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tingue dans certains fruits, le noyau & l'envelope. Le noyau du canal (s'il m'eft permis de m'expliquer de la forte) est dans fa partie inférieure, d'un ciment épais de quatorze à quinze pouces. Ce ciment est fait de petits cailloux & de morceaux de briques, mêlés avec de la chaux pure. Les côtés font du même ciment, larges d'un pied & hauts d'environ trois pieds. A cette hauteur on. voit quatre rangs de pierres plattes de même échantillon, qui portent fur le ciment; & fur ces pierres plattes commence l'arc de la voute. Tout le dedans eft revêtu d'un ciment de chaux & de briques pilées, de l'épaiffeur de deux ou trois lignes; & le tout eft fi dur, particuliérement la partie qui eft restée dans l'eau, qu'il femble compofer un canal d'une feule pierre. Je pense qu'on a fait le fond & les côtés de ciment, pour que l'eau n'y pénétrât pas, & que l'on a mis au deffus les trois rangs de pierres plattes, pour fuporter la voute.

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La partie extérieure ou l'enveloppe du canal que je viens de décrire,eft un maffif de pierres qui font parement du côté de l'intérieur du canal,& qui font au refte pofées fans ordre dans de la chaux mêlée avec du fable fin; ce qui fait une maffe deffous, aux côtés, & deffus le canal. Elle est épaiffe de trois pieds en tout fens, & a été faite pour la folidité & la confervation de la partie intérieure de l'ouvrage.

L'Aqueduc fuit le pied de la montagne jufques auprès de Besançon, où celle fur laquelle eft nôtre Citadelle, en empêchoit le paffage. Il a fallu couper le roc en cet endroit de la hauteur de foixante pieds, fur cent pieds de long & fix de large. Je penfe qu'on ne l'a fait que pour y faire paffer l'Aqueduc, parce qu'il occupoit toute la largeur de l'ouverture, & qu'on entroit anciennement à Besançon de ce côté-là par le deffus de la montagne. Le roc a été auffi coupé en plufieurs autres endroits, pour y faire paffer le canal. C'est un ouvrage véritablement digne des Romains, par la folidité de fa conftruction, & par les grandes fommes qu'il a dû coûter.

Notes.

Voyez aux

Le [canal finiffoit au côté droit de l'Arc de triomphe, dans un lieu affez élevé, pour que les eaux puffent être distribuées dans tous les quartiers de la Ville baffe, qui étoit la plus grande & la plus peuplée; & pour fatisfaire à tous les befoins publics & privés des Habitants. L'on a trouvé dans cette partie de la Ville, quantité de canaux de plomb, de pierre, & de brique, qui portoient les eaux de l'Aqueduc en différents lieux; & il faut convenir, qu'il étoit d'un grand ornement & d'une commodité infinie..

J'ai vû les restes d'un vaste réservoir, des colomnes & d'autres piéces d'Architecture, dans les fondations d'une maifon qu'on bâtiffoit pour le Sécretaire du Chapitre, & à laquelle l'Aqueduc aboutiffoit.Je crois que les eaux d'Arcier tomboient dans ce réfervoir, qui étoit couvert d'un dôme foutenu par des colomnes, d'où elles étoient diftribuées dans la Ville. Les débris de cet édifice m'ont paru plus fimple & d'un meilleur goût que l'Arc de triomphe. Un Jurifconfulte de Befançon l'attribue à Jules Céfar, dans la defcription qu'il en a faite en beaux vers. L'Hiftorien de la Ville le donne au gendre d'Augufte. Je crois, Monfieur, qu'il n'eft ni de l'un, ni de l'autre. Cefar n'embelliffoit pas les Villes des Gaules; les guerres continuelles qu'il y foutenoit, ne lui en donnoient pas le tems. Agrippa a fait des Aqueducs pour Rome, mais P'Hiftoire ne dit pas qu'il en ait fait dans nôtre Païs.

Il me femble donc, que l'Aqueduc d'Arcier eft un ouvrage des Antonins. Un tombeau trouvé à Saint Ferjeu, me fait conjecturer que leur famille avoit des Domaines dans la Province Séquanoife. Jules Capitolin, nous aprend que Marc-Aurèle avoit pris foin d'y entretenir la tranquilité; d'où je conclus qu'il s'intereffoit particuliérement à ce qui la regardoit. Enfin l'on a découvert à Befançon l'Infcription qui fuit, & qui femble prouver que cette Ville avoit reçû quelque bien-fait de cet Empereur.

IMP.

IMP. CES. AVG.
M. AVR. ANTONINO
ET L. AVR. VERO

CIVES VE.*

L'on trouva auprès de la colomne fur laquelle cette Infcription étoit gravée, un grand baffin de pierre,* qui avoit probablement fervi à une fontaine, faite pour la commodité des Temples, & des maifons qui étoient aux environs du lieu, où ce baffin a été découvert. C'est audelà du Doux, auprès de l'Eglise de Sainte Marie-Madeléne. L'Amphitéatre n'en étoit pas éloigné, il convenoit qu'il y eût des eaux, & celles d'Arcier pouvoient y être facilement conduites.

Y auroit-il de la témérité à conclure de là, que les: Officiers Municipaux de Befançon, qui devoient à Marc-Auréle, les belles eaux dont leur Ville étoit ornée; en marquérent leur reconnoiffance par l'Infcription qu'ils firent mettre auprès de cette fontaine, qui étoit la plus éloignée de toutes, du réfervoir dans lequel le Canal fe dégorgeoit, & fur le chemin de la Ville à l'Amphitéatre? L'on a trouvé à Rome, auprès de la Porte Efquiline, une Infcription qui nous aprend, que MarcAuréle avoit fait ouvrir des montagnes, pour faire conduire de l'eau par des Aqueducs dans cette Capitale du monde.. L'on en peut encore tirer une conjecture, que les ouvrages de cette efpèce qu'on voit à Besançon, font de cet Empereur.

Si F'Aqueduc d'Arcier a été bâti par les Citoyens de Befançon, c'est une preuve de leur bon goût & de leurs richeffes; & c'en eft une de la diftinction de leur Ville, fi c'est l'ouvrage des Empereurs. Mais les chemins qui ont été faits pour aller dans les différentes parties des Gaules depuis Befançon, marquent combien il étoit en confideration fous l'Empire Romain. L'on en trouve en

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*Grut. pag. 258 Chiff. Vef.part.1. cap. 39.

• Chiff. Vef

part-1, fol. 157.

core de grands reftes auprès de cette Ville & dans le Comté de Bourgogne, particuliérement dans les forêts où l'on a ceffé de les fréquenter depuis long-tems. On les faifoit autant qu'il étoit poffible, le long des collines & des rideaux, toujours en forme de levées. Je les ai fait couper en différents endroits, & j'ai trouvé que dans les lieux bas & fujets à l'eau ils avoient été creufés jufqu'au folide, & quele fond étoit de pierres & de mortier, ce qui faifoit un premier lit. Le fecond lit étoit de mortier & de gravois, & le troifiéme de fable; la levée en dos d'âne par le haut, & en talus des deux côtés. J'ai l'honneur d'être, &c.

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