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pendant quatorze ans dans cet état, & Céfar lui-même ménagea Arioviste, quoiqu'allié des Séquanois &'ennemi de ceux d'Autun: car il le fit déclarer ami du Peuple Romain pendant fon Confulat.

Dans l'année qui précéda le Confulat de Céfar, les Helvétiens avoient réfolu de fortir de leur Païs, parce qu'il étoit trop petit & trop peu fertile pour les nourir. C'étoit une Nation nombreufe & fort brave. Elle avoit fouvent battu les Germains, & avoit fait paffer fous le joug une Armée Romaine. Ils s'affociérent les Latobriges qui demeuroient à la fource du Rhône, les Tulingiens qui étoient vers le Lac de Conftance, & les Boïens Peuples d'au-delà du Rhein. Les Rauraques dont les Séquanois *Ce fait eft avoient cédé le Païs à Ariovifte & à fes Germains, * fe prouvé dans la premiére Differ- joignirent auffi à eux. Leur vuë étoit de paffer dans la Xaintonge, & de s'y établir.

tation.

Il étoit de la politique des Romains d'empêcher cet établiffement, foit pour que les Gaulois fur la conquête defquels ils avoient des vuës, ne fuffent pas fortifiés du fecours de ces Nations, qui n'auroient plus qu'un même interêt avec eux; foit parce que la Xaintonge étoit peu éloignée de la Province Romaine,& n'en étoit pas féparée comme l'Helvétie, par une riviere grande & rapide, dont il étoit facile de garder les bords; foit enfin, parce que les Helvétiens voudroient aparemment paffer par la Province Romaine, & qu'il n'étoit pas de la dignité du Peuple Romain de le permettre.

Leur entreprise fit grand bruit à Rome. On la traita en affaire majeure. On fit des levées de troupes & on choifit des Commandants comme on avoit coutume de faire pour les guerres les plus importantes. On délibéra même d'envoyer des Députés aux principales Nations des Gaules, pour les détourner de l'alliance des Helvétiens, & l'on choifit pour cet emploi trois illuftres Perfonnages, dont deux avoient été Confuls, & le troifiéme Préteur.

Le bruit fe répandit d'abord que les Helvétiens paf

que

foient actuellement dans les Gaules, & l'on crut que les Séquanois s'y opoferoient: car fuivant une lettre de Ciceron à Atticus, on difoit à Rome, que les Séquanois avoient déja été battus en s'opofant au paffage des Helvétiens, & les Eduois étoient aux mains pour le même fujet. Mais l'on y aprit bien-tôt, que c'étoit un faux bruit; que les Helvétiens avoient pris deux années pour faire leurs préparatifs, & donné ordre à leur monde de fe tenir prêt pour partir au commencement de la troifiéme; ce qui remit la tranquilité dans Rome, & donna le tems de prendre des mefures.

Orgétorix qui étoit le premier des Helvétiens par fon bien & par fa naiffance, projetta de profiter de la circonftance de leur tranfmigration pour le faire déclarer leur Roi. Il engagea Cafticus Séquanois & Dumnorix d'Autun, de tenter la même chofe dans leurs Païs, pour ferendre enfuite les maîtres des Gaules, avec le fecours des trois puissantes Nations à la tête desquelles ils feroient. * Mais leur projet échoüa, parce que les Helvétiens découvrirent qu'Orgétorix vouloit fe faire leur Roi, & l'obligérent pour fe juftifier, d'entrer en prifon, où il mourut avant que d'être jugé; foupçonné de s'être donné la pour éviter le fuplice que méritoit l'attentat dont il alloit être convaincu.

mort,

L'année qu'ils avoient choifie pour quitter leur Païs, fut la premiere de celles du gouvernement de Céfar dans les Gaules. Ils lui envoyérent demander la permiffion de paffer fur les terres de la République. Il différa de leur répondre, & cependant il fit rompre le pont qu'ils avoient fur le Rhône, & tirer un retranchement le long de cette riviere, dès le Lac de Genève jufqu'à la montagne. Il leur refufa le paffage après l'avoir mis en état de défense, & ils tentérent de le prendre, mais ils furent repouffés.

Il ne leur reftoit qu'un chemin dont les Séquanois étoient les maîtres, & il leur auroit été impoffible de le forcer , parce qu'il est très étroit entre le Rhône & le Mont Jura qui le commande. On connoît à cette descrip

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tion qui eft de Céfar, que c'étoit à l'endroit où eft à préfent le Fort de la Clufe au-deffous de Genève. Les Helvétiens demandérent ce paffage aux Séquanois, qui le leur accordérent, à charge qu'ils ne feroient aucun dégât, & qu'ils donneroient des ôtages pour fureté de cette condition. Les Séquanois avoient les mêmes raisons pour favorifer l'établissement des Helvétiens leurs anciens amis dans la Xaintonge, que les Romains de l'empêcher: car ils comptoient qu'y étant fixés, ce feroit un contrepoids à la puiffance Romaine, & un moyen de faire diversion quand ils feroient attaqués.

Ainfi les Helvétiens affurés du moyen de fortir de leur Païs, brulérent leurs Villes au nombre de douze, quatre cents Villages, & plufieurs maifons de campagne; traverférent les terres des Séquanois par le Bugey & la Breffe, & fe rendirent fur les bords de la Sône du côté de Mâcon. Leurs partis pafférent cette riviere & ravagérent le Mâconnois & le Païs d'Autun. Ils firent fur la Sône un pont de batteaux,qui leur étoit néceffaire pour le paffage de l'Armée; mais peu experts à cette manoeuvre, & embarraffés de bagage, de femmes & d'enfants, ils demeurérent vingt jours, foit à la conftruction du pont, foit à faire pafler une partie de leur monde. Ce retardement donna le tems à Célar de les atteindre,& de tailler en piéces le Peuple du Canton de Zuric, qui étoit encore au-deçà de la riviere. Ceux qui l'avoient paffée tournérent du côté d'Autun, où Céfar les joignit, les défit, & obligea ceux qui reftoient, de 368000 perfonnes qui étoient forties de l'Helvétie, parmi lesquelles il y avoit 90000 combattans, de fe mettre à fa difcrétion, & de retourner dans leur Païs.

Cette grande victoire remportée à la vuë des Séquanois, leur fit changer de fyftême. Ils comprirent aifément, que Céfar victorieux, releveroit les affaires des Eduois fes amis; raifon qui les détermina à fe raccommoder avec eux. Mais ils étoient les uns & les autres, dans un grand embarras. Ariovifte avoit exigé des Séquanois qu'ils lui cédaffent le tiers de leur Païs, pour récompenfe des fervices

qu'il leurs avoit rendus, & il s'y étoit établi. Ses troupes avoient gouté le féjour d'un climat beaucoup meilleur que le leur. Elles avoient étéjointes par un grand nombre de leurs compatriotes, & plus de fix vingts mille Germains avoient déja paffé le Rhein. Ariovifte demandoit pour eux un autre tiers du Païs, & il s'étoit affuré des ôtages de ceux d'Autun, dans la crainte qu'ils ne fe réüniffent avec les Séquanois pour le chaffer. Ainfi donc les Séquanois fe voyoient à la veille de devenir la proie de leurs alliés, & les Eduois auroient bien-tôt subi le même fort; car les Peuples de la Germanie entiere s'ébranloient, & avoient deffein de venir fondre fur les Gaules.

Un péril fi preffant, fit oublier celui qu'on avoit craint du côté des Romains. Les Séquanois aimérent mieux être foumis à une Nation polie, & qui gardoit un extérieur d'équité, que , que de paffer fous le joug des Germains. Les Etats des Gaules furent convoqués ; on exigea de ceux qui affifterent, de prêter ferment, qu'ils ne diroient rien de ce qui y feroit déterminé ; & l'on y réfolut d'implorer le fecours des Romains contre Ariovifte.

y

On envoya des Députés à Céfar pour le lui demander. Divitiac porta la parole, & repréfenta d'une maniére vive & touchante, les maux aufquels les Gaules étoient expofées,par l'invasion imminente des Germains. Il fit connoître que les Gaulois feroient réduits à fortir de leur Païs, fi les Romains ne prenoient pas leur défenfe. Les autres Députés joignirent leurs remontrances & leurs priéres à celles de Divitiac, à l'exception de ceux des Séquanois. Céfar leur en demanda la raifon, & ils ne s'expliquérent que par un morne filence. Alors Divitiac reprenant la parole, dit que la fituation des Séquanois étoit d'autant plus trifte, qu'ils n'ofoient pas même expofer leurs malheurs, parce que Ariovifte occupant une partie de leur Païs, & pouvant pénétrer aifément dans le refte, ils avoient tout à craindre de fon reffentiment, s'il découvroit qu'ils euffent recouru aux Romains.

Nul interêt plus grand pour la République Romaine,

tion qui eft de Céfar, que fent le Fort de la Clufe autiens demandérent ce paff accordérent, à charge qu': qu'ils donneroient des ôtag tion. Les Séquanois avoie vorifer l'établissement des I dans la Xaintonge, que les comptoient qu'y étant fix la puiffance Romaine, & quand ils feroient attaqué

Ainfi les Helvétiens afl Païs, brulérent leurs Vill cents Villages, & plufiet verférent les terres des S fe, & fe rendirent fur le Mâcon. Leurs partis pa le Mâconnois & le Paï un pont de batteaux,qui de l'Armée; mais peu € raffés de bagage, de fe vingt jours, foit à la paffer une partie de l tems à Céfar de les a ple du Canton de riviere. Ceux qui l' tun, où Céfar les toient, de 3680c tie, parmi lefq mettre à fa dif Cette grand leur fit chan Céfar victo amis; raif eux. Mai

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