Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Dieu a donc montré en la sortie d'Égypte, de la mer1, en la défaite des rois, en la manne, en toute la généalogie d'Abraham', qu'il était capable de sauver, de faire descendre le pain du ciel, etc.; de sorte que le peuple ennemi est la figure et la représentation du même Messie' qu'ils ignorent.

Il nous a donc appris enfin que toutes ces choses n'étaient que figures, et ce que c'est que vraiment libre, vrai Israélite, vraie circoncision, vrai pain du ciel, etc.

6

Dans ces promesses-là, chacun trouve ce qu'il a dans le fond de son cœur, les biens temporels, ou les biens spirituels; Dieu, ou les créatures: mais avec cette différence que ceux qui y cherchent les créatures les y trouvent, mais avec plusieurs contradictions, avec la défense de les aimer, avec l'ordre de n'adorer que Dieu et de n'aimer que lui, ce qui n'est qu'une même chose', et qu'enfin il n'est point venu de Messie pour eux'; au lieu que ceux qui y cherchent Dieu le trouvent, et sans aucune contradiction, avec commandement de n'aimer que lui, et qu'il est venu un

traire que la mer Rouge, c'est-à-dire la sortie de la mer Rouge, est l'image de la Rédemption. Ce sont les versets 40 et 44 du chapitre Li d'Isaïe que Pascal interprète ainsi.

1 << De la mer. » C'est-à-dire, en la sortie de la mer.

[ocr errors]

<< La défaite des rois. » Nombres, XXI.

3

<< La généalogie d'Abraham. » A moins que Pascal n'entende par là la suite des descendants d'Abraham, je ne vois pas bien ce qu'il veut dire. << Le peuple ennemi. » Le peuple juif, ennemi de Jésus-Christ. 5 «Du même Messie. » De ce même Messie qu'il ignore.

<< Chacun trouve. » Cf. xv, 10.

1 « Ce qui n'est qu'une même chose. » C'est-à-dire que l'ordre de n'aimer que Dieu est la même chose que la défense d'aimer les créatures. Pascal a sans doute dans l'esprit ces passages du Pentateuque: « Tu n'a» doreras point les créatures. » Exod., xx, 5. « Tu aimeras le Seigneur >>ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta force. » Deut., 4, 5. « Tu craindras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que > lui seul. » Ibid. x, 20. Cf. Matth., XXII, 37, etc.

De Messie pour eux, » Qui leur ait donné les biens terrestres.

Messie dans le temps prédit pour leur donner les biens qu'ils demandent.

Et ainsi les Juifs avaient des miracles, des prophéties qu'ils voyaient accomplir; et la doctrine de leur loi était de n'adorer et de n'aimer qu'un Dieu : elle était aussi perpétuelle. Ainsi elle avait toutes les marques de la vraie religion: aussi elle l'était. Mais il faut distinguer 2 la doctrine des Juifs d'avec la doctrine de la loi des Juifs. Or, la doctrine des Juifs n'était pas vraie, quoiqu'elle eût les miracles, les prophéties, et la perpétuité, parce qu'elle n'avait pas cet autre point', de n'adorer et de n'aimer que Dieu.

10.

Un Dieu humilié", et jusqu'à la mort de la croix : un Messie triomphant de la mort par sa mort. Deux natures en Jésus-Christ, deux avénements, deux états de la nature de l'homme..

8

On ne peut faire une bonne physionomie qu'en accordant toutes nos contrariétés, et il ne suffit pas de suivre une suite de qualités accordantes sans concilier les con8 et 9 du para

<< Toutes les marques. » Indiqués aux numéros 3, graphe xi, 12.

2 << Mais il faut distinguer.

4

Sur cette distinction, cf. xv, 40.

3 « Cet autre point. » Cf. xi, 1, etc.

« Que Dieu. » La doctrine de la loi des Juifs exigeait ce point, suivant Pascal, mais la doctrine des Juifs leur permettait d'aimer les biens de la terre, et la domination terrestre qu'ils attendaient d'un Messie roi. C'est ainsi que le commun des Israélites entendait la religion.

« Un Dieu humilié. » En titre, Source des contrariétés. P. R. écrit: • Les sources des contrariétés de l'Ecriture sont, etc., » expliquant ainsi de quelles contrariétés il s'agit.

6 « Deux états de la nature de l'homme. » Avant et après le péché d'Adam. Or, l'Ecriture parle tantôt de la nature primitive, tantôt de la nature corrompue, et ainsi du reste. C'est par où se concilient des textes qui paraissent inconciliables.

9

<< On ne peut faire. En titre, Contradiction.

Une bonne physionomie.» P. R.: « Comme on ne peut bien faire

traires. Pour entendre le sens d'un auteur, il faut concilier tous les passages contraires.

Ainsi, pour entendre l'Écriture, il faut avoir un sens dans lequel tous les passages contraires s'accordent. Il ne suffit pas d'en avoir un qui convienne à plusieurs passages accordants; mais il faut en avoir un qui accorde les passages même contraires.

Tout auteur a un sens auquel tous les passages contraires s'accordent, ou il n'a point de sens du tout. On ne peut pas dire cela de l'Écriture et des prophètes. Ils avaient assurément trop bon sens. Il faut donc en chercher un qui accorde toutes les contrariétés.

Le véritable sens n'est donc pas celui des Juifs; mais en Jésus-Christ toutes les contradictions sont accordées.

Les Juifs ne sauraient accorder la cessation de la royauté et principauté, prédite par Osée, avec la prophétie de Jacob3. Si on prend la loi, les sacrifices, et le royaume, pour réalités, on ne peut accorder tous les passages. Il faut donc par nécessité qu'ils ne soient que figures. On ne saurait même pas accorder les passages d'un même auteur, ni d'un même livre, ni quelquefois d'un même chapitre. Ce qui marque trop quel était le sens de l'auteur. Comme quand » le caractère d'une personne, etc. » Je ne pense pas qu'il s'agisse du caractère, mais de la figure, dont on ne peut bien rendre l'expression dans un portrait, ce que Pascal appelle faire une bonne physionomie, sans accorder les contraires, par exemple la sévérité et la douceur, la tristesse et l'agrément, etc. Car les expressions opposées se rencontrent souvent dans une même figure.

4

1 << Dire cela de l'Ecriture. » Qu'elle n'a pas de sens du tout.

2

« Prédite par Osée. » 111, 4.

3 « La prophétie de Jacob. » Gen., XLIX, 10. Jacob prédisant que la royauté demeurera dans Juda jusqu'au Messie, et le Messie, selon les Juifs, étant lui-même un roi, dont le règne doit être sans fin; comment entendre ce que dit Osée, qu'Israël sera longtemps sans roi et sans prince? Tout est accordé si on reconnaît avec les chrétiens que le Messie n'est roi qu'au sens spirituel et par figure.

A « Ce qui marque trop. » C'est-à-dire plus même qu'il n'est nécessaire.

Ézéchiel', ch. xx, dit qu'on vivra dans les commandements de Dieu, et qu'on n'y vivra pas.

11.

Il n'était point permis de sacrifier hors de Jérusalem, qui était le lieu que le Seigneur avait choisi, ni même de manger ailleurs les décimes. Deut., XII, 5, etc. Deut., XIV, 23, etc.; xv, 20; xvI, 2,7, 11, 15.

Osée a prédit' qu'ils seraient sans roi, sans prince, sans sacrifices et sans idoles; ce qui est accompli aujourd'hui, ne pouvant faire sacrifice légitime hors de Jérusalem.

12.

Quand la parole de Dieu, qui est véritable, est fausse littéralement, elle est vraie spirituellement. Sede a dextris meis. Cela est faux littéralement; donc cela est vrai spirituellement. En ces expressions, il est parlé de Dieu à la manière des hommes; et cela ne signifie autre chose, sinon que l'intention que les hommes ont en faisant asseoir à leur droite, Dieu l'aura aussi. C'est donc une marque de l'intention de Dieu, non de sa manière de l'exécuter.

Ainsi quand il dit': Dieu a reçu l'odeur de vos parfums,

1 « Comme quand Ézéchiel. » Je n'aperçois pas la contradiction indiquée par Pascal. Il n'est pas dit dans ce chapitre que les enfants d'Israël ne vivront pas dans les commandements de Dieu, mais qu'ils n'y ont pas vécu jusqu'à ce jour, qu'ils en seront punis, que Dieu exterminera du milieu d'eux les impies, et ne se réservera qu'un peuple choisi qui le servira. Aussi P. R. a supprimé cette citation.

2 « Deut., XII, 5, etc. » On retrouve dans tous ces passages la formule, in loco quem elegerit Dominus.

3 «Osée a prédit. » Sine rege et sine principe, et sine sacrificio, et sine altari (111, 4): Osée ne parle pas des idoles.

« Hors de Jérusalem. » Et Jérusalem n'étant plus à eux.

« Quand la parole de Dieu. » En titre, Figures.

<< Sede a dextris meis.» Ps., CIX. « Asseyez-vous à ma droite. »

« Quand il dit. » Le sens de ce que dit ici Pascal est partout dans les prophéties, mais s'il y a tel verset particulier dont cette phrase soit la traduction, je ne l'ai pas trouvé.

et vous donnera en récompense une terre grasse1; c'est à dire, la même intention qu'aurait un homme qui, agréant vos parfums, vous donnerait en récompense une terre grasse, Dieu aura la même intention pour vous, parce que vous avez eu pour lui la même intention qu'un homme a pour celui à qui il donne des parfums 2. Ainsi, iratus est3, « Dieu jaloux “, » etc. Car les choses de Dieu étant inexprimables; elles ne peuvent être dites autrement et l'Église aujourd'hui en use encore: Quia confortavit seras

13.

[ocr errors]

Tout ce qui ne va point à la charité est figure.

L'unique objet de l'Écriture est la charité. Tout ce qui ne va point à l'unique but en est la figure: car, puisqu'il n'y a qu'un but, tout ce qui n'y va point en mots propres est figure.

Dieu diversifie ainsi cet unique précepte de charité, pou

1 « Une terre grasse. » Cf. xv, 2.

« A qui il donne des parfums.» Cette analyse est bien d'un mathé➡ maticien. Au reste, il est vrai qu'une métaphore consiste dans deux rapports pareils, et par conséquent dans une espèce de proportion, comme l'a montré Aristote (Poét., 24).

3 « Ainsi, iratus est » L'idée de la colère de Dieu est aussi partout dans la Bible. Is., v, 25, etc.

« Dieu jaloux. » Exode, xx, 5.

5 << Quia confortavit seras. Ps. CXLVII, 13: « Loue le Seigneur, » ô Jérusalem, parce qu'il a rendu tes portes imprenables.» Pascal entend cela des portes spirituelles de l'Eglise, et c'est ainsi que l'entend l'Eglise elle-même, qui chante ce psaume dans l'office du mercredi, à Laudes. 11 y a dans le texte quoniam.

A la charité. » La charité est prise ici et ailleurs dans le sensthéologique le plus relevé ; c'est la troisième vertu théologale, l'amour de Dieu pur de toute pensée terrestre. Cf. xxII, 2. De mêmo, dans le traité de Nicole, De la charité et de l'amour-propre, la charité n'est pas l'amour du prochain, mais l'amour de Dieu. Pascal dit donc que toute parole de l'Ecriture qui ne conduit pas directement à aimer Dieu et à n'ainer que lui, ne peut êtreprise que comme une figure.

« ZurückWeiter »