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SÉANCE DU 16 JUIN 1904.

PRÉSIDENCE DE M. A. DE CHARMASSE

La Société Éduenne s'est réunie à l'hôtel Rolin, le jeudi 16 juin 1904, à une heure, sous la présidence de M. A. de Charmasse.

Étaient présents à la séance: MM. Bergier; Boëll; le colonel Brunet; Chavannes; l'abbé Chevailler; F. Dejussieu; Gadant; le docteur Gillot; Émile Gillot; Paul Olinet; Prévost; de Romiszowski; Tessier-Viennois; l'abbé Terret.

La Société a reçu en qualité de membres titulaires :

M. le baron d'Anthouard de Wasservaz, secrétaire d'ambassade, délégué à la Résidence générale, à Tunis, présenté par MM. de Charmasse et André Gillot;

Mme de Chatillon, au château de Lépannaux, par Autun, présentée par MM. de Charmasse et Raoul Abord;

M. Charles Rivière, rue Montmartre, 132, à Paris, présenté par MM. Antoine Bulliot et de Charmasse;

M. le comte de La Fite de Pelleport, au château de Champlévrier, par Luzy (Nièvre), présenté par MM. André Gillot et Charles Boëll.

Mme Leireins, 73, rue des Vignes, à Paris, présentée par MM. Antoine Bulliot et de Charmasse;

M. Gaston Abord, procureur de la République à Toulon, présenté par MM. Alfred Abord et de Charmasse;

M. Louis Rénier, négociant, rue Saint-Saulge, à Autun, présenté par MM. Charles Boëll et Mangematin;

M. des Abbayes, sous-directeur des contributions indirectes à Autun, présenté par MM. René Gadant et Cougnet.

M. le président fait part, en ces termes, des deuils récents qui ont frappé la Société :

« Depuis notre dernière réunion, nous avons perdu sept de nos collègues MM. Sosthène Guyot, Maurice de Laplanche, Jean-Marie Diot, Isidore Clair, Charles Demontmerot, vicomte de Coëtlosquet, Joseph Ragot, à qui nous devons le tribut accoutumé de notre souvenir et de nos regrets.

>> Deux autres décès, celui de M. Hippolyte Abord et celui de M. Alexis Rérolle, sont venus depuis apporter un nouveau deuil dans nos rangs mais, sans attendre le moment où il nous sera possible de retracer leur existence, il y a lieu d'exprimer, dès maintenant, combien nous regrettons la disparition de ces deux vėtėrans de notre Société, dont la mémoire nous sera toujours chère.

» La mort nous a récemment enlevé un collègue auquel sa vigoureuse constitution semblait assurer de longs jours. Né le 28 novembre 1839, à Autun, M. Sosthènes GUYOT a succombé, le 23 février dernier, à une bronchite qui l'a terrassé en moins d'une semaine. C'était le type, devenu rare, du grand propriétaire en perpétuelle résidence. Après avoir achevé au lycée Louis-le-Grand des études commencées au collège d'Iseure, il était revenu à Thil-sur-Arroux, dans la maison familiale, et plus jamais il ne l'avait quittée, si ce n'est pour la refaire plus vaste et plus belle, à quelques pas du vieux logis. Ses habitudes sédentaires contrastaient avec la mobilité fébrile qui est un des traits de notre époque. Il ne voyageait pas; attaché par ses fibres les plus intimes au pays où se concentraient ses affections et ses intérêts, il n'éprouvait aucune de ces tentations qui nous appellent si facilement au delà de nos frontières. Le pittoresque horizon de Thil lui suffisait; la ceinture de hauteurs qui encadrent l'Arroux lui tenait lieu d'Alpes et de Pyrénées, et l'étang de Bousson valait pour lui tous les lacs de la Suisse. Telles étaient ses réelles préférences, car ce casanier était doué d'une extrême activité et d'un rare esprit d'initiative. Il ne se contentait pas de gouverner habilement ses domaines; maire de sa commune, comme l'avait été son père, investi de l'absolue confiance de ses administrés, il réalisait autour de lui d'incessantes améliorations. C'est à la famille Guyot que Thil doit son église, son presbytère, ses écoles; c'est elle aussi qui en a proscrit la misère. Le meilleur mode de faire la charité est de procurer du travail à ceux qui n'ont pas d'autres moyens d'existence, et, à ce point de vue,

notre regretté collègue s'est largement acquitté de ce devoir social. La transformation de ses propriétés, les nombreuses constructions auxquelles il se complaisait ont occupé presque constamment tous les bras du pays. Une partie de sa fortune se répandait ainsi comme une manne salutaire. C'est encore lui qui, pour se conformer aux dernières volontés d'une parente, a fait élever la nouvelle église de Santenay. Au reste, la multiplicité des affaires ne l'effrayait pas. Devenu par héritage propriétaire d'importants vignobles et, pour partie, d'une grande maison de commerce, il menait de front, avec une remarquable aisance, la direction de cette entreprise et ses grandes exploitations agricoles. Son esprit, très ouvert, toujours en éveil, se mesurait volontiers avec les difficultés. Autoritaire, sans doute, exerçant dans sa sphère d'action une prépondérance que nul ne songeait à contester, très fermement ancré dans ses idées personnelles, il était en même temps serviable, généreux, cordial, bienfaisant. Sa fin fut celle d'un chrétien. La vie lui avait été clémente, et, à la différence de beaucoup d'autres, il avait bien des raisons pour la regretter. Il en fit le sacrifice avec une touchante résignation, et il s'endormit au milieu des siens, calme et confiant, comme le bon ouvrier qui a rempli sa tâche.

» Nous avons encore perdu, le 18 mars dernier, M. Maurice DE LAPLANCHE qui, lui aussi, était un de ces résidents pratiquants et convaincus, attachés au sol par des liens héréditaires. Dans ce siècle de locomotion incessante et de déracinement, nul ne se montra plus fidèle à poursuivre l'accomplissement de la tâche paternelle, sans s'éloigner des lieux où le devoir, non moins que son goût, le retenait. Aussi avait-il acquis une légitime influence dans son canton qui lui savait gré de sa fidélité. Mais cet attachement n'était pas tel qu'il l'ait empêché de s'associer, avec mesure, au mouvement colonisateur et de profiter des avantages que la Tunisie, nouvellement ouverte, offrait à l'activité et à un emploi judicieux des capitaux. Il fut un des premiers à s'engager hardiment dans cette voie féconde où, pour être quelquefois tardive, la récompense n'est pas moins assurée. Malgré cette divergence d'intérêts et les voyages qu'elle imposait, Maurice de Laplanche se montra toujours fidèle à sa résidence en Morvan

qu'il partageait avec ses deux frères, dans une union touchante et devenue rare. Par suite de cette habitation en commun, le logis familial était toujours ouvert; jamais de ces volets clos qui annoncent l'absence et détournent les visiteurs. Aussi ceux-ci étaient-ils nombreux et se succédaient-ils sans trêve, dans une maison où ils étaient assurés de rencontrer des mains toujours tendues et des visages toujours souriants. La Planche était un des lieux de la contrée où l'hospitalité, pratiquée comme autrefois, était restée dans les mœurs et dans les goûts de ses habitants. Tout y était largement compris. Malgré un mouvement dont il ne se montrait pas ennemi, Maurice de Laplanche était cependant, à ses heures, un laborieux. Loin de le trouver indifférent, les recherches scientifiques avaient toujours pour lui un vif attrait et il leur consacrait volontiers les heures que les relations mondaines et le soin des affaires publiques et privées laissaient sans emploi. Plusieurs n'apprendront peut-être pas sans surprise que notre collègue, tout absorbé qu'on ait pu le croire par d'autres pensées, avait cependant publié un Dictionnaire iconographique des Champignons supérieurs qui croissent en Europe, Algérie et Tunisie, suivi des Tableaux de concordance pour les hyménomycetes de Barrelier, Batsch, etc., in-12 de 541 p., 1894, répertoire justement apprécié par les spécialistes. L'année dernière, il communiquait encore à notre Société d'histoire naturelle d'Autun, une Note sur les Grenouilles des États-Unis et leur propagation artificielle. On voit, par son exemple, combien d'existences pourraient faire au travail une part qui demeure trop souvent sans destination utile. Nul doute que cette part fût devenue de plus en plus considérable si la mort ne fût venue prématurément briser ses projets. Hélas! il ne faut jamais compter sur le temps, un traître qui nous abandonne à l'heure où il semble nous sourire. Enlevé dans sa soixante-unième année, Maurice de Laplanche a été lui-même, après tant d'autres, victime de cette défection, avant d'avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé aux siens et à tous ceux qui l'on connu le souvenir d'un caractère aimable, fait pour être heureux et pour rendre heureux autour de lui, d'un esprit fin et cultivé, d'un cœur dévoué aux grands intérêts sociaux pour lesquels il n'a jamais épargné ni son temps ni ses peines. Nous avons la confiance que son

exemple d'attachement au sol et de dévouement au bien public ne sera pas perdu.

» Le vendredi 18 mars dernier est décédé subitement, à l'âge de soixante-huit ans, à Rambervillers (Vosges), où était son domicile, un membre très fidèle de notre Société : M. Maurice du COETLOSQUET. Père d'une unique enfant, à laquelle il se consacrait tout entier, il resta à peu près étranger à la vie publique, mais il ne demeura pas inactif. Originaire du pays messin, il resta toute sa vie profondément attaché à la terre natale foulée par les pieds du vainqueur, et tous ses efforts tendirent constamment à y maintenir l'influence française; il ne regardait à aucune dépense pour arriver à ce but patriotique. Aussi sa mort peut-elle être considérée comme une véritable perte pour les défenseurs de cette noble cause, aussi bien que pour les nombreux amis qu'il laisse en pays annexé. Son pays d'adoption profita largement de sa présence. Cet homme éminemment bon combla de ses bienfaits un grand nombre d'œuvres charitables, et sut distribuer autour de lui avec autant de libéralité que de délicatesse la majeure partie de ses grands revenus. La ville de Rambervillers, elle aussi, reçut sa part de cette générosité qui lui permit bien des travaux d'amélioration et d'embellissement. Nous nous contenterons de citer la construction de l'hôpital de Rambervillers, dû spécialement à l'initiative de ce généreux donateur. La mort de M. du Coëtlosquet est donc une grande perte pour la Lorraine, pour son pays, et surtout pour sa famille, à qui nous adressons ici nos condoléances les plus sympathiques. C'en est une aussi pour nous; car, admis dans nos rangs en 1886, il y est toujours resté, et nous pouvons nous honorer hautement d'une telle fidélité.

» M. Jean-Marie Dior, décédé le 21 mars dernier, était né à Autun, le 18 mai 1821. Ses parents, gens à convictions profondes, lui inculquèrent de bonne heure des principes solides, et firent de lui un homme de foi et de rectitude morale. Après avoir suivi au collège de sa ville natale le cycle ordinaire des études classiques, il entra dans le commerce bien plus pour se conformer au désir de ses parents que par vocation. Mais, une fois entré dans les affaires, il s'en occupa avec l'esprit de suite

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