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Il ne se dérobait à aucun et les remplissait tous avec une égale sollicitude. Sa parole et ses jugements, marqués au coin de l'équité, ne trouvaient pas d'opposants. Ce qu'il avait dit acquérait force de loi comme ce qu'il avait écrit, et à sa parole aussi bien qu'à ses actes on pouvait attribuer l'antique devise de sa corporation Lex est quodcumque notamus. Mais la sévérité de la profession n'avait éteint aucune des facultés allumées en lui aux jours de la jeunesse. Afin de mieux se tenir en garde contre cet engourdissement et se défendre contre cette rouille qui résultent du séjour dans les petites villes, il s'était, dès son retour à Autun, en 1837, abonné à la Revue des Deux Mondes et il lui demeura fidèle jusqu'en 1896. Son esprit trouvait là une nourriture assurément composée d'éléments bien divers mais qui, jointe à d'autres, contribuait efficacement à l'entretien des facultés intellectuelles. Il se maintenait ainsi dans un courant favorable à la vigueur de l'esprit. Ces lectures, toujours nombreuses, aussi bien que les événements de chaque jour, étaient pour lui un sujet de réflexions et de notes personnelles, écrites au jour le jour, qui subsistent et dans lesquelles on aimerait à recueillir les appréciations d'un esprit aussi judicieux. Son domaine de la Barre, près d'Autun, était le but préféré de sa promenade. Il s'y rendait chaque jour à pied, et il fallait que le temps fût bien mauvais pour le retenir au logis et le détourner d'une course qui neutralisait les effets d'une existence trop sédentaire, et contribuait à mettre dans son existence un équilibre dont il s'était fait une loi. Cette visite quotidienne constituait un exercice modéré qu'il s'imposait autant par principe que par goût et qui était un article de son règlement de vie.

» Après les joies de la famille, les réunions périodiques et fréquentes d'amis étaient au nombre de ses plaisirs préférés. Mais de ces amis et contemporains dont le plus âgé, M. Violot, curé de Notre-Dame, était né en 1796 et le plus jeune, M. Bulliot, en 1817, combien lui ont survécu? Aucun. Tous ont succombé avant lui et il s'est peu à peu trouvé le seul et le dernier de sa génération. « Ce qu'il y a de plus triste dans la vieillesse, a-t-on dit, ce n'est pas de vieillir, c'est de survivre, » c'est-à-dire se trouver isolé et comme perdu dans un monde renouvelé qu'on ne comprend pas et dont on n'est plus compris. Cet isolement est la

plus dure rançon d'une longue vie. Mais parler de ceux qui vieillissent, est-ce parler d'Alexis Rérolle dont les facultés intellectuelles et physiques se ressentirent si peu des atteintes de l'âge et qui n'a jamais connu ces défaillances qui enlèvent à la vie tout son prix? Ses amis avaient eu le même privilège. Il l'obtint dans une mesure plus forte puisqu'il les dépassa en âge, sans leur céder dans une présence d'esprit qu'il conserva pleine et entière, jusqu'à la dernière heure. Son existence s'écoula toute au milieu de nous; rares voyages, assiduité et régularité dans le travail et les distractions. Le lendemain ressemblait, trait pour trait, à la veille et les jours se succédaient avec un caractère d'unité qu'ils devaient surtout au christianisme aimé et pratiqué comme le moteur et le régulateur de la vie. S'attachant au seul bien, nul ne fut plus détaché de toutes les superfluités qui lui eussent, semblé plutôt importunes. Il mettait à s'en garer le même soin que tant d'hommes apportent à s'en accabler. Il ne varia jamais dans son éloignement pour tout ce qui surcharge l'existence et la rend esclave de tant de faux besoins et de faux plaisirs. En saluant une dernière fois cet ancêtre qui a vécu près d'un siècle, 1811-1904, nous n'oublierons pas que nous lui devons le beau camée découpé dans un onyx à trois couches de teintes différentes, trouvé à Autun et qui est le plus précieux joyau de nos collections. Ce seul don valait le titre de membre perpétuel qui lui a été donné dans la séance du 21 mars 1901. A cet insigne présent, il a ajouté le don d'une collection, en partie reliée, de la Revue des Deux Mondes, de 1837 à 1896, qui sera utilement consultée par tous ceux qui tiennent à s'enquérir du mouvement littéraire du dix-neuvième siècle. Aussi le nom d'Alexis Rérolle sera-t-il pour nous et pour nos successeurs l'objet d'une recon. naissance qui durera autant que notre Société. »

Après que M. André Gillot eut fait brièvement connaître les excès odieux des écorcheurs, qui pendant près de dix ans désolèrent l'Autunois, vers le milieu du quinzième siècle, M. F. Dejussieu donne lecture d'un intéressant rapport sur l'excursion faite par la Société à Avignon et à Orange, les 14 et 15 août 1904, qui paraîtra dans le prochain volume.

Poursuivant le cours de ses études sur le Val-Saint-Benoit,

M. l'abbé Muguet examine la vie des nombreux prieurs, qui gouvernèrent le Val à l'extrême fin du seizième siècle. Certains d'entre eux durent leur nomination au crédit de celui qu'Henri III avait appelé l'intellect agent de la Ligue, Pierre d'Épinac, archevêque de Lyon, dont la figure intelligente vient d'être récemment mise en lumière. Cependant les candidats sur lesquels s'était porté le choix de l'archevêque de Lyon ne se montrèrent pas meilleurs administrateurs que les autres et ne cherchèrent pas plus que leurs prédécesseurs, à relever de ses ruines le malheureux prieuré, dont la situation alla sans cesse en empirant.

Il est donné lecture de la liste des dons faits à la Société depuis la dernière réunion:

1o Par M. l'abbé Truchot, Distribution solennelle des prix du mercredi 27 juillet 1904 du petit Séminaire d'Autun; Dejussieu, Autun.

2o Par MM. Dejussieu 1° Pensées chrétiennes ou Méthode pour apprendre à lire; Autun, Dejussieu, 1840, in-32 carré de 191 pages; 2o deux feuilles de listes du comité électoral de l'arrondissement d'Autun, en 1849.

3o Par M. L. Trémeau : 1o Généalogie de la maison Le Compasseur (sans lieu ni date); 2° une carte d'électeur du département de la Côte-d'Or, mai 1822, au nom de Richard de Vesvrotte, propriétaire, demeurant à Dijon.

4o Par M. J. Virey, ancien élève de l'École des chartes, Des différentes Époques de construction de Saint-Philibert de Tournus; Paris, Picard, 1903, pl. in-8° de 42 pages.

5° Par M. Derost: le Général Philibert Fressinet, 1787-1821; Marcigny, J.-B. Derost, 1904, pl. in-8° de 7 pages; 2° François Savary, comte de Brèves (1560-1628); Marcigny, J.-B. Derost, 1904, pl. in-8° de 7 pages.

6o Par M. Henri Graillot : 1° les Dieux tout-puissants, Cybèle et Attis et leur Culte dans l'Afrique du Nord, extrait de la Revue archéologique, brochure in-8° de 33 pages; 2° le Forum romain, extrait du tome XVI des Mémoires de la Société

1. La Papauté et la Ligue française; Pierre d'Épinac, archevêque de Lyon (1573-1599), par l'abbé P. Richard, docteur ès lettres. Paris, A. Picard; grand in-8° de xxxvII-672 pages.

archéologique du Midi de la France, brochure in-4° de 23 pages avec un plan; 3° photographie d'un dessin d'Ingres, conservé au musée de Montauban, étude pour le proconsul du tableau du Martyre de saint Symphorien, conservé à la cathédrale d'Autun.

7° Par M. Gaston Abord, procureur de la République à Toulon : collection formée par son père, M. Hippolyte Abord, des journaux et périodiques parus à Autun, depuis 1837 : l'Éduen, le National de Saône-et-Loire, l'Écho de Saône-et-Loire, l'Autunois, le Rappel, la Revue d'Autun, le Positif, le Morvan, la République du Morvan, le Morvan républicain, le Nouvelliste du Morvan, la Croix d'Autun, l'Indépendant du Morvan.

8° Par M. Stouff, professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Dijon : 1o De Formulis secundum legem romanam a VII sæculo ad XII sæculum, Parisiis, Larose et Forcel, 1890, in-8° de 114 pages; 2° le Pouvoir temporel des évêques de Bâle et le Régime municipal depuis le treizième siècle jusqu'à la Réforme; Paris, Larose et Forcel, 1891; deux volumes in-8" de 248-32 et 209 pages; 3° Deux Chartes de franchises en Dauphiné; Bressieux, 1288; la Côte-Saint-André, 1301, Paris, Larose, 1895, in-8° de 52 pages; 4° les Comtes de Bourgogne et leurs Villes domaniales, étude sur le régime communal, forme de l'exploitation seigneuriale d'après le Cartulaire de la ville d'Arbois, suivie du texte de ce cartulaire, de pièces annexes de notes et de tables (treizième et quatorzième siècles), Paris, Larose et Forcel, 1899, in-8° de 219 pages; 5° les Origines de l'annexion de la haute Alsace à la Bourgogne, en 1469. Paris, Larose, 1901, in-8° de xxv-111-197 pages.

9° Par M. de Romiszowski: 1° Notes sur quelques sépultures éduennes de l'époque gallo-romaine, par le docteur Jacquinot; Nevers, Paulin Fay, 1873, in-8° de 6 pages avec une planche hors texte; 2° l'Inscription de Varenilla au musée des Antiquaires de l'Ouest, extrait de l'Épigraphie romaine du Poitou et de la Saintonge; Saint-Maixent, Reversé, 1889; in-8° de 20 pages.

Après le dépôt des publications dernièrement reçues, la séance a été levée à trois heures et demie.

SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1904

PRÉSIDENCE DE M. A. DE CHARMASSE

La Société Éduenne s'est réunie le jeudi 15 décembre 1904, à une heure, sous la présidence de M. A. de Charmasse.

Étaient présents à la séance MM. des Abbayes; Boëll; Boniface; le colonel Brunet; le vicomte de Chaignon; l'abbé Chevailler; F. Dejussieu; Gadant; le docteur Gillot; Émile Gillot; A. Gillot; Guyod; de Lurion; Menand; Pasteur; Pernot; Ph. Pierre; Prévost; de Romiszowski; Sirdey; l'abbé Terret; le vicomte de Thy; le docteur Valat; Verger; Vernin.

M. le président communique les lettres par lesquelles MM. Jacquemard et Roizot remercient la Société de les avoir admis parmi ses membres.

La Société reçoit ensuite en qualité de membres titulaires : M. Alphonse Guerrin, architecte à Autun, présenté par MM. Boëll et Menand; M. Émile Fauron, à Autun, présenté par MM. le docteur Gillot et Chavannes; Mme Camille Vadon, à la Clayette, présentée par MM. Joseph Déchelette et René Gadant; en qualité de membre correspondant, M. Charles Oursel, archiviste-paléographe, bibliothécaire de la ville de Dijon, présenté par MM. Dumay et A. de Charmasse.

M. le président fait part, dans les termes suivants, de la perte de M. Bernard Renault :

« Labor improbus, travail obstiné, sans trêve et sans repos, telle aurait pu être la devise de notre collègue, M. Bernard RENAULT, décédé à Paris, le 16 octobre dernier, à l'âge de soixante-neuf ans. C'était bien, en effet, le travailleur, je ne dirai pas infatigable, puisqu'il a succombé à la tâche, victime volontaire de son amour de la science, mais persévérant, opiniâtre, qui avait fait du travail la loi principale de son existence et qui a suivi sa voie avec une constance et une fidélité dignes d'être proposées en exemple. Aussi, est-ce sous ce jour qui nous est

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