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» moderne le plus précis,

est adoré par deux anges. Ces anges » sont retrouvés dans une miniature du ms. 14363, au cabinet » des manuscrits de la Bibliothèque Nationale. Ce sont les anges » du maître français, que nous ne voulons nommer encore, mais

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qui est le peintre des Bourbons. Derrière la crêche, saint » Joseph, homme barbu et jeune, joint les mains comme pour » une prière; ces mains sont un chef-d'œuvre. Plus loin, à l'in»térieur de l'étable, un bœuf, — qui est un véritable animal du >> Bourbonnais et non l'une de ces bêtes de pratique trop sou>> vent rencontrées dans les œuvres du Nord, rumine paisible»ment. Deux paysans sont venus regarder la scène par-dessus » la barrière; ce sont eux aussi des portraits, comme est d'ailleurs » la figure principale, celle du cardinal évêque Jean Rolin, placé » à droite, à genoux, les mains jointes, avec, sur les plis de son » manteau rouge, son chien favori, d'une vérité d'expression

incroyable. Tout au fond de la composition, un paysage du » centre de la France, avec une église et une ville; des ruines à » droite et à gauche complètent ce morceau d'un charme, d'une » grandeur, d'une impression que seuls les maîtres ont su >> rendre. »

» Le goût avisé du très distingué conservateur des estampes à la Bibliothèque Nationale a su lui faire apprécier avec justesse les qualités exquises de finesse, de fermeté et de mesure qui font la valeur de cette œuvre, où l'on doit admirer à la fois la pureté du trait, la suavité des figures, la finesse fraîche et tenue des couleurs.

» Mais, si l'érudition de M. Henri Bouchot était moins incontestable et moins respectueusement incontestée, certains esprits pourrait être surpris de l'ingéniosité de ses hypothèses et de l'imprévu de ses affirmations sur le tableau de l'évêché d'Autun. N'est-il pas téméraire d'assurer que les figures de bergers qui regardent la scène sont des portraits? On est encore plus surpris d'apprendre que le cardinal Rolin « fit reconstruire la cathédrale d'Autun incendiée; » et rien ne prouve qu'il fut vraiment « peu » scrupuleux sur les moyens, à la mode des seigneurs de son » temps. »

Dans le tableau d'Autun, le prélat est indiqué par les armes, qui sont écartelé au 1 et 4 d'azur à trois clefs d'or en pal, qui

est de Rolin, aux 2 et 3 d'argent à la bande d'azur chargée d'une merlette d'argent, qui est de Lande, sa mère. » D'après l'âge apparent du personnage, le portrait ici placé dut être exécuté deux ou trois ans avant sa mort, c'est-à-dire vers 1480.

» Cette date suffit-elle à justifier l'attribution de la Nativité de l'évêché d'Autun à l'admirable maître qu'on est encore réduit à désigner sous le nom, suffisant pour un catalogue, médiocre pour le sentiment, de « Peintre des Bourbons » ou « Maître de Moulins?» On veut y reconnaître le style du triptyque de la cathédrale de Moulins, de la Vierge et l'Enfant-Jésus du musée de Bruxelles, du panneau de l'ancienne collection Somzée, aujourd'hui au musée du Louvre, où l'on voit une donatrice présentée par sainte Madeleine. M. Bouchot y reconnait même la race bourbonnaise dans le boeuf ruminant près de la crêche, sans songer que la race bourbonnaise sélectionnée que nous connaissons est un produit assez récent de l'élevage moderne et qu'elle s'est bien transformée depuis le quinzième siècle. Assurément notre Nativité est d'un délicieux artiste; mais n'est-il pas imprudent de l'attribuer à cet hypothétique « Maître de Moulins, » qu'on fera trop riche à force de lui prêter?...

» Nous ne croyons pas avec le comité de l'Exposition que cette œuvre, dont la conservation est remarquable, soit entrée « depuis plus de quatre cents ans » à l'évêché d'Autun. Il n'y a pas aussi longtemps que les palais épiscopaux possèdent un mobilier dépendant de la mense. Il est au contraire certain qu'au moins jusqu'au premier quart du dix-huitième siècle, le tableau de la Nativité se voyait à la cathédrale d'Autun. En 1725, un collectionneur bourguignon, du Tillot, seigneur de Nuits, fit exécuter un album de curiosités artistiques, qui est aujourd'hui conservé à la bibliothèque de l'Arsenal (mss. 5052: Miscellanea eruditæ antiquitatis notis illustrata). Au folio 46 ro, t. I, de cet album, est un << Dessein figuré du portrait du cardinal Rolin, qui se » voit dans l'église de la cathédrale d'Autun. » Ce dessin est comme une réduction presque photographique du portrait placé dans le tableau de l'évêché et dont les moindres détails sont ici reconnaissables. C'est ce qui nous inclinerait à croire que la Nativité du cardinal Rolin a pu rester à la cathédrale, peut-être à la chapelle Saint-Vincent, jusqu'à la Révolution. On sait

d'ailleurs que ce tableau était placé dans la sacristie, avant d'être transporté dans un des salons du palais épiscopal, en 1839. *

» L'évêché possède encore une autre œuvre qui, selon nous, eût pu également figurer à l'Exposition des Primitifs Français : c'est le grand triptyque votif, daté de 1515, dont le panneau du milieu représente la Cène, et dont les deux volets offrent des scènes de l'Ancien Testament, symboles du sacrement eucharistique le Sacrifice de Melchisédech et la Récolte de la manne."

» Au reste, toutes les œuvres des primitifs français et bourguignons ne se trouvent pas exposés au Pavillon de Marsan, où la célèbre école de Bourgogne est représentée par l'Annonciation que possède l'église de la Madeleine d'Aix, le Portrait d'un seigneur ayant une vague ressemblance avec Charles le Téméraire (collection George Salting, esq. Londres), une Descente de croix, qui appartient à M. Munier-Jolain (Paris) et dont une copie existe dans l'église d'Auxerre, la Mort de la Vierge et le Couronnement de la Vierge du musée de Lyon, et enfin le portrait de Pierre de Laval, bailli-juge d'appel en la justice de Tournus, exposé par notre collègue M. Lex, archiviste de Saôneet-Loire. A côté de ces chefs-d'œuvre, on n'aurait pas vu sans intérêt le modeste mais très curieux tableau mortuaire de Jehan Drouhot, curé de Saint-Quentin, chanoine de la collégiale NotreDame du Chastel d'Autun, mort le 18 janvier 1481. M. Bulliot, qui l'a donné à l'hôtel Rolin, où il est conservé, a étudié dans les Mémoires de la Société Éduenne (t. X, page 301 et suivantes) ce tableau bien primitif et bien français.

» Dans nos Mémoires aussi (t. XII, pages 39-61), ont été décrits par M. Armand Bénet les manuscrits des Minimes de la Guiche, d'où proviennent deux feuillets arrachés de la Cité de Dieu de saint Augustin et exposés par la ville de Mâcon. Ces miniatures

:

1. Cf. Croquis d'Autun vers le quinzième siècle, par J.-G. Bulliot, dans l'Éduen, n du 2 août 1840; Notice des tableaux..... esposés au petit Séminaire d'Autun..... 1876, p. 35; Congrès scientifique de France, XLII session, t. I, p. 206.

2. Ces trois panneaux, retrouvés et rapprochés par l'abbé Devoucoux, qui les fit restaurer, ont été étudiés dans l'Éduen, n° du 25 août 1839, et par H. de Fontenay Noles historiques et descriptives sur les principaux objets exposés au petit Séminaire d'Autun, du 29 août au 17 septembre 1876, dans Congrès scientifique de France, XLII session, pp. 230-232; Epigraphie autunoise, t. I, pp. 52 et suiv.; Autun et ses Monuments, pp. 492-493.

sont toutes différentes par leur date et leur exécution de deux autres qui ont aussi pour nous une sorte d'intérêt local et qu'on trouve aux folios 34 v° et 35 r° du manuscrit français 13429 de la Bibliothèque Nationale exposé aux Primitifs sous le numéro 202 du catalogue. L'une de ces enluminures des Commentaires de la guerre gallique représente le fiable Divitiacus d'Autun › sous les traits et le costume de l'amiral de Boisy; l'autre nous fait voir encore Divitiac, dont la fine épée retrousse le manteau de brocart sur des bottes de lansquenet, debout devant un César barbu et chenu, trônant dans un fauteuil Renaissance.

«

» Dans la série des sculptures, l'Exposition des Primitifs n'a réuni que quelques œuvres des quatorzième, quinzième et seizième siècles, pour offrir des termes de comparaison caractėristiques entre l'évolution de la peinture française et celle de la sculpture. Sans fausse modestie, il nous a semblé qu'on ne voit là rien qui vaille la Vierge de M. Bulliot, le saint Jean-Baptiste, la sainte Barbe ou la sainte Catherine de l'hôtel Rolin, que M. Courajod, dans ses Leçons professées à l'École du Louvre (II, Origines de la Renaissance, p. 397), a présentés comme des « monuments très importants, tout à fait capitaux de la sculpture bourguignonne. Nos musées locaux auraient offerts encore plusieurs monuments intéressants de la scupture primitive française statues de saint André, sainte Marthe et sainte Marie-Mag. deleine provenant du tombeau de saint Lazare à la cathédrale d'Autun, petite mise au tombeau et ange agenouillé de style bourguignon (musée lapidaire de la rue Saint-Nicolas), couronnement de la vierge en pierre peinte (musée de l'hôtel de ville), statue d'évêque et moulage de la Vierge de Laizy (musée de l'hôtel Rolin).

» La place des oeuvres ayant pour Autun un intérêt local aurait donc pu être plus grande à l'Exposition des Primitifs Français. Mais le but des organisateurs n'a pas été d'y tout réunir. Ils ont voulu seulement et ils ont réussi à nous montrer la continuité d'une tradition d'art français qui remonte sans interruption jusqu'aux cathédrales gothiques. Malgré leur nombre limité, les œuvres exposées sont des témoins assez éloquents de la fécon dité de notre esprit à l'œuvre au moment décisif de la formation de l'art moderne. »

Depuis la séance du 5 mars 1904, les dons suivants ont été faits à la Société :

1° Par S. Ém. le cardinal Perraud, Instruction adressée par S. Ém. le cardinal évêque d'Autun, Chalon et Mâcon, au clergé de son diocèse, au sujet des erreurs condamnées par le Saint-Siège le 17 décembre 1903, brochure de 38 p.

2° Par M. L. Stouff, maître de conférences à la faculté des lettres de Dijon, le Cartulaire du prieuré de Saint-Marcel-lèsChalon; Paris, Laroze, 1895, in-8°, 13 p.

3o Par M. Gabriel Dumay, Compte Rendu des fêtes données à Autun et au mont Beuvray, les 19 et 20 septembre 1903, à la mémoire de Gabriel Bulliot, ancien président de la Société Éduenne, in-16, 16 p.;- Projet d'une visite pastorale en 1782, dans les doyennés de Champlitte et d'Autrey, Gray, Gilbert Roux, 1901, in-16.

4° Par M. Guillaume, principal du collège d'Autun, Centenaire du Collège d'Autun, 1803-1903, Autun, Marcelin, 1904.

5o Par M. Boëll, collection des affiches et circulaires électorales imprimées à Autun, pour les élections municipales de mai 1904.

6o Par M. Ferdinand Rey, Étude sur une mesure antique découverte aux environs de Mirebeau-sur-Bèze (Côte-d'Or); Paris, 1904, in-8°, 21 p.

7° Par M. Jules Protat : Fouilles Mâconnaises, mémoire présenté au Congrès archéologique de France, en 1899; Mâcon, Protat, 1901, in-8°, 15 p. et 30 pl. ; - Un Bois gravé du quatorzième siècle, mémoire présenté au Congrès international d'histoire comparée (7° section), Paris, 1900; Mâcon, Protat, 1901, in-8°,

12 p.

8° Par M. Menand, pied de vase en poterie samienne, portant l'estampille ATILIANI, trouvé à Autun.

9° Par M. le docteur Desbrosses, les Euvres d'Ambroise Paré, 1517-1590, in-folio de 986 pages, à Lyon, chez la veuve de Claude Rigaud et Claude Obert.

10° Par M. Fr. Dejussieu, Rimes autunoises, par Ballereau; Chalon-sur-Saône, Sordet-Montalan, 1887, in-16, 55 pages.

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