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Nihil est in homine,

Nihil est innoxium.

Dans l'hymne de saint Thomas, Adoro te devote, latens deitas, le pécheur s'écrie: Qu'une goutte de ton sang tombe sur cette terre, et le monde sera sauvé.

Cujus una stilla salvum facere

Totum mundum potest omni scelere.

Ecoutez le vieux choral que l'Eglise entonne sur la tombe des morts: Dies iræ, et dont le chant faisait pleurer Mozart: Terrible majesté, tu sauves gratuitement.

Rex tremendæ majestatis,
Qui salvando salvas gratis,
Salva me, fons pietatis.

Voilà les chants de l'Église saxonne avant Luther1. Magnifique témoignage de sa vieille foi; harmonies admirables, poésies célestes que le réformateur bannit de sa liturgie pour y substituer des cantiques qu'on rapièce à chaque instant comme de vieux habits, sans pitié pour l'inspiration du moine!

Nous nous rappelons son hymne de départ, quand l'empereur l'appelait à Worms: la famille saxonne chantait avant lui dans l'idiome national des cantiques pleins de grâce naïve. Il en est un qu'on dit encore la veille de la Nativité : « Un petit enfant nous est né, » et dont la mélodie enivre l'oreille de l'étranger. Luther eut tort de toucher à ces saintes reliques.

Voyez encore les hymnes suivantes : Christi Redemptor omnium. Conditor alme siderum. - Audi, benigne conditor. - Ad cœnam agni. Jesu nostra Redemptio. – Victimæ paschali laudes. — Lauda, Sion, Salvatorem. Jesu dulcis memoria, etc.

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Ecoutons un moment les hymnes qui s'élèvent dans l'Allemagne protestante pour glorifier les harmonies de notre vieux culte.

« Quand un pauvre pèlerin, harassé de fatigue, mais le cœur joyeux, s'agenouille sur les marches de l'autel pour rendre grâces à celui qui l'a sauvé des dangers d'une longue route; quand une mère désolée vient dans le temple désert prier pour son fils bien-aimé que les médecins ont abandonné; quand le soir, au moment où les derniers rayons du soleil se projettent, à travers les vitraux, sur la figure de la jeune fille; quand la lumière vacillante des cierges meurt doucement sur deux blanches lignes de lévites chantant les louanges de l'Éternel, ah! dites-moi si le catholicisme alors ne nous annonce pas éloquemment que la vie ne doit être qu'une longue prière, que l'art et la pensée doivent s'unir pour glorifier Dieu, et que que l'Église, où tant de cantiques s'élèvent à la fois, où l'adoration revêt toutes les formes humaines possibles, a droit à notre amour et à nos respects1? »

<< Admirable culte tout plein d'harmonie! Diamant qui brille sur la couronne de la foi! Quiconque est poëte ne peut manquer d'être entraîné vers le catholicisme 2. >>

Von einer Jungfrau reiniglich
Zum Trost uns armen Leuten :
Wär uns das Kindlein nicht gebohrn,
So wären wir allzumahl verlohrn,

Das Heil ist unser aller.

Ey du füßer Jesu Christ,

Weil für uns Mensch worden bist,
Behüt uns für die Hölle.

L'antiquité de ce cantique est reconnue, 1° dans l'Examen des Heidelbergischen Berichts, p. 388; 2° dans le Christliches Gesangbuch, p. 36.

1 Clausen, cité par Honinghaus, ch. x, t. II.

2

Ifidor (comte de Læben), Lotosblätter, 1817, t. I, cité par Honinghaus, ch. x, t. II.

« Qu'elle est belle, sa musique'! comme elle parle à l'esprit et aux sens! Ces mélodies de notes et de voix, ces chants empreints de spiritualisme, ces nuages d'encens, ces cantiques de cloches qu'une philosophie dédaigneuse a l'air de prendre en pitié, plaisent à Dieu, on ne saurait en douter. Architectes et sculpteurs, vous avez raison d'ennoblir votre art en élevant des églises et des autels à la Divinité2. »

« L'Église catholique, avec ses portes ouvertes à toute heure du jour, avec ses lampes incessamment allumées, ses voix qui pleurent ou se réjouissent, ses hosanna! et ses lamentations, ses cantiques, ses messes, ses fêtes et ses souvenirs, ressemble à la mère qui tend les bras pour y recevoir l'enfant égaré; c'est une fontaine d'eau douce autour de laquelle se rassemblent tous les habitants pour y respirer la fraîcheur, la vie et la santé 3.

3

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Un franciscain était agenouillé en face d'un Christ peint à fresque sur les murailles du cloître, et admirable de vérité et d'expression. Il se leva en entendant venir un voyageur.

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« Mon frère, que ce tableau est beau! dit le voyageur au franciscain. Oui, mais l'original vaut mieux encore, répondit le moine en riant. — Alors pourquoi donc avezvous besoin d'une image matérielle pour prier? dit le voyageur. Vous êtes protestant, dit le cénobite, à ce que je vois; mais ne sentez-vous pas que l'artiste tempère et purifie les fantaisies de mon imagination? Avez-vous jamais prié sans que cette fée vous suscitât tout aussitôt mille formes diverses? J'aime mieux, en fait d'image, voyez-vous

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1 Bemerkungen während meines Aufenthalts in Frankreich, im Winter 1815, 1816.

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bien, celle de ce grand maître que celle de cette fée. » Et le voyageur se tut 1.

« Je trouve que la coutume de visiter, le 1 et le 2 novembre, la tombe des morts, est aussi belle qu'antique. Les paysans des villages se pressent dans les cimetières, ils s'agenouillent auprès d'une croix de bois, ou d'autres emblèmes funèbres; ils pensent au passé, à la brièveté des jours: alors la mort se couronne de fleurs en signe de la vie qui ne doit plus finir: la lampe s'allume pour nous rappeler la lumière qui ne s'éteindra jamais. >>

« Qu'ils étaient aveugles, nos chefs de secte! En détruisant la plupart des allégories de l'Église catholique, ils croyaient faire la guerre aux superstitions. C'était l'abus qu'ils devaient proscrire 3. » Luther a méconnu l'esprit du christianisme. Les protestants le reconnaissent.

3

Marie, descendez du haut des cieux, idéal de l'amour maternel, entendez nos chants d'amour, c'est Fetzler qui voudrait rétablir vos fêtes anciennes! Réveillez-vous, Ervin de Steinbach et Michel-Ange Buonarotti, et jetez dans les airs une nouvelle flèche de Strasbourg, un nouveau dôme de Saint-Pierre; car, a dit de Wette, tout ce qui est grand transporte l'âme dans les régions supérieures et la met en communication avec Dieu, et tout ce qui s'élève chante la gloire du Seigneur. Sculpteurs et peintres, peuplez nos églises de statues et de tableaux! l'image n'est-elle pas la Bible illustrée du peuple? a dit Wohlfart; et qu'est-ce que la fleur, et l'arbre, et le flot, et l'étoile, et le monde entier, sinon un magnifique miroir où resplendissent la puissance et la bonté du Créateur! Petite cloche du village, continue de sonner la prière du matin et du soir, parce qu'à ce doux bruit le laboureur se découvre pour donner son cœur à ce

1 Ch. Fr. D. Schubart, Leben und Gesinnungen. Stuttgard, 1791. 2 E. Spindler, Zeitspiegel, L. 1791.

Feßler, Theresia, t. II, p. 101.

lui qui lui donne le pain quotidien. Salut, ô croix de bois, que la main pieuse d'un paysan éleva sur le bord du chemin! l'auteur de la Vie de Calvin, M. Henry, regrette que les iconoclastes du seizième siècle vous aient abattue, sous un faux prétexte d'idolâtrie. Jeune fille, ne crains pas de t'agenouiller devant l'image de ton saint patron; tu ne commets pas de péché devant Dieu, sois-en bien sûre, en contemplant dans un bienheureux la puissance de la foi et l'empire de la raison sur les sens. Ne crains pas d'assister à toutes les fêtes de l'Eglise avec ta famille: le pauvre paye-t-il moins cher le pain qu'il mange, depuis que le protestantisme abolit les jours de fête consacrés par le catholicisme? Temples catholiques, gardez votre splendide liturgie; car, a dit Clausen, le christianisme n'a pas pour principe de briser les liens qui unissent l'âme au corps, la matière à l'esprit. L'Evangile, dans les siècles de foi, se manifeste jusque dans le domaine de l'art, et se reflète dans le style sacré de l'architecture, dans les harmonies du chant, dans les créations poétiques de la peinture. Non! l'Evangile ne veut pas d'un culte qui ne voit dans le chrétien qu'un être purement intellectuel, privé de corps, et qui repousse les exigences du sens matériel, au lieu de les purifier et de les ennoblir. Quoi donc! il a fallu à la toutepuissante parole du Rédempteur des œuvres pour réveiller les esprits, et nous repousserions les symboles, véritables miracles extérieurs1!

'Les textes originaux de toutes ces citations sont rapportés dans l'ouvrage de Honinghaus, das Resultat 2., chap. x de la traduction, t. II.

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