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selon les différents ordres de rapports que l'homme soutient. Or les rapports de l'homme peuvent se classer ainsi : 1° rapports avec Dieu; 2° avec soi-même (1); 3° avec ses semblables. On pourrait ajouter les rapports de l'homme avec les créatures irraisonnables; car dans cette sphère même il ne doit faire que ce qui est dans l'ordre, ce qui est conforme au plan conçu et voulu par Dieu. Nous ne traitons pas en particulier de ce dernier point, parce qu'il a peu de portée.

Nous distinguons donc trois sortes de préceptes particuliers découlant du précepte général, lesquels engendrent, à leur tour, trois genres de devoirs spéciaux : 1° le précepte qui engendre nos devoirs envers Dieu; 2o celui qui crée nos devoirs envers nous-mêmes; 3o celui qui produit nos devoirs envers nos semblables. L'étude de ces différents genres de devoirs et des droits qui s'y rattachent forme l'objet principal de la seconde partie.

Après avoir exposé ces trois classes de devoirs; après avoir montré comment la loi morale se particularise et s'applique aux divers genres de rapports que l'homme soutient, nous considérerons l'homme lui-même en face de ces prescriptions particulières de la loi, dans ses relations pratiques avec celle-ci. Or l'homme est mis en rapport pratique ou en rapport d'action avec la loi morale par la conscience et par le libre arbitre. De là la nécessité d'étudier, à ce point de vue, la conscience et l'arbitre.

Il resterait ensuite à examiner la conduite de l'homme en présence des préceptes de la loi. C'est alors que se présente l'étude des vertus et des vices en particulier, suivant que l'homme observe ou transgresse ces mêmes préceptes. Nous ne dirons que quelques mots sur ce sujet. Enfin nous terminerons en rappelant les conséquences qu'entraînent pour l'homme, et dans cette vie et dans l'autre, ces vertus et ces vices.

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(1) Car il peut être considéré comme sujet et comme objet de ces rapports.

Chapitre I.

DES DEVOIRS DE L'HOMME ENVERS DIEU.

DU CULTE RELIGIEUX.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES.

On pourrait dire en un certain sens que tous les devoirs de l'homme, quels qu'ils soient, sont des devoirs envers Dieu, puisque tous ont en définitive la volonté de Dieu pour principe, et les rapports établis en vertu de cette même volonté pour objet. Néanmoins il est une classe spéciale de devoirs qui portent plus particulièrement le nom de devoirs envers Dieu, ce sont ceux qui ont Dieu lui-même pour objet direct et immédiat. C'est donc de cette classe de devoirs qu'il s'agit dans ce chapitre.

La loi morale nous prescrit des devoirs particuliers envers Dieu, parce qu'il y a entre Dieu et l'homme, entre le Créateur et la créature intelligente et libre, des rapports personnels et directs fondés sur la nature, et dont elle doit commander le maintien. L'ensemble de ces devoirs est compris dans le culte religieux. Nous allons donc traiter rapidement du culte que l'homme doit à Dieu.

Le culte, à le prendre dans son expression la plus générale, est un honneur ou un hommage rendu à Dieu. Il nous faut montrer que l'homme doit réellement à Dieu cet hommage, et en même temps en définir la véritable nature et en marquer les formes essentielles.

Que l'homme doire à Dieu un colte, c'est une vérité qui n'est point contestable. L'bomme n'existe que par Dieu, il tient tout de lui; il lui doit donc l'hommage de tout son étre. « L'homme, dit M. Bautain, a reçu de Dieu tout ce qu'il est , tout ce qu'il a; donc il doit tout à Dieu, done il doit réagir vers Dieu de toute son âme, de tout son esprit, par toutes ses facultés, pour lui rendre tout ce qu'il tient de lui... Soumission libre de la créature intelligente à son créateur. offrande de son amour et de son dévouement, ou restitution d'elle-même à son principe, pour ne vivre que de loi, par lui et pour lui, voilà le véritable hommage de l'homme envers Dieu, le culte intérieur, l'adoration en esprit et en vérité (1). » Cette dépendance totale et absolue de l'homme à l'égard de Dieu est le vrai fondement du culte religieus.

Ce culte se divise en culte intérieur et culte extérieur. Parlons d'abord du culte intérieur; il constitue l'essence même de tout culte véritablement religieux, et il est le principe et l'àme du culte extérieur.

S I. Du culte intérieur.

Par cela méme quïl est établi que l'homme doit à Dieu un culte, la nécessité du culte intérieur est démontrée. Et comme Dieu est présent à nos pensées les plus intimes, nul doute qu'il ne puisse être honoré par des actes purement internes.

Afin de mieux définir la nature du culte intérieur, indiquons les principaux actes qui le constituent.

Ce culte consiste principalement dans l'adoration, la prière et l'amour. C'est un devoir pour l'homme d'adorer Dieu, de le prier et de l'aimer. Disons un mot de ces différents actes en particulier.

4• Tout homme est obligé d'adorer Dieu. -- L'adoration consiste à reconnaitre par un sentiment pieux le donuaine souverain et absolu de Dieu sur nous et sur toutes choses. Or il est manifeste que notre position vis-à-vis de Dieu réclame de

11) Philosophie morale, chap. V. 3 62.

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nous ce devoir. Nous sommes, avec le reste des créatures, dans une complète dépendance de lui; nous devons donc reconnattre et proclamer cette dépendance, nous devons le faire, nonseulement par un acte purement théorique et superficiel de l'intelligence, mais par un mouvement pieux du coeur, par un sentiment profond de notre âme tout entière. Là est le vrai caractère de l'adoration; elle se confond avec l'humble et sincère aveu de notre entière dépendance à l'égard de Dieu; elle assujétit pleinement l'homme à son auteur, l'humilité de l'ame en est la compagné obligée. 2. Tout homme doit prier Dieu.' - La prière, envisagée

. dans ses traits généraux, est une forme de l'adoration; elle est l'expression du sentiment de notre dépendance, c'est l'aveu d'une indigence qui espère. On peut la définir en général un entretien pieux de l'âme avec Dieu. L'homme s'entretient avec Dieu pour l'admirer, le louer, le bénir, lui exprimer son amour, implorer son assistance et le remercier de ses bienfaits. Nous voulons surtout parler ici de la prière considérée comme demande.

La nécessité de la prière n'est pas difficile à établir; elle résulte de la nature de Dieu et de la nature de l'homme considérées dans leurs rapports mutuels. D'un côté, Dieu est le principe et la source de tout bien; d'un autre côté, l'homme ne se suffit point à lui-même, il est naturellement faible et indigent, des besoins et des périls de tout genre l'assiégent sans cesse. Ces périls et ces besoins éclatent surtout avec'une évidence trop réelle dans l'ordre moral. L'homme est impuissant par luimême à remplir ses devoirs; livré à ses seules forces, il ne ferait guère que tomber et se précipiter dans mille désordres. C'est là une vérité de fait que la conscience de chacun de. nous atteste, et qui n'est que trop démontrée par l'expérience de ceux qui veulent marcher sans Dieu. L'homme ne saurait vivre de lui-même ni au moral ni au physique.

Dans cette situation, que lui reste-t-il à faire sinon à se tourner vers Dieu, à confesser humblement sa propre indigence et à implorer pieusement l'assistance de Celui qu'il sait être la source de tout don parfait? - Nous dirons tout de suite, en répondant à quelques objections , pourquoi Dieu exige que

l'homme lui expose ses besoins et lui adresse des demandes dont il connait l'objet par avance.

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Objections. Le rationalisme n'aime point la prière, du moins la prière telle que nous venons de la définir , la prière dans le sens vrai et chrétien de cette expression. Se renfermant dans ce qu'ils nomment fièrement leur indépendance personnelle, la plupart des rationalistes craindraient de se rabaisser en faisant à Dieu l'aveu d'une indigence qui pourtant n'est que trop visible. Aussi n'y a-t-il point de sophismes ni de subterfuges auxquels ils n'aient recours pour discréditer la prière en essayant de montrer qu'elle ne saurait se justifier aux yeux de la raison. Écoutons quelques-uns de leurs raisonnements les plus spécieux.

1° La prière, dit-on, entendue dans le sens de demande, est toujours une chose inutile et souvent même elle est répréhensible. En effet, ou bien ce que nous demandons est dans l'ordre, et alors notre demande est inutile; Dieu sait ce qui nous convient, et il est infiniment bon, il nous l'accordera donc sans que nous le lui demandions. Ou bien ce que nous demandons n'est point dans l'ordre; et alors notre prière n'est pas seulement inutile, elle est impie.

20 Il est absurde de demander à Dieu qu'il change ses décrets. Or c'est pourtant ce que l'on fait fréquemment par la prière, comme, par exemple, lorsqu'on demande la cessation d'un fléau, d'une calamité...

Dans son cours de philosophie morale, M. Damiron a écrit sur la prière quelques pages empreintes d'un noble sentiment de poésie religieuse; mais il condamne, sous des termes légèrement voilés, la prière telle que nous l'envisageons ici. La prière, dit-il, « est destinée à vivifier et à fortifier les åmes, et elle ne perd de sa vertu que lorsqu'elle s'égare en aveugles el coupables superstitions... Qu'est-ce en effet que bien prier? Ce n'est pas demander à Dieu qu'il change et se modifie au gré d'un vain caprice, qu'il défasse ce qu'il a fait, qu'il fasse ce qu'il n'a pas fait, qu'il suspende ses lois et réforme ses conseils d'après les veux qu'on lui adresse : désirs d'enfant que tout cela, fantaisies folles et sans raison, sources de mécomptes

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