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elles ne sauraient remplacer l'étude patiente et minutieuse du Ms.; car elles contiennent des fautes de transcription graves et nombreuses.

Un autre défaut à signaler, c'est que les divers fragments qui dans l'autographe forment autant de papiers distincts, se trouvent transcrits dans la copie à la suite les uns des autres, sans aucun signe de séparation qui serve à les distinguer.

3o RECUEILS MANUSCRITS DU P. GUERRIER.

Après le Ms. autographe des Pensées, les recueils du P. Guerrier sont certainement les plus. importants de tous les Mss. dont j'ai fait usage J'ai déjà dit que Bossut en avait eu communication, mais il n'en a point parlé, et ils seraient encore inconnus, sans l'heureux hasard qui me les a fait découvrir.

On m'avait dit qu'il y avait à Clermont un ancien juge au présidial de cette ville, M. Bellaigue de Rabanesse, qui passait pour avoir en sa possession des papiers relatifs à Pascal; mais il avait toujours refusé de les communiquer même à ses plus proches, et personne n'en avait jamais rien vu. Je fis le voyage de Clermont. M. Bellaigue habitait un village au pied des montagnes. C'était un vieillard plus qu'octogénaire qui m'accueillit d'abord avec réserve; mais la confiance vint à mesure que la conversation s'engagea, et elle fut complète quand M. Bellaigue sut que j'avais écrit un Eloge

de Gerson. Il se trouva bien vite que nous nous connaissions beaucoup sans nous être jamais vus, puisque nous avions les mêmes sympathies et la même admiration pour ce grand et saint docteur. Gerson fut mon véritable introducteur; grâce à lui, M. Bellaigue devint bientôt pour moi affectueux et confiant comme un ancien ami, et quand je lui parlai de Pascal et du monument que j'élevais à sa mémoire, il mit avec empressement à ma disposition les précieux мss. qu'il conservait soigneusement depuis soixante ans '.

Dans cet homme affaibli par l'âge, quel zèle et quelle passion quand il parlait de monsieur Pascal, ou de la sœur Jacqueline de Sainte-Euphémie, de M. de Saint-Cyran ou de la mère Angélique! II

'Nous permettra-t-on de consigner ici, comme un souvenir qui nous est cher, un extrait d'une des lettres que M Bellaigue nous écrivait tandis que nous étions occupé à Clermont à transcrire les MSS. du P. Guerrier.

<< Romagnat, 29 octobre 1845.

<< Monsieur, bon et cher ami, mes pensées, mes vœux sont toujours << avec vous; mes faibles prières vous accompagnent sous la protec«<tion du St docteur dont vous avez travaillé avec tant de zèle à pro<< pager les lumières dont l'Esprit-Saint l'avait rempli, et à faire con<< naître son amour inébranlable pour la Vérité. Je lis avec un plaisir « infini l'Éloge de Gerson Les jugements que vous portez avec beau<<coup de modestie, mais en même temps avec un tact et une lumière <«< qui ne laissent rien à répliquer, sont bien propres à faire connaître «< ce grand homme. Le style est coulant, les transitions heureuses : un <«< peu de la manière d'écrire aujourd'hui, mais beaucoup plus de << l'ancienne si grande, si simple, si digne de la Vérité. En vous voyant je vous en dirai davantage. Venez mardi, jour de jeûne, me << visiter et manger à midi; mais en devançant cette heure le plus << possible.

<< Tout à vous; votre bien dévoué ami. »

nous semblait voir et entendre un solitaire de Port-Royal-des-Champs, survivant d'un autre âge. Resté célibataire par dévotion, vivant dans la solitude, éloigné de la société par l'effet de cette susceptibilité, quelquefois injuste, mais respectable, qui naît de l'attachement à un certain idéal de perfection et de simplicité du cœur qui rend l'esprit délicat et difficile; disant chaque jour son bréviaire avec la régularité d'un prêtre; marquant par des prières chacun des anniversaires inscrits au nécrologe de Port-Royal; aimant Dieu comme on ne sait plus l'aimer; ayant réduit sa vie ici-bas à ne plus être qu'une aspiration vers l'éternité; tel était ce vieillard en qui s'est éteint, il y a peu de mois, un des derniers jansénistes 1.

Le lecteur pardonnera cette courte digression sur un homme de bien, qui m'avait fait la dernière confidence de ses pensées. Puisque la mort lui a refusé la satisfaction de voir cet ouvrage achevé, et que j'arrive trop tard pour le lui offrir, c'est un besoin pour moi de déposer sur sa tombe un témoignage de reconnaissance.

C'est à son zèle qu'est due la conservation des deux principaux recueils manuscrits du P. Guer

'M. Bellaigue de Rabanesse est mort avec une sérénité parfaite le 21 février 1844. Il était né le 19 décembre 1758. Sa famille était anciennement alliée à celle des Pascal, des Savaron et des Guerrier. Il avait reçu une partie de son éducation du P. Guerrier l'oratorien ; celui-ci avait été intimement lié avec Marguerite Perier. Ainsi entre M. Bellaigue et Pascal il n'y avait que deux personnes.

rier; nous avons dit plus haut qu'il y en a un troisième que nous avons retrouvé à la Bibliothèque royale.

Le premier, qui porte en tête une table générale des trois volumes, est un in-4o de 886 pages, numérotées en chiffres romains, et entièrement écrites de la main du P. Guerrier. A la fin du volume, se trouvent une soixantaine de pages non numérotées. Le second contient 352 pages, numérotées en chiffres arabes, écrites aussi de la main du P. Guerrier; plus, 150 pages environ non numérotées. Ces recueils, dont l'écriture est fort serrée, contiennent une foule de lettres d'Arnauld, de Saci, de Nicole, de Domat, de la duchesse de Longueville, de l'abbé Duguet, de beaucoup d'autres personnages, appartenant de près ou de loin à Port-Royal, et avant tous de Pascal, de son père, de ses deux sœurs, de Marguerite Perier et d'autres membres de leur famille. Il y a aussi un grand nombre d'anecdotes, de relations de miracles, d'écrits théologiques ou biographiques quelques-uns sont de Pascal, de ses sœurs, de Marguerite Perier, ou du P. Guerrier luimême'. On y trouve quelques lettres de Fermat; Bossut les a imprimées dans son édition.

Une note du P. Guerrier nous apprend qu'il y

Par exemple, une notice biographique sur Domat. Une copie incorrecte de cette notice se retrouve dans les мss. de la Bibliothèque royale.

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avait dans la bibliothèque des Oratoriens de Clermont un grand nombre de lettres originales de Fermat à Pascal; malheureusement il ne crut pas devoir les transcrire : « Mais, ajoute-t-il, elles << ne contiennent guère que de l'algèbre et des «< figures de géométrie, et d'ailleurs elles ne sont << pas aisées à déchiffrer 1. »>

Il faut mentionner aussi plusieurs pièces relatives à l'établissement des jésuites à Clermont : la plupart sont de Domat; et, sur un feuillet détaché, nous avons trouvé une lettre intéressante, adressée par le grand jurisconsulte à son frère qui était jésuite, et avait pris sa bonne part des intrigues au moyen desquelles la Société s'était introduite à Clermont 2.

A la fin de l'un et de l'autre Recueil sont annexées quelques pièces qui ne sont pas écrites par le P. Guerrier; nous nous bornerons à citer un cahier assez volumineux qui est une copie, faite par madame Perier, du règlement que Jacqueline Pascal avait composé pour l'instruction des enfants, à Port-Royal. D'autres opuscules de Jacqueline, ses poésies et sa biographie par Mme Pe

I [er Recueil MS du P. Guerrier, page CXXVIII.

"Nous publierons peut-être les lettres et opuscules inédits de Domat que nous avons recueillis soit dans les MSS. du P. Guerrier, soit ailleurs. Mais nous ne pouvons nous empêcher de mettre dès à présent en lumière cette belle lettre de l'ami de Pascal. Le lecteur la trouvera à la fin du IIe volume de cette édition avec des Pensées de Domat extraites aussi des MSS. du P. Guerrier.

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