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5.

Pour montrer que l'Ancien Testament n'est que figuratif, et que les prophètes entendaient par les biens temporels d'autres biens, c'est, premièrement, que cela serait indigne de Dieu 2; secondement, que leurs discours expriment trèsclairement la promesse des biens temporels, et qu'ils disent néanmoins que leurs discours sont obscurs, et que leur sens ne sera point entendu. D'où il paraît que ce sens n'était pas celui qu'ils exprimaient à découvert, et que, par conséquent, iis entendaient parler d'autres sacrifices, d'un autre libérateur, etc. Ils disent qu'on ne l'entendra qu'à la fin des temps. Jér., xxx, ult. ".

La troisième preuve est que leurs discours sont contraires et se détruisent, de sorte que si on pense qu'ils n'aient entendu par les mots de loi et de sacrifice autre chose que

ux de Moïse, il y a contradiction manifeste et grossière. Donc ils entendaient autre chose, se contredisant quelquefois dans un même chapitre...

6.

Si la loi et les sacrifices sont la vérité, il faut qu'ils plaisent à Dieu, et qu'ils ne lui déplaisent point. S'ils sont figures, il faut qu'ils plaisent et déplaisent. Or dans toute l'Écriture ils plaisent et déplaisent.

1 « Pour montrer. » En titre, Figures.

2

« Serait indigne de Dieu. » De ne faire espérer aux hommes que des biens temporels.

4

« Et qu'ils disent néanmoins. » Cf. 7.

D'autres sacrifices. » Quand ils disent que le sacrifice ne cessera jamais. Cf. 6.

« Jér., xxx, ult. » C'est-à-dire chapitre xxx, dernier verset: In novissimo dierum intelligetis ea.

« Il y a contradiction. » Voir le paragraphe suivant.

7 « Dans un même chapitre. » Cf. 40, à la fin.

8 « Si la loi.» En titre, Figures.

9 « Qu'ils plaisent et déplaisent. » Qu'ils déplaisent en eux-mêmes, qu'ils plaisent comme figures.

1

Il est dit que la loi sera changée 2; que le sacrifice sera changé'; qu'ils seront sans roi, sans prince et sans sacrifice; qu'il sera fait une nouvelle alliance'; que la loi sera renouvelée; que les préceptes qu'ils ont reçus ne sont pas bons'; que leurs sacrifices sont abominables'; que Dieu n'en a point demandé'.

12

Il est dit, au contraire, que la loi durera éternellement ""; que cette alliance11 sera éternelle; que le sacrifice sera éternel; que le sceptre ne sortira jamais13 d'avec eux, puisqu'il ne doit point en sortir que le Roi éternel n'arrive. Tous ces passages marquent-ils que ce soit réalité? Non Marquent-ils aussi que ce soit figure? Non : mais que c'est réalité, ou figure. Mais les premiers, excluant la réalité "", marquent que ce n'est que figure.

Tous ces passages ensemble ne peuvent être dits de la réalité; tous peuvent être dits de la figure: donc ils ne sont

1 << Il est dit.» Pascal, dans ce qui suit, ne cite pas de textes. On peut retrouver les passages qu'il avait probablement dans la pensée, et nous l'avons essayé. Nous nous bornerons à indiquer ces textes.

2 << Que la loi sera changée. » Voir plus bas aux mots, une nouvells alliance.

3 « Que le sacrifice sera changé. » Daniel, x, 27, dans la fameuse prophétie des septante semaines (cf. art. XVIII, 2).

6

« Qu'ils seront sans roi. » Osée, III, 4.

« Une nouvelle alliance. » Jérémie, XXX1, 31,

<< Que la loi sera renouvelée. » Ibidem.

7 « Ne sont pas bons. » Ezéchiel, xx, 25.

8 « Sont abominables. » Isate, I, 13.

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11

N'en a point demandé. » Osée , VI, 6.

« Que la loi durera éternellement. » Baruch, iv, 4.

«Que cette alliance. » L'alliance présente, l'alliance ancienne. Genèse, X711, 13, 19, etc.

12 « Que le sacrifice.» Jérémie, xxxiii, 48.

13 « Ne sortira jamais. » Genèse, XLIX, 10.

14 « Excluant la réalité. » Parce qu'il n'est pas possible que dans la réalité Dieu change sa loi, qu'il laisse son peuple sans chef et sans sacrifice, qu'il donne à son peuple des préceptes qui ne sont pas bons, etc. Tel est le raisonnement de Pascal.

pas dits de la réalité, mais de la figure. Agnus occisus esta ab origine mundi.

7.

Un portrait 2 porte absence et présence, plaisir et déplaisir. La réalité exclut absence et déplaisir.

4

Pour savoir si la loi et les sacrifices sont réalité ou figure, il faut voir si les prophètes, en parlant de ces choses, y arrêtaient leur vue et leur pensée, en sorte qu'ils ne vissent que cette ancienne alliance; ou s'ils y voyaient quelque autre chose dont elle fût la peinture; car dans un portrait on voit la chose figurée. Il ne faut pour cela qu'examiner ce qu'ils en disent.

Quand ils disent qu'elle sera éternelle, entendent-ils par ler de l'alliance de laquelle ils disent qu'elle sera changée; et de même des sacrifices, etc.?

6

Le chiffre à deux sens.-Quand on surprend une lettre importante où l'on trouve un sens clair, et où il est dit néanmoins que le sens en est voilé et obscurci; qu'il est caché, en sorte qu'on verra cette lettre sans la voir, et qu'on l'entendra sans l'entendre; que doit-on penser, sinon que c'est un chiffre à double sens; et d'autant plus qu'on y trouve des contrariétés manifestes dans le sens littéral!

11 « Agnus occisus est. » L'Agneau a été immolé depuis l'origine du monde. » Ces paroles de l'Apocalypse (x, 8) répondent à la pensée de Pascal, que le sacrifice des Juifs n'était que la figure passagère du sacrifice éternel, qui est celui de Jésus-Christ.

2 « Un portrait. En titre, Figures.

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« Porte absence. » C'est-à-dire comporte. Dans son portrait, une personne aimée est à la fois présente et absente, de façon qu'on éprouve à la fois du plaisir et du chagrin. Pascal applique cela aux figures de Jésus-Christ chez les Juifs; ils ne possédaient que son portrait.

«La loi et les sacrifices. » Des Juifs.

« Le chiffre à deux sens. » Et non pas, le chiffre a deux sens, comme mettent tous les éditeurs. C'est une espèce de titre, qui annonce la pensée qui suit.

* Et où il est dit néanmoins. » Cf. 6

2

Combien doit-on donc estimer ceux qui nous découvrent le chiffre, et nous apprennent à connaître le sens caché; et principalement quand les principes qu'ils en prennent' sont tout à fait naturels et clairs! C'est ce qu'a fait JESUS-CHRIST, et les apôtres. Il a levé le sceau, il a rompu le voile et découvert l'esprit. Ils nous ont appris pour cela que les ennemis de l'homme sont ses passions; que le Rédempteur serait spirituel; qu'il y aurait deux avénements, l'un de misère, pour abaisser l'homme superbe, l'autre de gloire, pour élever l'homme humilié; que JÉSUS-CHRIST serait Dieu et homme. Les prophètes ont dit clairement qu'Israël serait toujours aimé de Dieu, et que la loi serait éternelle; et ils ont dit que l'on n'entendrait point leur sens, et qu'il était voilé3.

8.

JÉSUS-CHRIST n'a fait autre chose qu'apprendre aux hommes qu'ils s'aimaient eux-mêmes, et qu'ils étaient esclaves, aveugles, malades, malheureux et pécheurs; qu'il fallait qu'il les délivrat, éclairât*, béatifiât et guérît; que cela se ferait en se haïssant soi-même, et en le suivant par la misère et la mort de la croix.

Voilà le chiffre que saint Paul nous donne'. La lettre tue. Tout arrivait en figures. Il fallait que le Christ souffrit.

A « Qu'ils en prennent. » On se rend compte de l'emploi du pronom en parce qu'on pourrait dire, ils prennent pour principes de leur explica→ tion, etc.

• « Que les ennemis de l'homme. » Cf. xv, 3.

« Et qu'il était voilé. » Cf. 5. Donc c'est que par Israël ils entendaient les élus, et par la loi, la loi chrétienne.

« Délivrât, éclairât, etc. » Ces verbes répondent aux mots, esclaves, aveugles, etc. Le mot, pécheurs, seul, n'a pas son verbe.

« Voilà le chiffre. » En titre, Que la loi était figurative. Figures. 6 « Que saint Paul nous donne. » Voir xv, 3, pour l'explication de ce fragment.

Un Dieu humilié1. Circoncision de cœur, vrai jeûne, vrai sacrifice, vrai temple. Les prophètes ont indiqué qu'il fallait que tout cela fût spirituel.

Double loi2, doubles tables de la loi, double temple, double captivité.

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...

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9.

Et cependant ce Testament, fait pour aveugler les uns et éclairer les autres, marquait, en ceux mêmes qu'il aveuglait, la vérité qui devait être connue des autres. Car les biens visibles qu'ils recevaient de Dieu étaient si grands et si divins, qu'il paraissait bien qu'il était puissant de leur donner les invisibles, et un Messie.

4

Car la nature est une image de la grâce, et les miracles visibles sont images des invisibles. Ut sciatis, tibi dico, Surge.

Isaïe, LI', dit que la rédemption sera l'image de la mer Rouge.

<< Un Dieu humilié. » Cf. 10. Voilà comment le Messie est annoncé à la fois comme si grand et comme misérable.

2 « Double loi. » En titre, Figures particulières.

3 << Fait pour aveugler les uns. » Les éditeurs de P. R. ont mis : « Fait » de telle sorte qu'en éclairant les uns, il aveugle les autres. » Ils n'ont pas consenti à dire que Dieu a fait les Écritures pour aveugler. Mais c'est bien la pensée de Pascal. Cf. l'article xx, et xxv, 42.

4 << Puissant de leur donner. » Latinisme, pour dire, ayant le pouvoir de leur donner. Sur la pensée, cf. xv, 2.

« Ut sciatis. » A un autre endroit du manuscrit, on trouve : Ut sciatis quod Filius habet potestatem remittendi peccata, tibi dico, Surge. Le texte complet est, Filius hominis habet potestatem in terra. Marc, 11, 10. Jésus a dit au paralytique, Tes péchés te sont remis. Et les Juifs s'écriant que Dieu seul peut remettre les péchés, Jésus reprend : Quel est le plus facile de dire, Tes péchés te sont remis, ou de dire à celui qui ne peut se mouvoir, Lève-toi et marche? Afin donc que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir ici-bas de remettre les péchés, je te l'ordonne, lève-toi et marche.

· « Isaïe, LI. » A un autre endroit du manuscrit, on trouve au con

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