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(Luc X, 39), et Il a promis qu'Il se rendrait, non au milieu de ceux qui sont assemblés dans des temples, mais au milieu de ceux qui sont assemblés en son nom (Matth. XVIII, 20). Or, je suis convaincu que, sous ces deux rapports, nos petites réunions sont mieux placées que votre culte national. Je l'ai éprouvé maintes fois, il n'y a qu'un seul moyen de goûter la présence de Jésus, c'est de croire réellement à cette présence au milieu des siens; or, je vois dans vos temples trop de choses étrangères au Seigneur pour que j'y puisse avoir cette foi, tandis que Dieu me la donne souvent dans nos réunions, et depuis quelques mois j'y ai reçu plus d'instructions et recueilli plus de bénédictions que pendant les années pendant lesquelles j'ai fréquenté le culte officiel.

M. Baumaine. De quelles réunions voulez-vous parler?

M. Vermont. De réunions qui ont lieu chez moi le dimanche.

M. Baumaine. Et qui se rend à ces réunions?

M. Vermont. Tous ceux qui invoquent le nom de Christ y sont les bien-venus.

M. Baumaine. A quelle heure vous réunissez-vous? M. Vermont. Le matin à l'heure du culte public, puis encore le soir à sept heures.

M. Baumaine. Mais se réunir à l'heure même du culte public, c'est un véritable acte de dissidence!

M. Vermont. Ne nous attachons pas aux mots, mais aux choses. Or, vous savez, aussi bien que moi, que la vie tout entière du chrétien est un acte de dissidence, dissidence de ce qui, à ses yeux, est du monde; et, si votre Eglise nationale n'est pas exactement le monde, il y a pourtant assurément dans son organisation assez

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de ce monde pour que je croie devoir m'en séparer et faire mon culte en dehors d'elle.

M. Baumaine. On dirait vraiment que vous envisagez notre Eglise comme une invention diabolique!

M. Vermont. Ne vous fâchez pas, M. Baumaine, la colère est mauvaise conseillère; et puis je vous prie de ne pas prendre votre chapeau, car j'ai encore bien des choses à vous dire; vous oubliez que je n'ai pas même commencé à répondre à la question qui m'a procuré le plaisir de vous voir.

M. Baumaine. C'est vrai; mais il est tard, et une affaire pressante me rappelle chez moi. Au premier jour nous reprendrons notre conversation, car, quoique vous disiez n'avoir pas commencé encore, vous m'en avez cependant dit assez pour que je ne craigne pas d'en savoir davantage; je veux absolument tirer cette affaire au clair.

M. Vermont. Et moi aussi je désire beaucoup m’instruire de votre conversation. Vous êtes un homme que j'aime à écouter et qui sait écouter les autres. Nous essayerons donc de nous écouter l'un l'autre; mais, par dessus tout, d'écouter ce que Dieu nous dit dans sa sainte Parole.

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M. Baumaine ne manqua pas de retourner chez M. Vermont à son premier moment de loisir, et alors il s'engagea entre eux une conversation dont nous allons reproduire les parties les plus saillantes."

Vous désirez donc savoir, mon cher voisin et frère en notre Seigneur Jésus-Christ, dit M. Vermont, quels motifs m'ont porté à ne plus participer au culte de l'Eglise nationale. Je vais vous les exprimer aussi briè– vement que possible, et que Dieu veuille bénir l'entretien que nous allons avoir en sa présence!

Quoique vous ne connaissiez pas encore ces motifs, vous devez présumer que quelques-uns d'entre eux sont ́puisés dans mon opinion sur la position que doivent prendre, l'un à l'égard de l'autre, l'Etat et l'Eglise.

Cette question, comme vous comprenez, peut être traitée sous deux points de vue; elle peut être traitée au point de vue de l'Eglise, elle peut être traitée au point de vue de l'Etat ; et il est d'autant plus important que, dès le commencement de notre conversation, nous déterminions bien notre point de départ, que,

L'auteur de ces lignes a essayé de la traiter à ce point de vue dans la brochure intitulée: De l'Intervention de l'Etat en matière religieuse, qui a déjà été citée.

suivant que nous partirions de Tun des côtés ou de l'autre, et lors même que nous arriverions au même en-"I droit, le chemin que nous aurions parcouru serait nécessairement différent. Si nous prenons pour point de départ l'Etat, nous devrons avant tout rechercher ce qu'est et ce que doit être P'Etat si nous prenons pour point de départ l'Eglise, nous devrons avant tout rechercher ce qu'est et ce que doit être l'Eglise. Or, comme vous m'avez' demandé pourquoi, moi, je ne participe plus à votre culte, et que ce sont des motifs religieux, et purement religieux, qui m'ont fait prendre ce parti, c'est aussi au point de vue religieux, et purement religieux, et non au point de vue politique, que je vais avec vous aborder la question. Aussi vous ai-je salué en qualité de frère et non en qualité de concitoyen.

C'est donc comme chrétien et à un chrétien que je parle, et non comme citoyen à un citoyen, Sommes-nous bien d'accord sur ce point?

M. Baumaine. Je ne craindrais point d'envisager sous ses deux points de vue cette question importante qui me preoccupe aussi depuis quelque temps; si les deux solutions allaient être identiques elles n'acquerraient, par cette coïncidence et cet appui mutuel, que plus de force; mais il y a peut-être quelque avantage à ne pas mêler ces deux points de vue, et à les traiter l'un après l'autre. Ainsi, puisque vous le préférez, je consens à commencer par le point de vue religieux.

M. Vermont. Ce n'est pas une simple préférence, c'est une nécessité, dès que je veux répondre à la question que vous m'avez posée. Quant à la politique, quoique je ne répugne pas absolument à entrer sur ce terrain quand il le faut, je désiré, pour le moment, he pas y pénétrer, et je crois d'autant mieux pouvoir m'en

abstenir que je ne comprends pas quel appui la politique pourrait, dans cette affaire, prêter à la religion, puisqu'il s'agit précisément de séparer la religion de la politique. Je ne crains nullement, je vous assure, d'aborder la question du côté politique; elle offre, de ce côté aussi, de l'intérêt, et il a l'avantage qu'on peut alors employer des arguments qui sont à la portée d'un plus grand nombre de personnes; mais vous êtes heureusement du petit nombre de ceux qui goûtent l'Evangile, et nous devons nous féliciter de pouvoir marcher à la lueur de cette Parole qui est une lampe à nos pieds et une lumière à nos sentiers (Ps. CXIX, 405). Ainsi donc, si vous désirez causer politique, nous le ferons une autre fois, s'il vous plaît.

Il est un second point sur lequel il importe de nous. mettre aussi d'accord d'entrée, et sur lequel nous n'aurons pas de peine non plus à nous entendre, c'est que, par religion, nous n'entendons que la religion chrétienne, et par Eglise, que l'Eglise chrétienne. Il est d'autant plus important de poser ce point qu'il est des religions et des Eglises qui, par leur nature même, sont conduites ou même forcées à soutenir avec l'Etat des rapports que l'Eglise chrétienne doit désavouer, et que plusieurs personnes, en voulant examiner la question au point de.. vue de la religion ou de l'Eglise en général, ou même seulement des Eglises qui se disent chrétiennes, sont tombées dans une philosophie religieuse ou religion philosophique qui n'est ni philosophie ni religion, et dont les fruits répondent à l'arbre qui les a produits.

M. Baumaine. Sur ce point aussi il nous sera facile d'être d'accord. Tenons-nous-en au christianisme et à la Parole de Dieu; qu'elle soit notre seule boussole.

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M. Vermont. Eh bien ! sur le point qui nous occupe la

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