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XXVI

LA MÉTHERIE-SORBIER

(Bailliage de Mâcon.)

Antoine de LA MÉTHERIE-SORBIER, né le 11 mai 1751, à la Chapelle-sous-Dun (arrondissement de Charolles), de François, médecin, et de Claudine Constantin; avocat en parlement, juge de la seigneurie de Chauffailles, demeurant à la Clayette. 1

Il descendait de Barthélemy de La Métherie, établi marchand à Paray-le-Monial vers la fin du seizième siècle, et avait ajouté à son nom celui de sa femme, originaire de Mâcon. Deux de ses frères peuvent être mentionnés à des titres divers Jean-Claude, naturaliste et physicien, qui devint professeur au Collège de France, et Jean-Baptiste-André qui fut, en 1792, président du tribunal de Marcigny, en 1800, commissaire du gouvernement près le tribunal de Charolles, et de 1804 à 1809 procureur impérial au même siège.

Aux assemblées de 1789, Antoine de La Métherie, député de la paroisse de la Clayette, fut un des commissaires chargés, le 18 mars, de la rédaction du cahier des doléances. Le 29, il fut élu député du tiers état du bailliage de Mâcon aux États généraux. On verra, à propos de l'élection de son collègue Merle, les incidents qui précédèrent et accompagnèrent le vote.

1. La famille de La Métherie se rattachait à la famille Alacoque, par le mariage d'Elisabeth Alacoque, nièce de la bienheureuse Marguerite-Marie, avec Philibert de La Métherie, contrôleur au Bois-Sainte-Marie, et plus tard notaire royal et tabellion du marquisat de Villequiers en Berry. Leur petit-fils, Louis de La Métherie, né à Bourges, le 9 mai 1752, fut député du Cher aux Cinq-Cents (11 avril4 septembre 1797), juge au tribunal d'appel de Bourges (5 juin 1800), et président à la même cour (1811). Sa fille, Aglaé-Virginie, épousa Marie-Léopold Perraud, originaire d'Arlay (Jura), officier au 7° léger, et en eut deux fils, Adolphe-LouisAlbert, cardinal Perraud, évêque d'Autun, et l'abbé Charles Perraud.

A l'Assemblée nationale, La Métherie ne prit jamais la parole, vota avec la majorité et remplit obscurément son mandat. Il se fit inscrire en 1790 au club des Jacobins, y fit partie du comité de correspondance et passa, l'année suivante, aux Feuillants. Il était également affilié à la Société de 1789, qui avait pour objet de défendre la monarchie appuyée sur la Constitution.

De retour à la Clayette, il fut élu, le 13 novembre 1792, membre de l'administration départementale. Il prévint par son influence beaucoup d'excès, notamment la destruction du beau château de la famille de Noblet, qu'une troupe de << patriotes» voulait un jour incendier. C'en était assez pour éveiller les soupçons. Un arrêté du représentant Reverchon, pris le 21 brumaire an II (11 novembre 1793) à Mâcon, proclama qu'il avait « perdu la confiance publique par son modérantisme et les mesures de fédéralisme qu'il soutenait et proposait dans les différentes séances du conseil en permanence. » La destitution était le corollaire obligé de cette appréciation. Le 28, le comité de surveillance de Marcigny, déclarant La Métherie suspect «< comme ayant été destitué de ses fonctions », arrêta qu'il serait incarcéré aux Ursulines. Les deux frères de l'exconstituant subirent le même sort. Jean-Baptiste-André fut arrêté, quelques semaines après, par ordre d'un commissaire du comité de Sûreté générale, Jean-Marie Lapalus, qui terrorisait alors la région. Quant à Jean-Claude, emprisonné à Paris, le 14 avril 1794, il resta détenu pendant six mois.

La carrière politique d'Antoine de La Métherie reprit avec le Consulat. Quand il s'agit de composer le nouveau Corps législatif, on se préoccupa de trouver des hommes. modérés qui avaient fait partie des précédentes assemblées et que n'avaient signalés ni leur esprit d'initiative, ni leurs talents oratoires. L'éloquence eût été, du reste, un luxe inutile. La Constitution avait coupé la langue aux députés.

Muets par destination, ceux-ci écoutaient les orateurs du conseil d'État qui soutenaient les projets du gouvernement, ceux du Tribunat qui les appuyaient ou les combattaient, puis, sans aucune discussion et par scrutin secret, ils votaient l'acceptation ou le rejet. La Métherie avait été assez effacé à l'Assemblée constituante, et plus tard assez éloigné de tout excès pour rentrer dans la catégorie des candidats agréables. Le 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799), il fut choisi, par le Sénat conservateur comme député de Saône-et-Loire.

La première session de la nouvelle assemblée s'ouvrit le 11 nivôse (1er janvier 1800) et fut close le 28 ventôse (19 mars). Elle fut occupée par l'établissement du règlement intérieur, par le vote de la loi concernant la division du territoire, et suivie à bref délai d'une session extraordinaire du 1er au 10 germinal (20-31 mars). Celle de l'an X, commencée le 18 brumaire (9 novembre 1801), dura jusqu'au 1er ventôse (20 février 1802). Dans une session extraordinaire tenue du 15 germinal au 30 floréal (5 avril-20 mai), le Corps législatif eut à se prononcer sur l'institution de la Légion d'honneur, qui fut votée le 29 floréal et qui avait rencontré une certaine opposition, puisqu'elle réunit seulement 166 voix sur 276 votants. En l'an XI, du 2 ventôse au 1er prairial (21 février-21 mai 1803), il vota une partie du Code civil. Il poursuivit cette délibération en l'an XII, du 15 nivôse au 3 germinal (6 janvier-24 mars 1804), et le Code civil achevé fut promulgué le 10 germinal (31 mars).

Antoine de La Métherie mourut dans le courant de la même année. Il avait eu de son mariage une fille qui avait épousé, en 1802, Gilbert-Claude Cudel de Montcolon, officier d'infanterie, originaire de Marcigny. Ce dernier avait été inscrit sur la liste des émigrés par le département, quoiqu'il n'eût jamais quitté le territoire français. On le raya provisoirement le 23 prairial an V; mais, deux mois après, le coup d'État du 18 fructidor remettait en

vigueur toutes les lois rendues contre les émigrés non rayés définitivement, et Cudel de Montcolon dut se retirer quelque temps en Suisse. Il fallut, pour obtenir sa radiation en 1802, une pressante démarche de Volney, ami intime de La Métherie et alors sénateur. 1

XXVII

MERLE

(Bailliage de Mâcon.)

Marie-André MERLE, né le 27 septembre 1754, à Lonsle-Saunier, de Bernard-Emmanuel, avocat en parlement, et de Vivante-Désirée Merle; avocat, maire de Mâcon.

Élevé à Lons-le-Saunier, il fit ses études de droit à la faculté de Besançon et y reçut en 1775 le diplôme de licencié. D'abord avocat au barreau de sa ville natale, il épousa, le 22 août 1779, à Mâcon, Anne Cajon, fille de François, ancien procureur au bailliage, et d'Anne-Claude Rubat. Ce fut son oncle Pierre Merle, doyen du chapitre de Saint-Amour (Jura), qui célébra le mariage en l'église Saint-Pierre. Le jeune avocat se fixa plus tard à Mâcon et y exerça sa profession avec un certain succès. Ayant eu l'occasion de rendre des services au marquis de Damas d'Antigny, il obtint sa protection et, par voie de conséquence, celle de Monsieur, frère du roi. En 1788, la charge

1. Arch. nat., F7 5591.

2. Jacques-François Damas, marquis d'Antigny, comte de Ruffey, gouverneur du pays de Dombes, brigadier des armées du roi, élu de la noblesse aux États de Bourgogne de 1775 à 1778. C'était l'oncle de Talleyrand. Son fils Charles, plus tard duc de Damas, était depuis 1777 gentilhomme d'honneur de Monsieur et devint en 1788 colonel du régiment de dragons de ce prince.

de maire perpétuel de Mâcon vint à vaquer. Elle était occupée depuis 1772 par Marie-André-Placide Daugy1. Celui-ci venait d'être nommé syndic des États du Mâconnais. Cette dualité de fonctions souleva des réclamations, notamment celles des cabaretiers et des aubergistes, qui se prétendaient lésés depuis plusieurs années par un deuxième droit de huitième sur les vins dont la perception n'aurait pas été régulièrement autorisée. Quand Daugy, forcé d'opter, se fut démis de la mairie, diverses candidatures se produisirent. Merle posa la sienne et la fit appuyer par Monsieur, qui insista vivement auprès de la commission intermédiaire des États du Mâconnais. Ce fut en vain qu'on fit valoir sa jeunesse, son origine comtoise, sa récente arrivée; l'influence du comte de Provence l'emporta sur toutes ces considérations, et Merle, proposé par la commission, fut pourvu de la charge, dans laquelle il fut installé en mai 1788. La vieille bourgeoisie vit cette nomination avec regret. Au lieu de la ramener par des procédés courtois, Merle la traita avec hauteur et chercha surtout à se ménager des partisans dans le bas peuple.

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Le rigoureux hiver de 1788-1789 lui en fournit l'occasion. Il fit faire d'amples distributions de farine, organisa des quêtes, pourvut même à la subsistance des campagnes voisines. Il ne s'en tint pas à ces actes de bienfaisance; il prit exclusivement en toute circonstance, sans souci de l'ordre et de l'équité, les intérêts des ouvriers et des manœuvres, et, par ses dangereuses complaisances, réussit à se créer dans la classe la plus nombreuse une extrême popularité. C'était une bonne préparation au scrutin qui allait s'ouvrir.

1. Né le 19 décembre 1730, à Mâcon, de Benoît et de Barbe Duclessy, il était procureur au bailliage de cette ville. Il fut arrêté comme suspect le 2 décembre 1793 et élargi le 15 septembre 1794. Il fit partie du conseil général de 1800 à 1807 et mourut à Flacé le 24 août 1824. Il avait épousé en 1767, à Laives, PhiliberteNicole Curvat.

2. Arch. nat., BA 49, liasse 114. Tous les détails qui suivent, concernant les élections, ont été puisés à cette source et au procès-verbal de l'information du 19 mars 1789 (Arch. dép. de Saône-et-Loire, B 1322).

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