Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

de contestations entre l'évêque d'Autun et le comte de Nevers. Nous n'en connaissons pas les motifs, mais Courtépée nous apprend que ces différends furent terminés par une sentence arbitrale rendue en 1239, en vertu de laquelle il fut ordonné « que l'on ne pourrait se rien redemander pour raison de blessures, infractions, incendies de villes et de maisons faites de part et d'autre ; » singulière justice de réciprocité, absolvant un crime par un autre crime!

Eudes de Chatillon eut trois enfants: Jehan, Marguerite et Jehanne. C'est aux deux filles qu'échut, par moitié, le fief de Glenne. Marguerite épousa Estevenot ou Stéphane, fils d'Hugues de Neublanc, et lui porta sa part. De son côté, Jehanne épousa Jehan de Cuiseaux. Ainsi, les deux seigneurs de Glenne furent conjointement, pendant quelques années, Stéphane de Neublanc et Jehan de Cuiseaux. Mais cette situation fut de courte durée. Bientôt, Stéphane de Neublanc fut contraint d'emprunter, pour lui et pour son père Hugues, six cents livres à son beau-frère Jehan de Chatillon, et lui donna comme gage, le 3 avril 1253, ses droits sur la moitié de Glenne. Jehan s'obligea, d'ailleurs, à prendre soin du domaine et « mit en la main » des emprunteurs dix chevaliers comme cautions et otages 2; « car, disait-il, j'ay juré sor seinz évangiles de rendre lou chastel et la chastellenie de Glane et les apertenances dès la Touzseinz en la totes les foiz qu'ils me rendroient lesdites vie livres. » 3

D'autre part, la situation de Jehan de Cuiseaux n'était guère plus prospère. Lui aussi fut forcé d'engager sa part sur Glenne pour deux emprunts consécutifs qu'il fit à

1. Tome II, p. 573.

2. Les dix chevaliers dont il est question se nommaient Girard de Varenne, Hugues Coquin, Hugues Parcevaul, Guillaume Moart, écuier, Pierre lou proost de la Roche, Pierre Coquin, Guy le Borgoin, Pierre de Montenteaume, Hugues de Lucenay, chevaliers, et Guy de Monz, écuyer.

3. Cartulaire de l'Évêché d'Autun, par A. de Charmasse, p. 117.

Girard, évêque d'Autun. Une première fois, le 11 janvier 1255, l'évêque acquitta, pour le sire de Cuiseaux, une dette de 50" que celui-ci devait à Guillaume, vierg d'Autun. Une seconde fois, en mai 1258, Jehan de Cuiseaux reçut directement de l'évêque Girard une somme de 600" viennoises. 1 Quant à Stéphane de Neublanc, il fut lui-même obligé de recourir aux bons offices de l'évêque et mit en gage sa part de Glenne pour un prêt de 400" viennoises. C'était, somme toute, un gage en second que Jehan de Chatillon dut racheter à l'évêque, en même temps, sans doute, que la part de Jehan de Cuiseaux; car, deux années plus tard, au mois d'octobre 1260, nous trouvons la châtellenie entière entre les mains de Jehan de Chatillon2. C'est du moins ce qui ressort de la lettre suivante dont nous citons les passages essentiels :

Nos Robertus, Dei gratia Nivernensis episcopus, et nos frater Pontius, abbas sancti Loci, etc................. notum facimus universis quod nobilis vir Johannes de Castellione (en Bazois) recognovit et recognoscit in presentia nostra, propter hoc constitutus, se tenere a venerabili patre Girardo, Dei gratia Eduensi episcopo, nomine episcopatus Eduensis, castrum Glane et totam castellaniam cum omnibus feodis tam infra quam extra existentibus, possessionibus, redditibus, justiciis, dominiis, juribus et quibuscumque rebus aliis ad dictum castrum vel ejus castellaniam spectantibus....... 3

Les fiefs mouvants de Glenne à cette époque sont contenus dans une pièce datée du 12 juin 1262 et relatée au Cartulaire de l'Évêché d'Autun, p. 207. Voici le résumé de cette pièce :

Pierre de Reclenne, chevalier, et Durand, chapelain de Glenne, affirment que tout ce que les seigneurs de Verrière tiennent dans la vallée de Somans relève de Glenne. Le Sr de la Perrière doit aussi hommage au Sr de Glenne « Item dominus de Perreria debet esse in

1. Cartulaire de l'Évêché d'Autun, par A. de Charmasse, p. 122.

2. Ces obligations gages étaient devenues nécessaires à la suite des ordonnances de 1240 et de 1254 qui prohibaient le prêt à intérêt.

3. Cartulaire de l'Évêché d'Autun, par A. de Charmasse, p. 113.

homagio domini de Glane, de tribus levibus', de quibus Estan est jurabile et etiam reddibile. »>

Le territoire de la Celle 2 dépend de Glenne.

Renier d'Estan en relève pour ce qu'il possède à Musies, à la Place,

à Champrond et à Rully.

Item le Sr de Chaseul « super omnia levia » et Chaseul.

Item Laizy item le Sr de Vauteau (de Vautouello) et sa maison forte item les Sr de Couches et de la Roche de Nolay item le Sr de St Léger du Bois pour Longchamp, le Clou et S' Léger - item le Sr de Lally pour ce qu'il possède à Chancigny, Muse et Azé item le Sr d'Igornai item le Sr de Bois-Thierry pour ce qu'il positem le prévot de Somans item les Boisserans d'Autun ;

[ocr errors]
[ocr errors]

-

sède dans la paroisse de Tavernay item Girard de S' Symphorien Hugues de la Tour et Girard de Visegneux pour ce qu'il tient à Longeverne et à S' Léger item le fils de Guillaume Cadou, les Srs de la Comelle, les héritiers de Gaudefroy Besort, Huguenet de St Léger, la veuve du sire de St Aubin, la veuve du sire de Bordeaux et la dame de Billey.

[ocr errors]

Le seigneur de Glenne à la grande justice au territoire de Lieu, et une partie de S' Prix lui doit hommage.

Pierre d'Arcy relève de Glenne pour ce qu'il a dans la châtellenie. Item Gauthier de Valle, Guion de Borz, Pavoz, le nommé Taverne, Pierre de Reclennes, Girard de Moncharme pour ce qu'il possède sous Touchebon et le prévot de Glenne.

Enfin, le vendredi après la fête de S' Barnabé 1262, sur le pont de Glenne, Guillaume de Marigny fit foi et hommage à Jehan Sr de Chatillon et de Glenne pour le chateau de Marigny, et la villa de Barbarie. Les témoins de l'acte furent le prêtre de la Roche Guillaume, le Sr Guy de Barbarie et Gerard, clerc d'Oucepoy.

Comment se fait-il qu'au mois de mai 1268, Marguerite de Chatillon, autorisée par son mari, Stéphane de Neublanc, fasse encore une reconnaissance à l'évêque d'Autun pour la moitié de Glenne?3. Ce fait s'explique en supposant que Stéphane de Neublanc, réduit à la saisine de droit, n'avait

1. Selon du Cange, levibus aurait ici le sens de fiefs, mais il donne cette expression comme douteuse.

2. Pour la désignation plus spéciale des localités, consulter la table géographique du Cartulaire de l'Évêche d'Autun.

3. Cartulaire de l'Évêché d'Autun, par A. de Charmasse, p. 206.

pas renoncé à l'espoir de rentrer en possession effective de son fief par le remboursement de sa dette, Mais cet espoir fut déçu, car la propriété complète passa quelque temps après à Jehan de Chatillon.

Ce dernier fut marié deux fois. De son premier mariage il eut une fille qui épousa le sire de Saint-Verain. Du second mariage il eut trois enfants, Jehan, écuyer, Henri, chevalier, et Hugues, clerc. Le sire de Saint-Verain et sa femme moururent prématurément, laissant un fils nommé Gibault, incapable de défendre ses droits contre la cupidité de ses oncles. Ceux-ci en profitèrent pour usurper la plus grande partie de l'héritage de leur neveu. C'est en 1289 seulement que Gibault de Saint-Verain 1 s'avisa de revendiquer ce qui lui était dû. Il intenta un procès à Jehan,

1. Maison de Saint-Verain. La maison de Saint-Verain, originaire du Nivernais, était fort ancienne; voici sur elle quelques documents succincts, extraits des archives de la Côte-d'Or et des titres de Nevers :

Les deux frères Gibauld et Regnauld de Saint-Verain figuraient comme témoins pour Guy, comte de Nevers, en 1173. Puis nous trouvons successivement: Hugues de Saint-Verain, en 1198; Pierre de Mello, S de Saint-Verain, en 1209; Renaud de Saint-Verain et sa femme Agnès, en 1223; Hugues de Saint-Verain avec sa femme Isabeau, de 1226 à 1259; Gibaut de Saint-Verain, en 1289; et son oncle Jehan, archidiacre de Sologne, donataire de son neveu; Guy de Saint-Verain, sire d'Asnois, en 1305; Jeanne de Saint-Verain, demoiselle de Vaignory, en 1316; Hugues IV de Saint-Verain et la demoiselle de Sainte-Hermine, sa femme, en 1320; Guyot de Saint-Verain, écuyer, seigneur d'Asnois et sa femme, Isabeau de la Rivière, en 1324; Jean, prieur de Saint-Verain, et Gibaut, S' de Saint-Verain, de la Celle et de Saint-Julien, en 1326; Gibaut de Saint-Verain et Jeannette de Courcelle, sa femme, en 1331; Huguenin de Saint-Verain, en 1334; Marguerite de Saint-Verain qui rend hommage à Jehan d'Amboise, Sr de Saint-Verain, en 1336; Etienne de Saint-Verain, en 1338; il était chevalier, sire de Jussy, en Auxerrois et réformateur en la comté de Bourgogne; son sceau portait de..... au chef chargé de trois espèces d'écussons alternant avec les trois pendants d'un lambel. Viennent ensuite, en 1358, Jean de Saint-Verain dont le sceau porte une croix au lambel de..... à cinq pendants, et en 1384, Jean de Saint-Verain, clerc et commissaire enquêteur, dont le sceau porte un chevron accompagné de trois lions naissants et, comme timbre, une sorte de pélican avec un phylactère. Il épousa, en 1396, Isabeau de Pacy, veuve de Mile, S de Noyers et de la Celle; sa femme lui apporta ses titres et la moitié de la seigneurie de Noyers. Il était, en 1401, président de la chambre des enquêtes à Paris. Un Jean de Saint-Verain est dit, en 1405, écuyer sous le S' de Coulches et porte les titres de sire de Marmeaux et de Pacy. A la montre du comte de Nevers, en 1410, figure Bureau de Saint-Verain, écuyer. C'est dans la première partie du quinzième siècle, que s'éteint la famille originaire de SaintVerain, par la mort sans postérité des enfants de Jean de Saint-Verain, président

Henri et Hugues de Chatillon, en se basant sur ce que la coutume locale voulait qu'il eût tout d'abord la moitié des biens possédés par messire Jehan, son père, au moment de son premier mariage, la moitié de ce que nous appellerions aujourd'hui les acquêts de communauté, « avec lou meillor maneu1, » et enfin le quart du surplus, représentant « sa partie de frèrage. » Il réclamait en outre 12,000" d'indemnités pour les arrérages induement perçus par ses oncles. Ceux-ci, comme bien on pense, faisaient la sourde oreille, et il fallut l'intervention d'un « conseil de bones genz » présidé par Pierre, évêque d'Orléans, pour amener les parties à une transaction au mois de décembre 1289. En vertu du compromis, Gibault prit pour sa part la maison de Vilaine en Bazois, celle de Tavernay, la moitié de Glenne, et quelques autres domaines de moindre importance.

2

A peine en possession de son héritage, Gibault s'en dessaisit, le 20 avril 1294, en faveur de son oncle, Jehan de

de la chambre des enquêtes. Seule, sa petite-fille, Isabeau de Saint-Verain, demoiselle de Montcoquier et d'Asnois, épousa Jean du Colombier dont elle eut un fils, Pierre du Colombier. Elle était veuve déjà en 1419, année où elle fit son testament, mais ne mourut que fort longtemps après, car c'est en 1469 seulement que son fils Pierre entama un procès pour réclamer la succession de Gibault, Bureaul, Marguerite et Jean de Saint-Verain, ses grands-oncles et grand'tante, du chef de sa mère, nièce des trépassés. Le procès se termina par une transaction avec Jeanne de Coulches, autre héritière indirecte. Ainsi les héritiers du nom étaient bien éteints, mais la dénomination de S" de Saint-Verain passa avec les terres, vers 1425, sans doute par suite d'une vente, aux d'Amboise d'Aigreville. C'est pourquoi nous trouvons, en 1427, demoiselle Isabeau d'Amboise d'Aigreville d'Asnois et de Saint-Verain-les-Boys. La seigneurie était, en 1480, divisée entre les d'Aigreville et Louis Trousseau, Sr de Rosemont. Une série de ventes, toutes faites en cette année 1480, rendit les comtes de Nevers possesseurs des territoires de Saint-Verain.

Les Saint-Verain étaient alliés très anciennement aux Mello (1209); aux Chatillon, par le mariage d'un sire de Saint-Verain avec une Chatillon, vers 1270; aux Chastellux, par le mariage de Jeanne de Saint-Verain avec un Chastellux, en 1385; aux du Blé, par le mariage d'Anne de Saint-Verain avec Claude du Blé, en 1447; aux la Rivière, par le mariage de Guyot de Saint-Verain avec Isabeau de la Rivière, en 1324.

Les armes reconnues de Saint-Verain figuraient aux vitraux du château du Rousset, près d'Arnay-le-Duc. Elles étaient d'argent au chef de gueules.

1. Manoir.

2. Cartulaire de l'Évêché d'Autun, p. 213.

« ZurückWeiter »