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la population de la Bresse louhannaise et la somme dont elle contribue aux impositions de la province, pour accorder aux habitants de cette contrée le droit de nommer euxmêmes leurs représentants aux États généraux dans un chef-lieu qui ne pourrait être que la ville de Louhans. » Il ajoutait « qu'en séparant cette contrée du bailliage de Chalon, elle peut former seule un district suffisant, puisqu'elle est composée de trois villes et de plus de soixante paroisses. » Une délibération conforme réunit l'unanimité des suffrages.

Duroussin prit part à la rédaction des cahiers de doléances. Les événements qui suivirent l'ouverture des États généraux eurent son approbation. Le 22 juillet, par exemple, il signait une adresse à la ville de Paris «< pour le succès de sa magnanime entreprise », c'est-à-dire pour la féliciter de la prise de la Bastille.

Il fut élu, en octobre 1790, juge au tribunal de Louhans, où il eut Masuyer pour collègue. L'année suivante, il présida la Société des Amis de la Constitution. Candidat à l'Assemblée législative, il vit sortir son nom du scrutin le 31 août 1791. Il prêta serment le 4 octobre. Malgré sa valeur, il passa assez inaperçu. Il n'est pas nommé au Moniteur, et pas une fois il ne trouva l'occasion de prendre la parole. Son attitude politique fut celle de la majorité, et les résultats n'en furent pas heureux.

L'Assemblée législative dissoute, Duroussin revint à Louhans. Les événements dépassèrent bientôt ses prévisions. Réélu, le 2 décembre 1792, officier municipal, désigné le même jour pour faire partie du tribunal de police municipale, il se vit, comme d'autres fonctionnaires, en butte aux attaques des Jacobins. Quand la loi du 17 septembre 1793 eut été promulguée, il en aperçut tout de suite les dangers. Le 28 septembre, il écrivait à son ami Larché,

1. Louhans, Cuiseaux et Cuisery.

10ME XXXII.

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président du tribunal de Louhans, qui se trouvait alors à Dijon :

Nous avons eu un commissaire très républicain qui a publié hautement, et dans ses correspondances et dans ses courses, que le district de Louhans était le premier de la République par le zèle et l'activité des autorités constituées. Ses éloges n'ont fait qu'exaspérer les haines; les délateurs l'ont assailli de dénonciations contre presque tous les fonctionnaires publics, et ils se promettent bien de les renouveler près d'autres qui auront un pouvoir plus étendu que le sien. La loi sur les gens suspects est arrivée. Demain dimanche la Commune s'assemblera pour former un comité de surveillance. Si les passions s'en mêlent, les vengeances particulières n'auront pas de bornes. A Chalon, il a été composé assez généralement d'hommes estimés de tout le monde. Souhaitons qu'il le soit de même ici. Le district est dans l'intention de faire préparer la maison du Collège pour les hommes et celle de la Charité pour les femmes... 1

Il s'en fallut de fort peu que Duroussin n'étrennât l'édifice que le comité de surveillance réservait aux suspects. Vainement il avait assisté, le 7 octobre, à une fête funèbre en l'honneur de Marat; le 7 novembre, le représentant Reverchon commença par épurer les administrations. En même temps que Larché, compromis par ses relations avec Masuyer, était destitué de sa présidence, Duroussin se vit remplacer comme officier municipal. Ces mesures équivalaient à une déclaration de suspicion. Le comité le comprit ainsi et, par arrêté du 20 brumaire (10 novembre), il consigna Larché et Duroussin dans leurs domiciles respectifs. Il n'y mettait d'ailleurs aucune animosité et voulait seulement donner satisfaction à Reverchon. Malgré l'arrêté, Larché s'en fut à Dijon, sans que personne l'inquiétât. Quant à Duroussin, il ne fut pas retenu longtemps. Le 20 frimaire (10 décembre), le comité revint sur sa décision. << Vous avez, dit un ses membres, rendu justice à l'esprit républicain qui anime la commune de Louhans, lorsque

1. Lettre communiquée par M. Edmond Garnier.

vous avez arrêté dernièrement qu'il n'y a point ici de contrerévolutionnaires, que Masuyer, l'infâme Masuyer, était l'unique auteur de cet esprit de tendance au fédéralisme qui a paru, lors des grands orages de la Révolution, prêt à s'emparer de l'âme des individus que vous avez destitués pour satisfaire aux droits du peuple qu'ils semblaient vouloir méconnaître et peut-être enchaîner, si les fameuses journées des 31 mai, 1er et 2 juin ne les lui eussent assuré d'une manière irrévocable..... » Et au terme de cette laborieuse période, l'opinant conclut à ce que la liberté fût rendue à Duroussin et à deux autres citoyens. Le comité leva aussitôt la consigne et invita ceux qu'il élargissait à assister à la fête de la Raison qui allait être célébrée le jour même.

Le 3 nivôse (23 décembre), Duroussin mit Larché au courant des événements, mais lui insinua en termes soigneusement pesés qu'il ferait mieux de ne pas revenir encore. Le comité était, en effet, très monté. Bernard de Saintes avait annulé l'arrêté qui destituait Larché, et l'avait réintégré dans sa présidence. Les sans-culottes louhannais protestèrent, et, pour montrer en quel mépris suprême ils tenaient le président, ils le qualifièrent de « Monsieur Larché », car, disaient-ils, «< il n'est point digne d'être appelé citoyen. » Ils s'en tinrent d'ailleurs à cette manifestation, et peu de temps après Larché reprit sa place au tribunal sans autre difficulté.

Le 26 prairial an IV (14 juin 1796), l'ex-législateur fut nommé commissaire du Directoire près l'administration municipale du canton de Louhans. Le gouvernement le destitua après le 18 fructidor an V (4 septembre 1797). Nommé, le 5 ventôse an VII (24 janvier 1799) commissaire du pouvoir exécutif près l'administration centrale, il n'accepta pas. Aux élections qui eurent lieu dans le mois de germinal suivant et qui furent troublées par des scènes de violence, une assemblée scissionnaire l'appela à siéger au

conseil des Anciens; mais ses opérations furent annulées par la loi du 7 prairial (26 mai).

Le Dix-huit brumaire ne trouva pas l'ex-législateur plus hostile que certains de ses collègues. L'arrêté consulaire du 16 prairial an VIII (5 juin 1800), qui réorganisait les corps judiciaires, le nomma juge suppléant au tribunal de Louhans. Il était en même temps inscrit comme homme de loi. Il mourut à Louhans le 26 décembre 1811. Sa fille unique, décédée en 1854, fut la mère de Théodore Vernier, qui devint, sous le second Empire, maire de Dijon, député de la Côte-d'Or et conseiller d'État.

Duroussin était bien doué. Actif, capable, bon administrateur, il se distinguait par la régularité de ses mœurs et une probité inattaquable. Ce qu'on pouvait seulement lui reprocher, c'était une certaine présomption, même de la hauteur, et aussi une ambition excessive qui l'aveuglait sur la qualité des moyens, quand il pensait que le succès pouvait en dépendre. 1

XI

REVERCHON

Jacques REVERCHON, né en septembre 1746 à Lyon, négociant à Vergisson (arrondissement de Mâcon).

Il possédait en cette paroisse le fief de France et y faisait un petit commerce de vins. Ni son intelligence ni son éducation ne semblaient le destiner à exercer jamais l'autorité sans limites que les événements lui impartirent. Sa fortune politique commença avec l'organisation du département. Élu, le 22 avril 1790, membre de l'administration

1. Arch. nat., Fib 11, Saône-et-Loire, 3.

de Saône-et-Loire, il fut désigné pour en sortir le 28 août 1791; mais, trois jours après, il était élu député à l'Assemblée législative, le dernier des onze candidats. Il prêta serment le 4 octobre. Le 22, il entra au comité d'agriculture1. Si aucune circonstance ne le mit en relief, il soutint constamment par ses votes le parti le plus avancé. Appuyé par les Jacobins, il fut réélu, le 6 septembre 1792, à la Convention. On l'y retrouvera plus loin, ainsi qu'aux conseils des Cinq-Cents et des Anciens.

XII

BAUDOT

Marc-Antoine BAUDOT, né le 18 mars 1765, à Liernolles (Allier), de Jean-Marie, fermier du domaine de la Forest. de Viry, et de Claudine Deshaires; médecin à Charolles. 2

Il faisait partie de la Société des Amis de la Constitution établie à Charolles et en était secrétaire en novembre 1790. Élu, le 31 août 1791, député suppléant à l'Assemblée législative, il fut appelé à y siéger en remplacement de Charles Desplaces, démissionnaire à la date du 10 juillet 1792. Il y arriva à temps pour voir tomber la royauté. Ses con

1. Arch. parl., t. XXXIV, p. 435.

2. Voici son acte de baptême : « Marc-Antoine, fils légitime de sieur JeanMarie Beaudot, fermier de la Forest, et de dll. Claudine Desaire, né le dix-huitième mars mil sept cent soixante-cinq, a été baptisé dans l'église de Liernolles. Son parrain a été Marc-Antoine Durand, docteur en médecine, procureur du roi et syndic de la ville de Paray, et marraine di Desaire, sa tante, qui ont signé avec nous. (Signé): Durand d. m., Deshaires, Sarret, curé. » Malgré le texte de cet acte, le nom patronymique s'écrit généralement Baudot. Quant à l'orthographe du nom de la mère, elle est erronée. Les Deshaires étaient une famille bourgeoise bien connue du Charollais. Au reste, l'acte est signé : Deshaires.

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