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indissoluble; dès que les intérêts peuvent se séparer, il en nai. tra des disputes et des jalousies continuelles. Quel attachement peut prendre une épouse pour une famille dans laquelle elle n'est pas sûre de demeurer toujours ? Un mariage sujet à être dissous ne peut pas plus contribuer à la félicité des familles ni à la pureté des meurs qu'un concubinage habituel (1). >>

Oui, le divorce dénature visiblement l'union conjugale, il lui ôte son véritable caractère et tend à faire du mariage une sorte de concubinage honteux où la passion brutale prendra la place de l'affection, de l'estime, de la confiance et du dévouement. Et quel sera donc le sort des enfants si le mariage peut être dissous et si les parents peuvent contracter de nouveaux liens? N'est-il pas manifeste que le divorce changera totalement la condition des enfants, empoisonnera leur vie et les exposera au sort le plus triste et dans l'ordre physique et plus encore dans l'ordre moral ? « Si les époux se séparent, dit Barran, que deviendront les enfants? Les laissera-t-on à la charge de la mère répudiée, qui manquera de l'autorité nécessaire pour les élever, et des moyens de protection pour les établir? Et lorsque la loi imposerait à l'époux une pension alimentaire, ces malheureux enfants ne seront pas moins condamnés à prolonger les chagrins, la tristesse et l'ignominie de leur mère. D'un autre côté, en les laissant avec le père, il faudra les abandonner aux soins d'une marâtre, et, au lieu des tendresses maternelles, leur faire essuyer l'indifférence d'une étrangère, toute la haine d'une ennemie (2). » En un mot, le divorce détruit le véritable caractère de la famille et, en le détruisant, compromet le sort des enfants et sape ainsi la société dans sa base.

Aussi le divin fondateur du christianisme, qui est venu restaurer toutes les grandes lois de la nature et de la société, a-t-il proscrit formellement le divorce. Lorsque les Pharisiens demandèrent au Sauveur s'il est permis à l'homme de répudier sa femme pour quelque raison que ce soit, il leur fit cette mémorable réponse : « N'avez-vous pas lu que Dieu, qui a

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créé lhomme et la femme, a dit : 1 homme quittera son père et sa mère, et s'attacher à sa femme: et ils seront deux dans one segle chait... Irae thomme ne sipere denne print ce que Dinami. Par ces paroles Isus-Christ, en rumenant le mariage à 9 sainteté primitive, promulga de couveau la grave loi de lindissolabilité da lien conjugal.

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Le véritable mariage, le mariage vraiment conforme à la nature et à la raison, le mariage tel que Dieu le veut et tel que la loi chrétienne le consacre, est done Ponion légitime d'un seul homme et d'une seule femme, et cette union est indissoluble.

Cette union constitue une société dont l'homme est le chef naturel. C'est au mari qu'appartient l'autorité; la femme est sous sa dépendance. Mais cette dépendance n'ote rien à la dignité de l'épouse; elle n'est pas une esclave ni un instrument entre les mains de son époux. elle est sa compagne et son aide. – On sait que sous l'empire de la civilisation paienne la femme n'était le plus souvent qu'une esclave et un vil instrument au service de l'homme (2). C'est le christianisme qui a relevé la femme et lui a rendu le noble rang de compagne de l'homme.

L'union de l'homme et de la femme dans le mariage a pour but direct et principal la procréation et l'éducation des enfants. Ce n'est pas là sans doute la seule fin du mariage, mais c'est la fin première et principale. De lå l'obligation pour les époux de ne rien faire qui empèche ou contrarie la naissance des enfants. Empècher de naitre, c'est tuer à l'arance, disait Tertullien à ces païens voluptueux et cruels qui se jouaient effrontément de la vie de l'enfance (5).

(1) Matth. XIX , 3-7.

(2) Voyez nos Études sur la civilisation européenne considérée dans ses rapports avec le christianisme , chap. III, S II.

(3) Voyez Études sur la civilis., etc., loc. cit.

Anude II. Des druris ei as devis des parents à l'ecara

dus tz; axis.

1. L'autorité des parents sur leurs enfants dérire immédiatement de la nature, et par conséquent de Dien: car la nature ne fait que manifester la volonté de son auteur, et c'est à ce titre seul qu'elle peut servir de base à une autorité quelconque. L'autorité paternelle est la première qui apparaisse sur la terre, et c'est aussi la seule qui soit uniquement fondée sur la nature : elle ne reçoit rien de la volonté des hommes. pas même dans sa forme ou dans son mode, rj dans les conditions extérieures de son existence, tout en elle rient directement de la nature. La famille, dit M. Bautain, est le produit de la natnre elle-même, agissant par la génération, et le rapport qui s'établit entre le terme engendré et les termes generateurs, fonde une obligation naturelle de celui-là enrers cenr-ci, d'où sortent les devoirs du premier. Par le fait même de la generation, les parents dominent les enfants; car ils sont leurs antécédents selon la nature... Il y a entre eux le mème rapport qu'entre la cause et l'effet, le principe et la conséquence. Il y a donc d'un côté supériorité naturelle, et avec elle puissance et autorité, et de l'autre subordination naturelle, et par elle soumission et obéissance. » — Remarquons seulement que l'autorité ou le ponvoir n'est pas donné, à parler strictement, par le fait de la génération : l'autorité est donnée dans ce fait, parce qu'il est la manifestation de l'ordre des choses, de l'ordre de Dieu... « Ainsi, poursuit M. Bautain, s'établit primitivement et naturellement le pouvoir dans le monde. Ainsi un homme acquiert le droit naturel de commander à un autre homme; ainsi s'est constituée la première hiérarchie légitime; et par conséquent le premier gouvernement qui ait paru sur la terre est celui des enfants par leurs parents, le gouvernement paternel ou patriarcal, type et modèle de tous les autres (1). »

Aussi tous les peuples ont reconnu l'autorité des parents sur leurs enfants. Mais dans le paganisme on a souvent faussé le caractère de la puissance paternelle; on l'a fréquemment exagérée, parce qu'on n'en comprenait pas suffisamment la na

(1) Philos. mor., Il part. ch. VI, S 69.

ture: on ne connaissait pas assez les rapports de l'homme avec Dieu. De lå tant d'idées fausses sur la nature et l'étendue du droit de l'homme en général. C'est ainsi que chez plusieurs peuples on accordait au père le droit de vie et de mort sur les enfants, droit absolu et illimité : les enfants étaient la propriété du père, il pouvait en disposer à son gré comme d'une chose.

Le christianisme a fait disparaitre ce désordre. La puissance paternelle n'est pas une puissance autonome, elle a sa source et son fondement en Dieu, elle doit donc s'exercer conforméinent à l'ordre établi de Dieu; dès qu'elle s'en écarte, elle perd toute autorité. Et de fait, elle n'existe que pour réaliser la fin de la famille; elle ne s'étend pas au-delà. Les enfants ne sont point la propriété des parents; ceux-ci « ne sont pas les auteurs de la vie qu'ils donnent; ils l'ont reçue et la transmettent. Ils ne créent point, ils procréent : ils tiennent la place du créateur, dont ils sont les ministres. La puissance, inhérente à leurs fonctions, n'est donc pas plus à eux que la vie; elle trouve sa sanction et sa règle dans la source supérieure dont elle dérive (1). » Les enfants sont un dépôt confié de Dieu à la sollicitude des parents. Là est tout ensemble la raison et la règle de leur puissance.

2. Aux droits des parents sur leurs enfants sont attachés des devoirs. Dans l'ordre social, l'homme n'a jamais sur ses semblables de droits sans devoirs; et les parents ont de graves devoirs à remplir envers leurs enfants. Nous venons de le dire, les enfants sont un dépôt confié aux parents; ils doivent le traiter et le faire fructifier selon les desseins du maître suprême, selon l'ordre établi de Dieu. Les devoirs des parents concernent le corps et l'âme de leurs enfants : ils leur doivent la triple éducation, physique, morale et intellectuelle. L'éducation de l'âme étant la plus importante, c'est elle aussi qui réclame le plus de soin. Les parents sont tenus de procurer à leurs enfants, par tous les moyens qui sont en leur pouvoir, le perfectionnement intellectuel et moral dans le sens et selon la mesure où nous l'avons marqué en traitant des devoirs de

(1) Bautain, loc. cit. 70.

l'homme envers son âme. Ils doivent surveiller et diriger soit par eux-mêmes, soit par des maitres sûrs, le développement des facultés intellectuelles et morales de leurs enfants. Dans l'enfance, tout est à l'état de simples facultés, de puissances; ces puissances doivent s'actualiser, se développer graduellement. Mais ce développement peut être vrai ou faux; et dans ce dernier cas il est une altération ou une corruption des puissances. Or les parents sont chargés par l'auteur de la nature de veiller à ce que ce développement soit vrai, soit en tout point conforme à l'ordre. Ainsi, pour l'intelligence, c'est un devoir pour eux d'en éloigner soigneusement l'erreur et de lui procurer en même temps les connaissances requises, dans le sens où nous l'avons défini plus haut. La vérité est le pain de l'intelligence : malheur aux parents qui négligent de le donner à leurs enfants! La formation de la volonté réclame particulièrement la sollicitude des parents. La volonté, quoique distincte de l'intelligence, n'en est pas séparée : c'est de l'intelligence qu'elle reçoit la lumière qui lui est nécessaire pour agir conformément à sa nature; en sorte que, en éclairant l'intelligence, on contribue déjà à former la volonté. Mais il faut que les parents exercent sur la volonté de leurs enfants une action plus directe encore, c'est pour eux une grave obligation de la tourner au bien, d'exciter en elle l'amour du bien, de lui faire faire l'apprentissage de la vertu. C'est ainsi qu'ils éveilleront véritablement la vie morale dans leurs enfants; et c'est ainsi qu'ils montreront que l'âme de ceux à qui ils ont donné le jour a bien quelque prix à leurs yeux. Rien de plus important que cette première éducation,

laquelle, dans l'âge le plus tendre, doit surtout être l'æuvre de la mère; c'est elle qui est plus spécialement chargée par la nature de former, avec la vie physique, la vie morale de l'enfant. « C'est à la mère, dit Mgr Dupanloup, à éveiller dans son enfant les premières lueurs de l'intelligence et le premier amour du bien; à mettre sur ses lèvres les premières paroles de la foi et de la vertu; à tourner ses premiers regards vers le ciel; c'est à la mère, en un mot, à le doter d'une âme chrétienne, comme elle lui a donné un corps humain; et si rien n'est hideux comme l'exemple, heureusement bien rare! d'une mère souf

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