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pire Romain. Les Gaules en général, qui fe regardoient comme l'une des principales parties de cet Empire, lui étoient d'autant plus affectionnées, que fes Habitants parvenoient aux Magiftratures, aux Commandements des troupes, & à l'Empire même. Ils avoient pris les mœurs & les inclinations de leurs maîtres,& ils cultivoient avec foin leurs fciences & leurs arts. Ils avoient oublié jufqu'à leur langue maternelle, pour parler le Latin & le Grec, qui leur paroiffoient plus convenables à leurs études, au commerce, à la focieté, à leur avancement, & à faire valoir le talent naturel qu'ils avoient pour l'éloquence. Ils en faifoient chaque année des épreuves publiques, par les harangues qu'ils prononçoient dans le Temple, que Soixante grands Peuples qui compofoient les Gaules Lyonnoife, Belgique & Aquitanique, avoient élevé à l'honneur de Rome & d'Auguste dans le confluent du Rhône & de la Sône, auquel les Séquanois eurent l'avantage de donner fon fecond Pontife. *

les

Augufte en mourant, avoit défigné Tibére pour fon Succeffeur. Les Légions de l'Illirie & du Rhein refusérent de lui obéir. Germanicus commandoit celles qui fervoient fur le Rhein. Comme il avoit quelque droit à l'Empire, & de grands fujets de craindre Tibére, elles crurent qu'il favoriferoit leur révolte. Mais ce Prince, en qui l'honneur & la probité,égaloient la naiffance & la valeur, engagea les Séquanois & les Belges à prêter ferment de fidélité au nouvel Empereur; perfuadé qu'il feroit rentrer enfuite plus facilement les Légions dans leur devoir, comme il arriva. L'on peut auffi faire honneur en partie à la Nation Séquanoife, de ce que l'Empereur Claude difoit dans fa harangue au Sénat, de la Gaule cheveluë en général;qu'elle avoit beaucoup contribué aux victoires que Drufus fon pere avoit remportées dans la Germanie, en confervant derriere lui un Païs tranquile & fidéle,*parce que les Séquanois occupoient une partie de ce Païs.

Les vexations & l'avarice des Magiftrats Romains qui commandoient dans les Gaules, en difpoférent les Peu

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Hand fermè

ulla civitas,intacta feminibus ejus motus fuit. Tacit. Aan. lib. 3.

*Interim, Silius cum Legionibus duabus incedens,

manu; vaftat Se

ples à la rébellion. Julius Florus & Sacrovir, qui étoient
de la premiere Nobleffe, l'un de Tréves & l'autre d'Au-
tun, affemblérent des troupes pour tenter de mettre leur
patrie en liberté. Prefque toute la Nation entra dans leur
complot; mais ce fut en fecret, pour ne pas être prévenuë
avant de s'être mise en état de défense. La diligence
que
des Généraux Romains,étouffa cette affaire dans fon com-
mencement. Julius Florus qui n'avoit encore pû affembler
que de la populace qui fe livre plus ouvertement aux nou-
veautés, fut attaqué le premier & défait fans beaucoup
de peine. Sacrovir réfifta plus long-tems. Il avoit une
Armée de quarante mille hommes, avec laquelle il eut
l'affurance d'attendre les Légions Romaines auprès d'Au-
& de donner bataille. Il la perdit après une vigou-
reuferéfiftance. Silius qui commandoit les Romains, avoit
paffé par le Païs des Séquanois pour venir à Autun. Il les
avoit trouvés en armes, & comme il fçavoit qu'ils étoient
avec les Eduois, les principaux apuis de Sacrovir, il rava-
gea leur Province. *

tun,

Le mauvais fuccès de cette entreprise, contint les Gaupremiffa auxiliari les jufqu'à la fin du régne de Néron. L'Empire fembloit Guanarum pagos, prefque par tout las d'obéir à ce Prince cruel & foüillé qui finium extre de mille infamies, qui aviliffoit par fes maniéres la dignimiduis con- té d'Empereur, & rendoit fą domination odieufe

in armis erant. Ta

cit. Ibid.

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par fes cruautés. Caius Julius Vindex originaire des Gaules, qui comptoit des Rois parmi fes ancêtres, & dont le pere avoit été Sénateur; affembla une multitude de Gaulois, leur peignit vivement les vices de Néron, & les invita à délivrer l'Empire de ce monftre qui le deshonoroit.

Ils entrérent dans fes fentimens, promirent de lui obéir, & voulurent le faire Empereur. Mais comme il agiffoit moins par ambition que pour le bien public, il défera l'Empire à Galba, parce qu'il l'en croyoit plus digne que lui. Néron informé de ces faits, mit à prix la tête de Vindex, & Vindex déclara qu'il donneroit la fienne propre, à quiconque lui aporteroit celle de Néron; faifant connoître par de fi généreufes paroles, qu'il étoit prêt à facri

fier fa vie même, pour délivrer l'Empire de la tyrannie. Il étoit bien fait, fage, & auffi vaillant qu'expérimenté Capitaine. On connoiffoit fes vertus à Rome, & on y faifoit des voeux en fa faveur.

Cependant les Légions qui fervoient fur le Rhein & qui étoient attachées à Néron, s'ébranlérent pour éteindre ce feu qui s'allumoit dans les Gaules. Elles avoient à leur tête Verginius Ruffus, Capitaine de grande réputation, que les Soldats voulurent élever à l'Empire quelque tems après; mais qui le refufa, foit par modération, comme il le difoit, foit qu'il craignit de ne pouvoir pas fe le conferver. Il les mena à Besançon dans le deffein de s'en emparer, parce que c'étoit l'une des principales Villes qui étoient entrées dans le parti de Vindex. Befançon ferma fes portes. Ruffus l'affiégea, & Vindex courut au fecours. Leurs Armées étant en préfence, ils eurent une conférence, dans laquelle on croit qu'ils convinrent d'ôter l'Einpire à Néron. Vindex s'aprocha enfuite de la Ville pour y entrer, mais les Légions de Ruffus, qui ignoroient ce qui s'étoit paffé entre leur Général & Vindex, & qui craignirent d'être furprises, attaquérent de leur propre mouvement les Gaulois qui ne s'y attendoient pas, & en tuérent un grand nombre. Vindex fut fi touché de ce défaftre, que défefperant d'ailleurs du fuccès de fon deffein après la défaite de fes troupes, il fe donna la mort. *

que

*Dion. Caff.lib.

60.

Ainfi finit la glorieufe entreprise de Vindex & des Gaulois qui s'étoient attachés à fa perfonne, non plus comme auparavant pour recouvrer leur liberté, mais pour foutenir l'honneur & la dignité de l'Empire. Le refus que fit Besançon d'ouvrir fes portes à Verginius Ruffus, maraffez que les Séquanois étoient les principaux & les plus zélés partifans de Julius Vindex, qu'on pourroit conjecturer par cette raifon avoir été leur compatriote, & defcendu de leur Roi Catamantalêde. Une Infcription ancienne, nous aprend qu'une famille de fon nom tenoit un rang diftingué parmi les Séquanois. * Vienne & Au- *Voyez aux Notun, entrérent auffi dans fes interêts; mais les Villes de tes.

cis obligate,recen

*Gallia fuper memoriam Vinditi dong Romane civitatis,& in levamento. Tacic. Hift. lib. 1.4 Chiffl. Vefoni. part. 1. cap. 28. * Numm. pop. fol. 517.

pofterum tributi

*Nec deera pars Galliarum qua Rhenum accolit,

acerrima inftiga trix adversus Gal bianos; hoc enim , falfidito Vindice indide

nomen,

nis duifque, ac

*

Lyon, Langres, Tréves & Cologne, lui furent opofées. Galba parvenu à l'Empire, marqua fa reconnoiffance aux Villes & aux Provinces des Gaules qui avoient pris le parti de Vindex. Il les déchargea d'une partie du tribut qu'elles avoient coutume de payer, & leur donna le droit de Bourgeoifie Romaine. Il y auroit aparence qu'il accorda quelque faveur particuliére à Besançon, fi cette Ville fit fraper, comme le dit M. Chifflet, **.une Médaille, fur laquelle on voit d'un côté la tête de Galba, & de l'autre pour légende Mun. Vifontium. Mais le P. Hardouin l'attribue à une Ville du même nom qui eft en Espagne. *

Les Peuples qui avoient été contraires à Galba, furent traités rigoureusement, & particuliérement ceux de Lyon & du bas Rhein. Irrités par le châtiment, & jaloux des bienfaits qu'avoient reçûs leurs voisins, ils follicitérent à la révolte les Légions qui étoient chez eux ou fur leurs frontieres. Ils fe flattoient que dans une guerre ils profiteroient du pillage, & ils en vouloient fur tout aux Séquanois & aux Eduois, comme étant les plus riches, & ceux qui étoient entrés le plus avant dans le parti de Vindex. *

Ils y trouvérent ces Légions fort difpofées,car elles craignoient Galba qui étoit d'un naturel févére. Elles ne pouvoient d'ailleurs le réfoudre d'obéir à un Empereur ennemi de Néron dont elles avoient foutenu les interêts jufqu'à fa mort, & ami de Vindex dont elles avoient défait les rans. Igitur Sequa troupes par une espèce de surprise. Ainfi dès qu'elles videinde prout opu- rent que Vitellius envoyé par Galba pour les commanlentia civitatibus der à la place de Verginius Ruffus, fe prêtoit à leur mauvaise volonté, elles firent éclater leur rébellion, & bium, populario- clamérent Vitellius Empereur. Les Légions qui fervoient tus Penatium, hau- fur le haut & fur le bas Rhein commencérent, celles de la ferunt animo. Ta- Rhétie & de la Grande Bretagne fuivirent leur exemple, cit. Hift. lib. 1. & les Peuples des Gaules qui étoient restés attachés à Néron, fejoignirent à ces Légions.

erat, infenfi, ex

pugnationes ur

nes agrorum, rap

pro

Vitellius maître de fi grandes forces, en fit passer in

ceffamment une partie au delà des Alpes,fous le commandement de Valens & de Cecinna. Valens qui conduifoit les troupes du bas Rhein, traverfa le Païs d'Autun, pour entrer en Italie par les Alpes Cottiennes. Ces troupes incitées par ceux de Tréves, de Langres, & par Vitellius même, cherchérent querelle aux Eduois; mais ils fournirent de l'argent, des habits & des vivres, fi promtement & en fi grande abondance, qu'on n'eut point de prétexte de les piller. Lyon penfa profiter du paffage de Valens, pour faire périr Vienne fon ancienne ennemie ; mais la confideration de l'antiquité & du mérite de cette Colonie qu'on fçut faire valoir, la fauva de ce danger.

Cecinna commandoit fur le haut Rhein. Ses Légions n'étoient pas moins animées contre les Séquanois, que celles de Valens contre ceux d'Autun. Cependant étant preffées d'entrer en Italie par les Alpes Pennines, elles ne purent entamer la Province Séquanoife que par un côté. Elles y faccagérent la Ville de Baden, qui étoit grande & fréquentée à caufe de fes bains falutaires.

pas

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Les Helvétiens Séquanois,prirent les armes pour fe défendre, & élûrent un Général. Mais ils connurent à l'aproche des troupes réglées, le défavantage d'une Nation qui n'eft en habitude de faire la guerre, quelque brave qu'elle foit d'ailleurs. Ils fe retirérent dans les Montagnes de Voësberg qui font une branche du Mont Jura. Ils y furent fuivis battus & diffipés. Cecinna marchoit à Avanche la Capitale du Païs. Les Habitants de cette Ville, qui voyoient fa ruine prochaine fi les Romains y entroient dans le feu de leur colére, envoyérent des Députés pour tâcher de fléchir le Général & fon Armée, qu'ils trouvérent également réfolus à leur perte. Cependant Claudius Coffus l'un de ces Députés, fçut fi bien ménager les Soldats par des difcours foumis & infinuants, qu'il les toucha jufques à leur faire répandre des larmes, & à les engager de fe rendre interceffeurs auprès de Cecinna pour la Ville d'Avanche. Elle en fut quitte pour de groffes contributions, dont Vefpafien

*

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