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épitaphe rédigée par Philippe qui a voulu laisser ainsi une véritable apologie de sa conduite. '

» Philippe mourut en septembre 1494, léguant ses grands biens à l'abbaye de Citeaux; mais Guy, son frère puîné, ayant fait casser le testament, conserva la terre de la Roche. Après lui elle tomba aux mains de son fils Regnier et, après la mort de celui-ci, décédé sans enfants, en 1503, à celles de sa fille Anne, épouse de Guillaume de Montmorency et mère du connétable.

» Depuis cette époque jusqu'à la Révolution, la Rochepot suivit le sort commun de plusieurs seigneuries voisines, et en même temps que celles-ci passa de mains en mains. Les Montmorency, les Silly, les d'Angenne en furent successivement possesseurs. Le 15 mars 1617, Charles d'Angenne, chevalier, seigneur de Fargy, reprenait de fief la seigneurie comme mari de Madeleine, fille d'Antoine de Silly. Urbain et Louis Legoux de la Berchère s'acquittaient ensuite du même devoir, le premier le 12 août 1675, le second le 6 juillet 1706; quelques morceaux d'un écusson à leurs armes ont été retrouvés. Pendant trente-quatre ans, jusqu'en 1740, cette famille se maintint en possession de la Roche. Cette terre devint alors la propriété de Philippe-Emmanuel de Crussol, marquis de Saint-Suplice, héritier de Louis Legoux, mais restait peu de temps entre ses mains. Dès l'année suivante, elle était acquise par Henriette Boussard, veuve de Jacques Blancheton, seigneur de Larue, conseiller honoraire au parlement de Metz. De cette dame sont issus les derniers possesseurs; l'un d'eux, J.-B. Blancheton, écuyer, prêtait serment de foi et hommage, le 19 juillet 1749, comme comte de la Rochepot, titre qui lui fut donné par lettres royales de novembre 1745; le 13 août 1766, sa veuve Jeanne Ganiare reprenait de fief au nom de ses enfants mineurs 2. Survint la Révolution; le château, peu

1. Courajod, Leçons professées à l'École du Louvre, II, p. 385 et suivantes. 2. Nous devons remercier M. E. Fyot de nous avoir communiqué les dates des dernières reprises de fief, d'après Peincedé.

V. la description qu'ont donnée du château de la Rochepot: Courtépée (Description générale et particulière du duché de Bourgogne, Dijon, Lagier, 1847, II, p. 344-5); Th. F. (Voyage pittoresque en Bourgogne, etc., première partie, dép. de la Côte-d'Or, 1833, p. 25-7), et Paul Foisset (Répertoire archéologique des arr. de Dijon et de Beaune pub. par la Com. des Antiquités du dép. de la Côte-d'Or, Dijon, Lamarche, 1872, col. 211-2).

à peu délaissé, fut livré au pillage; de grands pans de murs s'écroulèrent et bientôt les herbes folles et les broussailles envahirent les éboulis.

>> Nous descendons dans l'ancienne chapelle où une collation nous était préparée. Se faisant l'interprète de la Société, M. de Charmasse témoigne à M. et à Mme Carnot sa vive reconnaissance pour leur accueil si aimable et renouvelle à notre hôte son admiration pour les soins intelligents donnés à une restauration aussi importante et si bien conduite. Après avoir exprimé de nouveau à M. Carnot nos remerciements pour les gracieux souvenirs dont il a bien voulu faire don à chacun des touristes, nous quittons le château. En descendant les pentes raboteuses de la colline qui lui sert d'assise, nous longeons les restes bien dégradés d'une ancienne demeure, construite en 1570 et connue dans le pays sous le nom de maison Lardillon. Nous avons pu tout à l'heure, au château, en admirer l'une des immenses cheminées qui venait d'y être récemment transférée.

» Avant de quitter le village, nous n'avons garde d'omettre une visite à l'église, autrefois dépendance d'un prieuré, fondé au douzième siècle par une colonie bénédictine venue de Flavigny. Son plan consiste en une nef, aux bas-côtés singulièrement étroits, suivie d'un transept légèrement saillant à l'extérieur, et d'une abside en hémicycle, flanquée de deux absidioles. De proportions modestes, elle n'en est pas moins digne d'intérêt. En effet, malgré les remaniements des siècles, on peut y reconnaître aisément la main des architectes qui, à l'époque romane, élevèrent au milieu des communautés rurales de la Bourgogne tant d'édifices d'importance secondaire, d'une élégante simplicité.

» La physionomie extérieure de l'église a été, il est vrai, profondément altérée. Elle a perdu son ancien clocher qui devait s'élever à sa place habituelle, au-dessus de la travée de choeur; seule, une corniche, soutenue par des modillons très simples, qui à l'abside supporte la retombée du toit, rappelle la construction primitive, ainsi que les parties anciennes du portail qui garda de curieuses traces de polychromie, jusqu'à ce qu'une restauration inopportune les ait fait depuis peu disparaître. '

1. Mem. de la Com. des Antiquités du dép. de la Côte-d'Or, XII, III.

» A l'intérieur, la visite du vaisseau que nous pouvons distinguer encore assez nettement, malgré l'obscurité naissante, permet de noter quelques-uns des traits caractéristiques de l'art pratiqué alors dans les grandes églises de la région par les maîtres romans. Là encore cependant l'œuvre n'est pas parvenue intacte jusqu'à nous. Les voûtes contemporaines de la construction ont disparu, sauf aux croisillons du transept, mais le temps a heureusement épargné les arcades doublées en cintre brisé; de même aux retombées de certaines d'entre elles, quelques chapiteaux historiés existent encore, rappelant le faire dramatique et déjà si sincère des sculpteurs autunois. L'un de ces chapiteaux, très mutilé, porte sur sa corbeille un sujet assez commun dans la région Balaam monté sur une ânesse et arrêté par l'ange, réplique évidente à coup sûr, malgré quelques variantes, du même sujet figuré au portail principal de la cathédrale d'Autun'. Nous retrouvons en outre les cannelures, lointaine survivance de l'art antique, qui aux piliers de chacune des quatre travées couvrent les pilastres tournés vers la nef; enfin le long de la paroi semi-circulaire de l'abside, voûtée en cul-de-four, nous reconnaissons les arcatures à l'archivolte retombant sur des colonnes torses et sur des pilastres cannelés, décoration d'une sobre élégance, analogue à celle dont l'usage fut alors si fréquent au choeur des églises situées dans la partie méridionale de notre ancien diocèse.

» Si les caprices de la mode ont fait perdre à l'église ses vieux autels, elle a cependant conservé quelques pièces intéressantes de mobilier, provenant des dépouilles du château un tableau, représentant sainte Catherine, attribué à l'école de Léonard de Vinci, et deux tapisseries consacrées l'une à saint Georges, l'autre à l'Assomption, vocables sous lesquels l'église a été successivement placée. C'est dans le croisillon nord du transept, que deux membres de la famille Pot, Regnier et Jacques, avaient choisi leur sépulture; du tombeau qui s'élevait autrefois sur quatre supports, il ne reste plus qu'une dalle encastrée dans le sol. Quant au bandeau de litre qui décorait à l'intérieur les

1. La même scène est également représentée sur un chapiteau de la collégiale Saint-Andoche de Saulieu (Côte-d'Or).

murs de ce même croisillon et ceux du collatéral situé du même côté, nous en avons en vain cherché les traces visibles, il y a quelques années, mais sur les murs extérieurs de l'abside, le crépissage, tombé de place en place, le laisse apparaître, portant les armoiries des Blancheton, les derniers possesseurs du château de la Roche. '

» La visite achevée, le retour devait s'effectuer par la route de Vauchignon, dont l'aspect si pittoresque est bien connu des touristes. Le temps nous faisant défaut, nous sommes forcés de reprendre le même chemin. Pour ne pas produire sur nous une impression aussi saisissante, le paysage qui s'offre à nos yeux, en nous rapprochant de Nolay, a un caractère de grandeur austère : devant nous, des vignes s'étendent à perte de vue sur les croupes des collines, de ressaut en ressaut, jusqu'à la ligne lointaine de l'horizon. »

Il a été ensuite donné lecture de la liste suivante des dons faits à la Société depuis la dernière réunion:

1° Par M. Oursel, bibliothécaire de la ville de Dijon, un ouvrage dont il est l'auteur, Courtépée-Papillon, Voyages en Bourgogne (1722-1758); Dijon, Nourry, 1904; brochure in-8° de 113 pages.

2° Par M. Stouff, professeur à l'Université de Dijon, un ouvrage dont il est l'auteur, Un Recueil de jurisprudence et des coutumes bourguignonnes du quatorzième siècle; Larose, Paris, 1905, in-8° de 26 pages.

3° Par M. Dumay, une brochure dont il est l'auteur, l'Entrée de Louis XIV à Beaune, au mois de novembre 1658 (extrait des mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie, 1902); Beaune, Batault, 1903, in-8° de 16 pages.

4o Par M. Gabut, une brochure dont il est l'auteur, le Château de Montaigu, près Troyes (Aube), et les Châteaux des monts du Lyonnais; Mâcon, Protat, 1904, in-8° de 32 pages.

5o Par M. Louis de Longuy, Monographie de la chapelle de

1. Sur l'église de la Rochepot, v. Paul Foisset, ouv. cité, col. 210-1.

Notre-Dame de la Roche, par MM. Cl. et L. Sauvageot; Paris, Morel, 1863, ouvrage relié, 27 planches et 18 colonnes.

6o Par M. et Mme Rérolle-Bulliot, « Coppie collationée du terrier d'Échaulée, appartenant à l'office de chambrier du monastère de Saint-Martin d'Autun », du 22 mars 1450, manuscrit relié.

7° Par M. J.-B. Derost, Cerche des feux à Marcigny-lesNonains en 1644; Marcigny, Derost, 1904, 8 pages.

8° Par la Société d'histoire naturelle d'Autun, Notice sur les travaux scientifiques de M. Bernard Renault avec deux suppléments, nombreuses planches et figures dans le texte; Autun, Dejussieu, 1895, 1899 et 1904, trois volumes in-4°.

9o Par M. Gaston Abord, procureur de la République à Toulon, trois liasses importantes de factums judiciaires et d'imprimés de la période révolutionnaire, complétant le fonds Hippolyte Abord dans la collection de documents d'archives, conservés à l'Hôtel Rolin.

10° Par Mme Mazeran, une tête d'ange en bois sculpté (dixseptième siècle), et une cenochoé en poterie cypriote de Pernola, provenant de la collection du peintre Eugène Froment.

11° Par M. le vicomte de Chaignon, M. le docteur Gillot et M. Patouillard, une brochure dont ils sont les auteurs : Contribution à l'histoire naturelle de la Tunisie; Autun, Dejussieu, 1904, in-4°.

12° Par M. le docteur Gillot, cinq brochures dont il est l'auteur : 1o Répartition topographique de la Fougère Pteris aquilina L. dans la vallée de la Valserine (Jura et Ain); Bourg, 1904; 2o Note de tératologie végétale, 1903; 3° le Typha stenophylla, espèce nouvelle pour la flore de la France; Monstruosités à fleurs doubles de l'Orchis Moris L. (extrait du Bulletin de la Société botanique de France, LI, séance du 22 avril 1904); 4° Sur une variété du Houx commun (extrait de la Revue de botanique systématique et de géographie botanique, octobre 1904); 5° Notices biographiques sur l'abbé Boullu et sur Julien Foucaud (extrait de la Société botanique de France, LI, juin 1904).

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