VII. EUSEBE. La fin de la vie de Paulin, nous marque un tems auquel la Religion Chrétienne étoit tranquile, & faifoit du progrès dans les Gaules. L'Epifcopat d'Eufebe, nous donne la même idée; car on voit dans fa Légende, qu'il convertit à la foi prefque tout le Peuple de Befançon, & qu'il fit bâtir l'Eglife qui a été dédiée à S. Pierre,& qui est la feconde Paroiffiale de cette Ville. Ces faits conviennent au regne de Conftance Chlore, qui commandoit dans les Gaules au commencement du quatriéme fiécle, & à celui de Conftantin fon fils qui lui fuccéda en 306. Car Conftance ne perfécuta pas les Chrétiens, & Constantin les favorifa, même avant que d'avoir embraffé leur Religion. On lit dans nos Catalogues, que l'Evêque Eufebe avoit été Diciple de S. Melchiade, qui fut élevé sur la Chaire de S. Pierre en trois cens onze. Mais j'ai peine à croire ce qu'on y trouve encore, qu'il n'a tenu le Siége de Befançon que deux ans, parce qu'il ne convient pas avec ce qu'on lit dans fa Légende, des grandes converfions qui fe firent de fon tems dans cette Ville. VIII. HILAIRE. Eufebe eut pour fucceffeur Hilaire, fous l'Epifcopat duquel Ste. Héléne étant venuë à Befançon, elle eut plufieurs conférences avec lui fur la Religion Chrétienne. Il lui propofa le deffein qu'il avoit d'élever une Eglife en l'honneur de S. Etienne, & la pria de lui procurer des Reliques de ce faint Martyr. La pieufe Princeffe le lui promit, & lui donna libéralement de quoi édifier une Eglife, qui fut, fuivant nos Légendes, fous le titre de S. Etienne, * & enfuite fous. Il eft plus procelui de S. Jean; après qu'on en eut bâti une autre au d'abord dédiée à bable qu'elle fut fommet de la montagne, où les Reliques qu'on avoit Dieu fur les Rede S. Etienne furent dépofées, & qui porta le nom de liques de S. Etience Martyr. ne, comme celle que S. Auguftin Cathédrale, pour Lorfque Ste. Héléne fut à Jérufalem, elle fe fouvint éleva auprès de fa de la promeffe qu'elle avoit faite à Hilaire, & lui en- dépofer les Revoya du fang & un morecau des habillements de S.Etien- liques de ce pre mier Martyr. Roma fubt. lib. 1. cap. 16. n. 21. ne. Elle fit partir auffi des vaiffeaux chargés de marbres & d'autres matériaux, pour fervir à l'ornement de la nouvelle Eglife de Befançon. Mais ces vaiffeaux firent nauffrage. Cependant Hilaire après avoir achevé l'Eglife où eft à prefent celle de S. Jean, en commença une autre fur la montagne, qui a été dèflors fous le titre de S. Etienne, mais il ne l'acheva pas. C'est ainfi que nos Manufcrits raportent fa vie, & ils ne difent rien de précis fur le tems de fa mort, fi ce n'eft qu'elle arriva le onze des Kalendes d'Août, fans défigner l'année. Quelques Auteurs ont crû que Ste. Héléne étoit née Chrétienne; mais Eufebe dit, qu'elle n'a embrassé le Chriftianifme qu'après fon fils. Or, Constantin n'a commencé à fe déclarer Chrétien qu'en 311, que fe prépa rant à la guerre contre Maxence, il vit dans le Ciel le figne de la Croix, avec ces mots, In hoc figno vinces ; & fit faire une Enfeigne militaire fur laquelle ils furent écrits, qui fut portée dèflors dans toutes fes expéditions. Il avoit donné à fa pieuse mere, la liberté de prendre dans fes tréfors, tout ce qu'elle voudroit pour l'employer en aumônes, & aux bâtiments des Eglifes. Elle en ufa amplement, & l'Eglife de Befançon eut part à fes libéralités. Elle découvrit la Croix de Jesus-Christ en 325 à Jérufalem, & fut nommée Auguste en la même année. L'on ne fçait pas précisément le tems de fa mort. L'on peut conclure de là, que ce fut avant l'an 325, que l'Evêque Hilaire reçût de cette fainte Impératrice, l'argent qu'il employa à bâtir notre Eglife Métropolitaine, & qu'elle lui promit des Reliques de S. Etienne, qu'elle lui envoya en effet de Jérufalem; car on lit dans l'Hif toire Eccléfiaftique, qu'il y en avoit déja avant que fon Corps fût trouvé; comme du fang, de la terre qui en avoit été arrofée, & une pierre qui avoit fervi à son martyre. Il se peut faire qu'il y eût auffi des morceaux de fes vêtements; car outre la Légende de notre Evêque Hilaire qui en parle, on trouve dans le Manufcrit de la Vie de Bernuin qui étoit notre Archevêque du tems de Charlemagne, que ce Prélat renferma dans l'Autel de l'Eglife Cathédrale de S. Jean entr'autres Reliques, du fang de S. Etienne & une pièce de son habit. IX. PANCHAIR E, nommé Pancrace dans nos Catalogues & nos Légendes, Difciple & fucceffeur d'Hilaire, fut fait Evêque fous Jule I. qui a rempli le faint Siége depuis l'an 337 jufques en 352. On trouve fa foufcription aux Actes du Concile de Cologne tenu en 346, pour dépofer l'Evêque de cette Ville. Le Cardinal Pancharius, VeBaronius a crû que ce Concile & les Actes qu'on lui fontientium Epifattribue font fupofés; mais de fçavants Critiques, les copus. ont jugés véritables, fur des raifons de fait qui n'étoient pas connues au docte Cardinal, & ont répondu à fes objections; comme on peut le voir dans l'édition des Conciles à Venife de l'an 1728, tom. 2, pag. 648. Nos Manufcrits portent, que Panchaire fit travailler à l'Eglife de S. Etienne fur le mont, que fon prédéceffeur avoit commencée, mais qu'il ne l'acheva pas; & que perfécuté par l'Empereur Conftance fils de Conftantin, il fut obligé de fe retirer dans la folitude où il mourut peu de tems après. L'Hiftoire de cet Empereur nous aprend, qu'il fut l'un des plus zélés partifans de l'Arianifme, & qu'il força les Evêques à quitter leurs Siéges, ou à recevoir les Ariens dans leur Communion. Ce dût être dans les Gaules après l'an 353, qu'il acheva de vaincre & de défaire le Tyran Magnence qui s'en étoit emparé. X. JUST eft, fuivant nos Manufcrits, le premier qui ait donné le titre de S. Jean l'Evangélifte, à l'Eglife qu'Hilaire avoit fait élever des libéralités de l'Impératrice Héléne ; & ce fut probablement, parce que l'Eglife de Befançon avoit été fondée par les Difciples de cet Apôtre. Car nous lifons dans la Préface de l'Office folemnel prefcrit par le Rituel attribué à S. Protade, que nous devons particuliérement honorer S. Jean, ayant reçû l'Evangile de lui par la médiation de S. Policarpe fon Disciple & de S. Irenée. Notre Evêque Juft, étoit lié d'une amitié étroite avec faint Eusebe Evêque de Verceil, fuivant un de nos Catalogues. Sa Légende ajoute, qu'il fe retira auprès de lui, en fuyant la perfécution de Julien l'Apoftat. Ce Prince fut fait Céfar le 6 Novembre 355, & eut le gouvernement des Gaules, de l'Espagne & de la grande Bretagne. Les Légions le proclamérent Auguste en 360, & il devint maître de l'Empire par le décès de l'Empereur Conftance, qui arriva le 3 Novembre de l'an 361. Il paffa deux fois à Besançon, fuivant le Comte Marcellin; la premiere en 356, & la feconde en 360, après avoir été proclamé Augufte.Il fe rendit en Orient d'abord après la mort de Conftance, & ce fut alors feulement qu'il fit profeffion publique de la Religion Payenne; car auparavant & pendant qu'il étoit dans les Gaules, il avoit diffinulé & feint d'être Chrétien. Ce ne peut donc être qu'après l'an 361 & jufqu'en 363, que notre Evêque a été perfécuté; non par Julien qui n'étoit plus dans les Gaules, mais par ceux qui y commandoient à fa place. L'on trouve d'ailleurs,qu'Eufebe deVerceil étoit en Orient en 362, qu'il retournoit d'Egypte où il avoit été envoyé en exil par Conftance. Ce ne peut donc être que fur la fin de cette année ou dans la fuivante, que notre Prélat s'eft retiré auprès de ce faint Evêque, & on lit que dans ce tems il y eut des Martyrs dans le Diocèfe de Toul voifin de celui de Befançon. XI. ANIAN. L'Epifcopat d'Anian, fut fignalé par la découverte des Corps de nos faints Apôtres, Ferreol & Ferjeux. Ce Prélat les leva de terre, & les fit aporter en pompe dans fa Cathédrale de S. Jean l'Evangéliste, jufqu'à ce que l'Eglife qu'il érigea en leur honneur au lieu de leur fépulture à un mille & demi de Befançon, fut bâtie. Il les fit reporter enfuite dans ce lieu, où l'on voit un Tombeau d'albâtre fur lequel ils font représentés. Cette heureuse découverte, fe fit fous l'Empire de Valentinien & Valens, environ l'an 370, le 5 Septembre, jour auquel on célébre l'Invention de ces Corps faints; & nos Manufcrits portent, que l'Evêque Anian mourut à pareil jour environ l'an 374. On faifoit fa mémoire fuivant nos anciens Martyrologes, le même jour 5 Septembre, & il eft nommé le premier de nos Evêques Confeffeurs, dans les anciennes Litanies de notre Eglife. XII. SILVESTRE premier du nom, s'étoit marié pour obéir à fes parents; mais fon épouse & lui gardérent la continence,& fe confacrérent à Dieu. Elevé à l'Epifcopat après la mort d'Anian, il fit bâtir une nouvelle Eglife à Belançon, qui a été dédiée aux faints Martyrs d'Agaune, Maurice & fes Compagnons. C'est la troifiéme Paroiffiale de cette Ville. Dieu le favorifa du don des miracles. Sentant l'aproche de fa derniere heure, il fit affembler son Clergé monta fur fon Siége Pontifical,& y mourut. La Fête de Silveftre eft marquée au 10 de Mai dans nos anciens Martyrologes. Quelques monuments découverts au commencement de ce fiècle & dans le précédent, ont aporté du jour à l'Histoire de notre Prélat. En faifant une Chapelle au commencement de ce fiécle, à la place de l'ancienne Cripte ou Confeffion fouterraine, bâtie fur le lieu où avoient été découverts, relevés & dépofés les Corps de Saint Ferreol & Saint Ferjeux; l'on trouva en remuant la terre, une pierre fur laquelle étoient gravés ces mots. SILVESTER QVI VIXSIT IN PACE Cette Infcription qui eft incontestablement antique, paroît être du 4. fiécle, & les Peres Bénédictins de S. Ferjeux l'ont fait incrufter dans le mur du côté droit de |