.

fendre les Gaules contre les incurfions des Peuples de la Germanie. Aussi Tacite nous aprend, qu'il y a eu jusqu'à deux Légions Romaines & plufieurs Cohortes auxiliaires. Cette Ville avoit un Evêque fuffragant de Befançon. L'un d'eux apellé Bubulcus, affista au Concile des Provinces du Royaume de Bourgogne tenu à Epaone en 518; & Grammaticus autre Evêque de Vindifc, aux quatriéme & cinquiéme Conciles d'Orléans. Mais Vindife ayant été ruiné dès lors par les Allemans, le fiége de fon Evêché fut là transferé à Constance, & celui de Befançon perdit par un de fes Suffragans, parce que la Ville de Constance n'étoit pas dans fa Province.

Ebrodunum. Cette Ville eft marquée dans les Cartes de Peutinger fur la route d'Avanche à Befançon, dans la fituation où eft Yverdun en Suiffe, auprès du Lac du mê

me nom.

Olino, Fortereffe de l'ancienne Province Séquanoife, étoit le lieu de la réfidence du Duc qui commandoit fur la frontiere. Il y avoit une garnifon, dont les Soldats font apellés Latavienfes dans la Notice, d'où l'on conclut qu'ils étoient de Latavie en Phénicie. N'y auroit-il point ici une faute de Copifte? & ne faudroit-il pas lire Batavi au lieu de Latavienfes ? car il eft plus probable que cette garnifon étoit de troupes Hollandoifes, que de Phéniciens dont le Païs eft fi éloigné, & n'étoit pas fous l'Empire d'Occident dont la Fortereffe d'Olino dépendoit. L'on voit dans la Notice la figure de cette Fortereffe, distinguée & plus belle que celle de toutes les autres. Il faut la chercher fur le bord du Rhein auprès de Bafle, où les Allemans contre lefquels elle avoit probablement été bâtie, avoient coutume de paffer. L'on prétend qu'elle étoit au lieu qu'on nomme Holé.

Les Notices varient fur le nom du Port qui étoit dans la Province Séquanoife, & quelques-unes femblent le car elles l'apellent confondre avec Caftrum Rauracenfe Caftrum Ravirenfe ou Rauficenfe feu portus Abucina. Mais la plus correcte de toutes, que le P. Sirmond a adoptée

par cette raifon, les diftingue, & nomme féparément Caftrum Rauracenfe & portus Abucini. L'on ne peut trouver ce Port que fur le Rhein ou fur la Sône, qui étoient les deux grandes Riviéres navigables de la Province Séquanoife.

Ce ne peut pas être à Bafle, qui eft nommé féparément dans la Notice; ni à Augft, parce que la Notice diftingue le Port Abucin de la Ville d'Augft, & que les bords du Rhein font trop élevés en cet endroit, pour qu'il y ait eu un paffage ou un abord de bateaux. Je ne vois pas qu'on puiffe le mettre ailleurs fur le Rhein.

Je le place donc fur la Sône, qui touchoit le Païs des Séquanois dès fa source jufqu'à fon embouchure dans le Rhône, qui porte bateau prefque dans tout fon cours, & par laquelle les Habitants du Comté de Bourgogne,font conduire leurs bleds & leurs autres marchandifes à Lyon & à la mer.

Il me femble que ce Port devoit être au lieu qu'on apelle Port fur Sône dans le Bailliage de Vefoul, qui conferve encore une partie du nom de Portus Abucini, & qui a été anciennement le lieu du plus grand commerce du Comté de Bourgogne: car les marchés de Port fur Sône ont toujours été en réputation, & nos anciennes Ordonnances portent, que les mefures à grain de la Province, feront réglées fur celles dont on fe fervoit dans ce lieu.

Nous lifons d'ailleurs dans les Leçons de l'Office de S. Vallier, que l'Eglife de Befançon fait le 28 Octobre & qu'elle a tirée d'une ancienne vie de S. Urbain; que S. Vallier Archidiacre de Langres fe retiroit au Mont Jura par la Province Séquanoife, pour fuir la perfécution des Vandales; mais qu'ayant été furpris par ces Barbares au Port Abucin, ils lui firent fouffrir le martyre. Ce ne peut être qu'à Port fur Sône, qui n'eft pas éloigné de la Ville de Langres, dans la Paroiffe duquel il y a un Village qui porte le nom de S. Vallier, & une Chapelle dé diée à ce Saint, bâtie dans l'endroit où l'on dit qu'il fut martyrifé.

La Légende apelle Port fur Sône,Oppidum. Il convenoit qu'il y eut en cet endroit une Ville, & une Ville forte, parce que c'étoit la frontiére de la Province Séquanoife du côté des Langrois; Peuple puiffant & entreprenant, avec lequel les Séquanois avoient fouvent des affaires à démêler, même après que ces deux Peuples furent réunis fous l'Empire Romain. Enfin la Franche-Comté qui étoit au centre du Païs des Séquanois, a été divifée fous les premiers Rois de Bourgogne, en quatre Comtés ou Païs, Pagi, dont l'un s'apelloit le Comté des Portifiens, Comitatus Portifiorum. Il comprenoit ce que nous apellons aujourd'hui le Bailliage d'Amont, dans lequel eft Port fur Sône qui lui avoit probablement donné fon nom, parce que c'étoit la place la plus confiderable du Comté, & le lieu de la réfidence du Comte.

la

Ce font là toutes les Villes des Séquanois nommées dans les Notices, quoiqu'il y en eut beaucoup d'autres. Je ne parlerai point ici de celles qui étoient dans l'Helvétie, haute Alface, la Breffe & le Bugey, dont on peut trouver l'Hiftoire ailleurs. Je dirai feulement quelque chofe des autres Places confiderables qui étoient dans la partie de la Province Séquanoife, qui porte aujourd'hui le nom de Franche-Comté.

Céfar parlant du lieu où les Eduois furent défaits par les Séquanois joints à Ariovifte, dit que la bataille fe donna auprès d'Amagetobrie. Cluvier penfe qu'on cherchera inutilement cette Ville. Cependant il me femble qu'elle doit être fur les bords de la Sône qui féparoit les Païs de ces deux Peuples, & l'on trouve dans le confluent de cette Riviere & de l'Ognon, plufieurs marques aufquelles je crois qu'on ne peut pas méconnoître Amagetobric. Mais *Voyez la fecon- c'est un fait que j'éclaircirai ailleurs, de même * d'une autre Ville que les éditions de Ptolomée apellent Dittatium ou Didation, dont l'existence me paroît dou

de Differtation.

*Troifiéme Dif- teuse. * festation.

que

celui

Mandeure fur le Doux auprès de Montbéliard, est l'Epomanduodurum de l'Itinéraire & de la Carte de Peutin

ger.

ger. Son nom est dérivé ab equis, fuivant Mr. de Valois, comme l'Eporedium d'Italie, parce qu'on y tenoit de la Cavalerie, ou qu'on y nouriffoit des chevaux ; ce qui me paroît confirmé par une Infcription, qui marque que Caftor y étoit réveré. L'on y a trouvé des Statues, des Voyez aux No Médailles, des inftruments de Sacrifice, des pierres gravées, des canaux de plomb & de brique pour conduire des eaux, des pavés de marbre & à la mofaïque, & des débris de plufieurs anciens Edifices, * qui prouvent qu'il y avoit une Ville confiderable.

tes.

Chiffl. Vefons.

part. 1. cap. 38.

tion.

L'on a découvert des reftes d'antiquité au Lac d'Antre & aux Villars auprès de Moirans, qui méritent une defcription particuliére & une Differtation; beaucoup de Voyez la quaMédailles & quelques bas-reliefs & Statuës antiques à Cita triéme Differtaauprès de Vefoul, à Grozon où il y avoit des Salines, à Arinto,& à Pontarlier. L'on ne creufe point à Offelles, Village à deux lieuës & demie de Befançon, qu'on n'y découvre des restes de bâtimens Romains, & fouvent des canaux pour conduire les eaux, des marbres qui ont fervi à des incruftations, & des Médailles..

Les anciens manufcrits de la vie de S.Defiré Evêque de Befançon dans le quatriéme fiécle, qui portent que cet Evêque fut inhumé à Lons-le-Saunier, fupofent que c'étoit déja un lieu confiderable. Il y avoit en effet des Salines comme à Grozon, & l'on y a battu monnoie.

Jonas, dans la vie de S. Colomban qui établit le fameux Monaftére de Luxeul au Païs des Séquanois dans le fixiéme fiécle, dit qu'il y avoit eu un fort Château, des bains fuperbement bâtis, & qu'on y voyoit encore les débris de plufieurs Statuës. C'étoit une Ville ruinée par Attila.

Poligni eft nommé comme un lieu confiderable, dans le partage que firent en 878, Louis de Germanie & Charles le Chauve des Etats de leur neveu Lothaire, & fon nom paroît venir de zoo, oppidum.

Les autres Villes du Comté de Bourgogne,doivent leur origine à des Salines comme Salins; à des Monafteres

E

comme S. Claude, Lure, Baume les Nones; à la beauté de leurs fituations, qui ont engagé les Comtes du Païs à y faire des Maifons de plaifance, comme Grai, Dôle, Quingey, Arbois; ou à ce qu'elles fe font trouvées propres à y faire des Châteaux forts, comme Vefoul, Faucogney, Ornans, Orgelet.

y

Les richeffes de la Province Séquanoife, le commerce qui floriffoit, & le paffage des troupes qu'on envoyoit d'Italie fur le Rhein, y ont fait faire plufieurs voies Romaines qui font décrites dans l'Itinéraire & dans les Cartes de Peutinger, particuliérement aux environs de Befançon d'Augft & d'Avanche. Je ne parlerai ici que de celles de Besançon, dont on voit encore des veftiges. Il y en avoit une qui conduifoit à Milan, par Filo Mufiaco, Ulier, Ariarica Pontarlier, Urbam Orbe, Lacum Laufaunium Laufane, Equeftrim Nion, Cenabum Genève, &c. Une Cette ftation autre à Strasbourg & à Augft, par Velatudurum Voillans, rems des Cartes Epomanduodurum Mandeure, &c. Une troifiéme dans la de Peutinger, qui Gaule Belgique, par Segobodium Seveux, Varcia Vars, la mettent à Lo- Andematunum Langres. Et une quatrième à Lyon, par pofagio Lucio. Crufinio Dubris, Ponte Tenurcio & Cabillione.

Nommé dans

les Cartes de Peu

tinger, Abiolica.

étoit changée au

Les Séquanois fourniffoient des troupes à l'Empire Romain: car Goltzius raporte une Infcription, dans laquelle il est fait mention d'une Cohorte Séquanoife, qui étoit dans la Cappadoce. La Cavalerie qui fervoit avec la Légion Valeria, étoit auffi de cette Nation, fuivant la Notice. Il y eft encore parlé de troupes auxiliaires Séquanoifes fous le commandement du Général de l'Infanterie, & d'une Légion qui s'apelloit Vefontine,du nom de Vefontio Capitale du Païs. Cette Notice nous repréfente les Enfeignes que les Empereurs envoyoient à chaque Corps de leurs Soldats. L'on voit dans l'Enfeigne des troupes auxiliaires Séquanoifes, un globe d'or dans un cercle rouge fur un champ verd; & dans celle de la Légion, le cerL'on ne sex cle & le globe, font cantonnés de quatre de ces boucliers plique pas ici en termes de Blazon, qu'on apelloit Pelta. Ces boucliers font de couleur bleuë.*

parce qu'il n'étoit pas inventé.

Tel étoit l'état de la Province Séquanoife fous l'Em