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Chorier, le Pere Lacari & Mr. le Président de Valbonais, ont penfé que le Concile d'Epaone avoit été tenu à Ponas, Village du Dauphiné à quatre lieuës de Vienne & de Lyon. Ils fe font fondés fur la reffemblance du nom, furce qu'on fupofe qu'un Evêque de Vienne a convoqué ce Concile, qu'il femble y avoir préfidé puifqu'il a figné le premier, & que le lieu où il devoit fe tenir eft indiqué par la Paroiffe d'Epaone, ce qui paroît ne convenir qu'à un lieu de la campagne. Le Pere Mabillon ajoute, que Louis le Débonnaire rendit à l'Eglife de S. Maurice de Vienne, un Village qu'on apelloit Eppaonis, comme apartenant à cette Eglife & étant du Diocèfe de ce nom D'où il conclut qu'on ne doit pas chercher le lieu du Con cile d'Epaone hors de ce Diocèfe.

Cependant la Lettre de convocation de l'Evêque de Vienne qui nous est restée, n'est adreffée qu'à fes Suffragans. L'on en trouve une femblable de l'Archevêque de Lyon pour le même Concile ; & l'on ne doit pas conclure que celui de Vienne y ait préfidé, de ce qu'il a figné le premier; parce que fa foufcription ne le porte pas, & qu'elle eft reftrainte à fa Province. * L'Archevêque de Lyon a foufcrit de même. L'on fignoit les Conciles dans ces premiers tems,fuivant la date des Ordinations, & fouvent au hafard fans attention à l'ancienneté de l'Ordination, ni à la dignité du Siége; * ce qui obligea dèflors S. Grégoire,de recommander aux Evêques de faire plus d'attention à l'avenir à la date de leurs Ordinations,pour prendre leur rang dans les Conciles & les figner. * Les Evêques de Chalon, de Vaifon,de Valence, de Sifteron & de Grenoble,qui n'étoient que des Suffragans, ont figné le Concile d'Epaone avant l'Evêque de Befançon qui étoit Métropolitain; & dans le Concile de Lyon tenu en la même année par onze Evêques qui avoient affifté à celui d'Epaone, Julien Evêque de Carpentras,a figné avant l'Evêque de Befançon,quoiqu'il n'eut figné qu'après lui à Epaone.

L'indication de ce Concile dans une Paroiffe, ne fignifie pas proprement un Village ou un lieu de la campagne; car le mot Parroccia, marquoit anciennement en géné

Avitus, conftitutiones noftras, id eft Sacerdotum Prorelegi & fubfcripfi. *Difcipl. Eccl. du Pere Thom.

vincia Viennenfis

part. 2. liv. 1. chap. 9 n. 8. Lib.7.epift.114

ral, un district, un territoire, & même celui d'un Evêque. La reffemblance du nom de Ponas avec celui d'Epaone n'est pas feule décifive, & on la trouve bien mieux dans un lieu du Diocèfe de Bellai fur le Rhône, qu'on apelle aujourd'hui Yenne, & qui portoit anciennement le nom d'Epaonium, à caufe que la Déeffe Epaona ou Hyppona y avoit été révérée, fuivant qu'on le voit par d'anciennes Infcriptions qu'on y a trouvées. Les reftes d'antiquité de ce lieu, marquent qu'il a été fort confidérable, bien plus propre par conféquent pour un Concile de 26 Evêques, qu'un fimple Village comme Ponas & plus à portée de tous ces Evêques. C'eft ce qui a déterminé Mr. Fleuri, le Pere Hardouin & Mr. l'Abbé Chatelain, de dire que le Concile d'Epaone y a été tenu. Les Peres Sirmond & Pagi l'avoient déja conjecturé, fondés fur un paffage de la Vie de S. Firmat, qui porte qu'ayant quitté Tours,il vint à Eone fur le Rhône & qu'il s'y arrêta. Ce Concile fut commencé le 6 Septembre de l'an 517. Il finit le 15, & il contient & il contient quarante Canons.

Onze des Evêques qui y avoient affifté, en tinrent un autre à Lyon en la même année, au fujet du mariage d'Etienne Comte du Tréfor ou Intendant des Finances, qui étant veuf, avoit époufé Palladia fa belle-fœur. Etienne & Palladia, furent excommuniés; & cependant on leur permit en confidération de Sigifmond qui s'interefsoit pour eux, d'affifter à l'Office divin jufques aux priéres qui fe font avant l'Evangile, à condition qu'ils fe retireroient avec les Catecuménes, lorfqu'on feroit les priéres par lefquelles commençoit la Meffe des Fidéles. I paroît que le Roi les protégeoit, parce que les Evêques déliberérent, que fi étant irrité de la condamnation d'Etienne, il s'abftenoit de leur communion, ils fe retireroient tous dans des Monaftéres ; & & que fi quelqu'un d'eux étoit perfécuté à cette occafion, les autres le dédommageront de fes pertes. Ces onze Evêques, étoient ceux de Lyon, de Carpentras, de Chalon, de Valence, de Grenoble, de Befançon, de Langres, de Genève, de Die, d'Orange & de Cavaillon.

Sigifmond avoit perdu la premiere femme, fille de Théodoric Roi d'Italie. Il en avoit eu deux enfans ; une Princeffe qui fut mariée à Thierri Roi d'Auftrafie, le plus puiffant des Rois François; & un fils qui portoit le nom de Sigeric. C'étoit un Prince d'une belle efpérance, mais qui avoit une antipathie invincible pour la feconde femme que Sigifmond avoit époufée. L'Hiftoire n'a pas fait connoître qui elle étoit ; l'on y voit feulement qu'elle s'apelloit Conftance; ce qui joint au mépris que Sigeric avoit pour elle, doit faire penfer qu'elle étoit née fujette du Roi fon mari.

Un jour qu'elle étoit parée des pierreries de la défunte Reine, Sigeric en témoigna publiquement de l'indignation. Comme elle ne le haïfloit pas moins qu'elle en étoit haïe, & qu'elle prévoyoit avec frayeur, qu'il feroit un jour fon Souverain & celui de fes enfans, elle fe dé termina à le perdre.

Elle avoit beaucoup d'afcendant fur l'efprit du Roi, foit par la fupériorité de fon génie, foit parce qu'il étoit prévenu d'une forte inclination pour elle, puifqu'il l'avoit tirée du nombre de fes Sujettes, pour en faire une Reine. Elle avoit eu foin de placer auprès de lui, & de faire entrer dans fa confiance, des perfonnes qui lui étoient entiérement dévouées. Elle les fit parler, elle parla ellemême, & tous enfemble perfuadérent à Sigifmond, que Sigeric en vouloit à fa vie & à fon Trône.

Sigifmond les crut trop légérement, & dans un premier mouvement, il fit étrangler fon fils. Conftantin dans un fiécle plus éclairé, s'étoit laiffé furprendre de même, par les artifices de fa feconde femme; & de nos jours, de grands Monarques ont fait mourir leurs fils uniques, fur de femblables prétextes. Mais fi on ne peut excufer devant les hommes cette faute de Sigifmond, elle a du moins été réparée devant Dieu, par le repentir qu'il en a eu. Sa colère étant calmée, il entrevit qu'il avoit été trompé. Il conçût alors la plus vive douleur, & fe jetta dans le Monaftere d'Agaune, où il fit une pé

nitence rigoureufe, & fonda une Pfalmodie continuelle. La date de cette fondation qui s'est confervée, nous fait voir qu'il fit mourir fon fils en 522.

L'on prétend que le Monaftere d'Agaune existoit avant le regne de Sigifmond, puifqu'on y trouve des Abbés avant l'an 514, que Marius dit qu'il le fonda; & la Charte de la fondation qui eft reftée, paroît être de l'an 523. Pour concilier ces faits, on peut dire que Sigifmond rétablit le Monaftere d'Agaune en 515, & qu'il y fonda une Pfalmodie perpétuelle en 523.

Après y avoir paffé près d'une année dans les mortifications & les exercices de piété, il revint à Lyon, fur le bruit qui s'étoit répandu, que les Rois d'Orléans, de Paris & de Soiffons, armoient pour envahir fon Royaume. Grégoire de Tours dit qu'ils y avoient été engagés par Clotilde leur mere, qu'il fupofe toujours remplie du defir de venger fon pere & fa mere, que Gondebaud avoit fait mourir, près de cinquante ans auparavant. Ces sentiments ne conviennent pas à une Sainte, retirée à Tours, où elle paffoit fes jours en priéres auprès du tombeau de S. Martin ; & l'ambition de fes fils, fuffifoit pour les déterminer à s'emparer du Royaume de Bourgogne.

Sigifmond avoit irriré Théodoric Roi d'Italie, & s'étoit privé de fon apui, en faifant donner la mort à Sigeric petit-fils de ce Roi. Ce fut la circonstance favorable, que prirent les Rois François pour entrer en Bourgogne. Sigifmond fut à leur rencontre, & leur donna bataille, mais il eut le malheur de la perdre. Croyant fes affaires défefperées & fans reffource, il fe retira dans un lieu folitaire,où il prit l'habit religieux, pour mettre au moins fa vie en fûreté; car avant ce tems & long-tems après, on faifoit ordinairement prendre les Ordres & l'habit monaftique aux Empereurs & aux Rois qu'on détronoit, & aux Princes qu'on vouloit empêcher de fuccéder, plûtôt que de les faire mourir. Le lieu où Sigifmond fe retira, eft nommé Verfalia, & l'on croit que c'est Verfailles auprès de Dombes.

Quelques

Quelques Seigneurs du Royaume de Bourgogne, pour en empêcher la ruine entiere (car les François y faifoient de grands ravages en cherchant Sigifmond) ou parce qu'étant Ariens, ils étoient ennemis dans le cœur d'un Roi qui avoit hautement protégé la Religion Catolique; le prirent & le livrérent à Clodomir Roi d'Orléans, qui avoit déja en fon pouvoir la Reine & fes fils Giflahaire & Gondebaud.

Clodomir les mena prifonniers à Orléans; mais les Rois ligués ne furent pas plûtôt retournés chez eux, que les Bourguignons fe joignirent à Godomar frere de Sigifmond, & fecoüérent le joug des François. Childebert & Clotaire, abandonnérent le deflein de conquerir le Royaume de Bourgogne, foit qu'il fut furvenu entre eux & Clodomir quelque méfintelligence, ou pour quelqu'autre raifon que l'Hiftoire ne dit pas. Clodomir le plus fier & le plus impétueux de tous, l'entreprit feul. & dit qu'avant que de la tenter il feroit mourir Sigifmond, fa femme & fes enfans.

nom,

Un faint Abbé de Mici, lui représenta qu'ils étoient Princes & fes proches parents, prifonniers faits en guerre, aufquels il y auroit de l'inhumanité d'ôter la vie après la chaleur de l'action, & dans le tems qu'il n'y avoit plus rien à craindre d'eux. Il demanda leur grace au nom de Jesus-Chrift, & promit la victoire au même fi cette grace étoit accordée.. Trouvant Clodomir infléxible à fes priéres, il le menaça des jugements de Dieu s'il exécutoit fon deffein, & d'un défastre semblable pour lui & pour fa famille, à celui qu'il vouloit faire fouffrir à Sigifmond & à la fienne. Clodomir ne fut pas plus ébranlé par les menaces, qu'il l'avoit été par les prières. Il difoit pour toute réponse, qu'il ne convenoit pas de laiffer des ennemis derriere fui, pendant qu'il en auroit en tête; & qu'il auroit meilleur marché d'un frere, après s'être défait de l'autre.

Il fit donc couper la tête à Sigifmond en 524, à fa femme & à fes deux fils, & jetter leurs corps dans un

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