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que chose, me permettriez vous d'assister dimanche à votre réunion du matin?

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M. Vermont. Je n'ai aucune permission à vous donner à cet égard; mais, si vous y venez pour faire fession d'être à Christ, vous y serez le bien venu. M. Baumaine. Eh bien! à dimanche ! M. Vermont. A dimanche !

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Depuis son dernier entretien avec M. Marlet, M. Vermont l'avait revu plusieurs fois, et leur conversation avait même touché aux questions qui nous intéressent ici; ce n'est que pour éviter des répétitions que nous n'en avons pas rendu compte. Mais nous pouvons, sans nous y exposer, rapporter quelques parties d'une discussion qui, comme d'ordinaire, s'engagea entre eux sur la provocation d'une tierce personne, et qui s'écarta aussi, dès le commencement, du terrain religieux et chrétien sur lequel M. Vermont l'avait d'abord. placée. Mais comme, après plusieurs essais infructueux, il s'était convaincu que M. Marlet décidément ne pouvait ou ne voulait pas le suivre sur ce terrain, il avait fini par es

pérer qu'il obtiendrait peut-être de lui davantage en le suivant sur le terrain sur lequel il se croyait si fort.

Nous avons déjà plusieurs fois, dit M. Vermont, parlé de l'organisation actuelle de l'Eglise nationale de ce pays, mais je crois que je n'ai pas eu encore l'occasion de vous faire remarquer certains inconvénients de cette organisation, et en général de toutes celles qui unissent l'Eglise à l'Etat. Pourriez-vous m'accorder quelques instants d'attention?

M. Marlet. Je sais depuis longtemps que rien, dans ce monde, n'est exempt d'inconvénients; mais je ne refuse pas de vous écouter dans votre énumération.

M. Vermont. Ce n'est pas d'une énumération complète des inconvénients et des fâcheux effets du système qu'il s'agit, nous aurions à faire pour trop longtemps, mais seulement de l'indication de quelques-uns d'entre eux. Peut-être même tomberons-nous sur des points sur lesquels nous serons d'accord; car je n'ai pas encore rencontré une seule personne qui approuvât, sous tous ses rapports, et dans tous ses détails, l'organisation actuelle de votre Eglise nationale.

M. Marlet. Mais les uns la critiquent par tel motif, les autres par tel autre; il est même des personnes qui trouvent qu'elle ne donne pas à l'Etat assez de pouvoir sur l'Eglise.

M. Vermont. Si c'est là le reproche que vous lui adressez, je crains beaucoup que nous ne nous rencontrions pas; car ce que, quant à moi, je vois de plus fàcheux dans cette organisation et dans le système dont elle est l'application, c'est précisément le pouvoir que, dans les affaires religieuses, elle accorde à des autorités politiques. N'est-il pas triste, n'est-il pas souverainement déplacé, de voir les questions religieuses décidées

par des personnes qui, quel que soit leur mérite comme citoyens, se distinguent souvent fort peu comme chrétiens, et qui affichent même quelquefois l'incrédulité la plus complète?

M. Marlet. Mais ces questions sont ordinairement des questions ecclésiastiques plutôt que religieuses, d'organisation plutôt que de dogme, de forme plutôt que de fond.

M. Vermont. Lors même que la loi ne soumettrait aux autorités politiques que des questions de forme, comme vous les appelez, encore seraient-ce des autorités politiques qui auraient fait le triage entre les questions de fond et les questions de forme, puisque ce sont elles qui ont fait les lois qui opèrent ce triage, et encore serait-il possible qu'elles eussent, à leur point de vue politique, considéré comme des questions de forme ce qui, au point de vue chrétien, doit être considéré comme une question de fond. Ainsi, par exemple, décider les jours et les heures du culte public peut leur paraître une affaire de pure forme, tandis que j'y vois une grave atteinte à la liberté des enfants de Dieu.

Mais il me paraît que la distinction même que vous faites est, sinon fausse, au moins dangereuse. On peut, il est vrai, distinguer les questions de forme des questions de fond, les questions d'organisation des questions de dogme, les questions ecclésiastiques des questions religieuses; mais, pour que cette distinction eût quelque utilité pour le point qui nous occupe, il faudrait que l'Eglise n'exerçât aucune influence sur la religion, ganisation aucune influence sur le dogme, la forme aucune influence sur le fond, et c'est ce qui n'est pas.

M. Marlet. Dès que la distinction est possible, il y a donc une différence.

M. Vermont. Il y a une différence, mais je crois qu'elle se réduit à fort peu de chose; elle n'est même qu'apparente, et toute la distinction n'a peut-être été inventée que par des ennemis de la religion qui, par ce moyen détourné, voulaient pouvoir pénétrer jusqu'à son cœur.

Comment en effet peut-on soutenir sérieusement que la définition et l'organisation de l'Eglise et la forme du culte n'exercent aucune influence sur le dogme qu'on y prêche, et sur la religion de ceux qui y assistent? Quoiqu'il y ait certes une grande différence entre l'Etat et l'Eglise, je ne vois pas pourquoi si, d'un côté, la forme est tout, de l'autre côté elle ne serait rien; et surtout je ne comprends pas que cet argument n'ait pas frappé davantage ceux qui, en défendant l'union de l'Eglise et de l'Etat, confondent ainsi la religion et la politique.

M. Marlet. J'espère cependant que je ne suis pas de ceux que vous accusez de confondre la religion avec la politique.

M. Vermont. Le terme est peut-être un peu fort; et cependant je crois que le système que vous défendez tend à cette confusion.

Mais je crois aussi que c'est une grave erreur que de penser que, dans ce pays, l'autorité politique ne s'ingère pas dans ce qui concerne la doctrine de l'Eglise, le dogme comme l'on dit; car c'est elle, en définitive, qui détermine les livres qui doivent servir pour le culte et pour l'enseignement public de la religion, et qui donne à l'Eglise sa liturgie; or d'un côté votre liturgie contient bien, si je ne me trompe, une confession de foi, sous le nom fort contestable de symbole des apótres, de l'autre côté ceux qui vous gouvernent, et ceux surtout qui forment la majorité, ou l'opinion publique qui

les domine, n'offrent pas beaucoup de garanties sous le rapport de l'orthodoxie.

M. Marlet. Mais le gouvernement ne décide ces graves questions qu'après avoir entendu les autorités ecclésiastiques.

M. Vermont. Oui, après les avoir entendues; mais il n'est nullement tenu de les écouter, et moins encore de suivre leurs conseils.

Mais, lors même que le gouvernement devrait adopter le préavis de ces autorités ecclésiastiques, elles se composeraient toujours de fonctionnaires qu'il a nommés et que, par divers moyens, il tient sous sa dépendance.

M. Marlet. Ils ont, je vous assure, conservé encore quelqu'indépendance, et sauront le montrer dans l'occasion. Mais ne comptez-vous donc pour rien l'élément laïque que la loi a introduit dans les autorités ecclésiastiques?

M. Vermont. Quoique, en qualité de laïque, cette introduction semble devoir me réjouir, elle m'inspire un sentiment contraire; car si, parmi les ecclésiastiques, les choix ont de certaines limites, ils n'en ont aucune quand il s'agit de laïques, et le gouvernement peut placer dans les autorités ecclésiastiques des laïques qui ne sont rien moins que chrétiens.

M. Marlet. Dieu soit béni, cela n'est cependant pas arrivé encore.

M. Vermont. Je l'ignore; mais, si c'est vrai, ce qui ne s'est pas vu pourrait se voir à l'avenir; à coup sûr rien ne le rend impossible. Ce qui est évident, c'est que, dans le système de l'union de l'Eglise et de l'Etat, de la manière au moins dont elle est réalisée chez nous, les questions religieuses sont, en dernier ressort, décidées

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