Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

11° Par M. le docteur X. Gillot : Notes de Tératologie végé tale, 1903, in-8°, 17 p.; - Répartition topographique de la fougère "Pteris aquilina L. dans la vallée de la Valserine

(Jura et Ain), par le docteur X.

Gillot et Durafour, in-8°, 16 p.

Après le dépôt des publications reçues depuis la dernière réunion, la séance a été levée à trois heures.

SÉANCE PUBLIQUE DU 3 SEPTEMBRE 1904.

PRÉSIDENCE DE M. A. DE CHARMASSE

La Société Éduenne a tenu sa séance publique annuelle le samedi 3 septembre 1904, sous la présidence de M. A. de Char

masse.

Étaient présents à la réunion MM. Gaston Abord; de la Blanche; Boëll; le comte de Calonnne; Joseph Déchelette; F. Dejussieu; le colonel Désveaux; Gadant; le docteur Gillot; Émile Gillot; Louis et A. Gillot; Antony Graillot; Henri Graillot; Huet; James Jarlot; Me Leclerc; Mme la marquise de Mac Mahon; MM. de Maizières; Montarlot; l'abbé Muguet; Paul Olinet; Ph. Pierre; l'abbé Preux; Joseph Rérolle; Roidot-Errard: de Romiszowski; Sirdey; Tessier-Viennois; l'abbé Truchot; Verger. On remarquait parmi les personnes étrangères à la Société : MMme la comtesse de Calonne; la vicomtesse de Mougins-Roquefort; MMiles Bachelet et Jarlot, etc.

M. le président communique les lettres par lesquelles Mme Leireins, MM. Gaston Abord, le baron d'Anthouard, le comte de Pelleport et Rivière remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres.

Ont été ensuite reçus en qualité de membres titulaires :

M. Desfontaines, ingénieur des arts et manufactures à SaintLéger-sur-Dheune, présenté par MM. André et Émile Gillot;

M. Fleury-Vindry, lauréat de l'Institut, à Francheville-le-Haut (Rhône), présenté par MM. Fyot et Joseph Déchelette;

M. Roizot, pharmacien à Autun, présenté par MM. François Dejussieu et A. de Charmasse;

M. Jacquemard, 30, rue de Gravelotte, à Toulouse, présenté par MM. François Dejussieu et Trémeau.

M. le président fait connaître le programme du congrès des sociétés savantes qui doit se tenir à Alger, du 19 au 26 avril 1905. Ce congrès, qui coincide avec celui des Orientalistes, sera principalement consacré à l'étude de l'Afrique romaine.

Une circulaire spéciale fera ultérieurement connaître les modes les plus pratiques de déplacement ainsi que les réductions de prix consenties par les chemins de fer et par les compagnies de navigation pour le transport des congressistes.

M. le supérieur du petit Séminaire nous a fait savoir que le prix d'histoire, offert par la Société Éduenne, avait été obtenu par l'élève Maurice Dubois, du cours de philosophie, fils de notre collègue M. Léon Dubois. La Société espère que le jeune lauréat sera, un jour, des nôtres et qu'il participera à nos travaux.

M. de Charmasse consacre les notices suivantes à la mémoire de MM. Hippolyte Abord et Alexis Rérolle, membres titulaires, récemment décédés :

« M. Hippolyte ABORD, que nous avons eu le regret de perdre le 13 mai 1904, était pour nous plus qu'un collègue; il a été un collaborateur qui a laissé dans nos travaux une trace qui ne sera pas effacée. Le temps respectera son œuvre plus que celle de bien d'autres et son nom demeurera attaché au récit d'une des plus brillantes pages de notre histoire locale. Aussi convient-il de rappeler, avec quelques détails, la part qu'il a prise à notre existence et à nos travaux, en apportant à notre tâche cet esprit d'exactitude et de précision qu'il ambitionnait lui-même de mettre dans ses recherches.

» Hippolyte Abord était né à Autun, le 15 juillet 1825, dans cette maison de la rue Saint-Antoine, qui avait été édifiée par les siens et où il est mort: privilège devenu rare que de rendre le dernier soupir entre les murs qui ont entendu nos premiers cris soixante-dix-neuf ans auparavant. Il appartenait à une de

ces vieilles familles autunoises qui ont, successivement et sans omettre aucune étape, trouvé dans l'industrie, les offices et les magistratures les éléments les plus sûrs de la considération et de l'aisance. C'est par cette voie que la plupart se sont laborieusement constituées dans notre pays, s'élevant peu à peu, avec une sage lenteur, gage de durée, créant ainsi un foyer héréditaire autour duquel les générations croissent et se multiplient à l'ombre des exemples reçus et des traditions fidèlement transmises et respectées. La famille de notre collègue, entre bien d'autres, nous fournit un témoignage trop précieux de cette ascension graduelle pour que nous ne le donnions pas en exemple. Trois siècles de la vie d'une famille, c'est presque une page

d'histoire.

» Le premier de la race qui soit authentiquement connu et dont la filiation ait pu être établie, Jean Abord, marié en 1616, décédé en 1667, exerçait à Autun la profession de sergier et de tissier de toile, c'est-à-dire qu'il fabriquait dans un atelier familial les tissus de laine et de toile qui fournissaient à nos pères ces vêtements inusables que se transmettaient les générations. Tout, dans ce temps, avait un caractère de pérennité, même les habits. » Son fils, Lazare Abord, décédé le 5 septembre 1708, lui avait succédé dans l'exercice de la même profession. Après ce stage dans l'industrie, première source de l'aisance, les familles aspiraient à gravir un nouvel échelon de cette échelle sociale accessible à toutes les ambitions légitimes. Il ne suffisait pas alors que la personne eût fait ses preuves d'honorabilité : il fallait que cette honorabilité fût en quelque sorte garantie et cautionnée par une possession héréditaire. Dans le cas présent, l'avancement fut le notariat que Pierre Abord, fils de Lazare, exerça à Autun, de 1684 à 1737, soit pendant l'espace de cinquante-trois ans. Son étude est actuellement possédée par Me Demonmerot. En même temps, Pierre Abord vit s'ouvrir devant lui l'accès des magistratures municipales. Il fut successivement appelé à remplir les fonctions de procureur-syndic des habitants en 1687, et d'échevin en 1705 et 1723. Décédé en 1737, il fut inhumé en la chapelle des Abord, dans l'église Saint-Pancrace, autour de laquelle étaient concentrées toutes les industries, moulins, foulons, tissages, émouleurs, tanneries qui empruntaient au ruisseau de Couhard leur moteur

et les éléments de leur activité. Sa tombe a été conservée. Il semblait alors que chaque famille arrivée tînt à honneur de consacrer son avènement par quelque fondation religieuse, abbaye, prieuré ou collégiale, destinée à entourer sa sépulture d'une prière perpétuelle. Celles qui ne pouvaient donner cette ampleur à l'expression de leur sentiment de piété, élevaient au moins une chapelle, attenant à l'église paroissiale et séparée de la nef par une grille en fer forgé ou une claire-voie en pierre, de style flamboyant. C'est dans cette chapelle qu'à certains jours de l'année, tous les membres de la famille se réunissaient afin de prier en commun, soit par la récitation de l'office des défunts pour les ancêtres décédés, soit par la célébration d'une messe du SaintEsprit en faveur des vivants. C'est ainsi que, par la prière et par la tombe, la cohésion se maintenait entre les différentes branches d'une famille. La Révolution rasa la chapelle avec l'église et dispersa les cendres.

» A Pierre Abord, notaire, succéda son fils aîné, NicolasSimon, conseiller du roi, receveur des consignations, décédé en 1776. Lazare, fils de celui-ci, né le 18 septembre 1734, décédé le 15 janvier 1822, à l'âge de quatre-vingt-huit ans, fut conseiller au bailliage et siège présidial d'Autun. Pendant sa magistrature, la Révolution survint; elle brisa l'échelle sociale dont nous avons vu chaque génération gravir paisiblement un degré, et dispersa ses débris. Au milieu du chaos tumultueux de la Terreur, du Directoire, du Consulat et de l'Empire, chacun dut se débrouiller et pourvoir à son propre salut. Il s'agissait, tâche ardue, de s'orienter dans le dédale. Lors de la mise en activité de la nouvelle organisation administrative, en 1790, Lazare Abord fut élu procureur-syndic du district d'Autun, fonction qu'il exerça jusqu'au mois de décembre 1792. Il devint ensuite conseiller municipal de 1804 à 1822.

» Son fils, Louis-Maurice, né le 24 septembre 1790, décédé le 16 septembre 1849, eut une existence plus accidentée que ses ascendants. Incorporé en 1812 au 3o des voltigeurs de la garde, puis, passé aux lanciers, il prit part à la campagne de Saxe, en 1813, et assista aux batailles de Lutzen, Bautzen, Vürtchen, de Dresde et de Leipzig. Après la campagne de France, il reçut son congé définitif de libération le 21 décembre 1814, devint sous

lieutenant de la compagnie à cheval de la garde nationale d'Autun, le 25 novembre 1817, chevalier de l'ordre du Lys, le 15 juin 1818, puis lieutenant en 1831, capitaine élu en 1832, et enfin commandant en 1848; il mourut le 16 septembre 1849. C'était le père de notre collègue. Celui-ci né, comme nous l'avons dit, en 1825, avait vu le jour au milieu d'une époque troublée, comme la nôtre, et qui, après quinze ans d'une paix disputée, allait bientôt voir se rouvrir l'ère des secousses et des révolutions. Ce n'était plus le temps où la force acquise est héréditairement transmise, comme dans les siècles antérieurs, et sert de point d'appui et de levier aux générations successives. Chacun doit se suffire à soimême. Hippolyte Abord dut donc se frayer la voie dans la mêlée, ainsi que tous les hommes de son temps et du nôtre.

» Après de bonnes études faites au collège de sa ville natale, de 1834 à 1843, il fut reçu bachelier ès lettres en 1844 et bachelier ès sciences en 1845. Il suivit ensuite les cours de la faculté de droit de Paris, de 1845 à 1849. Après avoir obtenu le diplôme de licencié et accompli un stage de trois ans, il fut inscrit au tableau de l'ordre des avocats d'Autun, le 15 janvier 1853. Il plaida sa première affaire au mois de février suivant et obtint gain de cause. C'était encourageant. Ce succès, cependant, ne l'éblouit pas et, satisfait d'avoir fait honneur à la profession, il ne reparut plus à la barre. Cet éloignement de la carrière active ne le laissait ni indifférent ni étranger aux intérêts de l'Ordre auquel il demeura toujours fier d'appartenir. Cette fierté était légitime. L'ordre des avocats est, en effet, la seule corporation qui ait eu jusqu'à présent l'habileté de se soustraire aux coups qui ont été portés aux corps indépendants, depuis Turgot et la Constituante jusqu'aux plus récents novateurs, et qui ait su demeurer cohérente et unie en face des pouvoirs publics. C'est le seul sanctuaire, encore inviolé, d'où sort souvent la parole vengeresse qui contient l'oppresseur et fait hésiter la sentence. Aussi ne peut-on s'étonner que notre collègue ait tenu à demeurer étroitement attaché à un corps qui a su conserver une existence propre et une indépendance qu'il a maintenue sous tous les régimes. Cette fidélité lui valut d'être élu membre du conseil de l'Ordre en 1878, secrétaire en 1880 et bâtonnier en 1887, réélu en 1888, 1893 et 1897.

« ZurückWeiter »