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commencé de rétablir, & en releva le Chapitre par les grands dons qu'il lui fit. Il répara l'Eglife de S. Paul, & la dota de nouveau. Il réédifia celles de S. Laurent & de Sainte Marie Madeleine, & y fonda des Chanoines. Ce Prélat pieux & libéral, fit probablement faire pour l'ufage de ces Eglifes, les livres dont elles avoient befoin. Tels étoient le Miffel & l'Epiftolaire dont j'ai parlé; un Miffel qui eft dans l'Eglife de Sainte Marie Madeleine, & un livre d'Evangiles qu'on voit dans celle de S. Jean, qui font écrits en mêmes caracteres, & qui ont des ornements femblables.

Mais comme on lifoit les Vies des Saints, à l'Eglife & dans les Réfectoires des Chanoines qui vivoient en commun, il fit auffi composer & écrire,fuivant toutes les aparences, les Légendaires des Eglifes de S. Jean, de S. Etienne, de S. Paul, & de Sainte Marie Madeleine, dont la plupart nous reftent encore. L'ony voit ce qui devoit être chanté, noté par des points, des accents & des virgules; circonstance qui prouve leur ancienneté, parce que Aretin, qui inventa la Gamme dont on fe fert aujourd'hui, vivoit au commencement du 11. fiécle, & que cette nouvelle maniere fit bien-tôt tomber l'ancienne.

Ces Légendaires contiennent entr'autres Vies, celles de nos premiers Archevêques qui font regardés comme Saints, & nommés tels dans nos anciens Catalogues. L'on peut dire pour diminuer l'autorité de leurs Légendes, qu'elles contiennent des détails, qui ne font pas probablement venus à la connoiffance de ceux qui les ont compofées; qu'elles prêtent au premier fiécle de notre Eglife, les mœurs & la difcipline des 11. & 12e. fiécles; qu'elles font remplies de fautes contre la Chronologie, & qu'on lit dans quelques-unes, des faits incroya, bles & fabuleux.

Je n'eftime cependant pas qu'on les juge indignes de foi, fi l'on réfléchit au tems auquel je fupofe qu'elles ont été rédigées. C'étoit dans l'onziéme fiécle tems de fimplicité & d'ignorance, auquel l'ancienne

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difcipline de l'Eglife, n'étoit connue que par ce qu'on en pratiquoit encore; & où le défaut de critique & de connoiffance dans la Chronologie, a fait aifément confondre les faits & le tems de la vie de nos premiers Evêques. Les Eccléfiaftiques qui ont été chargés de les composer ( car on connoît à la difference des ftiles, qu'elles font de differens Auteurs) ont pû y ajouter des circonftances qu'ils ont imaginées pour édifier les Lecteurs, & faire plus d'honneur au Saint dont ils écrivoient la vie; fur laquelle ils avoient peu de chofe à dire d'ailleurs, parce que le détail en étoit inconnu. C'est un innocent artifice qui ne doit pas faire préjudice à la vérité des faits principaux, dont la tradition ou des monuments plus anciens avoient confervés, la mémoire.

Quant aux récits peu croyables qu'on trouve dans quelques-unes de ces Légendes, ils ils ne doivent pas déterminer à les rejetter en tout, ni à plus forte raison celles où il n'y a rien que de vrai-femblable; car c'est une régle de critique en cette matiere, fuivant le Pere Mabillon dans fa Diplomatique, que la crainte qu'on a d'accorder à des faits fabuleux, la foi qu'ils ne méritent pas; n'est pas un motif fuffifant, pour ôter toute croyance à ceux qui y font joints, & qui font probablement vrais. Si falfo affentiri turpe eft, cavere debemus, ne. alio extremo vitio circumveniamur; neque enim veritas minus religionis meretur,propter circumfufos errores.

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La plupart des anciennes Légendes, ont les mêmes défauts qu'on reproche aux notres. Elles fe reffentent prefque toutes, de l'ignorance groffiére & de la crédulité, des fiécles dans lefquels elles ont été écrites. C'est ce qui m'a déterminé à raporter comme vrais, les faits que j'ai trouvés dans les notres, qui n'ont rien que de vrai-femblable, & ceux particuliérement qui font foutenus d'autres preuves; fuivant cette autre régle que le Pere Mabillon admet. Cum vero hic incurrant duo extrema vitia; alterum eorum, qui quævis maxime an

tiqua diplomata, tanquam fpuria rejiciunt, ob quædam falfa genuinis intermixta; alterum aliorum, qui omnia fine difcrimine probant. Media nobis incedendum viâ, ea que tenenda æquitatis ratio eft, ut & legitimorum veritatem ratione propugnemus,& adulterinorum falfitatem, certis aut probabilibus indiciis refutemus.

J'ai confideré d'ailleurs, qué ces Légendes compofées fous les yeux & par les ordres de nos Prélats, foit dans le onzième fiécle foit dans un autre, pour fervir aux Chanoines de leurs Cathédrales & au Clergé de leur Diocèse, ont une espèce d'autorité publique; qu'on les a recueillies avec le foin & la diligence dont on étoit capable, lorfqu'elles ont été faites; qu'on les a tirées de la tradition de l'Eglife, & de quelques monuments plus anciens qu'on avoit alors, mais qui ne nous restent plus; & que fi l'ignorance ou le mauvais goût du fiécle, y ont fait inférer les fauffes opinions du vulgaire, on doit encore y refpecter la tradition de l'Eglife de Besançon qui les a adoptées, puifqu'elles ont fervi à. compofer les Leçons propres des Offices de ceux de nos Evêques, dont on a fait la mémoire dans cette Eglife.

Nos Catalogues font revêtus de la même autorité; & fi l'on dit que tous ces Actes ne font pas affez anciens, puifque je ne les fais que du onziéme fiécle; je répons que cette antiquité eft déja confiderable, mais qu'ils ont probablement été tirés d'autres actes plus anciens qu'ils ont fait négliger & perdre, parce qu'on a crû qu'ils fuffifoient, pour inftruire de la fuite de nos Evêques, de leurs Vies & des Ufages de nôtre Eglife. Nous ajoutons foi à ce qu'ont écrit Aimoin, Flodoard & Réginon au dixiéme fiécle. Nos Actes qui ne font guére poftérieurs, en méritent encore davantage par leur qualité.

Il est certain que nous avions des Manufcrits plus anciens dans les Eglifes Cathédrales de S. Jean & de S. Etienne,qui ont été perdus & qui ont pû fervir de fondement à nos Catalogues & à nos Légendes. L'un de

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ces Catalogues porte, que notre Evêque Juste étoit ami particulier de S. Eufebe de Verceil, fuivant qu'on le lifoit; legitur, familiaritatem habuiffe cum Eufebio Vercellenfi. Il y avoit donc quelque Acte qui en parloit. La Légende de Ternace qui tenoit le Siége de Befançon environ l'an 675, nous aprend qu'il avoit compofé une Chronique de fes Prédéceffeurs, & l'on a détourné des Piéces rares & curieufes des Archives de nos Chapitres. Telle eft par exemple une Bible manufcrite, qui fait l'un des principaux ornements d'une fameufe Bibliotéque du Royaume, & qu'on fçait avoir été tirée de notre Eglife Métropolitaine. L'on voit encore dans le Tréfor de S. Jean une couverture ancienne, ornée de James d'or & de pierreries. Mais ce qu'elle renfermoit ne fe trouve plus. C'étoit fans doute quelque Manufcrit qui a été enlevé à caufe de fon antiquité & de fa rareté. Je fçai même que dans le dernier fiécle, des Sçavants de la Province & des Etrangers,en ont eu plufieurs en communication, qui n'ont pas été rétablis dans les Archives.

Il y a

encore un livre des Evangiles, garni fur l'un de fes côtés de feuilles d'or, & orné de nacres de pierres préticufes & de figures émaillées, ayant au milieu une plaque d'ivoire, fur laquelle Jesus-Christ est representé debout,élevé fur une eftrade & couronnant un Empereur & une Impératrice, qui font auffi debout à fes côtés. Sur la tête de l'Empereur, on lit ces mots en caracteres Grecs, Romanos Bafileis Romaion, & fur celle de l'Impératrice, Eudokia Bafilis Romaion.

Mr. du Cange a fait graver au troifiéme tome de fon Gloffaire, avant la Differtation qu'il a faite fur les Monnoies des Grecs, une figure qu'il a tirée de la Bibliotéque du Roi, & qui est semblable en tout à la notre. Il croit qu'elle reprefente Romain Diogéne Empereur de Conftantinople,& l'Impératrice Eudokia fon épouse.

Cependant, je pense que notre Manufcrit eft un prefent fait à l'Eglife deBelançon, par Romain le Jeune

fils de Constantin fixiéme, qui avoit époufé Berte fille d'Hugue Marquis deProvence,à laquelle les Grecs don nérent le nom d'Eudokia. Cette alliance fit connoître l'Eglife de Befançon à l'Empereur Grec, & la lui rendit chére, parce qu'on pouroit prouver, que le Marquis Hugue étoit originaire du Païs. Il eft certain qu'il gouverna le Royaume de Bourgogne fous Louis l'Aveugle fils de Bofon, & qu'il étoit petit-fils par fa mere de Lotaire auffi Roi de Bourgogne. On lit dans nos Manufcrits, que joint à Rodolphe premier Roi de la Bourgogne Transjurane, il repouffa les Hongrois qui avoient pénétré dans notre Province.

Romain le Jeune fut fait Empereur le 9 Novembre de l'an 959, & mourut à l'âge de 24 ans le 15 Mars 964. L'Empereur & l'Impératrice reprefentés fur notre Manufcrit & fur celui de la Bibliotéque du Roi, paroiffent fort jeunes. Romain Diogéne étoit fort âgé lorfqu'il fut Empereur en 1068, puifque fon pere étoit mort en 1031. L'on pouroit conjecturer de là, que le Manuf crit de la Bibliotéque du Roi reprefentant les mêmes perfonnes que le notre, vient de l'Eglife de Befançon; car l'Empereur Grec n'y a pas envoyé un livre feul. Au refte, la reprefentation qui eft fur l'un & fur l'autre, eft un diptique, dont les Souverains ornoient les préfents qu'ils faifoient à leur avenement, aux perfonnes qu'ils honoroient de leurs bonnes graces.

Pour revenir au but de cet Avertiffement, je me suis fondé pour l'Hiftoire de l'Eglife de Befançon & de fes Evêques jufques au milieu du cinquiéme fiécle; 1. Sur nos anciens Catalogues, fans m'affujettir cependant à l'ordre dans lequel ces Evêques y font nommés, lorfque j'ai trouvé des raifons qui m'ont paru affez fortes pour Pintervertir. 2°. Sur notre ancien Martyrologe, les Litanies & les Acclamations qui fe faifoient à la Meffe de l'Evêque. 3°. Sur le Rituel attribué à S. Protade. 4°. Sur les Légendes de ces Evêques; avec la précaution toutefois, de rejetter ce qui paroît peu croyable; d'o

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