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cupoit donc encore dans ce Païs, la contrée qui eft le long du Rhein, dans le contour du Mont Jura jufqu'au confluent de ce fleuve & de l'Aar.

Ammian Marcellin dit qu'il a vû chez les Séquanois deux belles Villes, Befançon & Augft Capitale des Rauraques. Apud Sequanos, Bifontios vidimus & Rauracos, aliis potiores oppidis multis. Cet Auteur regardoit donc * Lib. 15 in fin. les Rauraques comme Séquanois, & il les diftinguoit des Helvétiens qui avoient été mis dans la Province Séquanoife, parce qu'il nomme quelques lignes plus bas, Avanche leur Capitale, fans dire qu'elle étoit du Païs des Séquanois, comme il venoit de le dire d'Augufta Rauracorum. Il parle auffi de Sekingen, * qui étoit une Ville ancienne fur le Rhein, du Païs des Rauraques, & qui tiroit fon nom des Séquanois, fans doute parce qu'ils étoient fes fondateurs & fes maîtres.

Ces raifons me femblent affez fortes,pour prouver que les Rauraques étoient Séquanois,ou du moins leurs Clients, renfermés dans leurs limites & connus fous leur nom. Ils avoient aussi un nom propre, mais le nom ne prouve pas feul qu'un Peuple foit indépendant, & qu'il ait une origine particuliére: car il peut avoir été donné dans la fuite des tems à une partie de la Nation, par raport à quelque qualité de la contrée qu'elle occupe, à la principale Ville de cette contrée, ou à quelqu'autre circonftance.

Quant à ce qu'on lit dans Céfar, que les Rauraques furent invités par les Helvétiens à bruler leurs Villes & leurs Villages pour s'en aller avec eux, & qu'ils le firent ; loin que ce foit une raison contre mon fentiment, j'en tire au contraire un argument pour le foutenir.

Le Païs des Rauraques étoit très fertile & affez grand pour eux, puifque nous lifons dans Céfar qu'ils n'étoient que 23000 ames. Ils n'en fortirent donc pas comme firent les Helvétiens du leur, parce qu'il étoit fterile & qu'il ne pouvoit plus les contenir. Il faut qu'il y eut quelqu'autre raifon qui les y obligeât.

Je viens de vous dire, Monfieur, que les Séquanois

Lib. 21, c'est fous le nom de Sanctio,que Rhen. rer. germ. lib. 1, dit êtreSexingen. même chofe. Cluvier penfe la

:

* Lib. I.

avoient abandonné le tiers de leur Païs au Roi Arioviste
& à fes Germains, & j'ai fupofé que ce ne pouvoit être
que
la contrée des Rauraques. Voilà probablement la rai-
fon pour laquelle ces Peuples qui voyoient leur Païs en
proye à des étrangers, fe laifférent facilement perfuader
de le quitter pour aller chercher un autre établissement..
On m'objectera fans doute, qu'ils n'avoient pas été mis
dehors de leurs maifons, puifqu'ils les brulérent. Je ré-
pons qu'ils n'en étoient pas moins foumis aux Germains,
& fur le point d'être chaffés de chez eux. Si les Germains
ne s'étoient pas emparés de leurs Villes & de leurs Villages,
c'étoit parce qu'ils vivoient encore à la campagne fous des
tentes à la maniére de leur Païs: Car Ariovifte fit fçavoir
à Céfar, que s'il l'attaquoit, il pourroit aprendre à fes
dépens, combien il étoit à craindre d'avoir affaire à des
Soldats endurcis aux fatigues de la guerre, & qui depuis.
long-tems n'avoient point eu de couvert.

Če font là, Monfieur, les raifons qui m'ont déterminé à comprendre les Rauraques dans le Païs des Séquanois, foit qu'ils fuffent Séquanois eux-mêmes, fuit qu'on doive les regarder feulement comme leurs. Clients & foumis à leur domination. Je viens à ce que vous m'avez dit des Allobroges, que vous prétendez qui habitoient entre le Rhône & la Sône.

Céfar dit que les Allobroges fe plaignirent à lui, de ce que les Helvétiens avoient pillé leurs campagnes, & renverfé leurs maisons. Item Allobroges, qui trans Rhodanum vicos poffeffionefque habebant, fugâ fe ad Cæfarem recipiunt, & demonftrant fibi præter agri folum, nihil effe reliqui * On peut expliquer cet endroit, en difant que le dégât avoit été fait par des Partis qui avoient paffé le Rhône, pour entrer chez les Allobroges depuis le Païs des Séquanois où les Helvétiens étoient; ou dans les maisons qui apartenoient en propriété aux Allobroges en deçà de ce fleuve, & qui étoient cependant fous la domination Séquanoife. Si ces raifons ne vous fatisfont pas, Monfieur, je vais vous en donner une autre, qui fupofe comme vous,

que

que les Allobroges avoient quelque portion de Païs à eux en deça du Rhone.

Je trouve une petite contrée enclavée dans l'ancien Païs des Séquanois, qui aboutiffoit fur les Allobroges le Rhône entre deux, vers le lieu où ce fleuve difparoît entre les rochers, & où on le paffe facilement en jettant quelques poutres d'un rocher à l'autre plus bas que le fort de laClufe. Je conjecture que la facilité du paffage en cet endroit, avoit donné occafion aux Allobroges d'occuper cette contrée,& de la conferver.C'est la Michaille & le Val-Romey: Vallis Romanorum, dont le nom me paroît marquer que ce lieu a dépendu de la Province Romaine, & qu'il a apartenu aux Allobroges, puifqu'il eft d'ailleurs du Diocèfe de Genève, quoiqu'entouré d'autres Diocèfes. Or on peut dire avec fondement, que c'est là qu'étoient les Villages & les habitations des Allobroges d'au-deçà duRhône,qui furent ruinės par les Helvétiens, en paffant du pas de la Clufe par le Païs des Séquanois, affez voifin en cet endroit du Val-Romey.

Me voici parvenu à la plus grande & à la plus importante des difficultés que vous m'avez propofées, Monfieur. Elle confiste à fçavoir,fi d'autres Peuples que les Séquanois ou leurs Clients, ont habité entre le Rhône & la Sône. J'avoue qu'on eft prévenu pour l'affirmative, & je l'ai été moi-même fur le fentiment des Modernes qui l'ont tenuë, avant que je l'euffe aprofondie. Mais j'ai changé d'avis, depuis que j'ai examiné la question dans les fources. Vous allez voir, Monfieur, fi j'ai eu raison.

L'argument qui a frapé d'abord mon efprit, c'eft que les Séquanois apellés par Céfar, l'un des plus puiffans peuples des Gaules, & mis en paralelle avec les Helvétiens & les Eduois,ont dû occuper plus d'efpace que la Franche-Comté n'en contient. Ce peuple auffi fier que puiffant, qui a fait une fanglante guerre aux Eduois pour le fimple péage de la riviere de Sône, n'en auroit pas fouffert entre cette: riviere & le Rhône, un autre qui ne dépendît pas de lui, & qui auroit été à portée de pénétrer fans obftacle juf ques dans le centre de fon Pais, & d'y introduire les

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ennemis & les étrangers. Lorsque les Séquanois ont occupé ce Païs en paffant le Rhein, ils l'ont trouvé fans Habitants, parce qu'il eft bien probable qu'ils y font entrés les premiers; & comme ils formoient un Peuple nombreux ils ont dû s'étendre jufqu'aux limites du Rhein, du Mont Jura, du Rhône, de la Sône, & des Montagnes de Vôges, que la nature leur préfentoit.C'est ainfi que tous lesPeuples puiffants en ont ufé,& qu'on en use encore pour régler les confins des Etats.On les fixe autant qu'il fe peut,à des montagnes & à des rivieres, qui fervent à fe défendre contre les invasions des ennemis,& qui formant des limites certaines, retranchent les occafions de guerre avec les voifins.

S'il y avoit eu un autre Peuple que les Séquanois entre le Rhône & la Sône, il auroit fait un de leurs confins, & quelque Auteur l'auroit dit. On trouveroit cet autre Peuple nommé dans la description des limites des Séquanois, que Céfar, Strabon & d'autres nous ont fi clairement marquées; fans quoi la délimitation de ce Peuple principal qu'ils ont transmife avec foin à la postérité, feroit imparfaite. Mais il n'y en a pas un dans lequel on life que les Séquanois touchoient les Brannoviens, les Brannovices, les Ségufiens, ni les Sébufiens. Ils n'ont pas dû le dire, parce que les Séquanois ne les touchoient pas, & que la délimitation qu'ils faifoient étoit parfaite & entiére, quand ils ont dit que les Séquanois habitoient entre le Rhône & la Sône : car cela feul fupofe que leur Païs s'étendoit jufqu'au confluent de ces deux rivieres.

Rapellés ici, Monfieur, les preuves que j'ai données de ces deux limites, & premiérement de celle du Rhône,qui fuivant Ammian Marcellin, après qu'il eft forti du Lac Leman, coule entre la Savoye & les Séquanois. Il y doit couler fuivant cet Hiftorien, auffi loin que s'étend la Savoye, & par conféquent jufques affez près deVienne & de Lyon. Auffi dit-il,que leRhône a un long cours entre les Séquanois &la Savoye, avant que de féparer les territoires de Vienne & de Lyon. Per Sapaudiam fertur & Sequanos; longéque progreffus, Viennenfem latere finiftro perftringit, dextro Lug

dunenfem. Souvenez-vous que fuivant Céfar, le Rhône sert de limite entre la Province Romaine & les Séquanois: Rhodanus,Sequanos àProvincia noftrâ dividit. Et en quel endroit auroit-il féparé ces deux Peuples, fi ce n'étoit dès la gorge de la Clufe où commence le Bugey, jufqu'à Lyon où il finit? Réfléchiffez que fuivant le même Hiftorien, la Sône coule entre les Séquanois &les Eduois jufqu'à ce qu'elle fe jette dans le Rhône. Arar, per fines Sequanorum & Eduorum, in Rhodanum influit.Donc le Païs desSéquanois s'étend le long de fa rive gauche,jufqu'à fon embouchure dans le Rhône. Voyez, je vous prie, ce vers d'Aufone, qui peint fi naturellement les tours & retours du Rhône, fes angles faillans & rentrans dès le Fort de la Clufe jufqu'à Lyon, par lefquels les Allobroges & les Séquanois font enclavés les uns dans les autres.

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Infinuant quà fe, Sequanis Allobroges oris.

Et en quel lieu les Allobroges auroient-ils été mêlés avec les Séquanois, fi ce n'étoit à l'endroit du Bugey, qui est le feul où ils pouvoient les toucher? Confiderez, Monfieur, que Bellay Ville Capitale & Epifcopale du Bugey, qui est à peu près fous le même degré que Lyon, eft encore aujourd'hui de la Province Séquanoife, puifque fon Evêque eft Suffragant de Befançon. Je ne doute pas que vous ne foyez perfuadé, après des réflexions férieufes fur ces obfervations, que le Bugey & tout le Païs qui eft à l'Occident du Rhône, dès la Clufe jufqu'au confluent de ce fleuve & de la Sône, étoit occupé par les Séquanois.

La limite de la Sône jufqu'à ce qu'elle entre dans le Rhône, ne me paroît pas moins certaine. Céfar & Strabon rendent témoignage que cette riviere féparoit les Séquanois & les Eduois. Ils le difent indiftinctement, & fans ajouter qu'elle ne les féparoit que jufqu'à un certain lieu: Arar, fluit per fines Eduorum & Sequanorum. Sequani, habitant trans Ararim, qui eos ab Eduis diftinguit. Tandis qu'on trouve des Eduois d'un côté de la Sône, on doit trouver de l'autre des Séquanois. Or le Chalonois & le Mâconois étoient du Païs d'Autun. Q.Tullium Ciceronem

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