me à ceux qui font fitués dans le Comté de Bourgogne, fuivant l'ufage du Païs, où le Souverain pourvoit aux Prieurés Conventuels, & le Pape à ceux qui ne le font pas, que l'on apelle Ruraux.

Les Cures de la nomination du Prieur de Gigny, font Gigny, Veria, Louvena, Charnay, Loifia, Saint-Julien, Crefcia, Efpy, Rothenay, Pimorin, Prescia, Cuifia en Breffe, Monetai, la Boiffiere, Cyuria, Cuifeaux, Eftreux, Montagnat le Templier, Montagnat le Reconduit, Verjon, Nantel, & Poëte. Le Chambrier nomme à celles de Varennes, Rofay, Dommartin, Frontenos, la Chapelle-Node, Sainte-Croix, Coufance, Digna Chatel & Cuifia. Les Cures de Menal, Beaufort, Flacé & Condal, font de la nomination de l'Aumonier.

Les Religieux de Saint Claude, Baume & Gigny, fuivent le Rit, le Miffel & le Breviaire Romain. Ils portent au Chœur l'ancien habit des Bénédictins; mais hors de l'Eglife, ils font habillés comme les Prêtres féculiers, à l'exception d'un fcapulaire large de quatre doigts, qui eft feulement fur le devant de leur foutane. Ceux de Saint Claude ont droit de porter dans la Ville, une croix pectorale d'or, attachée au col par un ruban noir, fur laquelle eft gravée l'image de Saint Claude. Cette diftinction leur a été accordée, par le Cardinal de Vendome Légat à Latere en France, lorfqu'il aprouva leurs Statuts de 1668.

Il y a encore une Abbaïe au Comté de Bourgogne, dans laquelle on ne reçoit que des Gentilshommes; mais on n'y exige pas la preuve des feize quartiers. C'eft celle de Lure, dont la diftinction & les priviléges aprochent de ceux de l'Abbaïe de Saint Claude, & qui a eu pour premier Abbé Saint Deicole mort en 625. Je parlerai de cette Abbaïe, lorfque j'écrirai l'Hiftoire de l'illustre Monaftere de Luxeul, dont elle a été l'une des premiéres filles, & qui a eu pendant plufieurs fiécles, l'éclat & la réputation qu'on a vû dèflors à Cluni & à Cîteaux.

Es Abbaïes de Baume-les-Dames & de Chateau

L Chalon, également nobles & illuftres, difputent

,

entre elles qui elt la plus ancienne. Je commencerai par l'Hiftoire de celle de Chateau-Chalon, parce que le tems de fa fondation me paroît plus certain, & que je fuis mieux informé de fon état, ayant eu l'avantage d'en voir les titres que Madame l'Abbeffe m'a communiqués, avec une politesse dont je rends un témoignage public, pour marquer ma reconnoiffance.

CHATEAU-CHALON.

L'Abbaïe de Chateau-Chalon eft fituée entre Poligny & Lons-le-Saunier fur l'extrémité d'une haute montagne, qui produit dans fa pente & dans fes vallons du vin exquis; de laquelle on a fur la Breffe & du côté de Lons-le-Saunier une belle vue, & dont l'avenuë étoit défenduë par un fort Chateau.

Elle est nommée dans les actes du 9o. fiécle, Caftellum Carnonis; ce qui prouve que le Chateau exiftoit déja, &

Les Vierges confacrées à Dieu

qu'il avoit été fait par Charlemagne, réputé Bienfaiteur de l'Abbaïe de Chateau-Chalon, dans laquelle on fait un fervice pour lui le jour de fon décès. Ce nom est Chateau, ChalNones, * compofé de trois mots qui fignifient Chateau & Montagne des Religieufes; s'apelloient Nonou de Chateau Charles-Nones, que l'on a prononcé nes. Ce nom eft dans la fuite des tems, Charnones par fincope, & en- rôme s'en eft fervi fuite Charlon & Chalon.

ancien, & S. Jé

dans fa lettre 22. à Euftochium

Gloff. de Ducan

L'on garde dans cette Abbaie un Manufcrit en vélin, qui contient un Martyrologe & un Nécrologe fur deux ge. colonnes. On lit à la fin, qu'il a été fait par les foins de Dame Guillaume de Doux & de Marguerite fa niéce en 1416, ita eft. Ces derniers mots, prouvent que c'est une copie collationée & tirée fur un ancien original.

Cet original étoit antérieur au dixiéme fiécle, parce que le Martyrologe qu'il contient, n'eft pas celui d'Ufuard dont on s'eft fervi communément dès qu'il a paru, & qu'un grand nombre des noms du Nécrologe, font fans furnom; ce qui prouve qu'il a été écrit long-tems avant que les noms propres & de famille fuffent en ufage.

On trouve dans le corps du Martyrologe ces mots : Vigilia Nativitatis Domini, depofitio Domini Norberti Patritii, nobiliffimi Principis ; & dans un autre endroit, Nonis Januarii, obiit Eufebia, uxor Norberti Patritii. Ce font les premiers Fondateurs de l'Abbaïe de ChateauChalon, dont les obits ont été inférés par cette raifon dans le Martyrologe lorfqu'il a été dreffé, & pour chacun defquels on fait annuellement un fervice le jour de leurs décès. L'on n'en doutoit pas au douziéme fiécle; car l'on a un Diplome de l'Empereur Fréderic Barberouffe, dans lequel ce fait eft énoncé. Petronilla Venerabilis Abbatiffa, Majeftatem noftram adiit; fuppliciter exorans, ut præfatam Ecclefiam que Caftrum Caroli nuncupatur, à beatæ memoria Norberto & Eufebianá conforte fuá, pro redemptione animarum fuarum, in honore beatiffima Dei Genitricis & femper Virginis Maria, & Petri Principis Apoftolorum, ftudiofâ devotione funda

&amplis poffeffionibus dotatam, fub noftrâ deffenfione fufciperemus.

tam,

Les Gouverneurs de la partie du Comté de Bourgogne qu'on apelloit le canton de Scodingue, portoient ordinairement la qualité de Patrice fous les Rois de la premiére Race, & l'on a ceffé de la leur donner dèslors; d'où je conclus que Norbert Patrice Fondateur de Chateau Chalon, vivoit fous quelqu'un de ces

Rois.

Le tems de cette fondation, paroît déterminé par un autre endroit du Martyrologe; c'eft celui dans lequel on trouve, que l'Abbaïe de Chateau-Chalon a été dédiée par Saint Leger. 2. Idus Novembris, Dedicatio Ecclefiæ beatæ Marie Caftri Carnonis, per manus Domini Leodegarii; & d'un tems immémorial, chaque année après l'Office du matin des quatre principales Fêtes de la Vierge, le Célébrant vient annoncer au Peuple affemblé fur le Cimetiére, que l'Eglife de Chateau-Chalon a été facrée par Saint Leger affifté de treize Evêques.

Saint Leger étoit d'une illuftre naiffance, Evêque d'Autun & Miniftre fous les Rois Clotaire III. & Childeric II. Il faut que le Patrice Norbert fût fon parent, puifqu'il l'engagea à dédier dans un Diocèfe étranger, l'Eglife de l'Abbaïe qu'il avoit fondée. La haute qualité du Fondateur, la dignité & le crédit de S. Leger, furent caufe du grand concours des Prélats qui fe trouvérent à cette cérémonie, & que l'Evêque de Befançon confentit qu'elle fe fit dans fon Diocèfe par celui d'Autun. Cet te Dédicace fixe le tems de la fondation de ChateauChalon au milieu du feptiéme fiécle, qui étoit le tems de la faveur de S. Leger, rélegué à Luxeul en 672, & mis à mort en 678 par les ordres du Maire du Palais Ebroin. Il y a dans l'Eglife Abbatiale de Chateau-Chalon, un Autel dédié à S. Leger, où l'on célébre une Meffe folemnelle le jour de fa Fête, que les Dames font avec Octave.

L'on a dit dans l'Hiftoire de Baume-les-Meffieurs,

que

que le Roi Lotaire avoit donné à l'Eglife de Befançon les Abbaïes de Chateau-Chalon & de Baume, en 869; mais que cette donation n'avoit pas été exécutée, puifque l'une & l'autre de ces Abbaïes font comprises dans le partage qui fut fait en l'année fuivante des Etats de Lotaire, entre Louis de Germanie & Charles le Chauve fon oncle. Chateau-Chalon est nommé dans la donation, Carnonis Caftrum, in pago Scodiacorum, & dans le partage, Caftellum Carnonis.

L'on trouve dans les Manufcrits de notre Eglife Métropolitaine, plufieurs fermens prêtés par les Abbeffes de Chateau-Chalon. Le plus ancien eft conçu en ces termes. Ego Berlaida Caftri Carnonis Abbatiffa, fubjectionem & reverentiam à facris Patribus conftitutam & obedientiam fecundum Regulam fan&ti Benedicti, fanita Sedi Vefontionenfis Ecclefiæ, in perfonâ Domini Archiepifcopi Hugonis, perpetuò me exhibituram promitto, & propriâ manu firmo. Le Prélat qui reçut ce ferment étoit Hugue Premier, qui tint fe Siege Archiepifcopal depuis mil trente jufques en mil foixante- fix. Il y a des fermens femblables d'Alduide & d'Halaide, auffi Abbeffes de Chateau-Chalon; mais on ne fçait pas fous quels Archevêques ils ont été faits, parce que ces Prélats n'y font pas nommés.

L'on voit par ces actes, que les Religieufes de Chateau-Chalon avoient embraffé la Régle de S. Benoît. Plufieurs Bulles qui font dans leurs Archives le portent auffi, & les Dames font profeffion de cette Régle en la forme fuivante.Ego N. filia Domini N. promitto ftabilitatem meam & converfionem morum meorum, & obedientiane fecundum Regulam fan&ti Benedicti, quæ obfervatur in hoc Monafterio, & fecundùm Statuta ejufdem loci; coram Deo & fandtis Martyribus, quorum reliquiæ hic habentur & omnibus Sanctis, in hoc loco qui Caftrum Caroli vocatur, conftruito in honorem Dei & beatiffima femperque Virginis Mariæ; in præfentiâ Reverenda Domina N. Dei & Apoftolicæ Sedis gratiâ Abbatiffæ ejufdem loci.

K kk