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je foupçonne être corrompus dans le mot multa, écrit au lieu du nombre des ftades que cet Auteur a coutume d'exprimer.

Le paffage de Céfar qui fait le plus d'impreffion fur votre efprit, Monfieur, eft celui où il dit qu'il a paffé des Allobroges chez les Ségufiens, & que c'est le premier Peuple qu'on trouve au-delà du Rhône, en fortant de la Province Romaine. Il me femble cependant, que comme Vienne étoit le lieu du paffage ordinaire de la Province Romaine & du Païs des Allobroges dans les Gaules en venant d'Italie, Céfar a voulu parler en cet endroit du Peuple qui fe trouvoit immédiatement à la fortie de Vienne après y avoir paffé le Rhône, & non de celui qui étoit à l'Occident de cette riviere, plus haut que Lyon; d'où je conclus, que fuivant l'autorité même que vous croyez la plus forte contre moi, j'ai bien placé les Ségufiens, en les mettant à l'Occident du Rhône & de la Sône.

Pour mieux connoître la vérité de ce que je vous dis, je vous prie de réfléchir, Monfieur , que Céfar pour avoir une Armée capable d'empêcher le paffage des Helvétiens dans les Gaules, alla en Italie, où il prit trois vieilles Légions & en leva deux autres. Il repafla les Alpes avec ces troupes, entra par Exilles dans le Païs des Vocontiens, & de là chez les Allobroges. Ab Ocello, in fines Vocontiorum pervenit, inde in Allobroges.

Céfar fut alors informé que les Helvétiens étoient déja dans le Païs des Séquanois, d'où ils faifoient des courfes chez ceux d'Autun: Helvetii, jam per anguftias & fines Sequanorum, copias fuas tranfduxerant, & in Eduorum fines pervenerant, eorumque agros populabantur. Il est queftion de fçavoir,fi dans ces circonftances Céfar eft venu paffer le Rhône au-deffus de Lyon, ou fi ce fut à Vienne. II n'avoit point de pont pour le paffer au-deffus de Lyon; il auroit fallu en conftruire un, & le tems preffoit. Il feroit entré par là dans un Païs rempli d'ennemis, & qui étoit à leur dévotion. Il fe feroit mis à la queue des Helvétiens, qui auroient cependant avancé dans les terres de fes alliés.

Il convenoit donc mieux qu'il fe préfentât à eux en face, pour les empêcher d'y entrer.

Jepenfe que c'est le parti qu'il prit, qu'il paffale Rhône à Vienne, où il y avoit un pont dont il étoit le maître & que c'eft de ce paffage qu'il parle, quand il dit: Ab Allobrogibus, in Segufianos excertum ducit: hi funt extrà provinciam, trans Rhodanum primi. Céfar entra de Vienne chez les Ségufiens fes amis, parce qu'ils étoient alliés des Eduois. Il trouvoit chez eux tous les fecours dont il avoit befoin, & il étoit à portée de difputer aux Helvétiens le paffage de la Sône, ou de les prendre en queue en paffant lui-même cette riviere ; ce qui lui étoit facile, puisqu'il nous dit à la fuite, que fon Armée la paffa en un jour. On peut même conjecturer, que les Ségufiens avoient un pont fur la Sône auprès de Lyon, fur tout s'ils avoient déja une Ville en ce lieu, comme les Historiens de Lyon le prétendent.

Mais il aprit bien-tôt que les Helvétiens l'avoient prévenu, & qu'ils étoient déja les trois quarts au-delà de la riviere: Cæfar, certior factus per exploratores, tres jam copiarum partes, Helvetios id flumen traduxiffe. Ce fut ce qui le détermina à paffer la Sône, pour venir attaquer dans le Païs des Séquanois, les Helvétiens qui y restoient. Il les attaqua en effet, & les défit auprès de Mâcon après quoi il repaffa cette riviere, pour fuivre ceux qui étoient au-delà, qu'il atteignit & mit en déroute auprès d'Autun.

Vous m'oposerez fans doute, Monfieur, que fuivant moi, Céfar passa deux fois la Sône, & qu'il n'a parlé que d'un paffage de cette riviere. Mais il ne parle pas de la premiere fois qu'il la passa, parce qu'il n'y fit point de pont, en ayant un à lui dans le Païs des Ségufiens. Il ne dit pas non plus qu'il eût paffé le Rhône, quoiqu'il l'eût paffé en effet; & pourquoi ne le dit-il pas ? c'eft parce que le traverfant à Vienne il ne fit point de pont: car s'il avoit été obligé de faire un pont pour paffer une fi grande riviere, il n'auroit pas manqué de le dire, puif

qu'il a dit, qu'il en fit un fur la Sône pour fuivre les Helvétiens après fa premiere victoire. J'ajoute à cela, Monfieur, une conjecture qui me paroît bien confiderable.

C'est qu'en plaçant les Ségufiens aux deux côtés de la Sône, ceux qui en auroient occupé le côté oriental, auroient fans doute été brulés & pillés par les Helvétiens, qui ne faifoient point de quartier aux Allobroges ni aux Éduois, & à leurs Clients: car ceux-ci fe plaignirent à Céfar du ravage de leurs campagnes, & ils lui dirent qu'ils ne croyoient pas pouvoir tenir dans leurs Villes, s'il ne leur donnoit du fecours. Céfar nomme les Peuples qui avoient fouffert de l'invafion des Helvétiens. Ce font dit-il, les Allobroges qui avoient des maisons au-deçà du Rhône, les Eduois, & les Ambarrois Clients de ceux d'Autun, qui difoient que leurs campagnes avoient été défolées, & leurs enfans réduits en fervitude prefque à la vuë de l'Armée Romaine. Où auroit donc été cette Armée, qui voyoit de fi près la défolation des Ambarrois & des Eduois, qui étoient à l'occident de la Sône dans le Mâconnois & dans le Nivernois, fi elle n'avoit été auffi à l'occident de cette riviere ? & pourquoi eft-ce que les Helvétiens ne touchoient pas au Païs des Ségufiens, qui étoient autant leurs ennemis que les Ambarrois, fi ce n'eft parce que l'Armée de Céfar qui étoit chez eux, les

mettoit à couvert?

Croyez-vous, Monfieur, que s'ils avoient été à l'orient de la Sône, les Helvétiens ne les auroient pas pillés, puifqu'ils pouvoient le faire fans obftacle, dès qu'ils furent dans le Païs des Séquanois ? car ils n'avoient ni riviere ni montagne à paffer pour aller à eux, & l'Armée Romaine n'étoit pas encore arrivée, pendant vingt jours qu'ils cmployérent à faire un pont fur la Sône, auprès de Mâcon, au centre du Païs qu'on fupofe qu'ils occupoient : & files Ségufiens avoient fouffert du paffage des Helvétiens penfez-vous que Céfar n'en auroit rien dit, lui qui a détaillé jufqu'à la ruine de quelques Villages que les Al

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Edui, cùm fe lobroges poffédoient à l'occident du Rhône ? * fuaque ab Helvetiis defendere non

rogaturi auxilium.

no benemeritos effe,

agri vaftari, liberi

expugnari, non de.

berent.Eodem tem

Vous avez vû, Monfieur, que l'endroit de Céfar, où poffent, legatos ad on lit qu'il paffa du Païs des Allobroges dans celui des SéCafarem mittunt, bufiens, eft alteré, puifqu'il n'y a jamais eu de Sébufiens. Ita fe omni tempo- J'ai bien voulu l'entendre des Ségufiens pour laiffer votre re de Populo Roma- objection dans toute fa force, & j'y ai répondu dans ce ut penè in confpec- fens. Mais vous y arrêteriez-vous encore, fi l'on vous monBu exercitus noftri, troit, que puifqu'il faut rétablir le texte de Céfar, on doit eorum in fervitu y lire plûtôt : in Sequanos exercitum ducit, que in Segusem abduci, oppida fianos? Voyez donc, je vous prie, Dion Caffius, dans l'endroit où il parle de la guerre de Céfar & des Helvépore quo dui, tiens. Vous y trouverez que ce Peuple faifant le dégât Ambarri quoque chez les Séquanois, contre la promeffe qu'il leur avoit faimeceffarii & confanguinei Eduo- te lorfqu'ils lui en avoient permis l'entrée; les Séquanois rum, Cefirem cer- demandérent des troupes à Céfar tiorem faciunt,fefe, qui s'unit avec eux depopulatis agris, pour attaquer les Helvétiens. Ce fait fupofé, n'est-il dis, vim hoftium pas probable que Céfar paffa du Païs des Allobroges dans cohibere. Item Al- celui des Séquanois, à Bellay, ou en quelque autre lieu Lobroges, qui trans où ils avoient un pont fur le Rhône, & par conféquent poffeffionefque ha qu'on peut lire : Ab Allobrogibus, in Sequanos exercitum bebant, fuga fe ad ducit.

Rhodanum vices

Cefarem recipiunt,

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& demonftrant,fibi Je me flate, Monfieur, que vous entrerez d'autant plus prater agri folum facilement dans les réponses que je fais à vos observations, nihil effe reliqui. Caf.lib.. qu'elles concilient les paffages que vous m'opofez, avec ceux que j'ai cités pour mon fentiment. Je viens à préfent *Barbari,inSequa- à ce que vous m'objectez fur ce que les Diocèfes de Chamos converfi funt, lon, de Macon & de Lyon, s'étendent dans la Breffe, per eos de Bduos & que celui de Lyon comprend même quelques endroits quod fe ab omnibus du Bugey.

tranfitum ipfis,

maleficiis temperaturos pollicerentur,

Je conviens que les Provinces Eccléfiaftiques, ont été iter faventes. Ve- formées fur les Provinces civiles de l'Empire Romain.

rimtamen,cùm pac

sis non ftarent, fed eorum regionem popularentur, Sequani & Edui legatos ad Cæfarem mittunt, rogatum auxilium, petunique, ne in confpectu ejus fibi pereundum fit. Et quamquam eorum oratio cùm re ipsa parùm conveniret, tamen id quod petebant impetraverunt. Cæfar enim veritus, ne ad Tolofam Helvetii proficifcerentur, ftatuit potiùs, junctis fibi duis Sequanifque eis refiftere, quàm fi cùm Helvetiis confpiraffent (quod haud dubiè futurum erat) bellum adversùs omnes fufcipere: itaque Helvetios tranfeuntes Ararim flumen aggreffus, noviffimos in ipfo fluminis tranfitu, concidis. Dion. Caf. lib. 38.

Mais cette régle n'eft abfolument vraie, que pour les Villes où les Siéges des Evêchés ont été établis : car elle ne paroît pas telle pour l'étendue des Diocèfes. Celui de Befançon, par exemple, s'étend au-delà de la Sône, du côté de Bourbonne, Juffey, Jonvelle, Auxonne & Bellegarde. Cependant la Sône a toujours fait la limite de la Province Séquanoife avec les voifines, foit avant foit après l'établiffement de l'Empire Romain. Le Diocèse de Genève, dont le Siége eft chez les Allobroges, comprend le Bailliage de Gex, qui étoit du Païs des Helvétiens L'Evêque de Bellay fuffragant de Befançon, a beaucoup de Paroiffes au-delà du Rhône dans le Païs des Allobroges, quoique le Rhône les ait féparés dans les anciens tems. Ceux de Langres & de Lausanne, ont auffi des Paroiffes dans le Païs des Séquanois. Il n'y a donc rien à conclure pour les limites de la Province Séquanoife, de ce que les Evêchés de Chalon & de Mâcon, dont le Siége étoit chez les Eduois, comprennent une partie de la Breffe, & l'Archevêché de Lyon l'autre ; celui-ci renfermant auffi S. Claude & S. Amour, deux lieux confiderables, qui ont toujours été du Païs des Séquanois, & qui font encore dans le Comté de Bourgogne.

la

Les Evêques voifins, ont fait entre eux dans les tems reculés, des échanges & des réglements dont on n'a pas confervé les actes ni le fouvenir. Ils ont travaillé dans les, premiers fiécles de l'Eglife à la converfion des Peuples dans le voifinage de leurs Siéges & de proche en proche, même hors de leurs Provinces, dont les limites n'arrêtoient pas leur zéle ; & cela feula fuffi pour rendre ces Peuples,leurs Diocéfains. C'est par cette raifon principalement, que Breffe qui étoit éloignée de Befançon, & à la portée de Chalon, Mâcon & Lyon, fe trouve des Diocèles de ces trois derniéres Villes. Cette contrée d'ailleurs étoit peu habitée, parce qu'elle étoit baffe, mal-faine, remplie de bois & de marais; c'eft pourquoi on l'apelloit Saltus Brixienfis. Auffi n'y a-t-on pas trouvé des Villes anciennes,des Infcriptions ni d'autres veftiges d'antiquité, comme dans le Bu

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