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*Freculph. tom. 2. lib. 1. cap. 3.

mentis, Cafarem

& Tite fon fils la dédommagérent dans la fuite, en y en-
voyant une Colonie, & l'honorar de leurs bienfaits.*

La mort de Vitellius délivra les Séquanois d'un dange-
reux ennemi; mais cette inimitié même, & l'attache-
ment qu'ils avoient eu au parti de Vindex & de Galba,
les rendit chers à Vefpafien, à qui ils eurent d'ailleurs le
bonheur de rendre un service signalé dès le commence-
ment de fon régne.

Les Armées & les Partifans de Galba, d'Othon, de Vitellius, & de Vefpafien, qui avoient prétendu fe faire Empereurs prefque en même tems,avoient mis toutes chofes en confusion. L'incendie du Capitole qui arriva dans ces entrefaites, parut un préfage de la fin de l'Empire, & les Gaulois fe crurent affez puiflants pour le transferer chez eux. Quatre des plus grands Seigneurs de la Nation, en formérent le projet. Ce furent Civilis Batave, Clafficus & Julius Tutor de Tréves, & Julius Sabinus de Langres. Ils gagnérent les troupes de Vitellius qui étoient restées dans les Gaules, & qui aimoient mieux périr que de se foumettre à Vefpafien. Ces troupes jointes aux Partisans des quatre Seigneurs Gaulois, formérent une puiffance bien redoutable.

Julius Sabinus fe difoit defcendu de Jules-Céfar, parce que ce Conquérant avoit aimé fa bifayeule, pendant qu'il étoit dans les Gaules. Il fe fit proclamer Empereur par une *Julius Sabinus, grande multitude qui fuivoit fon parti, & il marcha conprojectis fœderis tre les Séquanois qui avoient pris les armes pour foutenir Romani monu- les interêts de l'Empire Romain. Ils avoient fenti l'illufion fe falutari jubet. du projet de transférer cet Empire au deçà des Monts, qui Magnam incon- auroit attiré des guerres éternelles à la Nation Gauloise; & ditam popularium Sabinus turbam in Sequs leur inclination jointe à leur devoir,les attachoit fortement que nos ripit, conter à Vefpafien. Ils acceptérent donc la bataille leur offrit,& combattirent fi vaillamment avec leurs feules. forces,qu'ils défirent l'Armée de Sabinus, & le réduifirent à difparoître. On tient qu'il demeura neuf ans caché dans un fépulchre, où fes amis & fa femme Epaunine eurent foin de lui, fans le découvrir..

minam civitatem

nobis fidam.
Nec Sequani de-

tratavere certa-
men. Fortuna me-
lioribus affluit,

fuf Lingones. Ta-
cis. Hift. lib. 4.

La

re,&c.Tacit. Ibid.

La victoire des Séquanois rétablit les affaires de l'Empire dans les Gaules. Leur exemple fit faire des réflexions aux autres Provinces, qui rentrérent infenfiblement dans leur devoir. Clafficus Tutor & Civilis, qui avoient d'a* Sequinorum bord eu de l'avantage fur les Légions Romaines, furent profperâ acie, belli enfin défaits, & leur parti diffipé. Ainfi Vefpafien de- impetus ftetit. Refipifcere paulatim meura poffeffeur paifible de l'Empire, & il eut l'obliga- civitates, fafque tion aux Séquanois du premier fuccès de fes armes dans les & fœdera refpiceGaules. Affuré de leur affection, & de celle des Eduois, qui étoient unis depuis long-tems aux vues & aux interêts des Séquanois, il compta fi fort fur l'obéiffance de la Nation entiére, qu'au lieu de huit Légions que fes prédéceffeurs avoient entretenues dans cette partie de l'Empire, il n'y en laiffa plus que quatre; moins encore pour la contenir dans le devoir, que pour la défendre contre les irruptions des Germains. * L'Histoire nous aprend, qu'Adrien parcourut les Gaules 4 Joseph de bello dans fes voyages pacifiques. L'on prétend qu'il refte des preuves de fon affection pour les Séquanois, & de fon paffage dans leur Païs. Ce font deux Ponts, l'un fur le Doux à Pontarlier, l'autre fur la Sône à Pontailler, qui portent, à ce qu'on dit, le nom de cet Empereur. On lit auffi dans une Infcription trouvée du côté d'Avanche, qu'à fon arrivée dans cette contrée, il y fit quelques libéralités.* *Voyez aux NoLa famille des Antonins, ceux de tous les Empereurs qui ont gouverné avec le plus de fageffe, étoit originaire des Gaules. Je crois qu'elle avoit des Domaines dans la Province Séquanoife car l'on a trouvé fur le territoire de Befançon, l'Infcription du tombeau d'une certaine Cœfonia Donata, dreffé par les foins de Candidus fon mari

*Tacit. Ann. lib.

Jud.

tes.

tes.

Voyez aux No

Efclave ou Affranchi né dans la maifon d'Antonin Pie. * *Voyez aux No-Candidus établi à Besançon avec fa famille, y demeuroit tes. probablement, pour prendre foin des terres de fon maître

qui étoient dans la Province.

On lit auffi dans la vie de Marc Auréle, qu'il y eut fous *Res in Sequanis fon Empire du trouble & des diffentions entre les Séqua- turbatas, cenfurá nois ; qu'il en prit connoiffance, & qu'il les apaifa. * Il

F

&authoritate repreffit. Jul. Cap.

**Quatriéme Differtation.

* Quatriéme Differtation.

y a aparence que ce fut lui-même, étant fur les lieux, parce qu'on fçait qu'il vint dans les Gaules par les Alpes Grecques, & c'étoit fon chemin de paffer par la Province Séquanoife.

La Ville de Besançon avoit reçû de ce Prince & de Luce Vére fon Collégue, quelques bienfaits : car elle leur marqua fa reconnoiffance, par un monument dont on a retrouvé l'Infcription auprès de l'Eglife de Sainte MarieMagdeléne. Je conjecture qu'ils avoient fait faire le canal qui y portoit les belles eaux d'Arcier, & couper le rocher qui s'opofoit au paffage de ces eaux, au lieu qu'on apelle la Porte taillée à l'entrée de Befançon.

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Ce font à ce que je crois, les mêmes Empereurs qui ont fait ouvrir la montagne de Durvaux, pour pratiquer un nouveau paffage de l'Helvétie dans l'ancien Païs des Séquanois, auprès de Porentru: car il y a une Infcription dans le rocher, qui marque qu'il a été coupé fous deux Empereurs qui régnoient enfemble. Ces Princes n'y font pas nommés; mais le titre d'Auguftes au pluriel qui leurs eft donné, convient à Marc Aurele & à LuceVére, qui furent Ipfi funt, qui les premiers affociés à l'Empire,* qui ont aimé les Gaules, primi duo Auguf- & qui y ont fait faire beaucoup d'ouvrages publics.

ri appellati funt. Jul. Capit.

Voyez l'Infcrip

tion aux Notes.

L'on voit à Besançon les reftes d'un Arc de triomphe, que l'on a crû jufqu'à présent avoir été dreffé à l'honneur d'Aurélien. Il me femble qu'il repréfente l'éducation & les victoires de Crifpus Céfar, fils du grand Conftantin; d'où je conclus que ce jeune Prince a rendu quelque fervice confiderable à cette Ville, & qu'elle a été apellée Crifpopolis de fon nom, comme Bifance a été nommée *Voyez la qua. Conftantinopolis de celui de fon pere. *

triéme Differta. tion.

Il y avoit long-tems que les Gaules accoutumées à la domination Romaine, vivoient tranquiles & dans une profonde paix. Elles n'avoient à fe défendre que de l'avarice & des autres paffions des Magiftrats qu'on leur envoyoit pour les gouverner, ce qui leur étoit facile fous les bons Empereurs. Quelques-uns de ces Magiftrats les démembrérent pour un tems, & y dominérent; mais ce furent

les Légions qui les élurent Empereurs: La Nation y prit peu de part, & n'en fouffrit rien, ou peu de chose.

Ces Empereurs, qu'on apelle Tyrans, parce qu'on ne reconnoît pas en eux la fucceffion légitime à l'Empire, étoient de grands hommes, très dignes de commander, & qui ont bien défendu les Gaules contre les étrangers qui s'éforçoient de les envahir. Tels furent les Pofthumes, les Victorins & les Tetricus, qui ont fuccédé les uns aux autres, & parmi lefquels Pofthume le pere a porté juftement le titre de Reftaurateur des Gaules. Un Auteur contemporain, nous fait auffi deVictorin pere, l'éloge le plus magnifique. Et les Tetricus aimérent mieux fe démettre de l'Empire qu'ils auroient pû conferver, que de le voir déchirer par des guerres civiles.

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C'étoit alors un très grand avantage pour les Gaules d'être paffées fous l'Empire Romain, parce qu'elles étoient affiégées d'une multitude prodigieufe de Barbares, qui fe pouffoient les uns & les autres comme les flots de la mer, & qui venoient febrifer fur les frontieres, contre les Légions Romaines qui les gardoient. La Province Séquanoife plus expofée que les autres, fentoit les principaux fruits de leur protection.

Parmi ces Barbares, il n'y en a point eu de plus puiffants & de plus obstinés à pénétrer dans l'Empire, que les Allemans. Quoiqu'ordinairement repouffés & battus, ils revenoient fans ceffe à la charge, & fembloient renaître de leurs défaites. Cependant ils l'ont tellement affoibli pendant près de deux fiécles de guerres continuelles,qu'ils l'ont ouvert aux autres Peuples du Nord; n'en ayant que peu profité eux-mêmes, parce qu'ils étoient épuifés par les fanglants combats qu'ils avoient effuyés; & ils ont enfin été vaincus & fubjugués par les Francs fous Clovis.

Leur réputation a été fi grande, qu'on a donné leur nom à tous les Peuples de la Germanie, comme on leur avoit donné auparavant celui de Germains, à l'occafion de quelques Nations de ce Païs qui pafférent le Rhein, & s'établirent à main armée dans les Gaules avant que les Romains

Victorino ne

minem exiftimo præferendum, non in virtute Traja.

nium in clementia,

num, non Anto. non in gravitate Nervam, non in Vefpafinum, non in cenfura totius militari Pertinacem vel Severum.

gubernando arario

vita ac feveritate

Ful. Afer. apud
Pollion.

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s'en rendiffent les maîtres. On les apelloit Gerreman, qui fignifie en langue Tudefque, des hommes de guerre; & de là étoient venus les noms de Germains & de Germanie.

Comme les Allemans étoient voifins de la Province Sé

quanoife, & que c'est dans cette Province qu'ils ont fait la plus grande partie de leurs irruptions; il ne fera pas hors de propos de les faire ici connoître, & de raporter en peu de mots les guerres qu'ils ont eu avec l'Empire.

Leur nom en langue Tudefque, fignifie des hommes de tous Païs, ce qui fait croire qu'ils étofent defcendus des Gaulois ramaffés de diverfes Provinces, qui allérent s'établir dans la Germanie avec Ségovêfe leur Chef. Ils habitoient entre le Mein & le Rhein, aux environs des fources du Danube, dès le Lac de Conftance jusqu'à Mayence. Antonin Caracalla a porté le titre d'Allemanique, pour quelques victoires remportées fur eux. Ils occupérent la Réthie, & entrérent en Italie fous Claude le Gothique, qui les défit auprès du Lac de Garde, & les força de s'en retourner, après avoir tué la moitié de leurs troupes. Probus & Maximien les battirent & les repousférent jufques bien avant dans leurs Païs. Conftance Chlore remporta fur eux deux grandes victoires, l'une auprès de Langres, l'autre à Vindifc dans la Province Séquanoise. Il en réduifit en efclavage dans une autre occafion, un grand nombre qui fut furpris par un dégel fubit dans une Ifle du Rhein, où ils étoient venus fur les glaces, pour paffer encore dans cette Province.

Constantin le Grand & fes fils, les chafférent des Gaules -à différentes fois ; & les batailles qui y furent gagnées contre eux par Crifpus & par Conftantin le Jeune, font prouvées par leurs Médailles, au revers defquelles on voit cette légende, Alemannia devicta, avec une Victoire qui tient de la main droite un trophée, une palme de la gauche, & qui foule aux pieds un Captif. Cependant ils y firent encore de grands ravages fous l'Empire de Conftans autre fils de Conftantin, & défirent Arbetion fon Général, qui les batit à leur retour, & leur enleva le butin qu'ils avoient fait.

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