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dans la suite des pasteurs dépendans de lui? On ne trouve dans ces paroles aucune trace de distinction entre deux ministères, ou entre deux manières différentes de donner le même ministère pastoral. Les mêmes paroles qui établissent les apôtres pasteurs indépendans, souverains, infaillibles, selon les expressions de M. Claude, établissent leurs successeurs elles ne disent pas un seul mot pour les uns plus que pour les autres. Pourquoi les croire si efficaces et si étendues pour les apôtres, si impuissantes et si restreintes pour leurs successeurs, qu'elles regardent comme eux sans distinction? Il faut que les Protestans avouent que l'Eglise a duré, pendant la vie des apôtres, sous cette forme que nous prétendons qui subsiste encore. Le peuple fidèle, pour qui le ministère étoit établi, vivoit soumis à ce ministère, sans avoir aucune liberté d'en disposer. L'autorité divine, me dira-t-on, avoit dépouillé le peuple de son droit. Voilà donc le peuple dépossédé, et les ministres indépendans. Sur quel titre le peuple, dépossédé par une institution divine qui ne distingue jamais les premiers pasteurs des autres, peut-il reprendre la possession qu'il a perdue? Dans le texte évangélique tout est unique, un seul ministère, une seule sorte de clefs, une seule manière de les recevoir et de les exercer. Pourquoi imaginer des différences que l'Ecriture ne fait point? Si deux hommes étoient appelés à une succession par un testament dont les clauses ne marquassent jamais aucune distinction entre eux, pourroit-on dire que le droit de l'un seroit plus grand que le droit de l'autre? l'égalité des termes du titre seroit une preuve invincible de

l'égalité des droits. Pourquoi donc supposer des inégalités entre les premiers pasteurs et ceux qui les suivent, puisque l'institution commune, prise religieusement à la lettre, rend tout égal?

Quoi donc ! diront les Protestans, vous prétendez que le corps des pasteurs, dans la suite de tous les siècles sans interruption, est souverain et infaillible, comme le collége des apôtres ? Oui, sans doute. D'où venoit aux apôtres cette infaillibilité qu'ils avoient, non en qualité d'auteurs canoniques, ou de prophètes, ou d'hommes inspirés de Dieu, mais en qualité de pasteurs? Elle n'est point promise à chacun d'eux en particulier,

Les promesses sont communes, et nous les avons déjà vues souvent. Enseignez, baptisez, je suis avec vous. Voilà les promesses qui les regardent en qualité de pasteurs; mais elles les regardent tous également, et en corps. Ils n'ont point reçu d'autres promesses d'infaillibilité, que celle-là, et celle-là leur est commune avec leurs successeurs. Je suis, dit-il, avec vous jusques à la fin des siècles. Ainsi l'assemblée des pasteurs peut dire en tout temps ce que l'assemblée des apôtres disoit au concile de Jérusalem (1): Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous. Quand les hommes parlent ainsi, ils se fondent, non sur leur propre force, mais sur la promesse qui soutient leur infirmité. Les apôtres le disoient humblement, et leurs successeurs peuvent le dire de même.

(1) Ael. xv. 28.

CHAPITRE V.

Saint Paul montre que le ministère est indépendant du peuple.

Il nous reste à voir comment saint Paul parle sur le ministère. Dit-il que les élus étant immobiles par leur élection, c'est à eux à relever le ministère du corps des pasteurs abattu, ou à le raffermir quand il sera chancelant? Tout ou contraire, il assure que le corps des pasteurs est donné avec le ministère pour soutenir les élus mêmes. Voici ses paroles. Je les rapporte selon la version de Genève, parce qu'elle est plus familière et moins suspecte aux Protestans. «<< Lui-même donc a donné les uns pour être

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apôtres, les autres pour être prophètes, et les >> autres pour être évangélistes, et les autres pour » être pasteurs et docteurs, pour l'assemblage des » saints, pour l'œuvre du ministère, pour l'édifi»cation du corps de Christ, jusqu'à ce que nous nous » rencontrions tous en l'unité de la foi et de la con» noissance du Fils de Dieu, en homme parfait, à » la mesure de la parfaite stature de Christ; afin » que nous ne soyons plus enfans flottans, et étant » démenés çà et là à tout vent de doctrine, par la

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piperie des hommes, et par leur ruse à cauteleu» sement séduire (1). » Comment parlent les Protestans? Ils soutiennent qu'il peut arriver, et qu'il est même arrivé dans ces derniers temps, que le corps

(1) Ephes. IV. 11.

des pasteurs ayant corrompu le ministère, il a fallu que le peuple ait redressé le corps des pasteurs, et qu'il ait formé un ministère nouveau. Comment parle saint Paul? Précisément comme les Catholiques. Il dit que Dieu donne des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs. Voilà la perpétuité marquée par cette suite de conducteurs qu'il a donnés à son peuple dès l'origine de la religion. Remarquez qu'après avoir nommé les prophètes et les apôtres, il nomme les pasteurs et les docteurs, tant ceux que les apôtres ont établis de leur temps, que ceux qui leur succèdent dans toute la suite des siècles. Il les met ensemble sans distinction pour le gouvernement des élus. Ce n'est pas le peuple qui les prend, c'est Dieu même qui les donne. Mais pourquoi les donne-t-il ? est-ce simplement pour instruire et pour édifier les élus? est-ce afin que les élus profitent de leur doctrine autant qu'ils la jugeront saine, et qu'ainsi les élus puissent ou continuer ou révoquer leur commission, comme ils le croiront à propos? Non. Tout au contraire, c'est afin que les élus qui seroient eux-mêmes flottans, démenés çà et là à tout vent de doctrine, exposés à la piperie et à la séduction des nouveaux docteurs, soient soutenus dans la simplicité de la foi par l'autorité et par les décisions du corps des pasteurs. Qu'on ne dise donc pas que la promesse de la perpétuité de la foi est attachée aux élus par le titre de leur élection. Il est vrai que cette perpétuité de la foi est promise en faveur des élus; mais elle ne doit pas venir par leur canal. C'est par celui des pasteurs, sans lesquels les élus mêmes seroient

séduits et corromproient le sens des Ecritures. Qu'on ne dise point aussi qu'au moins les élus ne renverseroient pas les points fondamentaux. Sans l'autorité des pasteurs les élus seroient des enfans flottans, c'est-à-dire le jouet de toutes les opinions incertaines, démenés ça et là à tout vent de doctrine, c'est-à-dire emportés, comme un vaisseau l'est par la tempête, dans tous les excès des doctrines les plus monstrueuses, où leur foi feroit naufrage. Vous voyez que nulle espèce d'erreur n'est exceptée dans des termes si forts et si généraux. Ces pasteurs leur sont donnés pour les garantir de la piperie des hommes, c'est-à-dire pour les empêcher de suivre de nouveaux docteurs, qui ne manquent jamais de promettre qu'ils expliqueront mieux l'Ecriture que les anciens. Mais cette autorité fixe des pasteurs peutelle avoir quelque interruption? Non sans doute; la subticar alors les élus mêmes, séduits, ou par lité des faux docteurs, ou par leur propre esprit tenté de présomption, seroient démenés çà et là à tout vent de doctrine. Mais jusques à quel temps doit durer cet ordre de pasteurs, qui, bien loin de pouvoir être ébranlé, est le soutien inébranlable des élus mêmes ? Saint Paul le décide clairement.

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Jusqu'à ce, dit-il, que nous nous rencontrions >> tous en l'unité de la foi et de la connoissance du » Fils de Dieu, en homme parfait, à la mesure de » la parfaite stature de Christ. » C'est encore, comme cet apôtre le dit au même lieu, « pour l'assemblage >> des saints et pour l'édification du corps de Christ »,

t-à-dire, selon la note marginale de la Bible de Genève, pour l'entier `assortiment de ce corps.

Ce

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