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tissent point l'Eglise où ils sont des inconvéniens les plus atreux, puisqu'ils ont été selon lui dans l'Eglise Romaine sans la garantir de l'idolâtrie: ils n'ont pu l'empêcher d'être la Babylone et le règne de l'antechrist.

S'il dit qu'au moins le privilége de l'élection empêchera les élus de faire aucun schisme entre eux ; qu'il jette les yeux sur Luther et sur Calvin : c'étoient les deux hommes suscités de Dieu pour tirer les hommes des ténèbres de la papauté, selon M. Jurieu. Il faut pourtant que l'un des deux se soit trompé, et sur le sens des écritures, et sur la divinité des livres même de l'Ecriture. L'un trouve la présence réelle manifeste dans le texte sacré; l'autre la rejette comme une absurdité impie l'un retranche l'Apocalypse avec les deux Epitres de saint Jacques et de saint Jude; l'autre les admet. Mais ce qui est le plus décisif pour notre question, leurs sectes ont été jusqu'ici toujours divisées comme leurs personnes; et nonobstant l'offre d'union que les Calvinistes ont fait aux Luthériens, il y a près de soixante ans, à Charenton, ceux-ci rejettent leur communion, et ne cessent de les condamner. Voilà donc ces prétendus élus qui se contredisent sur l'Ecriture jusqu'à la mort, et dont par conséquent une partie se trompe toute sa vie. Ainsi la grâce de l'élection qu'on nous allègue ne remédie point aux schismes, aux dégradations des pasteurs, aux translations du ministère, et à toutes les révolutions séditieuses qu'on peut attendre de l'indépendantisme, s'il est vrai que le peuple a un droit naturel de dis

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poser du ministère selon ses besoins. N'est-il pas étonnant qu'on regarde comme un joug tyrannique l'autorité si naturelle des pasteurs sur le peuple, pendant qu'on ne craint point de donner une autorité si souveraine et si odieuse sur les pasteurs au peuple même ?

Que ne doit-on pas craindre d'un troupeau qu'on flatte jusqu'à lui donner pour premier principe, qu'il ne doit suivre ses pasteurs, que quand il trouve que la voie du pasteur est bonne, qu'il peut les dégrader dès qu'il s'aperçoit que ces pasteurs le conduisent mal, qu'ainsi il est le juge de ses juges mêmes, et que la finale résolution appartient, non aux pasteurs, mais au troupeau ?

Si on soutient que les clefs n'appartiennent qu'aux seuls élus, Jésus-Christ les a donc confiées à des hommes inconnus, qu'on ne peut jamais trouver, qui ne peuvent se reconnoître les uns les autres, et dont chacun ne peut se connoître soi-même. L'un auroit donc les clefs, sans savoir s'il les a; l'autre, croyant les avoir, ne les auroit point. Jamais ils ne pourroient redemander les clefs à ceux qui en seroient les dépositaires, que sur leur élection, dont ils ne pourroient trouver aucun titre.

Si on dit que les clefs appartiennent à toute la société visible où sont renfermés les élus, il faut que cette société montre qu'elle contient les élus : autrement toute société qui prétendra avoir chez elle le résidu de l'élection, pourra expliquer mal les Ecritures, et s'autorisera dans le schisme, en disposant du ministère. La société où sont les élus sera autant dans l'impuissance de prouver qu'elle con

tient les élus, que les élus eux-mêmes de montrer le titre de leur élection.

Vous vous trompez, dira M. Jurieu; une société qui a la saine doctrine est assurée d'avoir les élus ; car la saine doctrine n'est point stérile; partout où elle est, elle enfante des élus : ainsi la saine doctrine est le signe certain de l'élection. Vous vous trompez vous-même, lui répondrai-je. Comment savez-vous que vous avez dans votre société la saine doctrine? Ce ne peut être que par l'élection. Voici comment. Il faut le don de la foi pour bien entendre l'Ecriture, et pour trouver la saine doctrine. L'Ecriture n'a point par elle-même, selon vous, une évidence qui se fasse sentir sans grâce. De plus, la foi à temps, comme parlent les Protestans, ne suffit pas pour une pleine certitude: car si elle n'est qu'à temps, qui vous a dit que vous ne l'avez point perdue, et que vous ne vous trompez pas ? Je veux supposer que ceux qui ont cette foi à temps sont bien sûrs, pendant qu'ils l'ont, de ne se tromper pas: mais ceux qui l'ont perdue, et qui commencent à se tromper, croient l'avoir encore, et sont dans une fausse certitude. Comment savez-vous, ô Protestant, que vous n'êtes point, avec toute votre église, dans cet état d'illusion? Il ne peut y avoir que le don d'une foi constante et inamissible qui vous tire de cette incertitude. Une foi variable sujette à manquer, ne sauroit le faire : mais la foi inamissible ne se trouve que dans les élus. Vous ne pouvez donc être assuré de cette foi que par votre élection. Ainsi il n'y a point de milieu. Il faut dire que l'Ecriture est claire par elle-même sans grâce,

et

et qu'ainsi, sans grâce même, on peut s'assurer qu'on a la saine doctrine, ce que M. Jurieu n'oseroit dire; ou bien il faut avouer que la foi à temps ne suffisant pas pour la certitude, parce qu'on peut ne l'avoir plus, bien loin de pouvoir s'assurer de l'élection par la doctrine, on ne peut au contraire s'assurer de la doctrine que par l'élection. Ainsi, les peuples ne pouvant s'assurer de leur élection par la vérité de leur doctrine, ils ne sont jamais en droit de dire que le ministère leur appartient, ni par conséquent d'en disposer au préjudice des anciens pasteurs. Voilà ce qui renverse le nouveau ministère des Protestans, quand même on conviendroit avec eux que le ministère des clefs appartient à la société des élus.

J'ai cru devoir montrer dans ce chapitre, dans toute leur étendue, les contradictions et les inconvéniens du systême de la prétendue réforme, afin qu'on puisse le comparer avec le nôtre, que je prouverai clairement par l'Ecriture, dans les chapitres suivans.

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M. Jurieu expliquera, comme il voudra, l'état du sacerdoce sous la loi de Moïse. Il dira que Dieu avoit commandé au peuple de faire une cession de son droit à la race d'Aaron. L'inconvénient est que

cette explication vient, non pas de l'Ecriture, mais de l'invention de M. Jurieu. Le fait rapporté par l'Ecriture est que le ministère a été, par la souveraine disposition de Dieu, pendant quinze cents ans, inviolablement successif et indépendant du corps populaire, c'est-à-dire tel que nous soutenons que le nôtre est maintenant. Si cet ancien ministère, qui n'étoit qu'une ombre du nouveau (1), et que saint Paul nomme un ministère de mort et de condamnation (2), a été conservé dans un corps de pasteurs successifs, qui, par la vertu attachée aux promesses, n'est jamais tombé, et qui n'a jamais été à la disposition du peuple ; à combien plus forte raison doit-on croire que ce privilége a été donné au ministère de vie et de grâce. La vérité ne doit pas avoir moins que sa figure. Mais voyons la suite.

Comment est-ce que le ministère nouveau est substitué à l'ancien? Jésus est envoyé par son père. Il ne s'est point glorifié lui-même pour être pontife. Comme son père l'a envoyé, il a envoyé ceux qu'il a choisis. Voilà la forme donnée par la mission à tous les siècles futurs. Ceux qu'il choisit et qu'il envoie, il les charge d'en choisir et d'en envoyer d'autres après eux. Cette succession d'hommes qui se communiquent la mission divine, n'a aucune borne dans l'Ecriture, et ne doit par conséquent en avoir aucune dans la suite des siècles.

Remarquez que Jésus-Christ commença son ouvrage par le corps pastoral. Il forma les apôtres, qui devoient dans la suite former les fidèles, et fonder les églises. Quand l'assemblée des fidèles fut formée, (1) Hebr. x. I. — (2) II. Cor. 111. 7, 9,

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