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seconde fois qu'on observait cette singulière pratique au Beuvray. Une série semblable d'amphores cinéraires, dont l'une contenait un anneau, fut trouvée, il y a trente ans, près du couvent, la pointe de chacune fermant le goulot de la suivante. Celles du bastion du Champlain s'arrêtaient au nord, à 10 mètres du rempart, contre le massif de grosses pierres mentionné plus haut ». 1

Nous voyons par là qu'il faut se montrer prudent à l'égard des « amphores cinéraires ». On a pu parfois donner à tort cette désignation à des vases abandonnés dans des fosses ou utilisés pour des conduites d'eau. Les quelques menus objets, annelets, débris de fer, charbons, etc., signalés ici par Gabriel Bulliot, avaient été tout simplement entraînés par les eaux dans la conduite. Il est assez curieux de constater que le nombre des amphores découvertes au Champlain était également de treize.

Les peuples de l'antiquité classique employaient les amphores vides comme matériaux de construction. On sait qu'à Carthage le R. P. Delattre a trouvé toute une muraille bâtie par ce procédé2. Nous avons vu exhumer à Pompéi un mur similaire en 1902. A Bibracte, rien de semblable n'a encore été observé. Le moellon de construction était trop abondant pour qu'on ait songé à lui substituer d'autres matériaux.

Le grand enclos, PC, 14.

Au sud et à l'ouest de notre métairie, sur le plan de l'oppidum joint à ce mémoire, sont figurés deux grands enclos rectangulaires, dont l'un forme un quadrilatère régulier de 52 sur 48. Comme l'indique le tracé en rouge, il a été fouillé par G. Bulliot qui lui a donné, sur le relevé des

1. Bulliot, Fouilles du Beuvray, I, p. 45.

2. R. P. Delattre, le Mur à amphores de la colline Saint-Louis, Carthage, dans le Bulletin archéologique, 1894, p. 89. On a extrait de ce mur plus d'un millier d'amphores.

fouilles, la cote PC, 15 1. A une dizaine de mètres au sud, on voit encore un second quadrilatère dont il ne reste qu'un des côtés, avec l'amorce de deux autres. Le trait qui représente sur notre plan ce grand côté, aux substructions intégralement conservées, est en partie rouge et en partie bleue. Nous avons en effet repris sur ce point une fouille précédente c'est l'enclos PC, 14, des comptes rendus de G. Bulliot. 2

La découverte d'une villa rustique dans le voisinage immédiat de ces deux parcs paraît en expliquer la destination. L'hypothèse la plus naturelle est en effet d'y voir de vastes parcs à bestiaux dépendant de la même exploitation que la ferme voisine. Nous avons pratiqué quelques tranchées dans l'enclos PC, 14. Il en est résulté une trouvaille imprévue, celle d'un nouvel atelier, non plus de forgerons, mais de fondeur de bronze, tant il est vrai que dans ce grand centre de Bibracte, c'était bien le commerce et l'industrie et surtout l'industrie des métaux qui accaparaient de préférence l'activité des habitants. Mais cet atelier de fondeurs était probablement un peu antérieur à la construction de l'enclos. Il ne se trouvait qu'à quelques mètres de l'angle nord-est du mur.

Nous pensons qu'avant la construction des grandes demeures du Parc aux Chevaux, une corporation de fondeurs de bronze avait établi ses fourneaux sur ce plateau de l'oppidum et qu'elle dut plus tard céder sa place à de nouveaux occupants, c'est-à-dire aux riches habitants qui construisirent en ce lieu leurs grandes villas, leurs métairies et leurs parcs à bestiaux.

Gabriel Bulliot avait déjà ouvert sur différents points le sol de ces enclos. Il est utile de relater ici le compte rendu de ces fouilles.

1. Fouilles du Beuvray, p. 411-415.

2. Ibid., I, p. 411-415.

Il s'agit tout d'abord de l'enclos PC, 15: « Aucune habitation, ni au dehors, ni au dedans, n'est attenante; seulement on y trouve des tuiles à rebords en suivant les murs. La destination de ce parc est donc encore problématique, mais les larges entrées de PC, 14, n'indiquent-elles pas qu'elles servaient de passage à des chariots, à des attelages, à des chevaux? Ainsi s'expliquerait la création de ces parcs ayant une destination quasi-militaire et rasés au moment de l'abandon de l'oppidum. En dehors de cette destination ils en eurent une autre accessoire, fortuite peut-être, mais incontestable et conforme aux mœurs de la Gaule, telles que les fouilles les ont révélées. Ils devenaient le dernier asile de la cendre des morts qui les avaient habités. Sans faire à ce sujet un travail de recherches que ne comportaient pas les ressources, on a rencontré çà et là, en suivant simplement la trace des murs, des creux funéraires, de 1 mètre au plus de diamètre, de même genre que ceux dont on a déjà parlé, renfermant des amphores brisées ou entières avec les os, les charbons, les résidus des bûchers des morts, des médailles et des poteries gauloises. Ces trous sont parfois assez rapprochés. Ne serait-il pas permis d'y voir les sépultures des ambactes, des cavaliers d'escorte, des servants attachés à l'entretien des équipages d'un chef et ensevelis sur le lieu même de leur service? Aussi a-t-on découvert près de l'angle N.-O, à 160 sous le gazon, dans l'intérieur de l'enclos PC, 14, un de ces creux funéraires de 070 de diamètre, renfermant le fond d'une amphore à ossements et dont un fragment portait les dernières lettres d'une estampille tronquée NVS, et sous le pied du vase une grande médaille celtibérienne [de Tarraco], avec un cavalier au revers. Deux autres fosses de 1 mètre de diamètre près du mur opposé, à l'est, renfermaient, l'une un coquillage, signe maritime, l'autre une monnaie de Marseille, une moitié de bronze colonial, l'estampille grecque d'une anse d'amphore NEIKIOS.

En deçà, un quatrième creux donnait une médaille gauloise, les deux suivants, sur le prolongement au sud du mur oriental, cinq médailles gauloises, deux moitiés de pièces coloniales, une grosse clef et une fibule en fer, un anneau de verre brisé, un petit poids en plomb, trois goulots d'amphores portant pour estampilles, l'une une couronne de laurier, les deux autres les lettres AR. Enfin, plus rapprochées de PC, 8, deux panses entières d'amphores étaient couchées côte à côte, dans le même creux. La première ne renfermait que des cendres et paraissait ainsi exclusivement affectée à un mort, mais la seconde contenait une assez grande quantité d'ossements à demi brûlés, mêlés à des espèces de boulettes, formées de cendres agglutinées qui parurent à l'examen d'un spécialiste1 les restes de poumons ou de substances molles de nature analogue mal calcinées. Les os étaient ceux d'un sanglier, mâchoires, côtes, vertèbres, osselets des pattes, etc. On remarqua en outre que les os contenant de la moelle avaient été fendus dans le sens longitudinal; un seul qui n'avait pas subi cette opération était néanmoins percé à l'extrémité comme pour en sucer le contenu. Cette particularité semblerait donc indiquer que la crémation de ce contemporain de la guerre des Gaules avait été accompagnée d'un festin funéraire dont les débris, après le relèvement des cendres du mort, avaient été versés sur les restes encore fumants des tisons mortuaires pour s'y épurer, puis recueillis dans la seconde amphore enfouie avec la sienne 2. »

En rapprochant cette relation de la découverte, en ce même lieu, d'un atelier de fondeur très nettement caractérisé, comme on le verra plus loin, nous sommes porté à croire que quelques-unes de ces fosses dites funéraires, pourraient bien n'être que des fonds de cabanes ou d'ateliers entourés ou encombrés des rejets de cuisine. Tou

1. M. le docteur Gillot.

2. Bulliot, Fouilles du Beuvray, I, p. 412-414.

tefois la présence de monnaies coloniales ne semble pas permettre d'attribuer à cette première occupation, si notre hypothèse est fondée, une date sensiblement antérieure à la seconde. La couche archéologique de Bibracte est partout si homogène qu'il est impossible, même avec les plus minutieuses observations, d'y pratiquer quelques coupures distinctes.

Ceci posé, revenons tout d'abord à notre enclos, pour examiner la construction de sa muraille. Nous l'avons déblayée sur une longueur de 44"20, du côté nord, à partir de l'ancienne fouille. Nous avons ensuite contourné l'angle et suivi la face est jusqu'à son extrémité, soit à 2040 dudit angle. A ce point du tracé, le mur se perd. La face nord dont la substruction est intacte, présente une entrée en pierres de taille, large de 270 1. L'épaisseur du mur est de 075 sur toute sa longueur, c'est-à-dire du double de l'épaisseur ordinaire d'un simple mur de clôture. Ce qui justifie cette dimension, c'est que la maçonnerie soutient une terrasse assez élevée. Elle constitue donc une muraille de soutènement et se trouve renforcée par deux contreforts en pierres de taille, le premier à 7m90 de l'angle, le second à 780 du premier. C'est pour la même raison qu'on a assuré à l'angle du mur une solidité exceptionnelle, en employant pour sa construction de gros blocs de granit parfaitement taillés sur toutes leurs faces et dont deux assises subsistent.

Au premier abord, lorsque nous avons mis au jour cet angle de muraille, dont la planche VII permet d'apprécier l'aspect robuste et dont la figure 5 donne les dimensions, nous étions porté à croire qu'une enceinte établie avec autant de soin renfermait peut-être quelque monument important. Nos recherches ultérieures n'ont pas confirmé ces premières conjectures. Les constructeurs s'étaient

1. Bulliot, op. cit., p. 412.

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