d'embrasser la vie la plus austère, d'entreprendre un pèlerinage à Jérusalem et d'y travailler à la conversion des infidèles. Détourné de son pieux et imprudent projet, sur les

(58) BOLLAND., Acta SS., mens Aprilis. t. I, p. 103, sq.

(59) Voyez sa Vie, par THOMAS A'KEMPIS (Opp., ed. Sommatius; Antv., 1607, in-4°, p. 765); Chronicon collegii windeshemensis (GUDENI, Sylloge prima varior. diplomatoriorum, etc.; Francef., 1728, p. 400); DELPRAT, Over de Broederschap van G. Groot.; Utrecht, 1830. Cf. ULMANN, Jean WESSEL, Hamb., 1831, 1 appendice.

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