qu'il attendoit : « Ah! Seigneur, s'écria-t-il » avec transport, Seigneur, je vous en sup» plie, envoyez plutôt celui que vous devez " envoyer.... » Oui, grand Dieu, vous avez promis d'envoyer le vrai Libérateur de votre peuple. C'est lui qui doit véritablement le mettre en liberté ; c'est après lui que nous soupirons depuis long-temps: ne différez pas son avénement.

Mais Dieu déclara enfin à Moïse qu'il vouloit être obéi; et pour le rassurer sur la difficulté qu'il avoit à parler, if lui donna pour coopérateur son frère Aaron, qui s'exprimoit aisément. Moïse alors ne répliqua plus, et se rendit à l'ordre du Seigneur. Grand exemple d'humilité et d'obéissance tout à la fois!

Dès ce moment, dépositaire de la toutepuissance de Dieu, ce grand homme commandera aux élémens; il divisera les eaux de la mer; il fera sortir l'eau des rochers. Médiateur entre Dieu et les hommes, il sera son interprète et leur oracle. Il paroîtra aux yeux d'Israel. d'Israel, comme un Ange, le front couronné de splendeur. Et, au milieu de tant de gloire, il sera le plus modeste et le plus doux des hommes; continuellement occupé du bien public et des intérêts de la Religion; rempli de zèle et d'amour pour son Dieu; plein de tendressé et de vigilance pour son peuple. Tel est d'avance, M. F., le caractère et le portrait de ce fameux législateur d'Israel, dont l'Evangile nous parle d'une manière si honorable, et que tout Chrétien

doit connoître pour savoir, comme il faut, sa Religion.

Cependant le moment de la Providence approchoit, et l'esclavage des Hébreux touchoit à son terme. Lorsque cet édit barbare qui dévouoit à la mort leurs enfans nouveauxnés, eut été révoqué, on les tourmentoit cruellement; et sur sa fin, la tyrannie fut portée à son comble. Alors la terre d'Egypte retentit de leurs plaintes; et, loin d'en avoir compassion, on les accabloit encore d'injures, d'outrages, d'opprobres, de malédictions et de mauvais traitemens. Les uns étoient chargés de chaînes, et les autres déchirés jusqu'au vif, à coups de verges, cimentant, pour ainsi dire, de leurs larmes, de leurs sueurs et de leur sang, les ouvrages publics qu'on leur faisoit faire.

Peut-être demanderez-vous, M. F., pourquoi la Providence avoit livré le peuple de Dieu à une si dure servitude? Ç'à été pour punir les péchés d'Israel, et l'apostasie de plusieurs Hébreux qui avoient participé honteusement à l'idolâtrie et aux superstitions de l'Egypte. Ç'a été pour détacher plus effisacement ce peuple grossier de son exil, et pour lui laisser une plus grande horreur des abominations égyptiennes. C'a été pour avoir 'occasion de déployer en sa faveur le bras du Tout-Puissant, et d'imprimer aux hommies, par les prodiges les plus éclatans, une idée formidable de sa grandeur.

Mais ce qu'il faut encore bien remarquer ici, pour notre instruction, c'est que, sous

une oppression si injuste, si criante, si insupportable, jamais les Israélites ne pensèrent seulement à conspirer contre l'Etat, et à se révolter contre leurs maîtres, quoiqu'ils pussent mettre sur pied une armée de plus de cinq cents mille hommes. On lit bien dans l'Ecriture, qu'ils poussèrent, dans leur extrême affliction, des gémissemens, des cris plaintifs, mais on n'y voit point 'que, pour cause de tyrannie, ou sous prétexte de religion, ils aient fait, de leur autorité privée, des entreprises violentes, des menaces contre leurs persécuteurs. Le Seigneur luimême, en prenant leur défense, sembla ménager l'autorité souveraine, et voulut que ses propres ambassadeurs lui fissent d'abord une déférence honorable, et de respectueuses remontrances, pour l'exécution des ordres qu'ils avoient reçus du Ciel même.

Comprenez, peuples, par tout ce récit, que c'est au tribunal de Dieu qu'est réservé le jugement des Rois, et qu'appartient la vengeance de l'abus de la souveraineté. Si cette vengeance éclata sur Pharaon d'une manière effrayante, ce furent les élémens, et non point ses sujets, que le Ciel arma contre lui. Apprenez donc, Rois de la terre, à craindre le Seigneur; et vous, peuples, à respecter les Rois. Révérez, à plus forte raison, celui dont ils ne sont que les images : sa colère est encore mille fois plus terrible que la leur. Il est infiniment plus grand qu'eux, et dans ses châtimens qu'il faut craindre, et dans ses récompenses qu'il faut

,

mériter, pour passer de la servitude de ce monde à la possession de la terre promise, où nous conduisent le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

PLAIES D'ÉGYPTE.

PASSAGE DE LA MER ROUGE.

An du Monde 2513.

Fecit signa atque prodigia magna et pessima in Egypto contra Pharaonem, et eduxit nos inde, ut introductis daret terram super qua juravit patribus nostris. Le Seigneur a fait sous nos yeux, dans l'Egypte, de grands miracles et des prodiges terribles contre Pharaon, et il nous a tirés de ce pays-là pour nous faire entrer dans la terre qu'il a promis à nos pères de nous donner. Deut. 6.

QUELLE frappante succession d'événemens se déploie à ma vue, dans un avenir intéressant pour la Religion, qui va prendre une forme plus parfaite et se montrer dans un nouvel éclat! Je vois le petit-fils de noire père Abraham; le Patriarche Jacob et ses enfans, chefs des douze Tribus d'Israel, transportés en Egypte par une disposition mystérieuse de la Providence et des desseins de Dieu sur cette nation choisie; peuple naissant, heureux d'abord sous le ministère glorieux de Joseph, mais ensuite opprimé sous le joug d'une servitude accablante. Délivrés enfin, vengés et glorifiés par les merveilles les plus éclatantes, les Israélites vont sortir de leur esclavage en vainqueurs, et

prendre possession de leur patrie en conquérans. Le bras du Tout-Puissant les protége les accompagne, et les miracles se multiplient en leur faveur. Une terre de bénédiction deviendra bientôt leur héritage, et le Seigneur y établira au milieu d'eux son Tabernacle et son Sanctuaire.

Ces événemens et ces prodiges doivent nous intéresser d'autant plus vivement, mes Frères, qu'ils étoient la figure et le prélude d'autres événemens, d'autres miracles plus éclatans encore, que Dieu devoit faire en notre faveur, et qu'il a opérés en effet pour nous, Chrétiens, qui sommes son peuple de prédilection. Nous serions des ingrats, si, en célébrant aujourd'hui dans la délivrance d'lerael, et dans le fameux passage de la mer Rouge, la puissance de notre Dieu, nous négligions d'y reconnoître ses bienfaits et ses desseins sur nous : « C'est, disoit-il, afin que vous racontiez à la postérité toutes les plaies dont j'aurai frappé les Egyptiens vos " tyrans, et que vous sachiez que je suis » le souverain Dominateur de l'univers. >>

Ecoutez donc, M. F., et reconnoissez, la grandeur de notre Dieu.

Moïse sauvé des eaux par miracle, adopté par la fille de Pharaon, élevé en prince dans les sciences des Egyptiens, protégé du Seigneur, et préservé du vice au milieu d'une Cour infidèle et corrompue; enfin dégagé des liens de la grandeur mondaine,