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cap. 32.

toient. C'étoient des Idoles qui avoient été brifées & portées chez le Fondeur. Les troncs & les gros morceaux, avoient été employés. Il ne reftoit d'entier, que trois petites figures, qui font dans le cabinet de Mr. Boifot, & la tête que vous avez vûë chez moi, qui a fervi à une Statue haute d'environ trois pieds. Elle est coëffée en cheveux d'une façon finguliere, & comme il n'y a point de fimbole qui la faffe reconnoître, je ne puis vous dire ce qu'elle repréfentoit. J'ai vû auffi dans ce débris, des morceaux de plaques de cuivre brifées, fur lefquelles étoient gravés les vœux des Corps de Métiers; car après en avoir préfenté differens morceaux les uns contre les autres, je lûs diftinctement les noms de Centonarii & de Lintearii. Les premiers faifoient des tentes pour les foldats, & les couvertures des machines de guerre. Les autres étoient des Tifferans,ou faifoient les draps dont on fe fervoit pour s'effuïer dans les Bains.

Les belles & abondantes eaux d'Arcier, fervoient à Besançon non-feulement pour les befoins & les commodités publiques, mais encore pour celles des particuliers. C'eft pour cela qu'on y a trouvé tant de canaux de Chiff. Vef. plomb & de briques, & un grand nombre de lits de ciment, qui fervoient probablement à des réservoirs, à des baffins, & à des bains. J'ai vû découvrir depuis peu de ces lits de ciment, épais d'environ un pied & féparés par des murs, dans le jardin des Peres Jéfuites à quarante pas de la Riviere, fur la Place neuve à une pareille diftance du Doux, dans les fondements qu'on a faits pour la nouvelle Eglife de S. Pierre, & dans ceux d'une maifon de la Ruë de S. Vincent.

Chiff.Vef.part. 1, cap. 17.

L'on trouva auffi un Temple fur la place neuve. C'étoit un quarré long terminé par un demi rond, au fond duquel étoit un pied-d'eftal, qui avoit fervi à porter la figure du Dieu qu'on y adoroit. On découvrit au commencement du dernier fiécle,les reftes d'un autreTemple élevé au Dieu Mars, dans le lieu où eft à préfent le Couvent du Refuge, & où je vous ai écrit que j'avois vû des

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pavés à la Mofaïque. C'eft probablement cel Temple, qui a donné le nom au Chamars. Sur la fin du fiécle précédent, l'on avoit découvert dans la maifon qui apartient à préfent aux Peres Jéfuites auprès du Couvent des Cordeliers, une Infcription qui prouve qu'il y avoit en ce lieu, un Temple dédié à Apollon & à Mercure. * Cette Infcription & une autre qui eft à la Bibliotéque de S. Vincent, font juger qu'Apollon & Mercure, avoient des Temples & un culte commun à Befançon.

Le Palais du Gouverneur de la Province, étoit où l'on voit à préfent l'Eglife & l'Abbaïe de S. Paul. C'étoit un Château fortifié * car les fréquentes incurfions des Barbares fous le bas Empire, avoient rendu cette précaution néceffaire. S. Donat Evêque de Befançon & fils de Valdaléne Duc de la Haute Bourgogne, y fit conftruire un Monastere vers le milieu du feptiéme fiécle. La plupart de ces antiquités, comme les Bains & les Temples qui étoient fur la Place neuve, dans le Couvent du Refuge, dans la maison & dans le jardin des Peres Jéfuites, qui font tous peu éloignés du Doux dans le lieu où il décrit fon plus grand cercle autour de Befançon, démontrent qu'il a toujours paffé où il coule à présent.

Voilà, Monfieur, ce que j'ai pû découvrir de certain fur les antiquités de l'intérieur de Befançon. Paffons à préfent le Pont, pour examiner ce que vous avez obfervé au dehors, & fuivre la route que vous avez faite.

Je ne crois pas que le nom de la Ruë de Batant, lui vienne d'un lieu d'exercice; c'est Chamars & les Arénes qui y étoient destinés. Je l'attribuërois plûtôt, à ce qu'on paffoit par le lieu où cette Rue eft à préfent, pour aller à une fontaine qui fait aujourd'hui tourner un Moulin, & fur laquelle il y avoit anciennement une foule ou Batoir, apellé dans la baffe latinité Battanderium & Battenterium; car cette fontaine eft nommée, Fons batenti, dans une Charte du mois de Fevrier 1226, donnée par Jean d'Abbeville Archevêque de Befançon. Auffi les Religieufes d'un Monaftere établi fous Clotaire Second *

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fur le bord de cette fontaine, qu'on nomme aujourd'hui par cette raifon la Fontaine des Dames, & tranfChiffl. Vef. part. ferées dans la Ville en 1595;* portent encore le nom de Dames de Batant, quoiqu'elles n'aient jamais demeuré dans cette Ruë.

2, in vit. San&ti Donati.

La colline de Charmont, terrain ftérile qui ne prẻfente à la vûë que des pierres & des rochers, ne convenoit guére pour être confacrée aux Graces. Je crois plûtôt qu'elle a été apellée Calvus mons, Chalmont, dont on a fait Charmont à la fuite.

Je pense auffi, que le nom de la Ruë de Vignier vient, non à Venere, mais à vineis ou vinitoribus; parce que c'est encore aujourd'hui l'un des quartiers que les Vignerons de Befançon habitent le plus communément, & que cette Ruë étoit adoffée à un côteau de vignes.

Quant à la Ruë d'Arénes, il eft certain qu'elle a tiré sa dénomination de l'Amphitéatre dont vous avez encore vû quelques veftiges. L'on apelloit communément Arénes dans les Gaules, les Amphitéatres. La ruïne de celui de Besançon, commença lorfque les Vandales & les Alains affiégérent cette Ville, dans le commencement du cinquiéme fiécle; car ce fut où les Alains prirent leur poste. Le tems a achevé de le détruire. L'on en voyoit cependant encore affez au commencement du dernier fiécle pour connoître fa grandeur; puifque Mr. Chifflet qui écrivoit alors, dit qu'il étoit large d'environ fix-vingts pas. L'on peut juger par là de fa longueur, parce que les Amphitéatres étoient ovales, & reconnoître qu'il étoit fort vafte; d'où je conclus que Befançon étoit grand & très peuplé dans ces premiers tems.

Ce qu'a dit notre Hiftorien de Champ-noir, est véritable. C'étoit le lieu ordinaire des Sépulchres, pour ceux à qui l'on érigeoit des Monuments. Ils étoient rangez dans le panchant de la colline comme dans un Amphitéatre, & étoient vûs diftinctement depuis la voie Romaine, de Befançon à Autun, Chalon & Lyon. Mais l'on a trouvé à Chamars & dans les fondations du dernier

nier bâtiment qu'on a fait au Séminaire, des Cimetières, de grandes Urnes rangées deux à deux. Vous en avez vû chez moi. Je me rapellai lorfqu'on les découvrit, la Loi qui dit, in urbe ne fepelito neve urito. Il faut qu'elle ne fut pas en ufage à Besançon, qui étant un municipe fe gouvernoit par fes propres Loix; ou que la deffenfe de brûler les corps & de les inhumer dans l'enceinte des Villes, n'ôtât pas la liberté d'y enterrer les cendres dans

des Urnes.

Je pense que le nom de Chaudâne, ne vient pas de collis Diana, mais de collis Dominarum; parce que j'ai vû d'anciens titres, dans lefquels cette montagne eft apellée Chaudonne & Chaudogne, & que la Légende de Leonce Evêque de Befançon dans le quatriéme fiécle porte qu'il y fit bâtir un Monaftére pour des femmes. C'eft de l'enceinte de ce Monaftére & des bâtiments qu'elle renfermoit, que vous avez vû les veftiges.

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Chamufe eft ainfi apellé, parce que c'est une montagne fort élevée, qui a deux fommets & une fontaine, comme le Parnaffe.

Vous avez bien raifon, Monfieur, de tenir pour fufpectes les étimologies de Chamblon, Champforgeron, Montarmot, Palante, Charmarin, Pandeur, Portjan, Montjouot, & autres femblables que notre Hiftorien tire des noms des Divinités du Paganisme. Il n'est pas probable, qu'il y en eut tant en vénération à Besançon. La plupart n'étoient pas connues dans les Gaules. Plufieurs de ces étimologies font tirées de loin, & on peut les expliquer fans recourir à la Religion.

Challuc, par exemple, vient moins naturellement de collis Lucina que de collis Luci, qu'il a pû porter, parce que c'est un bois de quatre mille arpents, qui eft de l'ancien patrimoine de la Ville.Les forêts de notre montagne font apellées Jou; pourquoi ne feroit-ce pas de ce nom qu'on auroit auffi fait celui de Montjoüot, pour le donner au lieu où commençoit anciennement la forêt de Challuc. Si plutôt que de fupofer que Portjan a tiré fa

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*Pour ne pas

dénomination de quelqu'un qui s'apelloit Jean, on veut la tirer du tems Romain, ne vient-elle pas plutôt de Portus Janua, étant auprès de la Porte Taillée, * de Portus , que dire, Portus porta. Jani; le Dieu Janus n'ayant point été réveré par les Gaulois? ne pouroit-elle pas auffi avoir été donnée par la famille Januaria, qui étoit diftinguée dans le Païs des Séquanois fous l'Empire Romain, comme on le voit par des Infcriptions trouvées à Besançon & à Avanche? * Voyez aux No. famille à laquelle ce Port pouvoit apartenir, puifque nous trouvons dans une Inscription de Genève,que le Lac de cette Ville apartenoit à Julius Brocchus.

tes.

Je doute même que Chalêfe foit dérivé de collis Hefi, & Chalefeule de collis Elifius ou Eleufina; car on n'y a rien trouvé qui détermine à le croire. Mais je conjecture, que ces deux Villages étant voifins & au pied de deux petites collines, dont l'une eft moins élevée que l'autre ; Chales eft un diminutif de Chal, qui fignifie colline en langue Celtique, & Chaleful un diminutif de diminutif, comme on dit en Latin, collinus, colliculus. Chalese est nommé Calefia, dans une Bulle de l'an 1143.

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Je crois cependant qu'il faut faire quartier à Mercurot. C'est une élévation qui dominoit fur la voie Romaine d'Italie à Besançon, & les Anciens donnoient fouvent le nom de Mercure Dieu des Voyageurs, à ces élévations. L'on apelloit Brigille, le terrain qui eft entre le Villade ce nom & la Fontaine des Dames, au pied du Mont qu'on nomme le Mandelier; non à Monte Delii, comme le dit notre Hiftorien, mais à Monte Vandalorum, parce que les Vandales y prirent leur pofte lorfqu'ils affiégérent Befançon avec les Alains en 406. C'est ce que nous aprend la Chronique de Béze, lorfque parlant de notre Bregille, elle dit; Locus eft, haud longè à Befuntio nenfi Civitate, fuper fluvium, Dubium appellatum; ipfius fluvii tantum inter curfu, à Civitate fejunctus. Ex aliâ verò parte, habet montem vocatum Vandalenum, à nomineVan*Spicil. tom. 2, dalorum,qui ibi caftra habuerunt, ut antiqui incolæ dicunt. La même Chronique, dit que le terrain qui est au pied

P. 409, col. 2.

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