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Il y en entra en effet foixante & quinze mille en l'année fuivante, fous le commandement de Bucelin & de Leutaire Généraux de Théobalde. Ils fe partagérent fous ces deux Chefs, pour parcourir & ravager l'Italie. Narsès qui commandoit les troupes de Juftinien, céda pour un tems à leur impétuofité. Leutaire chargé de butin, retourna en arriere pour le mettre à couvert. Il en perdit la plus grande partie en chemin, & la maladie ruina fon Armée. Narsès profita de cette circonftance pour attaquer Bucelin, & remporta fur lui une victoire fi complette, que fuivant les Historiens contemporains, de trente mille hommes dont l'Armée de Bucelin étoit compofée, il n'en retourna que très-peu.

Le Roi Théobalde mourut peu de tems après, & comme il ne laiffoit point d'enfants, Childebert & Clotaire fes oncles lui devoient fuccéder par égales parts. Mais Childebert n'avoit point d'enfants lui-même, & il étoit vieux & malade. Clotaire profita de cette circonftance, pour s'emparer du Royaume d'Auftrafie. Ce fut en 555.

Childebert en eut un vif reffentiment. Il fe prépara à la guerre, fit révolter Chramne fils aîné de Clotaire, & apuïa fa rébellion. La mort de Childebert qui fuivit de près, exposa Chramne à toute la colère de fon pere, qui le fit brûler avec fa femme & fes enfants, dans une chaumiére où ils s'étoient retirés, & dans laquelle ils furent investis après la perte d'une bataille. Enfin Clotaire mourut lui-même en 562, & laiffa quatre fils de différentes femmes ; Caribert, Gontran, Chilperic & Sigebert, fous lefquels commença un fecond Royaume de Bourgogne.

Sous le regne de Sigifmond, Naamat avoit porté le titre de Patrice en Bourgogne, avant que d'être fait Evêque de Vienne. Adon nous aprend qu'il étoit d'une haute nobleffe, mais plus diftingué encore par fes vertus & par fa capacité. Son épitaphe qui s'eft confervée dans les manufcrits anciens, montre qu'en qualité de

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* Chorier Hit du Dauph. liv. 8.

Patrice, il préfidoit à l'administration de la Juftice. *
Ancemon fut auffi Duc & Patrice en Bourgogne, envi- chap. 11.
ron l'an 550. Il y avoit, fuivant les Lettres d'Avitus, un
Seigneur de ce nom, qui étoit en faveur à la Cour de
Gondebaud. Clotaire conferva le titre de Patrice au
Gouverneur qu'il prépofa au Royaume de Bourgogne,
& qui s'apelloit Agricole.

Fin de l'Hiftoire des Bourguignons, & du premier
Royaume de Bourgogne.

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OBSERVATIONS.

'AI dit à la page 271 de l'Hiftoire des Bourguignons, que la partie de la Province Séquanoife qui porte aujourd'hui le nom de Comté de Bourgogne, avoit été divifée en quatre Comtés ou Païs, qu'on apelloit Varaf que, Scodingue, Amous & Port.

La Porte de Befançon du côté de la montagne, qui eft à present celle de derriere ou du fecours de la Citadelle, portoit le nom de Varefco. C'est encore celui du Doyenné ou Archiprêtré, dont Pontarlier eft le lieu principal. Hugue I. Archevêque de Befançon, a nommé en Varasco dans une Charte de l'an 1040, l'Eglife Paroiffiale de Tarcenay, Village à deux lieues de Befançon; Ecclefiam fancti Martini in pago Warafco, in villâ Terceniaco. Le Village de Scey dans le Bailliage d'Ornans, eft apellé Scey en Varais, pour le diftinguer de Scey fur Sone. D'autres Villages des Bailliages de Baume & d'Ornans, portent cette qualité, en Varais, pour la même raifon dans les anciens titres. L'Auteur de la Vie de fainte Saleberge, dit que S. Euftéfe fecond Abbé de Luxeul au commencement du feptiéme fiécle, convertit les Varaf ques, Peuples de la Province Séquanoife, qui étoient dans fon voifinage, & infectés des erreurs de Photin

& de Bonofe. Il ajoute, qu'ils habitoient aux deux rives du Doux. Euftefius ad Luxovium regreffus eft; deinde ad Varafcos, qui partem Sequanorum Provincia & Duvii amnis fluenta, ex utraque parte incolunt; qui & ipfi, Bonofi Photinique maculati errore, jam fenes tabefcebant. Ad quos vir Dei veniens, eos ad fancta Ecclefia gremium revocavit. L'Abbé de Luxeu, qui a écrit, les miracles de S. Valbert, troifiéme Abbé de cette illuftre Abbaïe, en raporte un qui fut fait, in pago rufticorum ufu, Warafcum nuncupato. Les Annales de S. Bertin, nomment le Comté de Warafque fous l'an 839, & le placent entre ceux de Scodingue & de Port. Ce Comté eft compris dans le partage des Etats du Roi Lotaire, entre Louis de Germanie & Charles le Chauve fes oncles en 870, & mis entre Elifchou que je crois être la Haute Alface, & Scudingum qui eft le Bailliage d'Aval au Comté de Bourgogne. Une Charte de l'an-922 parle de Poligni,in Comitatu Varafco. Une autre Charte de l'an 941, contient l'inféodation de plufieurs Terres,données au commencement du dixiéme fiécle par Sigifmond Roi de Bourgogne, au Monastere d'Agaune, in pago Warafcum. Ces Terres font fituées au Bailliage de Pontarlier. La Chaux d'Arlier y eft nommée, Etufie in turmâ Jurenfi, c'est-à-dire dans la région du Mont-Jura. Mr. Guichenon qui a donné cette Charte, l'a datée de 943: mais il s'eft trompé en cela, & en ce qu'il ajoute que le Comté de Varafque eft la partie de la Franche-Comté voifine de la Breffe, car le Comté de Scodingue étoit entre deux.

Je crois donc, que le Comté ou Païs des Varafques, occupoit ce que nous apellons aujourd'hui le Païs d'Ajoie dont Porentru eft la Capitale, le Comté de Montbéliard, les Bailliages de Baume, d'Ornans & de Pontarlier, & la partie de ceux de Salins & de Poligni qui est dans la montagne, avec Poligni même fuivant la Charte de l'an 922.

La Contrée de Scodingue, eft énoncée dans le partage des Etats du Roi Lotaire de l'an 870, après celle de

Varafque, & avant la contrée d'Amous. L'on en peut conclure,qu'elle les touchoit toutes deux. Frédegaire parlant de Protade qui fut Maire du Palais de Bourgogne au commencement du feptiéme fiécle, dit qu'il avoit été Patrice de la Bourgogne Transjurane, & de la Contrée de Scodingue. Les Annales de S. Bertin font mention du Comté de Scodingue, fous l'année 839. Le Roi Lotaire donna à Arduic Archevêque de Befançon, les Abbaïes de Chateau-Chalon & de Baume les Religieux,pour le dédommager de quelques Villages que fes prédéceffeurs avoient, poffédés, & qui avoient été ufurpés. La Charte de cette donation, porte que ces deux Abbaïes font fituées in pago Scodingorum. Loüis fils de Bofon Roi de Bourgogne, donna en 901, Morgas villam in Comitatu Scutiacenfi, à Alvalon Archevêque de Lyon. Je crois que c'est Morges dans le Bailliage d'Orgelet.

L'inféodation de 941, faite par le Monastére d'Agaune de plufieurs Terres fituées dans la contrée des Varasques au Bailliage de Pontarlier, en contient aussi qu'elle dit être in Comitatu Scodingum; & nomme entre autres, Bracon, Fetigni & Aréche, qui font dans des Bailliages de Salins & d'Orgelet. Un ancien Martyrologe de l'Abbaïe de S. Claude, met au neuf des Kalendes de Décembre, la fête de S. Lamain Martyr, in pago Scodingorum. Le vieux Cartulaire de cette Abbaïe, raporte la donation de la Terre de S. Chriftophe inter, Cartas Seudingenfes. La Vie de S. Anatoile, parlant du Val & de la Ville de Salins, dit Vallis eft Romano itineri pervia, Scodinga in Sequanis, ubi nunc Salinarum locus. Enfin, Guillaume premier du nom Archevêque de Besançon au commencement du douziéme fiécle, donna pour fon anniverfaire à fon Eglife, Altare de Vincella, in territorio Scodingo. Vincelle eft un Village du Bailliage de Lons le Saunier.

I paroît par ces autorités, que le Comté de Scodingue, comprenoit une partie des Bailliages de Salins d'Arbois & de Poligni; ceux de Lons le Saunier &

d'Orgelet; & probablement encore la Terre de S. Claude, en ce qui dépendoit du Diocèse de Befançon.

Le Comté d'Amous, eft nommé après celui de Scodingue, dans le partage des Etats de Lotaire, & doit par conféquent le toucher. Par une Charte datée de la douzième année du regne de Conrad le Pacifique Roi de la Bourgogne Transjurane, qui revient à l'an 967; le Comte Letalde donna à la Métropolitaine de Befançon, les Eglifes dédiées à S. Maurice à Grai la Ville & à Pontaillé fur Sône, qu'il dit être fituées in Comitatu Amoufenfi. Le Prieuré de S. Vivant entre Dole & Auxonne, eft apellé S. Vivant en Amous, pour le distinguer de celui de S. Vivant fous Vergi. On nomme Val d'Amous, une partie du Bailliage de Dole & de celui d'Arbois. Celle du Bailliage de Quingé qui la touche, porte le nom de Valois, comme étant une continuation du même Val.

Je conclus de là, que le Comté d'Amous comprenoit les Bailliages de Dole & de Quingey, ceux d'Arbois & de Grai en partie, & la Vicomté d'Auffonne.

Les Comtés de Varafque, Scodingue & Amous, étoient du partage de Louis de Germanie. Celui de Port échut à Charles le Chauve. Il tiroit fon nom du Port Abucin, ainfi nommé dans la Notice de l'Empire, & que nous apellons aujourd'hui Port fur Sône. Les Annales de S. Bertin fous l'année 839, donnent le Comté des Portifiens pour confin à celui des Varafques, & fuivant ce qu'on a dit des autres Comtés, il comprenoit le Bailliage de Vefoul, les Terres de Lure, de Luxeul, de Vauvillers, une partie du Bailliage de Gray; & il s'étendoit jufqu'à Besançon, puifque Charles le Chauve qui eut dans fon partage le Comté de Port, eut auffi l'Abbaïe de S. Martin de Bregille, qui n'eft féparée de Befançon que par la Riviere du Doux.

S. Agile Religieux à Luxeul & premier Abbé de Rebês au Diocèse de Meaux, étoit fils de Chanoald Confeiller & Commenfal du Roi Childebert, & de Deutérie

defcenduë

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