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Couvent, au-dessus des loges de fondeurs de la Come Chaudron, serrées le long de la grande voie, s'est rencontré un nouvel atelier. Plus important par ses dimensions que tous ceux déjà connus, il nous montre à quel degré très avancé de développement l'industrie sidérurgique était parvenue chez les Éduens. Un atelier pour l'exploitation du fer constituait déjà une sorte de petite usine, nécessitant un corps de bâtiment d'une longueur de quatre-vingts mètres. Beaucoup plus modestes sont les officines des fondeurs de bronze. Il semble que ceux de Bibracte se soient surtout adonnés à la fabrication de menus objets, clous émaillés, fibules, anneaux, petits ustensiles. Livraient-ils aussi au commerce de grands ouvrages de chaudronnerie, vases, situles et autres pièces de vaisselle? Les fouilles ne nous en donnent pas la certitude matérielle, mais comme nous trouvons à cette même époque des récipients de bronze ou de cuivre qui appartiennent en propre à l'industrie gauloise, il est permis de croire qu'un centre de fabrication de l'importance de Bibracte n'est pas resté étranger à cette production.

Sur le plateau du Parc aux Chevaux, les nouvelles fouilles nous ont procuré un spécimen curieux et bien conservé d'une métairie, et comme tous les types des constructions de Bibracte sont d'origine italique, nous pouvons étudier ici, en territoire éduen, les dispositions d'une petite villa rustica romaine du début de l'époque impériale, alors que sur le sol même de la Péninsule, les habitations appartenant à cette époque sont extrêmement rares.

Enfin le petit balnéaire du Parc aux Chevaux se place, de son côté, dans l'ordre d'ancienneté, en tête des très nombreux thermes que la période impériale a laissés sur le sol de la Gaule. On retrouve déjà dans ce modeste édicule les parties essentielles des grands établissements de date ultérieure et notamment l'emploi de l'hypocauste supendu sur des pilettes de briques. Ce dispositif était alors, à Rome

même, une véritable nouveauté, puisque l'invention en était due à un contemporain de Cicéron.

Notre balneum ne peut dater que de l'époque de César ou de celle d'Auguste. Durant l'hiver qui suivit la prise d'Alésia, deux légions installèrent à Bibracte leur quartier d'hiver. Le proconsul lui-même vint s'y reposer de ses fatigues. Son questeur, Marc-Antoine, l'accompagnait. Le vainqueur de Vercingétorix quitta l'oppidum le 31 décembre 52, pour réprimer un mouvement offensif des Bituriges, mais il y revint quarante jours plus tard pour y passer encore dix-huit jours, sa seconde villégiature ayant été interrompue par une querelle survenue entre les Bituriges et les Carnutes. D'autre part, nous savons que des négociants romains suivaient l'armée de César. Bibracte, centre commercial et industriel de premier ordre, était naturellement désignée comme un des plus importants entrepôts du commerce italique, auquel la conquête de la Gaule, définitivement accomplie, assurait de nombreux et larges débouchés. Il ne serait donc pas impossible que quelques-unes des constructions établies au Parc aux Chevaux, sur le plan des constructions romaines, et notamment notre petit balnéaire, aient été édifiées non pas par des Gaulois mais par des Romains.

L'occupation de la métairie et de l'atelier de forgerons s'est prolongée jusqu'à l'abandon de l'oppidum, comme l'indique la présence de fragments de poteries sigillées, appartenant au temps d'Auguste. On se contentait jadis d'interroger les trouvailles monétaires pour déterminer la date. approximative des stations gallo-romaines. Aujourd'hui que les études de céramographie romaine sont beaucoup plus avancées, nous nous trouvons, surtout pour les premiers temps de l'époque impériale, en possession d'un chronomètre nouveau, qui doit nous aider à contrôler les résultats obtenus à l'aide des monnaies. En ce qui concerne celles-ci, nous avons pu accroître de 153 exemplaires nouveaux (non

compris les pièces trustes), le médaillier bibractien de la Société Éduenne. Or, la composition de ce nouvel appoint confirme une fois de plus les constatations indiquées par M. Bulliot, dès l'origine des fouilles, en 1867, et précisées par M. de Barthélemy: les monnaies les plus récentes sont encore les mêmes bronzes des colonies de Vienne et de Nimes.

Interrogeons, d'autre part, les marques de potier. Cellesci appartiennent toutes aux fabricants d'Arezzo, car l'industrie de la poterie sigillée n'était pas encore exploitée sur le territoire gaulois. Elles sont au nombre de sept. Si nous éliminons la marque Eros, simple nom d'esclave dont le maître n'est pas indiqué et qui ne saurait par conséquent se prêter à des comparaisons significatives, il nous reste les six estampilles suivantes :

1. Atei.

2. P. Âtti.

3. [Ra]sini Memmi.

4. Tetti | Sam(ia).

5. L. Titi) Thyrsi.

6. Rufio [L]. Umbrici.

Or, nous avons maintenant, grâce à des découvertes récentes faites en Westphalie, une station antique dont l'occupation est limitée à une durée de vingt à trente années, durée qui coïncide en partie avec les derniers temps de Bibracte. C'est le castellum d'Aliso, mentionné par Tacite dans son récit sur l'expédition de Germanicus, en l'an 16 après Jésus-Christ, localité qui porte actuellement le nom de Haltern1. Aliso n'a été occupé que pendant

1. Haltern und die Altertumsforschung an der Lippe, Muenster, 1901, in Mitteil. der Altertums-Kommission fuer Westfalen (voir surtout le chapitre B, Die Fundstuecke, par M. Ritterling. Un second compte rendu de fouilles ultérieures

a été publié dans le tome III du même périodique, par M. Hans Dragendorff : Ausgrabungen bei Haltern. Die Fundstuecke aus dem grossen Lager und dem Uferkastell, 1901-1902.

l'espace de temps qui s'est écoulé entre la première campagne de Drusus et le rappel de Germanicus. A partir de cette date, les traces de la civilisation romaine s'effacent dans le Hanovre et la Westphalie. Si l'hypothèse de l'abandon de Bibracte vers l'an 5 avant notre ère est fondée, au moment de cette désertion de l'oppidum, le castellum d'Aliso existait depuis quelques années déjà, et ce synchronisme d'occupation doit se manifester par une certaine similitude des types industriels, en particulier des objets d'importation. C'est précisément ce que les marques de poteries arrétines nous permettent de constater. Des sept potiers dont les noms figurent sur nos six marques, cinq se retrouvent également à Haltern :

1. Atei, plusieurs variantes.

2. Atti.

3. C. Mem(mi).

4. Rasin(i); Rufi(0) Rasi(ni).

5. LT(iti) T(h)yrsi. Plusieurs exemplaires.

Ainsi les découvertes céramiques s'accordent avec les trouvailles monétaires, pour nous démontrer que les derniers temps de l'occupation de l'oppidum éduen appartiennent bien au milieu du principat d'Auguste. On pourrait aisément aboutir à des résultats analogues en comparant d'autres types de poterie, mais comme il s'agirait de vases anépigraphes, les traits de similitude que nous observerions ne sauraient être aussi frappants.

Nous comptons reprendre prochainement ces fouilles de Bibracte, interrompues depuis 1901, et les poursuivre, s'il nous est possible, jusqu'au jour où il nous semblera que l'archéologie gauloise et gallo-romaine n'aura plus à attendre de notables profits de la continuation des travaux.

APPENDICE

NOTE SUR LES PRINCIPAUX TYPES DE POTERIE

Sur la plupart des points où nos fouilles ont porté, durant nos explorations successives à Bibracte, nous avons rencontré des fragments des mêmes types de céramique gauloise et italique dont des spécimens sont reproduits sur nos planches XVII-XXII.

Voici l'énumération de ces types principaux :

1o Amphores, importées d'Italie ou de la Narbonnaise. Nous n'en avons pas retiré une seule absolument intacte. Comme nous l'avons dit, le plus grand nombre de ces amphores sont dépourvues de leur col et de leurs anses. La figure 2 reproduit leur forme. La couleur de la pâte est rougeâtre; parfois le vase est recouvert d'un engobe blanc. Le timbre du fabricant, qui ne se rencontre d'ailleurs que par exception, est ordinairement apposé sur le rebord de l'orifice.

2 Grands dolia à panse presque sphérique et fond plat. L'orifice de ces vases, aux parois épaisses et de large diamètre, est entouré d'un rebord plat, creusé de cannelures concentriques. Au-dessous de ce rebord, ordinairement revêtu d'une couleur noire, sorte d'engobe dont l'analyse chimique pourrait seule indiquer la nature, le haut du vase est orné d'une zone de traits, gravés dans la pâte fraîche à l'aide de l'ébauchoir; ils dessinent des hachures obliques ou verticales, des feuilles de fougère, etc. (pl. XIX, fig. 1-4). Un de ces dolia, reconstitué, figure au musée de SaintGermain, au-dessus de la vitrine principale des objets du

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