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coup d'estrangers demourant hors ladite chastellenie. De tous lesquelx povres et miserables le receveur n'a pu estre payé des exploits de justice. » Voilà quel était le résultat d'une longue période de guerre couronnée par les ravages des Écorcheurs.

L'année 1449 fut celle de la mort du châtelain Regnault de Thoisy. La reddition des comptes incomba donc à ses deux fils Geoffroy de Thoisy, chevalier, Sr de Mimeure, conseiller et chambellan du duc, et Pierre de Thoisy, aussi conseiller, écuyer d'écurie et bailli d'Autun et de Montcenis.

Geoffroy de Thoisy reçut le titre de châtelain de Glenne qu'avait eu son père, et perçut les gages de 16 francs. 8 gros, non compris les grains et quelques autres avantages.

A cette époque, la guerre aux sorciers battait son plein, et Glenne eut, comme tant d'autres châtellenies, son auto-da-fé.

Une femme, Jehannette de Baugy, passait, à tort ou à raison, pour se livrer à des pratiques de sorcellerie formellement réprouvées par le droit canon. Dénoncée à l'inquisiteur de la foi, elle comparut devant ce dernier qui s'était rendu à Glenne accompagné de son chapelain et de deux sergents de l'évêque. Convaincue de magie et condamnée au bûcher, Jehannette de Baugy fut remise par l'inquisiteur à la justice de Glenne, le jeudi 23 mai 1452.

Pierre de Thoisy, Sr de Gamay, bailli d'Autun et de Montcenis, s'était, à cet effet, transporté sur place avec quatre sergents et Robin le Roy, exécuteur de la haute justice. Il procéda, en arrivant, aux apprêts de l'exécution et requit trois ouvriers, Jehan Bouley, Guillaume le Roy et Jehan Chastelain, pour dresser la tribune de l'inquisiteur. Puis il fit entasser cent fagots en haut desquels fut dressé un pilier muni de cordes. Le vendredi matin, Jehannette de Baugy fut conduite au lieu de l'exécution. Robin le Roy la fit monter sur le bûcher et l'attacha au pilier faisant face

au tribunal. Du haut de sa tribune, l'inquisiteur lui adressa les exhortations habituelles en pareil cas, et le bourreau remplit son office. Au reste, voici le texte même du registre des comptes qui mentionne les dépenses d'exécution, sans indiquer les chiffres :

Robin le Roy, exécuteur de la haulte justice ou bailliage d'Ostun reçoit pour salaire pour l'exécution faite le vendredi XXIII may mil CCCCLII de Jehannette de Baugy, sorcière, qui a esté bruslée pour ses desmerites....... Despens de l'inquisiteur de la foy, son chapelain et deux sergens de l'evesque d'Ostun qui rendirent ladite Jehannette de Baugy à la justice de Glennes le jeudi XXIII may mil CCCCLII, où le vendredi XXIIII ledit inquisiteur la prescha....... Despens de noble homme Pierre de Thoisy, Sr de Gamay, conseiller, bailli d'Ostun et de Montcenis, qui vint, lui et son cinquiesme à cheval pour accompagner la justice du dit Glennes, le jeudi au soir qui y furent jusqu'au vendredi à midi....... Et pour les despens de Jehan Bouley, Guillaume le Roy et Jehan Chastellain, lesquelx firent les chaffaulx pour la prescher...... Et pour les despens de bouche de Robin-le-Roy, exécuteur de la haulte justice au bailliage d'Ostun, et de celui qui fist le pillier pour l'attacher, et aussi la vendue d'ung cent de fagots pour la brusler.

En 1452, la recette de Glenne passe aux mains de Jehan de Maizière, mais celle de Roussillon demeure à Lambert Laval,

C'est en 1456 que Jehan Cotin, conseiller du duc de Bourgogne, prend à son tour le titre de châtelain de Glenne et de Roussillon.

Deux années plus tard, en 1459, Jehan Cotin se préoccupa de faire rentrer dans le domaine ducal le produit des droits de péage de la châtellenie. En quoi consistait donc exactement ce droit de péage? Dans son sens strict, le péage était un droit perçu sur les chemins, les rivières et les ponts, pour subvenir à leur entretien et garantir leur sécurité. Il s'appliquait aux marchandises les plus diverses et aux bestiaux de toutes sortes, chaque fois qu'ils passaient par certains lieux déterminés où se trouvait un poste ana

logue à nos bureaux d'octroi. Justifiés tout d'abord par la nécessité de leur établissement, les droits de péage, d'origine romaine, devinrent peu à peu droits seigneuriaux absolument arbitraires. La circulation des chemins se trouva bientôt entravée par un nombre prodigieux de ces postes, exploités avec d'autant plus de rigueur, qu'ils étaient, le plus souvent, mis en adjudication. Au reste, ces taxes prenaient les noms les plus divers. Ici c'était le droit de barrage, là le droit de billette, ailleurs le pontonnage, le passage, le travers, et bien d'autres. Chaque seigneur ne manquait pas d'établir un poste sur sa seigneurie et, la plupart du temps, affichait sur un écriteau les divers tarifs d'imposition. En retour, il était responsable, théoriquement du moins, de la sécurité de ses domaines, et devait indemniser les voyageurs qui étaient attaqués ou dévalisés pendant le jour. La nuit, chacun devait rester chez soi, s'il tenait à la vie. En réalité, les garanties seigneuriales étaient illusoires. Peu à peu même, les abus devinrent tels, que l'Église se vit forcée d'intervenir, et que la bulle In cana Domini prononça l'excommunication contre tous ceux qui établiraient de nouveaux droits de péage sur leurs terres.

La châtellenie de Glenne suivait la loi commune, et de nombreux péages s'étaient établis sur son territoire, à Lafaye1, Glux 2, Montchanyx 3, Saint-Prix 4, etc. Mais le poste le plus important existait au Péageur, près de la Boutière. Il avait une valeur considérable, à cause des apports nombreux et variés qu'on amenait par cette voie à la foire du Beuvray.

Le bœuf payait 1 blanc, le taureau 2 blancs, la vache 1 denier, les 12 moutons et les 12 porcs 2 blancs, le cheval

1. La Faye, commune de Cussy.

2. Glux, canton de Château-Chinon.

3. Lieu disparu ou ayant changé de nom.

4. Saint-Prix, canton de Saint-Léger-sous-Beuvray.

ferré 1 sol 5 deniers, la jument ferrée 1 sol, le poulain 2 blancs, la charrette ferrée, chargée de marchandises 1 gros, la charrette non ferrée 2 blancs. En outre les marchandises les plus diverses payaient des taxes spéciales, telles les draps, les cuirs, les fers, le sel, le blé, les oignons, les fruits, le lin, le miel, le vin, la laine, la toile, la cire, les harengs, la laiterie et bien d'autres.

On juge par là de l'importance que prenait la recette, d'autant plus que les agents préposés à sa perception ne se faisaient pas faute de majorer les taxes établies. Le péage du Péageur fut, à l'origine, concédé à des particuliers, comme une sorte de fief indivis entre tous les concessionnaires. Le principal titulaire des premiers temps de la concession fut le sire de la Boutière 1, dont les descendants s'efforcèrent d'acquérir peu à peu la presque totalité des recettes. C'est ainsi qu'en 1416, Jean de Douhat, fils de Martin de la Colonge, vendit à Pierre de la Boutière, écuyer, la moitié par indivis d'un huitième et d'un seizième du péage pour 7 fr. Plus tard, en 1437 et en 1439, les deux frères Louis et Guillaume de la Boutière, écuyers, acquirent, par deux actes successifs, de Jehannette, veuve de feu Perreaul de Mardoul, et ensuite de ses héritiers, les 2/8° des droits de péage moyennant 32" t. La famille Doret détenait, elle aussi, 1/16° des droits. Elle les avait acquis, en 1408, de Regnault Seguin et de Girard Dodin frères, moyennant le prix de 8 fr. en bon or. Plusieurs autres habitants de la châtellenie, entre autres les frères Garnier, Chrétien de la Colonge, Guillaume de Montsarin et le curé de Verrière, possédaient de même, en 1459, quelques droits sur les recettes du péage.

Sous prétexte de réprimer les abus et les surtaxes, mais,

1. La maison de la Boutière était fort ancienne. Eudes IV, pendant les grands jours de Beaune, en 1321, avait accordé aux sires de la Boutière le droit de chasse à cor et à cri, d'usage et de pacage dans ses forêts, et de pêche dans ses rivières. (Cf. Baudiau.)

TOME XXXII.

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en réalité, pour tirer de l'affaire un meilleur profit, le pouvoir central se préoccupait déjà de réunir tous les droits de péage au domaine ducal. Il fallut donc, à Glenne, traiter avec tous les possesseurs et consacrer aux achats une bonne partie des recettes de la châtellenie. La première transaction se fit avec Guillaume de la Boutière, le 21 avril 1459. Ce dernier agissait tant en son nom personnel que comme curateur des enfants de feu son frère Louis de la Boutière, écuyer. Il vendit au duc tous ses droits pour le prix de 55 fr. 1/2 et lui remit les titres d'acquisition de ses ancêtres.

Le 24 avril suivant, nouvelle acquisition faite aux frères Jean et Pierre Garnier, de la huitième partie du péage, pour le prix de 11 florins.

Le 16 juin, Pierre Garnier revend pour 11" t. la seizième partie du même péage.

par Jehan

Une autre seizième partie est aliénée pour 811 Doret, de Saint-Léger-sous-Beuvray, le 6 juillet. Le 1er septembre, Chrétien de la Colonge abandonne une huitième et une seizième partie du péage.

Guillaume de Montsarin, écuyer, vend, le 10 septembre 1459, 9" 8 gros de rente annuelle et perpétuelle qu'il possédait sur le même péage.

Enfin, le 1er juillet, une rente analogue de 4 gros par an est aliénée moyennant 3 fr. par messire Jehan du Troux, prêtre, curé de l'église de Verrière.

C'est ainsi que se complétait peu à peu l'homogénéité de la châtellenie.

En 1462, Pierre Balard est commis à la recette de Glenne par lettres closes qui lui ordonnent de remplacer Jehan de Maizière. Nous trouvons, dans les comptes de l'année suivante, un exemple intéressant de dévolution successorale. M Jean de Ferrière, dit Naudin, prêtre de Beaune et homme réputé mainmortable du duc de Bourgogne, étant décédé, son héritage fut tout à la fois réclamé par ses héri

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