Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Bourguignons, d'être chaffés de leur Païs & peut-être exterminés, par la Nation la plus féroce & la plus intraitable qu'il y eut jamais, étoit bien capable de leur infpirer le deffein d'embraffer le Chriftianisme. Ils étoient Payens auparavant, ils adoroient les mêmes Dieux que les Germains & les anciens Gaulois, & ils avoient un Grand Prêtre qu'ils ne deftituoient jamais. On le nom

* Sacerdos apud moit Sinist. * Burgundios omnium maximus >

Marc. lib. 28.

Mais Socrate qui écrivoit en Grece, s'efttrompé quand vocatur Siniftus, il a dit, que les Bourguignons avoient été réduits par les &eft perpetuus Huns au nombre de trois mille hommes, & qu'ils furent obnoxius difcriminibus nullis. Amin- convertis en 430 fous le troifiéme Confulat de Théodofe & de Valentinien. Ils étoient déja Chrétiens quand ils pafférent dans les Gaules, & ils n'auroient pas été affez hardis pour y entrer, s'ils n'avoient pas été puiffans & redoutables aux Romains mêmes, qui ne fe trouvérent pas affez forts pour les en chaffer, ou qui crurent queles Bourguignons l'étoient affez pour garentir les frontiéres de l'Empire, contre l'invafion des autres Peuples du Nord. Auffi Jovinus ofa fe faire proclamer Empereur en 411, comptant fur l'amitié & fur le fecours de ce Peuple, qu'on vit dans le même fiécle occuper une vafte étenduë de Pays, & fonder une puiffante Monarchie dans les Gaules; d'où je conclus que les pertes qu'ils avoient fouffertes dans leurs Guerres avec les Huns, ne

les avoient pas fi fort affoiblis que Socrate l'a fupofé.

J'ai dit que les Bourguignons étoient Chrétiens,quand ils s'établirent dans les Gaules; plufieurs raifons le prouvent. Premiérement, ils n'auroient pas été à portée d'y être attaqués par les Huns; ce font cependant, fuivant Socrate, les véxations des Huns qui les déterminérent à embraffer le Chriftianifme. Secondement, cet Auteur dit, qu'ils s'adrefférent à l'Evêque d'une Ville des Gaules, & lui demandérent le batême des Chrétiens. Veniunt in civitatem quamdam Gallia, & baptifmum Chriftianum ab Epifcopo petunt.Ils étoient donc dans un Païs Idolâtre au-delà du Rhein, & les Evêques voifins du Païs

qu'ils habitoient, ne pouvoient être que ceux de Bafle, Befançon, Metz, Mayence ou Trèves, à l'un defquels ils s'adrefférent.

Paul Orofe qui a fini fon Histoire en 416, dit que les Bourguignons étoient Chrétiens.* Mais comme il ajoute *Orof. Hift. lib. qu'il y avoit peu de tems qu'ils avoient embraffe la reli- 7. cap. 32 Caf fiod. Paulus Diac. gion Chrétienne, Chriftiani modo facti; je crois qu'il faut in fuppl. Eutrop.. fixer l'époque de leur converfion, aux premiéres années lib. 1 1. du cinquiéme fiécle. Je penfe aufli, que le deffein qu'ils avoient de s'établir dans les Gaules & dont ils voyoient l'exécution prochaine, pût contribuer à leur faire prendre la religion du Païs où ils vouloient entrer, & où ils auroient beaucoup trouvé de résistance, s'ils avoient encore été Payens.

Les Bourguignons ont donc été les premiers Chrétiens entre les Peuples du Nord; car quand ils fe convertirent, les autres étoient encore Payens, & les premiers d'entre eux qui renoncérent au Paganifme furent Ariens. Tels étoient les Vifigots, les Oftrogots & les Vandales. L'on prétend même que les Bourguignons furent d'abord infectés de cette erreur, & Grégoire de Tours femble l'infinuer en plufieurs endroits de fon Histoire.

Cependant l'on vient de voir que l'Evêque qui leur donna le batême, étoit Catholique. Paul Diacre difant que les Bourguignons fe firent Chrétiens, fupofe qu'ils * Burgundionum pafférent du Paganisme à la religion Catholique; car s'ils quoque plufquam s'étoient fait Ariens, il l'auroit exprimé. Socrate l'auroit 80000 millia ardit de même ; mais loin de-là, on lit dans fon Hiftoire minis infederant: matorum ripas flu qu'ils furent bons Chrétiens; * & la victoire miraculeufe qui tamen non multo poft tempoqu'ils remportérent,fuivant lui,d'abord après leur conver- re, chriftiani effecti fion, en est une preuve.

funt. In fuppl. Eu

*Gens ea, chrif

coluit. Socrat. loc.

Enfin l'on trouve dans Paul Orofe, qu'ils furent Ca- trop. lib. 11. tholiques dès le commencement ; qu'ils étoient foumis tianam religionem au Clergé des Gaules; que leurs mœurs étoient douces ardenti studio ex& innocentes, & qu'ils vivoient avec les Gaulois, bien cit. plus comme avec leurs freres, que comme avec leurs fujets paroles dignes d'être gravées fur l'airain & fur le

Dei, omnes chrif

tiani modo facti;

* Providentia marbre pour l'honneur de la Nation Bourguignone.* Auffi les Princeffes de cette Nation dont l'Hiftoire a catolica fide, nof confervé le fouvenir; Sedeleube, Carétêne, Mucutune, trifque Clericis quibus obedirent, & Clotilde,ont été Catholiques & d'une piété éminente. receptis blande, Il en fut de même de Hilderic, Gundioc, Chilperic, manfuete, innocen& Sigifmond Rois des Bourguignons. Les Evêques de. quafi cum fubjectis leur Royaume étoient prefque tous Catholiques, & l'AGallis, fed vere rianisme n'y fit point de progrès pendant leur régne. cum fratribus hriftianis. Orof. Lac.cit.

terque vivunt; non

autores noftros;

Je conclus de-là, que les Bourguignons avoient été convertis originairement à la religion Catholique. Il est vrai que Gondebaud & peut-être quelque-uns de fes freres furent Ariens, & que plufieurs Seigneurs du Royaume se laifférent infecter de cette erreur ; mais la plus grande partie conferva la pureté de la foi, à laquelle se réunirent fous le régne du fucceffeur de Gondebaud, la plûpart de ceux qui avoient eu le malheur de s'en écarter.

Les Hiftoriens ont mis beaucoup de confufion dans la généalogie & la fuite des Rois Bourguignons. Je les abandonne tous fur ce point d'Hiftoire, pour m'en tenir à une feule autorité qui me paroît décifive. C'eft celle de Gondebaud même, qui fçavoit mieux que perfonne qui étoient fes ancêtres, & le nom de ceux qui avoient. été Rois avant lui.

On lit dans un article des Lois qu'il a données à fes Sujets au commencement du fixiéme fiécle, que la li berté fera confervée à tous ceux qui l'ont reçûë des Rois fes prédéceffeurs; Gibica, Gondomar, Giflahaire Si quos, apud Gundahaire, fon pere & fes oncles. * Ceux qui remonRegia memoria tent plus haut, fe fondent fur ce que Grégoire de Tours Gibicam, Godo a dit, que les Rois des Bourguignons étoient defcendus marum, Gilaha d'Athanaric Roi des Gots, mort à Conftantinople en rium, patrem quo- 381, après avoir été chaffé par fes Sujets ; & fur ce plan que noftrum, & ils font Rois des Bourguignons, ceux qu'ils croient beros fuiffe confti. avoir régné fur les Gots avant Athanaric. Mais quelle apaterit; in eadem li rence y a-t-il, que la poftérité de cet étranger ait régné fur les Bourguignons? Gondebaud ne le met pas d'ailleurs au nombre des Rois qui l'ont précédé,quoiqu'il en nom

rium Gond.ha›

bertate permameant. Tit. 3.

me

me de plus anciens que lui. Il faut donc commencer fa généalogie par Gibica qu'il nomme le premier, fi l'on ne veut pas donner dans l'illufion.

eo fortuna belliti

tum copiam nega.

Ammian Marcellin dit, que les Bourguignons don-. noient le titre de Hendin à leurs Chefs (titre qui marquoit leur dignité) qu'ils les dépofoient non-feulement quand ils avoient été vaincus à la guerre, mais encore * Apud hos, gelorfque l'intempérie des faifons avoit caufé la difette nerali nomine Rex dans le Païs; foit qu'ils vouluffent par là les rendre plus,& rita veteri,. appellatur Hendiattentifs à la défense & aux befoins de leurs Peuples, poteflate depofitá foit qu'ils cruffent que ceux fous lefquels la Nation avoit removetur ; fi fub fouffert, lui portoient malheur. C'étoit cependant de tutaberit,vel fegevéritables Rois, car Ammian Marcellin les nomme tels, verit; quo modo & Gondebaud en donne la qualité à fes prédéceffeurs, folent Egyptii,caGibica, Godomar & Gislahaire, qui regnoient fur les fus ejufmodi adfigBourguignons avant qu'ils entraffent dans l'Empire. H Amm. Marc. lib. paroît au refte par la généalogie qu'il fait, & par ce *Si quos apud. qui s'eft pratiqué depuis que les Bourguignons ont été Regia memoria dans les Gaules, qu'ils n'obfervoient plus l'ancienne cou- auctores noftros. Il y a des exemtume de déposer leurs Rois, quand il arrivoit quelque plaires qui pormalheur à l'Etat, & que le Royaume étoit devenu héré- tent,fi quosenud ditaire; puifque les enfans y ont toujours fuccédé, & pia memoria Reges anteceffores qu'il a même été partagé plufieurs fois entre les fils du noros. Leg. Burg. Roi défunt.

Gondebaud n'a nommé ni fon pere ni fes oncles: mais on trouve ailleurs qu'ils s'apelloient Gunderic, Gundioc & Hilderic. Gundiocfut le pere de Gondebaud, Godegefile, Chilperic & Godomar. Gondebaud eut pour fils Sigifmond & Godomar; & Sigifmond fut pere de Sigeric qui mourut avant lui, & de Gislahaire & Gondebaud, qui furent les compagnons de fon martyre. L'on trouvera à la fuite des preuves de cette généalogie, que l'on va cependant donner ici.

nare Rectoribus.

28.

tit. 3.

Ff

Gibica.

Godomar.

Giflahaire.

Gundahaire, qui entra le premier dans les Gaules.

Gunderic, Gundioc. Hilperic.

Caretene.

Sedeleube.

Gondebaud. Godegefile. Chilperic. Godomar.
Theodefinde. Agripine.

Grot. in indice

Bourguignons

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Les noms de ces Princes étoient compofés, & défignoient des qualités particulières à ceux qui les portoient; car Gibgay fignifie libéral envers les femmes; Godmar,bon Prince; Gifelhais,qui commande aux grands; Gundhais,

bon Commandant; Gundryc, qui excelle en bonté; Vocab. Alem. Gudehoc, bon refuge; Hilderich, très-fort; Guntbund, propr. nom. Goth, allié bienfaifant; Godegifel, bon Seigneur; Sigefmund, Vand.& Longob. bouche victorieufe; Sigeric, qui abonde en victoires. * GUNDAHAIRE Ce fut fous Gundahaire,que les Bourguignons pafférent premier Roi des le Rhein pour s'établir dans les Gaules; & c'est par une dans les Gaules. erreur de Copifte, que ce Roi eft apellé Gundicaire dans quelques Auteurs. Gondebaud qui le nomme Gundahaire, doit en être crû fur tout autre ; & comme les anciens fe font contentés de dire en général que les Bourguignons occupérent la partie des Gaules voifine du Rhein, ils ont laiffé à deviner quelle étoit cette partie.

Les modernes fe font partagés fur la question. Les uns ont dit que c'étoit la Germanie premiere, qui s'éten

« ZurückWeiter »