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rables qui se soient jamais imaginées, savoir la création et le déluge, si proches, qu'on y touche1.

Sem, qui a vu Lamech, qui a vu Adam, a vu has! Jad cob2, qui a vu ceux qui ont vu Moïse. Donc le dage et la création sont vrais. Cela conclut, entre de certaines gent qui l'entendent bien.

La longueur de la vie des patriarches, au lieu de faire que les histoires des choses passées se perdissent, servait, au contraire, à les conserver. Car ce qui fait que l'on n'est pas quelquefois assez instruit dans l'histoire de ses ancêtres, est que l'on n'a jamais guère vécu avec eux, et qu'ils sont morts souvent devant que l'on eût atteint l'âge de raison. Mais, lorsque les hommes vivaient si longtemps, les enfants vivaient longtemps avec leurs pères, ils les entretenaient longtemps. Or, de quoi les eussent-ils entretenus, sinon de l'histoire de leurs ancêtres, puisque toute l'histoire était réduite à celle-là, et qu'ils n'avaient point d'études, ni de sciences, ni d'arts, qui occupent une grande partie des discours de la vie? Aussi l'on voit qu'en ce temps-là les peuples avaient un soin particulier de conserver leurs généalogies.

16.

... Dès là je refuse toutes les autres religions: par là je

1 « Si proches, qu'on y touche. En ce qu'il met si peu d'hommes entre ces événements et son temps. Cf. les deux fragments qui suivent.

3 « A vu aussi Jacob. C'est une erreur, que P. R. corrige en écrivant : a vu au moins Abraham, et Abraham a vu Jacob.

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« Était réduite à celle-là.» Excellente remarque, parfaitement confirmée par les poèmes d'Homère, et par ce qu'on sait des natáhoyol, reveaλorias, qu'avait produits la poésie grecque des premiers temps. Mais tes généalogies grecques ne remontaient pas jusqu'aux véritables origines, et partaient toujours de la fable pour rejoindre l'histoire.

4 « Dès là je refuse. » Pascal part ici de la considération de la sainteté chrétienne.

trouve réponse à toutes les objections. Il est juste qu'un Dieu si pur ne se découvre qu'à ceux dont le cœur est purifié. Dès là cette religion m'est aimable, et je la trouve déjà assez autorisée par une si divine morale; mais j'y trouve de plus... Je trouve d'effectif que depuis que la mémoire des hommes dure, il est annoncé constamment aux hommes qu'ils sont dans une corruption universelle, mais qu'il viendra un réparateur. Que ce n'est pas un homme qui le dit, mais une infinité d'hommes, et un peuple entier durant quatre mille ans, prophétisant et fait exprès... Ainsi je tends les bras à mon libérateur2, qui, ayant été prédit durant quatre mille ans, est venu souffrir et mourir pour moi sur la terre dans les temps et dans toutes les circonstances qui en ont été prédites; et, par sa grâce, j'attends la mort en paix, dans l'espérance de lui être éternellement uni; et je vis cependant avec joie, soit dans les biens qu'il lui plaît de me donner, soit dans les maux qu'il m'envoie pour mon bien, et qu'il m'a appris à souffrir à son exemple ".

...

Plus je les examine', plus j'y trouve de vérités : ce qui a précédé et ce qui a suivi'; enfin eux sans idoles ni

1 « Ne se découvre qu'à ceux. » Voir l'article xx. Il répond ainsi aux objections tirées de l'obscurité de la religion.

2 A mon libérateur. » Quelle émotion pieuse succède à l'argumentation! Ce n'est plus un homme qui soutient une thèse, c'est un frère qui veut nous faire vivre de la vie de Dieu, dont il est plein.

3 « Et mourir pour moi. » Comment lire ces paroles sans être touché? et sans oublier les épines dont la controverse qui conduit là est hérissée, 4 « Et je vis cependant avec joie.» Joie austère, qui a aussi ses transports et son ivresse. C'est celle qu'exprime le papier mystique trouvé dans l'habit de Pascal: « Joie, joie, joie, pleurs de joie. »

« A son exemple. » C'est à la suite de ce morceau que Pascal a écrit le fragment, J'aime la pauvreté, conservé par sa sœur dans sa vie, et qui forme dans notre édition le paragraphe 69 de l'article XXIV.

6 « Plus je les examine. » Il est clair qu'il s'agit des Juifs.

9 « Et ce qui a suivi.» Précédé et suivi l'avénement du Christ sans doute.

roi', et cette synagogue qui est prédite2, et ces misérables qui la suivent, et qui, étant nos ennemis, sont d'admirables témoins de la vérité de ces prophéties, où leur misère et leur aveuglement même est prédit. Je trouve cet enchainement, cette religion, toute divine dans son autorité, dans sa durée, dans sa perpétuité, dans sa morale, dans sa conduite, dans sa doctrine, dans ses effets, et les ténèbres des Juifs effroyables et prédites: Eris palpans in meridie'. Dabitur liber scienti litteras, et dicet, Non possum legere.

ARTICLE XVI.

1.

Il y a des figures claires et démonstratives; mais il y en a d'autres qui semblent un peu tirées par les cheveux ', et qui ne prouvent qu'à ceux qui sont persuadés d'ailleurs. Celles-là sont semblables aux apocalyptiques'. Mais la dif

<< Sans idoles ni roi. Pascal sous-entend que ces circonstances avaient été annoncées par les prophètes. Cf. l'article xvIII.

2 « Qui est prédite. » Cela ne peut s'entendre qu'allégoriquement, car les prophètes ne disent nulle part en termes exprès que quand le temple sera détruit, et avec le temple la loi de Moïse, il subsistera cependant une synagogue, c'est-à-dire un judaïsme rebelle aux nouveaux conseils de Dieu. Le nom même de la synagogue n'est pas une seule fois dans les prophètes. Sur le système allégorique de Pascal, voir tout l'article suivant. 3 << Eris palpans in meridie.» « Tu tâtonneras en plein midi. » C'est à peu près le texte du Deutéronome, xxviii, 29.

« Dabitur liber scienti litteras. » Is., XXIX, 12. « On mettra un livre » entre les mains d'un homme qui sait lire, et il dira, Je ne puis lire cela, » 5 « Il y a des figures. » Sur les Figures, voir tout cet article, et les paragraphes 3, 7, etc., du précédent.

6 « Un peu tirées par les cheveux. » P. R. met seulement, qui semblent

moins naturelles.

Aux apocalyptiques. » C'est-à-dire à celles des apocalyptiques, de

férence qu'il y a est qu'ils n'en ont point d'indubitables*. Tellement qu'il n'y a rien de si injuste que quand ils montrent que les leurs sont aussi bien fondées que quelquesunes des nôtres; car ils n'en ont pas de démonstratives comme quelques-unes des nôtres. La partie n'est done pas égale. Il ne faut pas égaler et confondre ces choses parce qu'elles semblent être semblables par un bout, étant si différentes par l'autre. Ce sont les clartés qui méritent, quand elles sont divines, qu'on révère les obscurités.

2.

JÉSUS-CHRIST, figuré par Joseph, bien-aimé de son père, envoyé la père pour voir ses frères, etc., innocent, vendu par ses fères vingt deniers, et par là devenu leur seigneur, leur sauveur, et le sauveur des étrangers, et le sauveur du monde'; ce qui n'eût point été sans le dessein de le perdre, sans la vente et la réprobation qu'ils en firent.

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Dans la prison, Joseph innocent entre deux criminels : JÉSUS-CHRIST en la croix entre deux larrons. Il prédit le salut à l'un, et la mort à l'autre, sur les mêmes appa

ceux, comme s'exprime P. R., « qui fondent des prophéties sur l'Apoca» lypse, qu'ils expliquent à leur fantaisie. »

1 « D'indubitables. » C'est-à-dire, parmi les figurés qu'ils prétendent interpréter, ils n'en ont pas dont le sens soit indubitable.

« Comme quelques-unes des nôtres.» P. R., comme nous en avons. Encore une de ces répétitions significatives, que Pascal ne voulait pas qu'on corrigeat (VII, 21).

« Qu'on révère les obscurités. » Cf. XIX, 9. Mais pourquoi tout n'est-il pas clarté ? C'est ce qu'on trouvera expliqué dans l'article xx.

4 « Jésus-Christ, figuré par Joseph. » 123. P. R., XII.

« Vingt deniers. » Gen., XXXVII, 28. C'est trente deniers que Jésus

a été vendu. Matth., xxvi, 15 (cf. Zach., XI, 12).

« Des étrangers. Joseph a été le sauveur des Égyptiens; Jésus, des Gentils.

<< Sauveur du monde. Gen., XLI, 45: Vertitque nomen ejus, et Jocavit eum lingua @gyptiaca salvatorem mundi.

a Il prédit. Joseph. Comparer Gen., XL, et Luc, XXIII.

rences: JÉSUS-CHRIST sauve les élus et damne les réprouvés, sur les mêmes crimes. Joseph ne fait que prédire : JÉSUS-CHRIST fait. Joseph demande à celui qui sera sauvé qu'il se souvienne de lui quand il sera venu en sa gloire; et Celui que Jésus-CHRIST sauve lui demande qu'il se sou(ienne de lui quand il sera en son royaume.

3.

La synagogue ne périssait point parce qu'elle était la figure, mais, parce qu'elle n'était que la figure, elle est tombée dans la servitude. La figure a subsisté jusqu'à la vérité, afin que l'Église fût toujours visible, ou dans la peinture qui la promettait, ou dans l'effet'.

4.

Pour prouver tout d'un coup les deux Testaments, il ne faut que voir si les prophéties de l'un sont accomplies en l'autre. Pour examiner les prophéties, il faut les entendre: car si on croit qu'elles n'ont qu'un sens, il est sûr que le Messie ne sera point venu'; mais si elles ont deux sens, il est sûr qu'il sera venu en JÉSUS-CHRIST.

Toute la question est donc de savoir si elles ont deux

sens...

« Sur les mêmes crimes. » C'est l'histoire des deux larrons sur la croix, interprétée suivant la doctrine générale du jansénisme. On ne pouvait outrer davantage dans l'expression ce terrible dogme de la prédestination, qui semble faire de la justice de Dieu un pur caprice. Le bon larron est sauvé parce qu'il s'est converti, mais pourquoi s'est-il converti? Parce qu'il a plu à Dieu de lui donner la grâce, qui a été refusée à l'autre. Voilà ce que Pascal sous-entend.

2 << La figure. De l'Eglise.

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Ou dans l'effet. » Dans la réalité.

4 Pour prouver. » En titre, Preuve des deux Testaments à la fois.

5 << Ne sera point venu. Car il est dit que le Messie doit être roi, soumettre tous les peuples, faire de Jérusalem la maîtresse des nations. Or, nul n'a fait tout cela au sens propre.

« Mais si elles ont deux sens. » C'est-à-dire si on peut entendre cela d'un règne spirituel, d'une Jérusalem nouvelle, qui est l'Eglise, etc.

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