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Cinquiéme Differtation.

* Lib. 17, cap. s

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du Mont, s'apelloit Dornatiacus & Virzilias. Virgille & Brigille font la même chofe.Brigille à mon avis,venoit de Pont, parce que Brig en langue Celtique, fignifioit un Pont;& Dornata,du mot Thor,qui en la même langue veut dire une porte, comme je vous l'ai déja marqué en parlant d'Ifernodore. * Je crois donc qu'ily avoit en cet endroit du tems des Romains,une porte & un pont. Le poste qu'y avoient pris les Vandales le fait encore conjecturer, & il convenoit d'y faire l'un & l'autre pour la route de la Germanie, parce que fans cela, une grande Ville comme Befançon n'auroit pas eu affez de portes.

* Cinquiéme Differtation.

Il fe peut au refte, qu'il y eut fur le territoire de Befançon, quelque colline qui portât le nom de Bachus; parce que c'eft l'un des vignobles du Royaume, le plus étendu; que les Séquanois ont été des premiers dans les Gaules,qui ont planté des vignes,comme Pline l'affure;* * Lib. 17, cap. 8. & qu'ils ont aparemment commencé par leur Capitale, où le terroir est très-propre à cette espèce de fruits.

Je vous ai décrit, Monfieur, l'ancien Befançon dans fa fplendeur; & peut-être penfez-vous à prefent, qu'il ne cédoit en rien au nouveau, auquel vous donniez cependant la préférence. Cet heureux tems ne dura que jufques au Regne de Conftantin, fous lequel & deflors, cette Ville fut prife& faccagée plufieurs fois.C'eft ce que prouvent premiérement,les ruines & les differens rez de chauf fée que l'on y trouve, fouvent trois ou quatre l'un fur l'autre, à fix, neuf & douze pieds de profondeur.

Secondement, le témoignage des Auteurs; car l'Empereur Julien écrivoit au Philofophe Maxime,que Befançon grand & orné de Temples fuperbes, étoit à demi ruiné de fon tems: Oppidum nunc dirutum;magnum tamen olim, & magnificis Templis ornatum. Il dit dans cette lettre, qu'il avoit été créé Céfar, & qu'il retournoit dans les Gaules, après avoir fait la guerre aux Barbares; ce qui nous marque qu'elle a été écrite aprés l'an 357. Il y parle du défaftre de Befançon, comme d'un fait déja ancien; d'où l'on peut conjecturer, qu'il étoit arrivé

*Robert. mon. alti. Bonfin. ver. Hung, deco

10,lib.

4, Olahus Strig. Arch. cap. 4.

au commencement du quatriéme fiécle fous l'Empire de Conftantin, par les Allemans, qui faifoient alors de fréquentes incurfions dans la Province Séquanoife.

Je vous ai écrit, Monfieur, dans une autre Lettre, que Crifpus Céfar les en avoit chaffés, & que ce fut pour cette raifon que Befançon prit le nom de Crifpopolis, & érigea à Crifpus un Arc de Triomphe, à l'entrée de la Ville haute; peut-être parce que la Ville baffe avoit été ruinée. Elle fut cependant rétablie dans ce même fiécle, puifqu'on voit par nos Légendes, & par la Chronique de Béze, que les Alains & les Vandales qui l'affiégérent en 406, étoient campés au-delà du Doux, vis-à-vis des deux portes d'Arénes & de Brigille. Befançon résista à ces Barbares, mais il n'eut pas le même bonheur contre Attila, qui le prit en 451 & le renverfa de fond en comble, fuivant nos Légendes, dont la foi eft foutenuë fur ce point, par le témoignage des étrangers. *

Befançon demeura long-tems à fe remettre d'une fi grande perte. On ne le rebâtit d'abord que fur la montagne & on l'étendoit infenfiblement contre le Doux, lorfqu'il effuïa un nouveau malheur. Ce fut au commencement du huitième fiécle que les Sarrafins entrérent en Bourgo*Ado Vienn. in gne, & y mirent tout à feu & à fang. * Ils prirent & Chron.Sti Benign: Brûlérent Befançon, fuivant nos Manufcrits. Le Pere Emiliani Nannet. Mabillon rend témoignage dans les Annales Bénédictines, qu'ils ravagérent en 732 Pagum Vefontionenfem, & qu'ils pillérent les Abbaïes de Beze & de Luxeul.

Chron. Ada Sti.

C'eft probablement des Sarrafins qu'a voulu parler un Chanoine de S. Paul, qui a fait la Chronique de nos Archevêques jufques à François de Bufleyden, qui remplif foit le Siége Archiepifcopal en 1498; lorfqu'il a dit, à gente aliena, Urbs Crifopolitana combufta, & totus Archiepifcopatus adeò vaftatus eft, quod in principali fancti Joannis, & in fancti Pauli Ecclefiis, vix tres Clerici poffent fuftentari. Ce qui eft foutenu par les énonciations de quelques anciennes Chartes & des Manufcrits qui font dans les Archives de notre Métropolitaine.

Ces mêmes Manufcrits portent que fous l'Archevêque Girfred, les Hongrois firent une irruption dans la Bourgogne, ruïnerent les Villes, pillérent & brûlérent les Eglifes, & que celle de S. Etienne de Befançon fut alors renverfée. Flodoard, le Continuateur de Réginon, le Comte Herman, & Marianus Scotus, mettent cette invasion en l'an 937. Ils difent que ces Barbares ayant paffé le Rhein, coururent l'Alface, la Bourgogne & la France jufqu'à l'Océan, ravageant tout ce qui fe trouvoit à leur chemin. La Chronique de Tournus fous l'Abbé Hervé, porte qu'ils pillérent & brûlérent fon Abbaye. C'étoit leur chemin de paffer par Besançon, & on lit dans la Chronique de S. Gal, qu'ils fe rendirent en effet les maîtres de cette Ville.*

Vous voyez, Monfieur, que Befançon a été pris & ruiné quatre fois depuis le troifiéme fiécle. Il a été réduit pendant long-tems à la Ville haute, & il n'y avoit que cette partie qui fût fermée de murs dans le onziéme fiècle. C'eft pourquoi nos Manufcrits que je crois être de ce tems, portent que l'Eglife de S. Jean-Baptifte a été bâtie propè muros Civitatis, & celle de S. Pierre, in fuburbio. La Ville baffe n'étoit alors qu'un Fauxbourg, que l'on a entouré à la fuite de murs, à proportion qu'il s'étendoit contre la Riviere. C'est à ce que je crois, la caufe des veftiges des enceintes différentes, que l'on a trouvé au lieu qu'on apelle le Ganelon & ailleurs.

Tant de défaftres,ont jetté de l'obfcurité & de la confufion dans notre Hiftoire ancienne. Les Chartes, les Manufcrits & les Monuments qui la contenoient, ont péri. Les pierres fur lefquelles il y avoit des Infcriptions & des bas-reliefs, ont été calcinées, ou taillées pour être employées à de nouveaux édifices, car l'on en trouve fouvent dans les démolitions, & parmi les débris de la chute du Clocher de S. Jean, j'ai remarqué plufieurs pierres, fur lesquelles on lifoit encore quelques mots d'Infcriptions antiques.

Les Statues de pierre ou de marbre, ont été brifées &

*Alfatia tandem cremata, Vequâ ierant vaftatâ fontionemveniunt, Galli, cap. s. lib. de caf. San&i

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