Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

ques-unes de ces vérités; et la source de toutes les objections que nous ont les hérétiques est l'ignorance de quelquesunes de ces vérités.

Et d'ordinaire il arrive que, ne pouvant concevoir le rapport de deux vérités opposées, et croyant que l'aveu de l'une enferme l'exclusion de l'autre, ils s'attachent à l'une, ils excluent l'autre, et pensent que nous, au contraire. Or l'exclusion est la cause de leur hérésie; et l'ignorance que nous tenons l'autre cause leurs objections.

1er exemple: JÉSUS-CHRIST est Dieu et homme. Les ariens 2, ne pouvant allier ces choses, qu'ils croient incompatibles, disent qu'il est homme; en cela ils sont catholiques. Mais ils nient qu'il soit Dieu en cela ils sont hérétiques. Ils prétendent que nous nions son humanité; en cela ils sont ignorants.

2o exemple, sur le sujet du Saint-Sacrement: Nous croyons que la substance du pain étant changée, et consubstantiellement en celle du corps de notre Seigneur, JÉSUS-CHRIST y est présent réellement. Voilà une vérité. Une autre est que ce sacrement est aussi une des figures de la croix et de la gloire ', et une commémoration des deux.

[ocr errors]

« L'ignorance de quelques-unes. Il faut entendre, d'après ce qui va suivre, l'ignorance où ils sont que certaines vérités (celles qu'ils reconnaissent) sont reconnues par nous.

2 « Les ariens. » P. R. substitue ici à l'exemple des ariens l'exemple de deux hérésies opposées l'une à l'autre, celle des nestoriens et des eutychéens (cf. XVII, 4, troisième fragment). C'est sans doute parce que les ariens ne disaient pas précisément que Jésus-Christ ne fût qu'un homme, quoiqu'on pût pousser leur doctrine à cette conséquence.

3 « Et consubstantiellement. » Ces mots ne s'expliquent pas bien ainsi pleees.

« De la croix. » D'après les paroles sacrées : « Ceci est mon corps, qui » est sacrifié pour vous faites cela en mémoire de moi, » etc. Luc, XXII, 49, et ailleurs.

Et de la gloire. » Cf. xvi, 44, et la note.

Voilà la foi catholique, qui comprend ces deux vérités qui

. semblent opposées.

L'hérésie d'aujourd'hui, ne concevant pas que ce sacrement contient tout ensemble et la présence de JésusCHRIST, et sa figure, et qu'il soit sacrifice et commémoration de sacrifice, croit qu'on ne peut admettre l'une de ces vérités sans exclure l'autre par cette raison 2.

Ils s'attachent à ce point seul, que ce sacrement est figuratif; et en cela ils ne sont pas hérétiques. Ils pensent que nous excluons cette vérité; et de là vient qu'ils nous font tant d'objections sur les passages des Pères qui le disent'. Enfin ils nient la présence; et en cela ils sont hérétiques.

3 exemple: les indulgences*.

C'est pourquoi le plus court moyen pour empêcher les hérésies est d'instruire de toutes les vérités; et le plus sûr moyen de les réfuter est de les déclarer toutes. Car que diront les hérétiques?

Tous errent d'autant plus dangereusement qu'ils suivent chacun une vérité. Leur faute n'est pas de suivre une fausseté, mais de ne pas suivre une autre vérité.

[ocr errors]

« L'hérésie d'aujourd'hui. » Celle des calvinistes.

. «Par cette raison.» Par le fait même.

3 «Qui le disent. Que l'Eucharistie est figure.

[ocr errors]

« 3° exemple : les indulgences. » Pascal voulait dire, je pense: Les protestants ont raison de croire que les indulgences ne peuvent sauver du péché, et remettre l'homme dans l'état de grâce d'où il est sorti; mais ils ont tort de nier que les indulgences remettent à celui qui est sorti du péché les peines qu'il a encore à subir après le péché remis.

« De les déclarer toutes. Un autre fragment doit servir à expliquer ce que Pascal veut dire : « S'il y a jamais un temps auquel on doive faire » profession des deux contraires, c'est quand on reproche qu'on en omet »un. Donc les Jésuites et les jansénistes ont tort en les celant, mais les » jansénistes plus, car les Jésuites ont mieux fait profession des deux. » Je pense qu'il s'agit encore de la grâce. Les Jésuites ont tort, en insistant sur le libre arbitre, de dissimuler la puissance de la grâce, les jansénistes ont tort en relevant la grâce, de dissimuler le libre arbitre; et Pascal pense que ses amis pèchent plus encore ici que ses adversaires.

De suivre une fausseté. » C'est pourtant suivre le faux que de croire

La grâce sa toujours dans le monde (et aussi la nature), de sorte qu'elle est en quelque sorte naturelle. Et ainsi il y aura toujours des pélagiens, et toujours des catholiques', et toujours combat.

Parce que la première naissance fait les uns, et la grâce de la seconde naissance fait les autres.

Te sera une des confusions des damnés, de voir qu'ils seront condamnés par leur propre raison, par laquelle ils ont prétendu condamner la religion chrétienne.

2

13.

Il y a cela de commun entre la vie ordinaire des hommes et celle des saints, qu'ils aspirent tous à la félicité; et ils ne diffèrent qu'en l'objet où ils la placent. Les uns et les autres appellent leurs ennemis ceux qui les empêchent d'y arriver. Il faut juger de ce qui est bon ou mauvais par la volonté de Dieu, qui ne peut être ni injuste, ni aveugle; et non pas par la nôtre propre, qui est toujours pleine de malice et d'erreur.

4

14.

Quand saint Pierre et les apôtres délibèrent d'abolir la

le contraire du vrai; croire par exemple que le pain de l'Eucharistie est vraiment pain, c'est être dans le faux suivant l'Eglise.

[ocr errors]

1 « Des catholiques. Des catholiques sous l'inspiration de la grâce, des pélagiens sous celle de la nature.

2 « Leurs ennemis.

Voir xv, 7, pour l'explication de cette pensée. « Bon ou mauvais. Et par conséquent de ce qui est ami ou ennemi. 4 « Quand saint Pierre. En titre : Point formaliste, c'est-à-dire sans doute qu'il ne faut point être formaliste. Cf. 40. Voir les Actes des Apôtres, xv. Ce premier concile du christianisme, après de grand débats, dispensa en effet de la circoncision les Gentils convertis au chrisutanisme, tout en maintenant la prescription mosaïque de s'abstenir du sang des bêtes et de la chair des animaux morts sans avoir été saignés (verset 29).

ils

circoncision, où il s'agissait d'agir contre la loi de Dieu, ne consultent point les prophètes, mais simplement la réception du Saint-Esprit en la personne des incirconcis. Ils jugent plus sûr que Dieu approuve ceux qu'il remplit de son Esprit, que non pas qu'il faille observer la loi; ils savaient que la fin de la loi n'était que le Saint-Esprit; et qu'ainsi, puisqu'on l'avait bien sans circoncision, elle n'était pas nécessaire *.

15.

Deux lois suffisent pour régler toute la république chrétienne, mieux que toutes les lois politiques".

La religion est proportionnée à toutes sortes d'esprits. Les premiers s'arrêtent au seul établissement; et cette religion est telle, que son seul établissement est suffisant pour en prouver la vérité. Les autres vont jusqu'aux apotres. Les plus instruits vont jusqu'au commencement du

1 « Où il s'agissait. » C'est-à-dire, chose où il s'agissait.

2 « Contre la loi de Dieu. » Genèse, xvn, 10; Lévitique, XII, 3. 3 << Des incirconcis. » Fierre se levant leur dit : « Frères, vous savez qu'il y a longtemps déjà que Dieu m'a choisi d'entre nous, pour que les » Gentils entendissent de ma bouche la parole de l'Evangile, et qu'ils » crussent. Et Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur » donnant son Esprit saint aussi bien qu'à nous. Et il n'a point fait de dif» férence entre eux et nous, purifiant leur cœur par la foi. » Ibid., 7–9.

« Pas nécessaire. » Où en voulait venir Pascal, en parlant ainsi pour l'esprit contre la lettre? Il est difficile de marquer précisément son intention, mais en général les sectaires persécutés aiment à se prévaloir de l'inspiration contre la loi.

5 « Politiques.» P. R. ajoute l'amour de Dieu et celui du prochain. « Un docteur de la loi, d'entre les Pharisiens, voulant tenter Jésus, lu » demanda Maître, quels sont les grands préceptes de la loi? Jésus lui » répondit: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute » ton âme, de toute ta pensée. Voilà le plus grand et le premier des pré>>ceptes Le second, semblable au premier, est celui-ci Tu aimeras ton >> prochain comme toi-même. Ces deux préceptes comprennent toute la loi » et les prophètes.» Matth., Xx11, 35.

« Etablissement. P. R. met, à l'état et à l'établissement où elle est. C'est bien le sens. Les premiers, c'est-à-dire les moins élevés.

monde1. Les anges la voient e core mieux, et de plus loin. Dieu, pour se réserver à lui seul le droit de nous instruire, et pour nous rendre la difficulté de notre être inintelligible, nous en a caché le nœud3 si haut, ou, pour mieux dire, si bas, que nous étions incapables d'y arriver: de sorte que ce n'est pas par les agitations de notre raison, mais par la simple soumission de la raison, que nous pouvons véritablement nous connaître.

16.

[ocr errors]

Les impies, qui font profession de suivre la raison, doivent être étrangement forts en raison. Que disent-ils done? Ne voyons-nous pas, disent-ils, mourir et vivre les bêtes comme les hommes, et les Turcs comme les chrétiens "? Ils ont leurs cérémonies, leurs prophètes, leurs docteurs, leurs saints, leurs religieux, comme nous, etc. - Cela est-il contraire à l'Écriture? ne dit-elle pas tout cela? Si vous ne vous souciez guère de savoir la vérité, en voilà assez pour vous laisser en repos. Mais si vous désirez de tous votre cœur de la connaître, ce n'est pas assez; regardez au détail. C'en serait assez pour une question de philosophie; mais ici où il va de tout... Et cependant, après une

1 « Du monde. » Cf. x1, 5, second fragment, et la seconde partie du Discours sur l'histoire universelle de Bossuet.

2

« Et de plus loin. » Ils la voient dans la chute du mauvais ange, première cause de la chute de l'homme.

3 « Le nœud.» Sur cette expression, cf. le premier fragment du paragraphe de l'article VIII, à la fin, p. 444.

4

« Comme les chrétiens. » Sur cette antithèse, cf. vi, Les Turcs.

49.

Ils ont.

5 « Tout cela. Que les bêtes vivent et meurent comme les hommes, Ecclés., III, 48-22. Que le Christ sera méconnu, Jean, XVI, 9, etc.; qu'il y aura des faux prophètes, Matth., VII, 45, etc.; que l'ivraie sera confondue avec le bon grain jusqu'au dernier jour, Matth., XIII, 30; etc., etc.

· « En repos. » C'est-à-dire, Voilà, je l'avoue, contre la religion, une fin de non-recevoir qui semble suffisante, qui vous permet de ne pas vous tourmenter à l'approfondir.

« ZurückWeiter »