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ment. Cette branche de la philosophie est la science générale de Dieu. Quant à la morale, elle étudie Dieu aussi, mais sous un point de vue particulier ; elle le considère en tant que, comme Bien absolu, il est la règle de la volonté créée. D'où l'on voit que la morale est comme une dérivation et une sorte d'application particulière de la métaphysique. C'est celle-ci qui doit lui fournir ses principes.

D'après cela , il est permis d'affirmer à priori que tout écrivain qui n'est pas bon métaphysicien ne saurait jamais être que très-médiocre moraliste. Nous aurons plus d'une fois l'occasion dans le cours de cet ouvrage de signaler chez des moralistes, d'ailleurs recommandables, des défauts très-graves provenant de l'absence d'idées métaphysiques suffisamment approfondies.

La psychologie est la science générale de l'âme : elle étudie l'âme dans sa nature, dans ses propriétés, dans ses différents états. La morale étudie l'âme aussi, mais elle ne la considère que sous un aspect particulier, elle ne l'envisage que dans ses relations avec le Bien.

On voit ainsi que la morale se rattache à la psychologie par un lien non moins étroit que celui qui l'unit à la métaphysique. Néanmoins, il ne faut pas s'y méprendre, on ne saurait asseoir la morale sur la psychologie comme sur sa véritable base, il n'est pas possible de faire dériver de la psychologie les principes qui servent de fondement à la morale. La psychologie, considérée en soi, n'étudie que l'àme humaine avec ses différentes propriétés; or notre âme est créée, elle est contingente, relative, changeante , tandis que les principes de la morale sont éternels, nécessaires, absolus, immuables. Il est donc de toute impossibilité que la morale ait son fondement dans la psychologie.

Beaucoup d'auteurs modernes n'ont pas compris cette vérité si simple. C'est ainsi que M. Damiron va jusqu'à se glorifier hautement d'avoir donné la psychologie pour base à la morale (1). « Je n'ai eu , dit cet écrivain, après avoir exposé sa méthode, qu'à tailler, pour ainsi dire, la morale sur la psy

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(1) Cours de philosophie, Morale, préf. p. xn et suiv. – Paris 1834.

par Kant et adoptée depuis lors assez généralement en Allemagne; celte différence nous semble. ne reposer sur aucun fondement philosophique. Kant, à cause du point de départ subjectif et abstrait de sa philosophie, n'a jamais su, comme nous le prouverons dans ce livre, s'élever jusqu'au principe générateur de la morale ni du droit. Aussi dès qu'il s'agit de principes, le plus souvent il ne s'appuie que sur des abstractions, ou tout au moins sur des notions secondaires et accessoires qui en elles-mêmes n'ont aucune valeur. C'est ce qui lui est particulièrement arrivé dans la question de la différence entre le droit et la morale. Les traités de morale et de philosophie du droit du profond penseur de Kønigsberg renferment d'excellents détails; mais ils nous paraissent manquer de base.

Encore un mot avant de terminer cette préface. Ce n'est pas un cours complet de philosophie morale que nous donnons au public; nous ne publions qu'une exposition scientifique des principes généraux qui sont le fondement de la morale, et qui forment la première partie de notre cours. Mais ces principes une fois bien compris, il est facile de les appliquer. Nous indiquerons, du reste, à la fin de ce livre, la manière dont nous les appliquons dans la seconde partie.

Louvain, à la Fête de la Purification de la Sainte-Vierge 1852.

AVERTISSEMENT DE LA SECONDE ÉDITION.

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Nous ajoutons dans cette nouvelle édition la seconde partie de notre cours. En publiant cette seconde partie, qui complète notre cours de philosophie morale, nous déférons au veu de plusieurs personnes instruites qui nous ont fait l'honneur de lire notre première édition, et qui ont exprimé le désir de voir comment nous appliquons les principes généraux et théoriques de la morale aux différents ordres de rapports que l'homme soutient; car tel est l'objet de la seconde partie, elle n'est qu'une application de la première. Nous avons voulu aussi, en publiant notre cours complet, abréger et faciliter le travail des élèves qui suivent nos leçons.

Nous traitons dans la seconde partie de quelques matières que plusieurs moralistes ont voulu, de nos jours, exclure du cadre de la philosophie morale. Ainsi notre premier chapitre est consacré à l'exposition des devoirs de l'homme envers Dieu. Or Kant prétend que ces devoirs appartiennent exclusivement à la religion et ne rentrent pas dans le cadre de la philosophie morale ; il croit donc qu'en morale on ne doit traiter que des devoirs envers soi-même et des devoirs envers les autres homnes (1). Mais c'est là une erreur très-grave; et cette

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(1) Die Metaphysik der Sitten, II Th. Metaphysische Anfangsgründe der Tugendlehre, Il Th. Elhische Methodenlehre. OEuvres , lom. 5, p. 329 sqq. Leipzig 1858.

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erreur provient de ce que le philosophe de Kønigsberg sépare l'ordre moral de l'ordre religieux et regarde la loi morale comme indépendante du dogme de l'existence de Dieu : opinion insoutenable, que nous avons signalée et réfutée dans la première partie. Tous les principes que nous établissons sur l'ordre moral démontrent trèsclairement que les devoirs de l'homme envers Dieu ne sauraient être exclus d'un traité de philosophie morale.

Il y a aussi dans notre seconde partie certains points qui, si l'on adopte la différence radicale établie par Kant . entre le droit naturel et la morale, ne devraient pas figurer dans un cours de philosophie morale; mais, nous l'avons dit, nous n'admettons point cette différence qui ne nous semble reposer sur aucune base rationnelle. Nous avons donc cru devoir maintenir en morale quelques questions importantes que plusieurs auteurs, conformément aux principes établis par Kant, renvoient à la philosophie du droit soit privé soit public.

Quant à la première partie, nous la reproduisons à peu près telle que nous l'avons publiée d'abord; nous y avons fait seulement quelques additions dont la plus importante est un nouveau paragraphe de l'Introduction sur la différence et le rapport entre la philosophie et la théologie morales. Guitar

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Louvain, 15, Aout, Féte de l'Assomption de la SainteVierge, 1855.

INTRODUCTION.

S 1. Notion générale de la morale.

Son objet.

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A s'en tenir au sens littéral et étymologique du mot qui la nomme, la morale, appelée par les Grecs Ethique, nous apparait en général comme la science qui traite des mæurs. Mais cette notion , quoique vraie en soi, est incomplète, peu précise et surtout très-peu philosophique. Pour avoir une idée juste et véritablement philosophique d'une science, il faut que l'on remonte au principe général qui la domine et auquel toutes les parties de cette science se rapportent comme à leur centre commun. Quant à la morale, il est évident d priori que ce principe devra se confondre avec la règle même des mours; il ne s'agit que de déterminer cette règle considérée dans sa plus haute expression.

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