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réflexion légère de cette sorte, on s'amusera, etc. Qu'on s'informe de cette religion même si elle ne rend pas raison de cette obscurité; peut-être qu'elle nous l'apprendra1.

C'est une chose horrible3 de sentir s'écouler tout ce qu'on possède.

Il faut vivre3 autrement dans le monde selon ces diverses suppositions: 1° Si l'on pouvait y être toujours; 2° s'il est sûr qu'on n'y sera pas longtemps, et incertain si on y sera une heure. Cette dernière supposition est la nôtre".

17.

Par les partis, vous devez vous mettre en peine de rechercher la vérité ; car si vous mourez sans adorer le vrai principe, vous êtes perdu. Mais, dites-vous, s'il avait voulu que je l'adorasse, il m'aurait laissé des signes de sa volonté. Aussi a-t-il fait; mais vous les négligez. Cherchez-les donc; cela le vaut bien.

Je trouve bon qu'on n'approfondisse pas l'opinion de Copernic: mais ceci...! Il importe à toute la vie de savoir si l'âme est mortelle ou immortelle.

« Qu'elle nous l'apprendra. » En nous révélant que Dieu a voulu aveugler les réprouvés : voir l'article xx, et ci-après le paragraphe 46. 2 « C'est une chose horrible.» En titre, Ecoulement. Voir 33.

« Il faut vivre. En titre, Partis. Sur les partis, cf. x, 1, p. 177. « Est la nôtre. » Quelle façon neuve et saisissante de présenter une horalité banale!

<< Par les partis. Voir ci-dessus, note 3.

« De Copernic. » On s'étonne que ce soit un Pascal qui parle de Copernic avec cette indifférence. On pourrait croire d'abord que ce n'est là qu'un mouvement de zèle religieux, et que s'il trouve cette question peu importante c'est seulement par comparaison à celle du salut (cf. 16). Mais on ne peut plus en juger ainsi quand on voit qu'il semble admettre ailleurs positivement que c'est le ciel qui tourne autour de la terre (1, 1, p. 2). L'opinion nouvelle avait deux torts; elle choquait la fois les âmes pieuse et les esprits sceptiques, également portés à tenir pour suspect tout effort

18.

Les prophéties, les miracles mêmes et les preuves de notre religion, ne sont pas de telle nature qu'on puisse

de la raison. C'est douze ans après la mort de Pascal, que Malebranche écrivait, dans la Recherche de la vérité (IV, 12): « Il y a bien des gens » qui croient, mais d'une foi constante et opiniâtre, que la terre est immo» bile au centre du monde..., et une infinité de semblables opinions fausses » ou incertaines, parce qu'ils se sont imaginé que ce serait aller contre la » foi que de le nier. Ils sont effrayés par les expressions de l'Ecriture »sainte, qui parle pour se faire entendre, et qui par conséquent se sert » des manières ordinaires de parler, sans dessein de nous instruire de la » physique... Ils ne voient pas que Josué, par exemple, parle devant » ses soldats comme Copernic même, Galilée et Descartes parleraient au >> commun des hommes, et que quand même il aurait été dans le sentiment » de ces derniers philosophes, il n'aurait point commandé à la terre qu'elle » s'arrêtât, puisqu'il n'aurait point fait voir à son armée, par des paroles » que l'on n'eût point entendues, le miracle que Dieu faisait pour son » peuple... Cependant les paroles de ce grand capitaine, Arrête-toi, Soleil, » auprès de Gabaon, et ce qui est dit ensuite, que le soleil s'arrêta selon » son commandement, persuadent bien des gens que l'opinion du mouve » ment de la terre est une opinion non-seulement dangereuse, mais même » absolument hérétique et insoutenable. Ils ont out dire que quelques > personnes de piété, pour lesquelles il est juste d'avoir beaucoup de res» pect et de déférence, condamnaient ce sentiment; ils savent confusément » quelque chose de ce qui est arrivé pour ce sujet à un savant astronome de » notre siècle; et cela leur semble suffisant pour croire opiniâtrément que » la foi s'étend jusqu'à cette opinion. Un certain sentiment confus excité » et entretenu par un mouvement de crainte, duquel même ils ne s'aperçoivent presque pas, les font entrer en défiance contre ceux qui suivent >> la raison dans ces choses, qui sont du ressort de la raison. Ils les >> regardent comme des hérétiques; ce n'est qu'avec inquiétude et quelque >> peine d'esprit qu'ils les écoutent; et leurs appréhensions secrètes font > naître dans leurs esprits les mêmes respects et les mêmes soumissions » pour ces opinions et pour beaucoup d'autres de pure philosophie, que » pour les vérités qui sont l'objet de la foi. » On sait en effet ce qui était arrivé à Galilée en 1633. Cette condamnation avait profondément décou→ ragé les esprits novateurs. Descartes répète plusieurs fois au P. Mersenne que cette disgrâce de la science le fait renoncer à publier sa Philosophie (22 juillet 1633, 10 janvier et 15 mars 1634). Il lui écrivait encore la même chose sept ans après (décembre 1640). Et on voit que Malebranche, si pleinement cartésien, n'ose cependant encore articuler formellement que l'opinion dont il prend la défense soit la vérité. D'un autre côté, les gens du monde, les indifférents, les douteurs, qui n'étaient ni assez savants pour suivre la démonstration du nouveau système, ni assez zélés pour s'engager dans des contestations et dans des querelles, traitaient légèrement ces nouveautés. Montaigne disait (Apol., p. 264); « Le ciel et les estoiles

dire qu'ils sont absolument convaincants. Mais ils le sont aussi de telle sorte qu'on ne peut dire que ce soit ètre sans

⚫ ont branslé trois mille ans, tout le monde l'avoit ainsi creu, iusques à co » que... Nicetas Syracusien [lisez Bicetas. Cic. Acad., II, 39] s'advisa » de maintenir que c'estoit la terre qui se mouvoit... ; et de nostre temps » Copernicus a si bien fondé cette doctrine... etc. Que prendrons-nous de là, sinon qu'il ne nous doibt chaloir lequel ce soit des deux? et qui » sçait qu'une tierce opinion, d'icy a mille ans, ne renverse les deux pre>>cedentes?» Le chevalier de Méré. dans sa lettre à Pascal, disait aussi: « Nous ignorons plusieurs choses dont nous ne devons parler que douteusement, comme nous en connaissons beaucoup d'autres que nous pou»vons décider... Doutons si la lune cause le flux et le reflux de l'Océan, » si c'est le ciel ou la terre qui tourne, et si les plantes qu'on nomme sensitives ont du sentiment. Mais assurons que la neige nous éblouit, que » le soleil nous éclaire et nous échauffe, et que l'esprit et l'honnêteté sont >> au-dessus de tout. » Il n'est peut-etre pas sans intérêt d'ajouter que plus de cent ans après Galilée, un autre sceptique, le grand Frédéric, au moment même où Voltaire, en publiant sa Philosophie de Newton, assurait le triomphe des idées nouvelles, osait lui écrire encore: « Les Malabares » ont calculé les révolutions des globes célestes sur le principe que le soleil » tournait autour d'une haute montagne de leur pays, et ils ont calculé » juste. Après cela qu'on nous vante res prodigieux efforts de la raison hu» maine, et la profondeur de nos vaates connaissances! Nous ne savons >> réellement que peu de chose, mais notre esprit a l'orgueil de vouloir >> tout embrasser (47 juin 1738). » Il est vrai que Voltaire traite comme elles le méritent, dans sa réponse, res moralités du prince royal, et ses Malabares.

Remarquons encore que La Bruyère, qui, dans son chapitre des Esprits foris, présente aussi le tableau de la nature aux regards de l'homme, l'expose en se tenant, comme Pascal, aux anciennes idées. Et cependant le livre de Fontenelle, de la Pluralité àes mondes, avait paru. La Bruyère ajoute, il est vrai, tout à la fin : « Voulez-vous un autre système, et qui ne » diminue rien du merveilleux? » Mais ce système, il l'indique à peine, et ne le considère pas dans toute son etendue. Il se borne à notre soleil, et aux planètes qui tournent autour de lui.

Il est permis aujourd'hui de regarder l'opinion de Copernic comme une vérité reconnue; il est permis aussi d'en relever l'importance, qui n'a pas frappé l'esprit de Pascal. Son peu de goût pour Descartes et pour ses systèmes l'a entraîné à mépriser une idée à laquelle Descartes et les siens s'étaient attachés. Il est fâcheux cependant qu'un des maîtres de la science sacrifie ainsi la science; que celui qui a tant élevé Archimède tienne si peu de compte de Copernic; que celui enfin qui a trouvé bon d'approfondir la pesanteur de l'air, qui a eu l'honneur de la démontrer, qui a écrit la Préface du Traité du Vide, n'ait pas ose ou n'ait pas daigné prendre párti sur une découverte plus haute encore. · - Voir, sur le mouvement imprimé aux sciences par Copernic, le Cosmos de M. de Humboldt, t. 11, page 366 et suivantes de la traduction de M. Ch. Galusky.

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raison que de les croire. Ainsi il y a de l'évidence et de l'obscurité, pour éclairer les uns et obscurcir les autres. Mais l'évidence est telle, qu'elle surpasse, ou égale pour le moins, l'évidence du contraire 2; de sorte que ce n'est pas la raison qui puisse déterminer à ne la pas suivre; et ainsi ce ne peut être que la concupiscence et la malice du cœur. Et par ce moyen il y a assez d'évidence pour condamner, et non assez pour convaincre; afin qu'il paraisse qu'en ceux qui la suivent, c'est la grâce, et non la raison, qui fait suivre; et qu'en ceux qui la fuient, c'est la concupiscence, et non la raison, qui fait fuir 3.

Qui peut ne pas admirer et embrasser une religion qui connaît à fond ce qu'on reconnaît d'autant plus qu'on a plus de lumière?

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C'est un héritier qui trouve les titres de sa maison. Dira-t-il Peut-être qu'ils sont faux? et négligera-t-il de les examiner?

19.

Deux sortes de personnes connaissent: ceux qui ont le

1 « De l'évidence. » Il voulait dire, de la lumière. On peut concevoir un mélange de lumière et d'obscurité, mais là où il reste de l'obscurité, il n'y a pas d'évidence. Obscurcir ne s'emploie pas au sens où il est pris

dans cette phrase.

-

2 « Du contraire. » Pascal veut dire : Il n'est pas parfaitement clair, ni que Dieu soit, ni que Dieu ne soit pas. Mais il y a autant de clarté et même plus dans l'hypothèse de son existence que dans l'hypothèse contraire. Ce ne sera donc pas la raison, mais la perversité, qui fera pencher pour nier Dieu plutôt que pour y croire. Le mot d'évidence est ici encore plus impropre. Il n'y a pas de plus et de moins dans l'évidence.

S « Qui fait fuir. » P. R. a supprimé ce morceau, comme la plupart de ceux qui rendaient trop franchement la même doctrine: voir l'article xx. 4 « C'est un héritier. Il s'agit de l'homme à qui la religion présente ses dogmes et les preuves qui les appuient. Cf. IX.

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3 « Dira-t-il. » Se contentera-t-il de dire.

Connaissent. » Dieu, la vérité.

cœur humilié, et qui aiment la bassesse, quelque degré d'esprit qu'ils aient, haut ou bas; ou ceux qui ont assez d'esprit pour voir la vérité, quelque opposition qu'ils y aient'.

Les sages qui ont dit qu'il y a un Dieu, ont été persécutés, les Juifs haïs, les chrétiens encore plus.

20.

Qu'ont-ils à dire contre la résurrection, et contre l'enfantement de la Vierge? Qu'est-il plus difficile, de produire un homme ou un animal, que de le reproduire? Et s'ils n'avaient jamais vu une espèce d'animaux, pourraient-ils deviner s'ils se produisent sans la compagnie les uns des autres?

...

21.

Mais est-il probable que la probabilité assure? Différence entre repos et sûreté de conscience. Rien ne donne l'assurance que la vérité. Rien ne donne le repos que la recherche sincère de la vérité".

22.

Les exemples des morts généreuses des Lacédémoniens et autres ne nous touchent guère; car qu'est-ce que cela nous apporte? Mais l'exemple de la mort des martyrs nous

1 « Qu'ils y aient. Dans l'orgueil, qui est le fond même de la nature corrompue. C'est pour ceux-là que Pascal écrit: les cœurs humbles, qu'ils aient l'esprit haut ou bas, trouvent Dieu sans effort d'esprit.

2 Un Dieu. » Un Dieu suprême, un Dieu unique.

« Mais est-il probable. » Sur lá probabilité des casuistes, cf. vII,

39.

suppose par cela pécheurs, les met

4 « De la vérité. » P. R. a mis: Rien ne doit donner le repr; et en effet quand Pascal distingue le repos et l'assurance, même que la probabilité, si elle ne met en sûreté les en repos. Mais ce n'est pas ce vrai ét bon repos qu'une recherche sincère peut seule donner.

5 « Nous apporte. Cela nous apporte une leçon et une excitation à la fois.

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